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CHAP. III.

Autre con féquence tirée de la variété des parties.

Rapports

de la liqueur feminale à ces variétés.

Suppofitions

XXXVII. LA variété qui regne entre toutes les parties de l'animal, foit à l'égard des proportions, foit à l'égard de la confiftance, indique dans les élémens une variété relative dont celle-là dépend. Ainfi les fibres élémentaires des os ont originairement plus de confiftance & font moins fufceptibles d'extenfion que celles des vaiffeaux ou des membranes.

XXXVIII. Le degré d'extenfion de chaque organe eft de plus relatif à la puiffance qui l'a produit. Cette puiffance est ici le fluide nourricier ou la liqueur féminale. Il y a donc entre ce fluide & le germe, certains rapports qui déterminent la confiftance & l'extenfion de chaque partie. Ces rapports, voulons raifonner fur des idées connues, ne fauroient être que des rapports de forme, de proportions, de mouvement, de chaleur, &c.

XXXIX. A ces réflexions générales, je joindrai quelques fupde l'Auteur. pofitions particulieres. Je fuppofe, 1°. qu'il y a dans la liqueur féminale autant d'efpeces d'élémens qu'il en entre dans la compofition du germe.

Effai d'explication du Mulet.

2°. Que les élémens d'une même efpece font plus difpofés à s'unir que ceux d'efpeces différentes.

3°. Que les mailles de chaque partie obfervent une certaine proportion avec les molécules relatives de la femence.

4°. Que l'efficace de la liqueur féminale dépend du degré de fon mouvement & de fa chaleur & du nombre des particules élémentaires de chaque efpece.

XL. CES principes pofés, la génération des Mulets femble s'éclaircir jufqu'à un certain point. De l'accouplement d'un áne avec une jument nait le Mulet proprement dit.

CETTE

CETTE production exiftoit déja en petit, mais fous la forme d'un Cheval dans les ovaires de la Jument.

COMMENT ce Cheval a-t-il été métamorphofé? D'où lui viennent en particulier ces longues oreilles? Pourquoi la queue eft-elle fi peu fournie de crins? L'éclairciffement de ces deux points achevera de développer ma pensée.

Je dis donc que les élémens de la liqueur féminale répondant à ceux du germe, la femence de l'Ane contient plus de particules propres à fournir au développement des oreilles que n'en contient celle du Cheval; & que d'un autre côté, elle a moins de particules propres à développer la queue que n'en a cette derniere.

DE-LA l'excès d'alongement dans les mailles des oreilles & l'oblitération d'une partie de celles de la queue.

CHAP.

Objections

XLI. ON m'objectera fans doute, que les femences & les germes d'une même efpece doivent fe répondre exactement, & & réponfes. que par conféquent il n'y a que la femence du Cheval qui puiffe faire développer les germes contenus dans les ovaires de la Ju

ment.

Je réponds qu'on peut fuppofer fans aucune abfurdité que dans le rapport de la femence & du germe, il eft une certaine latitude qui permet à la liqueur féminale d'un animal de développer les germes d'un autre qui n'en differe pas extrêmement en forme & en grandeur.

ON m'objectera encore que les notions que je donne de la liqueur féminale & du germe font trop compofées, vu la multitude des élémens que j'y fais entrer, & la diverfité des combinaifons qu'elles fuppofent.

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CHAP. III.

Importance des expériences fur les Mulets.

Je réponds que nous ne faurions nous faire de trop grandes idées de l'art qui regne dans les ouvrages de la Nature, & fur-tout dans la ftructure des Corps organifés.

UNE autre objection beaucoup plus confidérable, eft celle qui fe tire de certains Mulets, dans lefquels on obferve des parties qui ne tiennent abfolument que du mále.

TEL eft ce Mulet qui provient de l'accouplement du Coq avec la femelle du Canard, & qu'on affure avoir des pieds parfaitement reffemblans à ceux du Coq.

J'AVOUE que je ne faurois fatisfaire à cette objection, fi le fait eft tel qu'on le rapporte; mais je doute de la parfaite reffemblance de ces pieds avec ceux du Coq: j'en appelle donc à un examen plus approfondi.

XLII. Je fouhaiterois fort auffi qu'on multipliât les expériences fur la génération des Mulets. Rien ne feroit plus propre à répandre du jour fur cette matiere ténébreufe. Les végétaux pourroient beaucoup fournir en ce genre.

JE defirerois fur-tout qu'on s'affurât, fi dans les petits qui proviennent d'individus de même efpece, & dans ceux qui proviennent d'individus d'efpeces différentes, il eft conftamment des parties qui tiennent plus du mále, & d'autres qui tiennent plus de la femelle, & fi cette reffemblance eft toujours uniforme, ou fi elle varie?

DANS l'un & l'autre cas on pourroit faire intervenir la liqueur féminale de la femelle, & raifonner fur cette liqueur comme j'ai fait fur celle du mále.

On pourroit conjecturer avec quelque vraifemblance pour le

premier cas, que la femence de la femelle contient les élémens CHAP. particuliers à une ou plufieurs parties, & celle du mâle, ceux qui font propres aux autres.

POUR le fecond cas, on admettroit que ces combinaisons changent dans différentes efpeces.

A l'aide de ces conjectures on pourroit parvenir à rendre raison des divers traits de reffemblance qu'on croit obferver entre les enfans & ceux auxquels ils doivent la naiffance; mais il faudroit toujours établir pour principe que les deux femences ne fauroient agir l'une fans l'autre.

On pourroit encore avec le fecours de la même hypothese expliquer la formation de quelques monftres.

PAR exemple, fi deux animaux dont les femences ne contiendroient que les élémens propres au développement du tronc venoient à s'unir, ce qui en proviendroit feroit une maffe oblongue, un tronc fans extrémités.

XLIII. LA génération renferme un autre point auffi intéreffant qu'il eft obfcur. Je veux parler du principe de la circulation dans le germe.

Voici comment je conçois la chofe. Je ne pense pas qu'il fe faffe aucune circulation dans le germe non fécondé. Je crois plutôt que tout y eft dans un repos parfait, & que les folides ne contiennent alors aucune liqueur (1); mais pendant la fécondation, la liqueur féminale eft portée dans les organes de la circulation du germe. Elle les dilate, & cette dilatation

(1) tt Je me trompois j'ai donné | matiere, & en particulier dans le Chap. ailleurs des idées plus juftes de cette VII. de la II Partie de cet ouvrage.

Principe de tion dans le

la circula

germe.

CHAP. II. étant naturellement fuivie de la réaction du vaiffeau fur la liqueur, la circulation commence à s'opérer. Le fluide féminal porté par cette voie à toutes les parties, ouvre les mailles des fibres fimples, & les met en état de recevoir les fucs que la matrice leur envoie. Elles continuent ainfi à s'élargir par une efpece de ductilité analogue à celle des métaux, jufques à ce qu'elles aient atteint les bornes de leur extension respective.

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XLIV. Tout ce que je viens d'expofer fur la génération, on ne le prendra fi l'on veut, que pour un roman. Je fuis moi-même fort difpofé à l'envifager fous le même point de vue. Je fens que je n'ai fatisfait qu'imparfaitement aux phénomenes. Mais je demanderai fi l'on trouve que les autres hypothefes y fatisfaffent mieux. Je ferai là-deffus deux réflexions.

XLV. LA premiere, que je ne faurois me réfoudre à abandonner une auffi belle théorie que l'eft celle des Germes préexiftans, , pour embraffer des explications purement méchaniques.

LA feconde, qu'il me paroit qu'on auroit dû tâcher d'approfondir davantage la maniere dont s'opére le développement, avant que de chercher à pénétrer celle dont s'opére la gé

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