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XI. comparaifon eft exacte. La nourriture que prend le Polype naillant paffe à sa mere, & fi cette nourriture eft colorée, elle la teint. La nourriture que prend la mere paffe de même à fon petit, & le colore. Le corps des Polypes eft affez fimple: il eft façonné en maniere de tuyau. A l'extrémité du tuyau dont eft formé le Polype naiffant, eft un trou, qui s'ouvre dans l'eftomac de la mere. C'est par ce trou de communication que les alimens paflent réciproquement de l'un à l'autre. Le jeune Polype croit, & lorfqu'il a pris un certain accroiffement, le trou de communication fe ferme peu-à-peu. Le Polype fe détache enfin de fa mere, & voilà l'étrange maniere dont les Polypes à bras en forme de cornes, multiplient naturellement par rejettons (1).

Multiplication de la Lentille aquatique par rejet tons.

Polypes chargés à la

fois de plu fieurs gené

racions de Polypes.

CLXXXVI. UN grand nombre de plantes pouffent des rejettons; mais, ils ne fe féparent pas d'eux-mêmes de leur fujet; feulement ils peuvent en être féparés par art, & multiplier ainfi l'efpece. 11 eft pourtant une plante très-commune, dont les rejettons fe détachent naturellement pour propager l'efpece. Telle eft la Lentille aquatique qui couvre les eaux croupiffantes d'un tapis verd. Une feuille de cette plante flotte fur l'eau. Il part de fa furface inférieure un filet terminé par un petit renflement qu'on peut regarder comme la racine. D'autres feuilles fe développent autour de la premiere, & s'en détachent enfuite avec leur filet (2).

CLXXXVII. PLUSIEURS boutons paroiffent à la fois fur le Polype, & il n'eft prefque aucun point de fon corps dont il n'en puiffe fortir. Ce font autant de Polypes naiffans qui croiffent fur un tronc commun. Tandis qu'ils fe développent; ils (1) Mémoires pour fervir à l' Hiftoire beeck; 1744. Edition in-Svo. Paris chez dun genre de Polypes d'eau douce, à Durand, 1744. 2 Vol. Tom. II. pag. 7, bras en forme de cornes 8 & 9 , par M. TREMBLEY Troifieme Mémoire, édi tion in 4to. Leide, chez les Freres Ver

(2) Ibid. Edit. in-8vo. Tom. II, pag 116 & fuivantes.

pouffent eux-mêmes des boutons, c'eft-à-dire, de petits Po- CHAP. XI. lypes qui en pouffent d'autres à leur tour. Ce font des branches qui produifent d'autres branches, & celles-ci des rameaux. Plufieurs générations, demeurent ainfi attachées les unes aux autres, & toutes à la mere Polype. Cela ne reffemble pas mal à un petit arbre fort touffu. La nourriture que prend un des Polypes fe communique bientôt à tous les autres. Enfin le petit arbre fe décompofe en fes branches & en fes rameaux: les jeunes Polypes fe détachent de leur mere & vont donner naiffance à de nouvelles fuites de générations, ou à de nouveaux arbres généalogiques (1).

CLXXXVIII. DIVERSES efpeces de Polypes de mer font logées à leur naiffance dans des fourreaux de matiere cruftacée. Ces Polypes muliplient comme ceux d'eau douce, par rejettons. Les fourreaux demeurent implantés les uns fur les autres, & imitent la forme & le port d'une plante. Ce font des Polypiers qui ont été pris pour de très-belles Plantes marines par d'habiles Botaniftes qui aimoient à retrouver par-tout des végétaux. La célebre découverte des fleurs du corail n'étoit que celie d'une espece de Polype dont le corail eft le fourreau (2) (3).

(1) Ibid. Tom. II. Edit. in-8vo. pag. 56 & 57.

(2) Voyez la belle Préface que M. de REAUMUR a mife à la tête du fixieme volume de fes Mémoires pour Servir à l'Hiftoire des Infectes.

(3) tt L'expreffion de Polypier que j'ai employee ici d'après Mr. de REAUMUR, n'eft point du tout exacte. Cet illuftre Naturaliste avoit dit un Polypier, comme l'on dit un Guêpier; mais le prétendu Polypier n'eft point du tout un nid de Polypes,

comme un Guêpier eft un nid de
Guêpes; il eft un enfemble de Poly-
pes qui demeurent attachés toute leur
vie les uns aux autres, & qui en
croiffant font croitre cette maffe bran
chue qui a reçu le nom de Corail.
Il en eft de même des autres produc-
tions marines de ce genre qui avoient
été prises pour des plantes. Elles
font toutes des amas organiques de
petits Polypes. La fubftance parenchy
mateufe des Polypes s'incrufte peu à
peu d'une fubfiance terreule ou cré

Polypes à fourreaux. Productions marines qui ont été pri fes pour des plantes.

CHAP. XI.

Polypes multipliant de bouture,

Hudres produites par la fection.

CLXXXIX. A la propriété de multiplier par rejettons, les Polypes joignent encore celle de pouvoir être multipliés comme les plantes, de bontures. Un Polype coupé tranfverfalement ou longitudinalement en deux ou plufieurs parties, ne point, mais chaque partie devient en peu de tems un Polype complet. Cette forte de fécondité eft fi grande dans ces Infectes, qu'un très petit morceau de la peau d'un Polype peut devenir un animal parfait. Cette reproduction fi remarquable a lieu également dans les jeunes Polypes qu'on partage tandis qu'ils font encore attachés à leur mere, & fi l'on mutile la mere elle-même pendant qu'elle produit des petits, elle reccuvrera en affez peu de tems les parties qu'on lui aura enlevées. Un fimple tronçon met au jour des petits, & reprend enfuite une tête, des bras & une queue. Quelquefois il produit des petits fans fe completter lui-même. D'autres fois la tête d'un jeune Polype prend la place de celle qui auroit dû pouffer à la partie antérieure du tronçon (1).

CXC. Si l'on fend un Polype en commençant par la tête, & qu'on ne pouffe la fection que jufques vers le milieu du corps, on aura un Polype à deux tétes, qui mangera à la fois. par deux bouches. Si l'on répete l'opération fur chaque téte, l'on fera une Hydre à quatre têtes, & en répétant encore, une Hydre à huit têtes. Enfin, fi l'on abbat ces tétes, l'Hydre en repouffera de nouvelles, & ce que la fable même n'avoit ofé inventer, chaque tête abattue produira un Polype dont on pourra faire une nouvelle Hydre (2).

fement de divers corps marins.

tacée qui donne à la maffe organique | ches de cet Académicien fur l'accroif-
la confiftance qui lui eft propre. Il en
eft donc de la formation du Corail,
des Coralines, des Pores, des Ma-
drépores, &c. comme de celle des
os. Mr. HERISSANT l'a démontré. Il faut
voir dans la Part. XI de la Paling
néfie, le précis des curieufes recher-

(1) Hiftoire des Polypes par M. TREMBLEY, Mémoire III & IV. Effai fur l'Histoire Naturelle du Polype InSelle par M. BACKEr.

(2) Mémoires fur les Polypes par M.

Si au lieu de fendre ainfi un Polype, on l'ouvre fimple- CAP. XI. ment d'un bout à l'autre, & qu'après en avoir étendu la peau on la déchiquette à l'extrêmité antérieure, l'on aura de même une Hydre; & ce qu'il importe beaucoup de remarquer, les. nouvelles têtes fe détacheront quelquefois d'elles-mêmes de leur tronc, & deviendront autant de Polypes (1).

CXCI. ENFIN, un Polype haché donne autant de Polypes, qu'on a fait de fragmens. J'ai dit que le corps de ces Infectes eft façonné en maniere de tuyau. La cavité de ce tuyau leur tient lieu d'eftomac. Les bords oppofés d'un fragment ne fe rapprochent pas pour former ce tuyau; comme il arrive dans les Polypes partagés fuivant leur longueur; mais le fragment fe renfle intérieurement; il y naît une petite cavité, qui eft l'ébauche d'un tuyau (2).

CXCII. RIEN d'unique dans la Nature. Dès qu'on s'eft convaincu qu'une propriété a été accordée à une efpece, on peut en conclure qu'elle l'a été à d'autres. Avant que je fçuffe fi le Polype appartenoit à la claffe des animaux, je m'étois affuré par une expérience, qu'il a été donné à l'animal de pouvoir être multiplié de bouture (3). J'avois fuivi la reproduction d'un Ver aquatique fans jambes, que j'avois partagé tranfverfalement en deux. L'intérieur du Polype n'offre rien qui reffemble aux vifceres des autres Infectes. C'eft un tuyau vuide, & la peau qui le forme, ne préfente à Foil armé du microfcope, qu'une multitude innombrable de petits grains qui fe colorent par la nourriture. L'intérieur de mon Ver m'offrit au contraire le même appareil d'organes, ou à-peu-près, qu'on découvre dans celui

TREMBLEY, Mém. IV. Edit. in-8vo.

Tom. II, pag. 194, 195. (1) Ibid. page 197.

(2) Ibid. page 206, 207.

(3) Traité d'Infectologie, ou Obfer

vations fur quelques especes de Vers
d'eau douce, qui coupés par morceaux „
deviennent autant d'animaux complets.
II Part Introduction. Paris 1745. 2 vol.

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CHAP. XI.

de la plupart des Infectes. La principale artere fur-tout, avec fes ramifications latérales, formoit un grand fpectacle. Je ne pouvois me laffer d'y contempler la circulation du fang qui fe faifoit réguliérement de la queue vers la tête (1). Un Etre en qui l'on découvroit un coeur, un eftomac, des inteftins; un Etre en qui circuloit une liqueur analogue au fang, ne pouvoit être pris un inftant pour une plante ; & fi cet Etre fe multiploit de bouture, il étoit démontré que cette propriété étoit commune au végétal & à l'animal. J'obfervai donc les visceres fe prolonger dans chaque partie du Ver coupé; je vis de nouveaux organes fe former peu-à-peu, une téte, des anneaux, une queue; & en affez peu de tems, j'eus deux Vers très-complets (2).

JE partageai de ces Vers en vingt-fix portions qui n'étoient prefque que des atomes & ces atomes devinrent fous mes yeux des animaux parfaits (3). La circulation du fang étoit aufli réguliere dans ces atomes avant la reproduction, qu'elle l'étoit dans le tout dont ils faifoient auparavant partie (4).

JE

Je dreffai des échelles de l'accroiffement graduel de différentes portions de ces Vers, & ces échelles m'appri rent ce que l'on n'auroit pas foupçonné, que des huitiemes & des dixiemes faifoient en tems égal, autant de progrès que des moitiés & des quarts (5).

Je vis le même individu laiffé dans l'eau pure, pouffer fucceffivement douze têtes, après avoir été mutilé onze fois dans fa partie antérieure (6).

(1) Ibid. Obf. I.
(2) Ibid. Obf. II.

(3) Ibid. Obf. III.

(4) Ibid. Obf. XV.

(5) Ibid. Obf. IV. IX,
(6) Ibid. Obf. X.

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