même. J'avoue qu'en certains endroits de DESPORTES on entrevoit quelques efforts, qui font come les premiers traits de l'Art inventé par Malherbe. Le Stile en eft vieilli : mais le Nombre en eft moderne ; & la Politeffe, qu'on y remarque, tient entre celle de notre fiècle & celle du fiècle précèdent un fi juste milieu, que l'un & l'autre peuvent la revendiquer. Mais le peu de bon, qui fe trouve dans Desportes & qui lui paroît échavé fans que peut-être il s'en doutât, eft enfeveli fous l'abondance de ce qu'il a de mauvais ; & ce feroit avoir une faulle idée de l'Art, que de le faire confifter dans ce qui n'eft fondé fur aucunes Règles certaines. Malherbe qui, ne se démentant jamais, eft par tout femblable à lui-même, n'a pu faire fans raifon ce qu'il a fait. Un coup d'œil fur, un jugement exact, lui montrant à reprendre beaucoup en lui-même, un peu trop peutêtre dans les autres, l'ont mis en état de former & de corriger avec un tel fuccès les efprits de fes compatriotes, que nous devons uniquement à fes leçons cette foule d'Ecrivains élégans qui font aujourd'hui tant d'honeur à la France. Il n'eft donc perfone, fi l'on veut pefer les mots & non pas les comter, d qui nos Lètres Françoifes aient plus d'obligations. De grands Homes n'ont autrefois été grands que dans un feul genre. L'heureux génie de Virgile l'abandonoit dans la Profe ; & l'éloquence manquoit à Ciceron, lorsqu'il écrivoit en Vers. Si Malherbe doit aux fiens la réputation de Poète très poli Ja Profe mérite aufi des louanges.

FIN DU DISCOURS, &c.

TABLE RAISONÉE

DES POÉSIES

DE MALHERBE.

Dd*

TABLE RAISON É E

DES POÉSIES

DE MALHERBE,

Où l'on rend comte de l'ordre qu'on leur a doné dans
cette Edition, & des corrections qu'il avoit faites en
différens tems à quelques-unes des principales ; où
l'on raffemble ce qu'il peut avoir eu deffein d'imiter
chés les Anciens où chés les Modernes ; & l'on entre
dans quelques détails hiftoriques & critiques.

Сомм

OMMENÇONS par faire con-
noitre les Recueils de Poèfies, qui
m'ont fourni ies dates de beaucoup de
Pièces, & les diverfes Leçons que je
raffemble ici. Voici les titres de ces
Recueils. Ils font précédés d'une Lè-
tre Majufcule & de l'année de leur
impreffion. C'est la manière dont je les
citerai.

A 1597. DIVERSES POESIES NOU-
VELLES données à R. D. P. Val par
Jes amis; reveuës, corrigées, & aug-
mentées de nouveau. Rouen RA-
PHAEL DU PETIT-VAL, in-12.

B 1599. L'ACADE'MIE DES POETES
FRANÇOIS remplie des plus beaux Vers
que ce fiecle réserve à la postérité. Paris,
ANTOINE DU BREUIL, in-12.

C 1599. LE PARNASSE DES PLUS
EXCELLENTS POETES FRANÇOIS DE
CE TEMPS, ou MUSES R'ALLIE'ES de
diverfes parts. Paris, MATTHIEU
GUILLEM OT. T. I, in-16.

D 1600. LE PARNASSE DES PLUS
EXCELLENTS POETES FRANÇOIS &c.
Paris, MAT. GUILLEMOT.T. II. in-16.

Le Privilége du T. I. eft du 1 de
Novembre 1598, & celui du T. II eft
du 23 de Septembre 1599. On trouve
des exemplaires où les deux volumes
font datés de 1599; & dans d'autres
ils le font de 1600. Ce n'eft, à ce
qu'il m'a paru, qu'une feule & même
Edition. Ce Recueil fut depuis réim-
primé fouvent avec des différences con-
idérables, & de nouvelles Epitres dé-
dicatoires, toutes fignées D'ESPINEL-
LES, ainsi que celles de 1599 & de

1600.

E 1603. LE PARNASSE DES PLUS
EXCELLENTS POETES FRANÇOIS &C.
Paris,
MAT. GUILLEMOT, 2. Vol.
in-16.

F 1607. LE PARNASSE DES PLUS
EXCELLENTS POETES FRANÇOIS &C.
Paris, MAT. GUILLEMOT, 2. Vol.
in-16.

G 1607. LE PARNASSE DES PLUS
EXCELLENTS POETES FRANÇOIS &C.
2 Vol. in-16.

Je n'ai vu de cette Edition que le
T. II, où le Frontifpice manque. Après
1'Epitre dédicatoire eft l'Extrait du
Privilége expédié le vingt-uniefm: de
Juillet 1606, au nom de MAT. GUIL-
LEMOT Libraire à Paris. On lit au
bas Achevé d'imprimer le 25 Febvrier
1607. Ou Guillemot fit deux Editions
prefque en même tems fous la même
date; ou bien l'une des deux eft une
contrefaction; ou bien enfin l'une fut
faite en Province par quelque Libraire
Affocié de Guillemot, pendant qu'il
faifoit l'autre à Paris; ce qui n'étoit
pas rare en ce tems-là. Quoi qu'il en
foit, le T. II diffère en beaucoup de
chofes dans ces deux Editions de 1607.

H 1609. NOUVEAU PARNASSE.
Paris, MAT. GUILLEMOT, in-12.

I 1609. LES MUSES GAILLARDES
recueillies des plus beaux efprits de ce
temps, par A. D. B. Parifien. Derniere
Edition reveue J
corrigée & beaucoup
augmentée. Paris, ANTOINE DU
BREUIL, in-12.

Ce Recueil et l'original de celui
réimprimé plufcurs fois depuis en un
ou deux Volumes, fous le titre de