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CHAP.

IV.

CHAPITRE IV.

De la multiplication de bouture & de celle par rejettons..

XLVI.
l'individu divifé, l'accroiffement de cette portion, la production
de fes nouveaux organes, la multiplication par rejettons, font
les principaux faits qui s'offrent maintenant à notre examen.

LA confervation de la vie dans chaque portion de Faits princi

paux.

Premier. fait la confervation de

XLVII. Le premier fait s'explique facilement dès qu'on admet que chaque portion contient toutes les parties néceffaires à la vie de l'animal, & que leur ftructure eft telle, que la vie. leur féparation du Tout ne caufe aucun dérangement dans Explication, leur jeu.

L'OBSERVATION Confirme l'une & l'autre de ces fuppofitions: elle nous montre les principaux vifceres étendus d'un bout à l'autre du Corps dans les Vers que j'ai multipliés de bouture, & dont j'ai publié l'hiftoire en 1745 (1); & elle nous en découvre le jeu jufques dans les moindres portions que la fec tion fépare.

ENFIN, elle nous apprend que les plaies qu'on fait à ces. animaux en les mettant en pieces, fe confolident avec une extrême facilité, par la difpofition finguliere qu'ont les levres des vaiffeaux rompus ou déchirés, à fe rapprocher & à fe réunir.

LES fonctions vitales n'étant point interrompues par la fec-. tion, le fuc nourricier que chaque portion renferme, continue;

(1) Traité d'Infectologie; II. Partie, Paris, in-8°. Oeuvres; Tom. L

CHAP. IV. d'être porté à toutes les parties pour les nourrir & les faire croître.

Second fait: la con

folidation de la plaie &

XLVIII. LA maniere dont cet accroiffement s'opére revient précisément à ce qui fe paffe dans un arbre auquel on a enlevé de l'écorce. Les bords de la plaie fe rapprochent continuellement par l'extenfion des fibrilles dont ils font garnis; & Explication. peu-à-peu il fe forme ainfi fur la plaie un bourlet qui la

l'accroiffe

ment.

Troilieme

fait la prod'une nou velle tête &

duction

d'une nou

recouvre.

A ce premier ouvrage de la Nature en fuccede bientôt un autre plus confidérable; & auquel celui-là fert, pour ainfi dire, de préparatif, je veux parler de la production des organes qui manquent aux différentes portions du Ver pour devenir des animaux complets. Arrêtons-nous un moment à fuivre une de ces portions qui ont été mutilées aux deux extrémités.

XLIX. A l'extrêmité antérieure doit paroître une tête, à la poftérieure une queue. Du milieu du bourlet, fouvent infenfible, qui fe forme à chaque extrêmité, fort un bouton très-petit, d'une couleur plus claire que le refte du corps. Il groffit par velle queue. degrés, & prend la forme d'une pointe mouffe. Cette pointe Explication. s'alonge de jour en jour; bientôt on y découvre des anneaux, au travers defquels paroiffent de nouveaux vifceres, qui femblent n'être qu'un prolongement des anciens. Enfin, la tête & la queue se montrent, accompagnées de toutes les parties qui leur font propres. C'eft un Ver parfait, auquel il ne manque plus que d'acquérir la grandeur de ceux de fon efpece.

On voit par ce petit détail, qu'il en eft de la multiplication de ces Vers par bouture, comme de celle des Plantes. Tout s'opére dans les uns & dans les autres par un développement de parties préexiftantes. Nulle méchanique à nous connue,

ca

pable de former un cœur, un cerveau, un eftomac &c. Les CHAP. IV. germes répandus dans tout le corps de ces animaux, n'attendent, pour fe développer, qu'une circonftance favorable.

LA fection produit cette circonftance. Elle détourne au profit des germes, la partie du fluide alimentaire, qui auroit été employée à l'accroiffement du Ver entier; de la même maniere, à-peu-près, qu'en ététant un arbre, ou en taillant une de fes groffes branches, on voit fortir autour de la coupe, un grand nombre de boutons, qui, fans cette opération, ne fe feroient point développés.

L. CETTE explication quoique très-fimple, n'eft cependant Difficulté, pas exempte de difficultés. Suivant la notion que j'ai donnée du Germe, c'est un animal, pour ainfi dire, en miniature : toutes les parties que les animaux de fon efpece ont en grand, il les a très- en petit,

OR, dans l'application de cette idée au cas dont il s'agit, il n'y a que quelques parties du Germe qui fe développent, la tête dans le Germe placé à la partie antérieure de chaque portion, la queue dans celui qui eft à la partie poftérieure. Que devient dans le premier Germe la queue? dans le fecond la tête? Pourquoi, lorfque le développement a commencé dans quelques-unes des parties, ne continue-t-il pas dans toutes les autres?

Les mêmes queftions ont lieu à l'égard des plantes: les Germes que l'on fuppofe avoir donné naiffance aux branches, contenoient une plante en petit. Il en étoit de même de ceux d'où font provenues les racines. Les uns & les autres ne fe font donc développés qu'en partie.

Réponse à a

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LI. CES difficultés, approfondies jufqu'à un certain point, difficulté.

CHAP

Conjectures fur la maniere dont les

germes font diftribués

fe réduifent ce me femble, à imaginer des caufes capables d'empêcher le développement de quelques parties du Germe: en effet, je ne pense pas qu'on veuille admettre des Germes particuliers pour chaque organe, & multiplier ainfi les Etres inutilement, fans parler des difficultés plus grandes encore & plus nombreuses., auxquelles une femblable hypothese donneroit naillance.

LES caufes que nous cherchons, nous pouvons les trouver foit dans l'arrangement, la pofition ou la ftructure des Germes, foit dans les rapports fecrets de cette ftructure avec celle du Corps où ils doivent fe développer; foit enfin, dans diverses circonftances extérieures.

LII. DE ces différentes fources nous tirons donc les conjectures fuivantes.

1°. Que les Germès deftinés à compléter chaque portion, dans lesVers font rangés à la file, au milieu, & le long de l'intérieur du

qu'on multiplie de bouture, & fur

celle dont ils parviennent à s'y déve lopper.

Ver.

2°. QU'ILS y font placés de maniere que leur partie antérieure regarde la tête de l'aninial.

3°. QUE dans le Ver entier, les Germes, ou ne reçoivent aucune nourriture, ou que s'ils en reçoivent, l'effet en est anéanti par la réfiftance ou la preffion des parties voifines.

4°. Que l'effet de la fection eft premierement de détourner vers le Germe le plus proche de la coupe, la partie du fluide nourricier qui auroit été employée à la nourriture & à l'accroiffement du Tout; fecondement de faciliter l'éruption & l'alongement du Germe en lui fourniffant une libre issue.

5°. Qu'A

5. Qu'a mefure que le germe groffit & s'étend, la partie CHAP. de fon corps qui demeure dans celui du Ver, ou dans le tronçon, s'unit avec lui par une véritable greffe; les vaiffeaux d'un genre s'abouchant à ceux du même genre, enforte qu'il s'établit entr'eux une circulation commune & directe, comme on le voit arriver aux portions de différens Polypes, mifes bout à bout.

LIII. A l'égard des circonftances extérieures, les boutures des Plantes nous en fournissent un exemple qui eft palpable.

La partie fupérieure du germe ne fauroit s'y développer qu'à l'air libre; l'inférieure le craint au contraire, & requiert une certaine humidité. Ainfi, de la portion de la bouture qui eft hors de terre, fortent les branches; de celle qui eft en terre, fortent les racines. La différence fenfible qu'on obferve entre la ftructure de la racine & celle de la tige, donne naiffance à ces différens befoins

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Vers qu

LIV. Il est une espece de Ver long, aquatique, en qui la propriété de revenir de bouture, eft refferrée dans des bornes pouffent fort fingulieres.

LORSQU'ON Coupe la tête à cette efpece de Ver, elle en repouffe, comme les autres une nouvelle ; mais fi l'on fait la fection dans des points moins éloignés du milieu du corps, ou qu'on partage ce Ver en deux, trois, quatre ou plus de parties, chacune d'elles pouffera une queue à la place où elle auroit dû pouffer une tête.

COMMENT expliquer un phénomene fi étrange, & l'accorder avec les conjectures qui ont été hafardées ci-deffus?

AURA-T-ON recours à l'hypothefe des germes originairement
Tome III.

D

une queue au lieu d'une tête.

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