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qu'en quelque endroit du tronc qu'on faffe la fection, il re- CHAP. I. produit de nouveaux organes.

CCLV. Si l'on regarde les tubercules, que j'ai vu s'élever fur le corps des Vers d'eau douce, comme étant analogues aux rejettons des Polypes à bras, 'ce feront de petits Vers dont les Germes cachés dans l'intérieur de la Mere, fe développeront fuivant certaines loix.

CES Germes doivent repréfenter en petit un Animal entier, puifqu'ils font préparés pour la multiplication naturelle de l'Infecte. Mais, en eft-il de même des Germes deftinés à réparer la perte de l'une ou de l'autre des extrêmités ? Ces Germes contiennent-ils aufli les élémens de toutes les parties propres à l'Infecte? Sont-ils l'Infecte lui-même très-en petit ? N'y a-t-il que la partie antérieure qui fe développe dans le Germe deftiné à réparer la perte de la tête, &c. ? J'ai paru l'admettre dans le Chap. IV, de la premiere Partie, Articles L, LI & LII, & j'ai indiqué quelques caufes qui peuvent empêcher l'accroiffement de la partie du Germe qui ne doit point fe développer. Aujourd'hui que j'y réfléchis davantage, je ne vois aucun inconvénient à fuppofer dans ces fortes de Vers, des Germes de parties antérieures, & des Germes de parties poftérieures. Cette hypothese me paroît fujette à moins de difficultés que celle de l'oblittération d'une partie du Germe. Si l'on admet des Germes particuliers pour la production des dents, pourquoi refuferoit-on d'en admettre pour la production de parties beaucoup plus compofées, & dont la formation repugne encore davantage aux explications méchaniques ?

UNE obfervation prife des Végétaux, paroît confirmer cette diverfité des Germes dans le même Individu. La graine qui opére la multiplication la plus naturelle du Végétal, renferme une Plante en entier. Une diffection groffiere fuffit pour mettre Tome III. Hh

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CHAP. I.

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en évidence les principales parties de cette petite Plante, je veux dire la plumule & la radicule. On fait que le développement de la premiere produit la tige & fes branches, & que le développement de la feconde produit la maîtreffe racine & fes ramifications. Le Germe contenu originairement dans la graine, eft donc une Plante entiere en raccourci. Un bouton à bois, ne renferme au contraire que la plumule; j'en ai dit ailleurs la raison. Les racines qui partent des bourlets, tirent leur origine de mamelons, & ces mamelons femblent faire à leur égard l'office de boutons. Un femblable bouton ne contient non plus que la radicule. Il eft donc dans le Végétal des Germes de plumules, & des Germes de radicule, comme il en eft qui contiennent à la fois & la plumule & la radicule.

DANS les Vers qu'on multiplie de bouture, les Germes qui ne contiennent que des parties antérieures ou poftérieures, peuvent être comparés aux Germes végétaux qui ne contiennent que des plumules ou des radicules. Les Germes deftinés à opérer la multiplication naturelle de l'Infecte, peuvent être comparés de même aux Germes contenus dans les graines.

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On peut être curieux de favoir ce que M. de REAUMUR penfoit fur la question dont il s'agit: on le verra dans l'extrait fuivant d'une Lettre qu'il m'écrivit le 21 Décembre 1742. La fuite de vos obfervations fur les boutures des Vers aquatiques, contient un grand nombre de faits extrêmement curieux ce ne fera qu'après qu'il y en aura beaucoup de raffemblés, de tels que ceux que vous avez rapportés dans ,, votre Lettre, que nous pourrons raifonner fur une reproduction fi étrange. Ces obfervations, de queues qui font nées où des têtes devoient naître, font extrêmement fingulieres, & je ne défefpere pas qu'il ne vous arrive de les refaire plus d'une fois. Le fait étant bien conftaté, l'embarras ne fera pas de trouver le Germe de la partie poftérieure qui

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a été produite, car il faut qu'il y ait par-tout dans ces Ani,, maux des Germes de parties antérieures & de parties poftérieures, qui fe touchent, & les unes ne font déterminées à fe développer préférablement aux autres, que lorsque le bout où elles fe trouvent est le plus favorable à leur développement; reftera à favoir ce qui peut en quelques circonftances faciliter le développement d'une partie postérieure fur », un bout antérieur, j'appelle ainfi, le plus proche de la tête".

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CCLVI. QUOIQU'IL en foit de la fimilarité ou de la diffimilarité organique des germes dans le même Individu, je dirai que cette question eft très-indifférente à mon but, & nous ne fommes pas à portée de la décider. Si la ftructure intime des parties les plus groffieres nous échappe, comment pourrionsnous atteindre à la connoiffance de parties d'une fineffe & d'une petitesse extrêmes? La Matiere a été prodigieufement divifée, & les Germes font en quelque forte, les dernieres divifions de la Matiere organifée. Je n'ai ici d'autre objet que de chercher à établir que, ce que nous nommons production ou reproduction dans nos efpeces de Zoophytes, n'eft que le développement de petits Touts organiques qui préexiftoient dans le grand Tout dont ils réparent les pertes. Ainfi, foit que cette réparation dépende de Germes qui ne contiennent précisément que ce qu'il s'agit de réparer, foit qu'elle dépende de Germes qui contiennent un Animal entier & dont il ne fe développe qu'une partie, précisément femblable à celle qui a été enlevée, tout revient au même dans l'une & l'autre fuppofition ce n'eft jamais une génération proprement dite; c'est toujours la fimple évolution de ce qui étoit déja engendré. Tant de faits très-certains que j'ai raffemblés dans cet Ouvrage concourent fi évidemment à établir ce grand principe, qu'il n'y a que la plus forte prédilection pour de nouvelles idées, qui puiffe engager à le combattre. Je rappellerai encore ici ce que j'ai dit dans le Chapitre X de la premiere Partie, fur

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CHAP. 1.

Indifféren

ce de la queftion au

but de l'Au

teur: raifons

de la laiffer indécife.

CHAP. I.

Réflexions

fur la pré

existence

duits ou engendrés.

la préexistence du Papillon dans la Chenille. Un Ver qui fe nourrit de l'intérieur de celle-ci, fait n'attaquer que les parties propres au Papillon: la Chenille continue à s'acquitter de toutes fes manoeuvres; elle vit & fait vivre fon ennemi, mais elle ne donne point de Papillon.

CCLVII. TOUT nous indique que la Nature a préparé de loin dans les Corps organifés, les diverfes productions qu'elle des parties y doit mettre au jour. Tandis qu'elles commencent déja à fe Qu des touts développer, nous ne nous doutons point de leur existence, & qui paroiffent repro- nous difons qu'elles naiffent, lorfqu'elles fe font affez développées pour tomber fous nos fens. Une Intelligence qui auroit des yeux plus perçans que les nôtres, reculeroit bien loin le moment de cette prétendue naissance. Il peut nous être permis de raifonner fur les fins de l'AUTEUR de la Nature, quand ces fins font évidentes. Il paroît qu'il a voulu que des Infectes dont le corps eft très-caffant, ou dont l'une & l'autre des extrémités étoient expofées à fervir de pâture à différens Animaux voraces, puffent réparer les pertes que ces accidens devoient leur occafioner. Sa SAGESSE a donc ménagé dans ces Infectes des fources fécondes de réparation. ELLE a conftruit leur corps fur un modele particulier ELLE y a femé des Germes dont le développement opére ces reproductions que nous ne nous laffons point d'admirer. Le retranchement d'une partie antérieure ou poftérieure détourne au profit du Germe placé au bout correfpondant du tronçon, les fucs nourriciers qui auroient été employés à l'entretien de cette partie. Ce Germe commence donc à fe développer; il fe montre d'abord fous l'afpect d'un petit bouton arrondi, qui décele en quelque forte, fon premier état de Corps oviforme.

De l'union

CCLVIII. L'UNION que la nouvelle partie contracte avec le de la partie tronçon, n'a rien de plus embarraffant que celle du bourgeon reproduite avec le tron avec l'Arbre, ou de la Greffe avec le Sujet. On voit affez

qu'à mesure que les vaiffeaux du Germe fe développent, ils peuvent s'aboucher par différens points à ceux du tronçon, & de cet abouchement doit réfulter une circulation commune, Mais la petiteffe & la transparence des vaiffeaux ne permettent pas d'obferver ici ces anastomoses, comme on les obferve dans les Greffes végétales. La réunion qui s'opére quelquefois dans les chairs des grands Animaux, répand encore du jour fur celle dont il s'agit: j'en parlerai ailleurs.

CHAP. I.

con: com. ment elle s'opére.

reproduc

d'eau douce,

ce.

CCLIX. CE font apparemment des loix très-fimples, que celles Régularité qui préfident aux reproductions de mes Vers aquatiques de la parfaite des premiere Efpece, ou de ceux que j'ai nommés rougeatres (1): tions dans il eft remarquable que parmi un grand nombre d'expériences les Vers que j'ai tentées fur cette Efpece, il n'y en ait eu aucune qui de la pre ait été fuivie de production monftrueufe. J'ai vu conftamment miere Elpeune nouvelle partie antérieure fe développer au bout antérieur de l'ancien tronçon, & une nouvelle partie poftérieure pousser au bout correspondant de ce même tronçon. La partie reproduite a toujours été précisément femblable à celle que j'avois retranchée, & capable des mêmes fonctions; nulle irrégularité apparente, nulle différence fenfible dans l'organisation; identité parfaite dans la forme, dans la position, dans les mouvemens, foit extérieurs, foit intérieurs,

..

Recherches

fur les caufes qui déici le développement d'un Germe, préférablement à celui

CCLX. MAIS quelle eft la caufe qui détermine une partie antérieure à fe développer préférablement à une partie poftérieure ? Pourquoi une tête fe développe-t-elle fur le bout antérieur, une queue fur le poftérieur? Il est très-manifefte que le bout qui eft l'antérieur dans un tronçon quelconque, auroit pu devenir le poftérieur fi la fection avoit été faite dans un autre point; le hafard feul en a décidé. Il y a donc à chaque bout un Germe de tête & un Germe de queue; d'où vient que ces donné.

(1) Traité d'Infectologie, feconde Partie, Obf. I.

d'un autre dans un lieu

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