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retour du Collége, où il avoit êté neuf ans, il lui demanda s'il étoit favant ; &, lui ouvrant fon Ovide, il l'obligea de lui en expliquer quelques Vers. Son Neveu fe trouvant fort empêché & ne faifant qu'hésiter, Malherbe lui dit plaifamment: Croiés-moi, foiés vaillant. Vous ne valés rien à autre chofe.

XII. UN jour dans le Cercle, un Prude, l'abordant, lui fit un grand éloge de Madame la Marquife de Guercheville, qui étoit là préfente, come Dame d'honeur de la Reine; & après lui avoir conté toute fa vie, & la conftance qu'elle avoit eue aux pourfuites de feu Henri le Grand, il conclut fon panégirique par ces mots, en la montrant à Malherbe : Voilà ce qu'a fait la Vertu ( 1 ). Malherbe auffi tôt lui montra de la même forte la Conêtable de Luines, qui avoit fon tbouret auprès de la Reine; & il lui dit : Voilà ce qu'a fait le Vice (2).

XIII. UN Gentilhomme de fes parens faifoit tous les ans des enfans à fa Femme, dont Malherbe fe plaignoit, en lui difant, « qu'il craignoit que cela n'apportât de l'incommodité » à fes affaires, & qu'il n'eût pas le moien de les élever felon » fon état ». A quoi le Parent répondit, « qu'il ne pouvoit avoir trop d'enfans, pourvu qu'ils fuffent gens de bien ». Malherbe lui dit fort sèchement, « qu'il n'êtoit pas de cet avis-là ; & qu'il aimoit mieux manger un chapon avec un » Voleur, qu'avec trente Capucins ».

:

XIV. QUAND fon Fils fut tué par M. de Piles, il alla exprès au Siége de la Rochelle, pour en demander justice au Roi mais n'en aiant pas eu toute la fatisfaction qu'il en efpéroit, il difoit tout haut dans la Cour d'Eftrée, qui étoit alors le logis du Roi, « qu'il vouloit demander le combat contre M. de Piles ». Quelques Capitaines des Gardes & autres gens de guerre qui étoient-là, fe foûrioient à le voir

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XII. (1) ANTOINETE de Pons, Dame de Guercheville, Fille d'Antoine, Sire de Pons, Comte de Mareines, fut mariée d'abord à Henri de Silli, Comte de la Roche-Guion, enfuite à Charles du Pleffis, Seigneur de Liancourt. L'un & l'autre prirent, à caufe d'elle, le nom de Marquis de Guercheville. Lorfqu'elle étoit veuve pour la première fois, Henri IV, la reconoiffant plus vertueufe qu'il n'eut voulu, lui dit que puifque véritablement elle étoit Dame d'honeur, ,, elle le feroit de la Reine fa Femme,,. Il lui tint parole, en la nomant dix ans après Dame d'honeur de Marie de Médicis. Elle mourut à Paris le 16 de Janvier 1632, étant veuve pour la

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feconde fois.

(2) MARIE de Rohan née en Décembre 1600 & morte le 12 d'Août 1679, êtoit Fille d'Hercule de Rehan, Duc de Montbazon. Au mois de Septembre 1617, elle époufa Charles d'Albert, Duc de Luines, Pair & Conétable de France, qui mourut en 1621. Elle fe remaria l'année fuivante avec Claude de Lorraine, Duc de Chevreufe. Cette Dame, qui fut pendant quelque tems favorite d'Anne d'Autriche, fe rendit très célèbre par fts intrigues durant la Régence de cette Reine. Ce que Malherbe dit ici, ne tombe pas fur elle : mais fur le Conétable de Luines, qu'il n'aimoit pas.

à fon åge parler encore d'aller fur le pré; & Racan, come fon ami, le tira à part pour lui doner avis << qu'il fe faifoit » moquer de lui; & qu'il êtoit ridicule à l'âge de foixante» &-treize ans qu'il avoit, de fe vouloir batre contre un » home de vingt-&-cinq ». Sans attendre qu'il achevât fa remontrance, il repliqua brufquement: Ceft pour cela je le fais. Je hazarde un fol contre une piftole (1).

que

XV. La façon de corriger fon Valet etoit affés plaifante. Il lui donoit dix fols par jour pour fa vie, ce qui étoit honéte en ce tems-là, & vingt écus de gage par an. Quand donc il l'avoit fâché, il lui faifoit une remontrance en ces termes: Mon ami, quand on offenfe fon Maître on offenfe 'Dieu; & quand on offenfe Dieu, il faut avoir abfolution de fon péché, jeûner & doner l'aumône. C'est pourquoi je retien

XIV. (1) V0,1 C1 ce que Balzac dit à ce fujet dans fon XXXVIIe. ENTRETIEN. La dernière année de fa vie, Malherbe perdit fɔn Fils, qui fut tué en duel par un Gentilhome de Provence. Cette perte le toucha ferfiblement. Je le volois tous les jours dans le fort de fon a fition, & je le vis agité de plufiers perfées différentes. Il jongea une fois a je batre contre celui qui avoit tué Son Fils; & come nous lui repréfentames, M. de Porchères d'Arbaud &

, qu'il y avoit trop de disproportion de fon age de foixante-&-douze ans à celsi d'un home qui n'en avoit que ving!-&-cing; C'eft à cause de cela que je me veux batre, nous répondit-il. Ne voies-vous pas que je ne hazarde qu'un denier contre une piftole? On fui parla enfuite d'accommodement; & un Confeiller au Parlement de Provence, son ami particulier, lui porta parole de dix mille écus. Il en rejeta la première propofition; & nous dit l'apres-dinée ce qui s'étoit paféle mazan entre lui & fon ami. Mais nous lui Emes confidérer que la vangeance qu'il

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defiroit, étant apparemment impossible.
à cause du crédit que fa Partie avoit
à la Cour, il ne devoit pas refufer cette
légère fatisfaction.
... Eh bien, dit-il
Je croirai votre confcil. Je pourai
prendre l'argent, puifqu'on m'y force:
mais je protefte que je ne garderai pas
un tefton pour moi de ce qu'on me
baillera. J'emploierai le tout à faire
bâtir un Maufolée à mon Fils. Il ufa
du mot de Maufolée, au lieu de celui
de Tombeau ; & fit le Poète par tout.
Peu de tems après, il fit un volage à
la Cour, qui étoit alors devant la Ro-
chelle & apporta de l'Armée la ma-
ladie, dont il vint mourir à Paris.
Ainfi le traité des dix mille écus ne
fut point conclu, & le defein du Mau-
folee demeura dans fon efprit. Il fit
feulement imprimer un Factum & trois
Sonnets, qui n'ont point été mis dans
le corps de fes Ouvrages ... De plu-
fieurs exemplaires, qu'il m'en avort
donés, il ne s'en eft pu trouver aucun
dans mes papiers, & il ne me jou-
vient que de ce feul Vers (ci, page
306);

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Mon Fils, qui fut fi brave & que j'aimai fi fort.. Sur ma parole,affrés-vous qu'ils étoient tous excellens, & que ce n'est pas une Fetite perte que celle que vous en faites. Menage, qui dans fes OBSERVAT. (p. 383) fur le Sonnet dont Ba'zac cite le premiers Vers, rapporte ce que l'on vient de lire, dit enfuite, P. 385 M. de Balzac fe trompe en ce qu'il dit que Malherbe avoit fait arois Sonnets fur la mort de fon Fils, qu'il fit imprimer avec un Factum. A l'heure même que j'écris ces lignes, j'ai devant mes ieux ce Fastum de Malherbe, qui eft une Lètre adregée

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Roi; & avec ce Factum ou cette Lètre, il n'y a que le Sonact done il

s'agit dans cet Article, d'imprimé & l'Ode pour le Roi Louis XIII allant châtier la rébellion des Rochelois, &c. (ci, p. 294.) Ce Gentilhome de Provence, qui tua en duel ie Fils de Malherbe, s'appelloit M. de Piles. Son Second toit un nomé M. de Bormes, Fils de M. Cauvet, Confeiller au Parlement d'Aix & Beaupère de ce M. de Piles. J'ai vu de la Lètre, dont parle Ménage deux Editions en Feuilles volantes, qui font du tems meme. L'une eft in-4°, l'autre in S. La Lètre n'eft accompagnée dans les deux Editions que du Sonnet & de l'Ode, que Ménage indique.

drai cinq fols de votre dépenfe, que je donerai aux Pauvres à votre intention pour l'expiation de vos péchés.

XVI. ETANT allé vifiter Madame de Bellegarde un matin, un peu après la mort du Maréchal d'Ancre, come on lui dit qu'elle étoit allée à la Meffe, il demanda « fi elle avoit » quelque chofe à demander à Dieu, après qu'il avoit délivré » la France du Marêchal d'Ancre ».

XVII. M. DE Meziriac, accompagné de deux ou trois de fes amis, lui apportant un Livre d'Arithmétique d'un Auteur Grec, nomé Diophante, qu'il avoit commenté & fes amis louant extraordinairement ce livre come fort utile au public; Malherbe leur demanda « s'il feroit amander le pain ». Il fit prefque une même réponse à un Gentilhome de la Religion, qui l'importunoit de Controverfes, lui demandant pour toute replique, fi l'on boiroit de meilleur vin & fi l'on vivroit » de meilleur bled à la Rochelle qu'à Paris ».

XVIII. Il n'eftimoit aucun des anciens Poètes, qu'un peu Bertaut. Encore difoit-il « que fes Stances étoient nichil» au-dos (1); & que, pour mètre une pointe à la fin, il faifoit » les trois derniers Vers infupportables ( 2 ).

Eftienne

XVIII. (1) MENAGE dans fon Didionaire Etimologique, après avoir obfervé que nos Anciens prononçoient nic-hil & mic-hi pour nihil & mihi, done l'explication de ce que c'est que Nichil-au-dos, en rapportant ce paflage d'Henri dans fa Préparation de l'Apologie d'Hérodote , p. 348. S'il faut parler de la mécaniquerie, faifoit-il pas bon voir un Grand Seigneur, voire un Roi portant manches de deux paroiffes. c'est-à-dire, dont la moitié étoit d'Ofrade & l'autre moitié de Velours; voire quelquefois un pourpoint de trois paroies, car le corps tout de demi-Oftade, le haut des manches de Cuir, & le bas de Velours; & pour ce qu'il n'y en avoit aucunement à l'endroit du dos, on appelloit cette forte de pourpoint Nic-hil-au-des. Duquel mot ont ufe plufieurs, qui, n'entendant fon origine, ont prononcé Nichilodo. Et a

té appliqué ce mot généralement à toutes chofes qui avoient une montre en l'extérieur à laquelle l'intérieur ne répondoit point.

va

(2) CE jugement fi févère, que notre Poète portoit de Bertaut, trouver fa cenfure & fa juftification dans ces paroles de M. l'Abbé Goujet, BIBL. FRANC. T. XIV, p. 163. " » Desportes, dit Mademoiselle de Scuader (Converf. tur differens fujets, », T. II , pp. 819, 850) a une douceur charmante, du Perron une élévation plus naturelle; & Bertaut a

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,, tout ce que les autres peuvent avoir
d'excellent. Mais il l'a avec plus
,, d'efprit, plus de force, & plus de
, hardieffe fans comparaifon .... Il
s'eft fait un chemin particulier entre
Ronfard & Defportes. Il a plus de
clarté que le premier, plus de force
», que le fecond, & plus d'efprit & de
politege que les deux autres enfem-
» ble
Le jugement de M. de Brieuz
de Mofant eft plus sévère. "Bertaut
,, felon lui (Récueil de Pilces en Vers
,, & en Profe, Caën 1671, p. 120),
étoit très dode, & trop peu tendre
un bon Couturier & un
,, mauvais Rentraïeur, c'est-à-dire,
», qu'il ne favoit pas affés l'ert de faire
», ces liaifons imperceptibles que de-
» mandent les Vers, & qu'il mètoit
» trop en œuvre les car, mais, donc,
>> puis, ores,
& autres connexions

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Galant در

groffieres que la Profe fe réserve; ,, que d'ailleurs dans fa Rime il y avoit

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trop de afonemens, pour ne pas ,, dire d'argumens à découvrit. ... Sorel dans fa Bibliothèque Françcife dit que Bertaut" avoit rendu fa Poefie furprenante par fes peintes,,. Colletet fait la même remarque dans fon Difcours fur l'Eloquence. Il prétend que ce Poète s'étoit trop formé für Sénéque qu'il avoit bien étudié. MM. de Sainte-Marthe le louent d'avoir eu une vine heureufe, facile & pure; & on lit dans le Perroniana" que c'étoit un

Poète fort poli, & que fes Vers .. toient ingénieux 29. Pour réunir ces

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XIX. IL avoit êté ami de Regnier le Satirique, & l'eftimoit en fon genre à l'égal des Latins: mais il furvint entre eux un divorce, dont voici la caufe. Etant allés diner enfemble chés l'Abbé Defportes, Oncle de Regnier, ils trouverent qu'on avoit déja fervi les potages. Defportes, fe levant de table, reçut Malherbe avec grande civilité : & offrant de lui doner un exemplaire de fes Pieaumes qu'il avoit nouvellement faits, come il fe mit en devoir de monter en fon cabinet pour l'aller querir, Malherbe lui dit « qu'il les avoit » déja vus, que cela ne méritoit pas qu'il prit cette peine, » & que fon potage valoit mieux que fes Pleaumes». Cette brufquerie déplut fi fort à Defportes, qu'il ne lui dit pas un mot durant tout le diner : & auffi-tôt qu'ils furent fortis de table, ils fe féparèrent, & ne fe font jamais vus depuis. Cela dona lieu à Regnier de faire la Satire contre Malherbe, qui

commence,

RAPIN, le favori d'Apollon & des Mufes.

XX. Il n'eftimoit point du tout les Grecs, & particulièrement il s'êtoit déclaré ennemi du galimatias de Pindare. Pour les Latins, celui qu'il eftimoit le plus étoit Stace; & après lui Sénèque le Tragique, Horace, Juvénal, Ovide & Martial (1). Il faifoit peu de cas des Poètes Italiens : &

jugemens, je crois qu'on peut dire que Bertaut a mérité & ces éloges & ces cenfares. Il avoit les défauts qu'on lui reproche: mais aufi ne peut-on lui refüfer les bones qualités qu'on loue en lui; ce qui est un véritable éloge, eu egard au tems où il vivoit.

XX. (1) LES paroles de Godeau dans fon Difcours fur les Œuvres de Malherbe, femblent contredire ce que Kacan dit du peu d'eftime que notre Poète faifoit des Grecs. Malherbe a aime les Grecs & les Romains: mais il n'en a pas été idolâ:re. Il s'eft enrichi de leurs dépouilles, il s'est paré de leurs crnemens mais il les a changé auparavant avec tant de dextérité, qu'il faut avoir bone vue pour les difLager d'entre ceux qui font à lui. Pour ce que Racan ajoute que des Poètes Latins celui que Malherbe aimoit le plus étoit Stace; c'est ce qui parcit infoûtenable à Erieux de Mofant. Il s'en explique ainfi dans fa Letre à M. de Saint Clair Targot, Confeiller d'Etat, imprimée a la fuite de fes Prèfics Latines à Caen en 1669. Le carattere de Malherbe est, à mon avis, éloigné de celui de Stace, autant que le ciel est éloigné de la terre; & j'avoue que je ne puis comprendre come auci M. de Racan a dit que notre Peite François faifoit de ce Poéte La

tin fon modèle & fes délices. L'un eft
un Poète Lirique, l'autre un Poëte
Hércique; l'un joue du luth, l'autre
bat du tambour. Malherbe eft doux &
réglé, Stace emporté & violent. L'un
eft une rivière, qui coule paisiblement
dans fon lit; l'autre un torrent, qui fe
précipite parmi des rochers. Celui-lå
eft animé d'un feu pur & celefte; ce-
lui-ci, dit Scaliger, eft un furieux
& quelquefois un frénétique. Ce n'eft
pas que je fois entièrement de l'avis de
ce grand Cenfeur. Il est en ceci trop
sévère, pour ne point dire cruel, come
il l'a été quand il a dit que Lucain
méritoit les étrivières. Siace a fes
charmes mais lu & Malherbe font
des beautés toutes différentes. En l'un
on voit un vifage ferain, & cette ma-
jesté nomée par les Latins comis &
tranquilla majetas. En l'autre vous
voies cet air fier appellé terribilis de-
cor, & le fpeciofum ex horrido que
Sénique done au Lion. Aufi est-il aisé
à tout le monde de voir qu'Horace étoit
l'ami du cœur de notre Poète, & le
patron qu'il fe propofuit d'imiter. It
l'avoit dans fon cabinet, fous le chevet
de fon lit, fur fa toilète, dans fa mé
moire, aux champs & à la ville; & il
l'appelloit ordinairement fon Breviaire.
C'est ce que j'ai apps de M. de Gren-
temefnil, qui a fort conny Malhe be.

difoit a que tous les Sonnets de Pétrarque êtoient à la Grè» que, auffi-bien que les Epigrammes de Mademoiselle de » Gournai ( 2 ) ».

XXI. IL fe faifoit prefque tous les jours fur le foir quelques petites conférences dans fa chambre, où affistoient parriculièrement Coulomby (1), Maynard, Racan, du Mouftier (2), & quelques autres, dont les noms n'ont pas été connus dans le monde. Et un jour un habitant d'Aurillac, où Maynard étoit alors Préfident, venant heurter à la porte de cette chambre, & demandant fi M. le Préfident n'y étoit point; Malherbe se leva brufquement, &, parlant au Provincial: Quel Préfident, dit-il, demandés-vous ? Apprenés qu'il n'y a point ici d'autre Préfident que moi?

XXII. QUELQU'UN lui difant que M. Gaulmin (1) avoit trouvé le moien d'entendre le fecret de la Langue Punique, & qu'il y avoit fait le Pater nofter; il dit auffi-tót affés brufquement: Je m'en vais tout à l'heure y faire le CREDO; & à l'inftant il prononça une douzaine de mots, qui n'êtoient d'aucune Langue, en difant: Je vous foûtiens que voila le Credo en Langue Punique. Qui eft-ce qui me poura dire le contraire ?

XXIII. (1) IL s'obftina avec un nomé M. de Laleu à faire des Sonnets licencieux, dont les deux Quatrains ne fuffent pas fur mémes Rimes (2). Coulomby n'en voulut jamais

(2) C'EST ce qui s'entendra par ce paffage du Ménaginna, T. II, p. 344, Edition de Paris, 1715. M. de Racan alla voir un jour Mademoiselle de Gournai, qui lui fit von des Epigrammes qu'elle avoit faites, & lui en demanda fon fentiment. M. de Racan lui dit" qu'il n'y avoit rien de bon, &

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qu'elles n'avoi nt pas de pointes . Mademoiselle de Gournai tui dit "qu'il ne faloit pas prendre garde à », cela; que c'étoient des Epigrammes » à la Grèque,,. Ils allèrent enfuite dîner enfemble chés M. de Loime Médecin des Eaux de Bombon. M. de Lorme leur aiant fait fervir un potage qui n'étoit pas fort bon, Mademoiselle de Gounai fe tourna du côté de M. de Racan, & lui dit: Monfieur, voilà une méchante foupe. Mademoiselle repartit M. de Racan, c'est une foupe à la Grèque. Cela fe répandit tellement, qu'on ne parloit en plufieurs endroits que de foupe à la Grèque, pour dire un mauvais potage; & pour marquer un méchant Cuifinier, on difoit. il fait de la foupe à la Grèque.

,

XXI. (1) FRANÇOIS de Cauvigni, Sieur de Coulomby, Colomby ou Collombi, l'un des premiers Membres de

l'Académie Françoife, êtoit Coufin de Malherbe, & mourut vers 1648.

(2) Du MOUSTIER êtoit un Peintre célèbre, home d'efprit & Poète. On trouve de lui quelques Vers affés bons dans les Récueils de ce tems-là.

XXII. (1) GILBERT Gaulmin Sieur de Montgeorge, Doïen des Maitres des Requetes, Intendant du Nivernois & Confeiller d'Etat, étoit de Moulins en Bourbonois, & mourut le 8 de Décembre 1667, âgé de plus de 80 ans. Il paifa dans fon tems pour un très habile Critique. Il avoit une parfaite connoifance des Langues Latine, Grèque, Hébraïque, Arabe Turque & Ferfane. Il étoit même affés inftruit de plufieurs autres. On eftime fes Poèfies Latines. Chapelain difcit de lui qu'il avoit plus d'esprit que de jugerent,,.

دو

XXIII. (1) JE done cet Article d'après Ménage, excepté ce qui fe trouve entre deux Parenthèfes, que je conferve de Saint-Uffans, ainfi que ce que je marquerai dans la Note 3.

(2) IL n'y a de ces Sonnets irrégnliers que quatre dans les Poèfics de Malherbe ; & ce que Racan dit ici

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