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CHAP II.

LE Polype chargé de fa nombreufe poftérité, compofe avec elle une espece d'Arbre généalogique (1), qui paroît favorable au fyftême de l'emboîtement. Il nous montre plufieurs générations liées encore les unes aux autres, & qui toutes le font à la premiere. L'affemblage de tous ces Êtres organifés, qui tiennent à un tronc commun, femble nous dire qu'ils étoient tous renfermés originairement dans ce tronc. L'exemple n'eft que nouveau dans le Regne animal; le Végétal en montroit un pareil aux yeux les moins attentifs. Il eft peu philofophique d'oppofer à cette réflexion des calculs fans fin, & de remplir des pages de zéros pour prouver que l'emboitement eft abfurde. Nous ne favons point dans quelle proportion précifément les divers Ordres de générations fe dégradent. Nous ne fommes pas plus inftruits du rapport des tems de leurs accroiffemens. Nous calculons fur des fuppofitions plus ou moins incertaines & le répéterai-je encore? tous ces calculs effrayans ne terraffent que l'Imagination, & la Raifon trouve toujours un refuge affuré dans la divifion indéfinie de la matiere. Nous ne fommes pas faits pour connoître les derniers termes de cette divifion: notre vue obtufe ne découvre que les Cordelieres du Monde des infinimens petits, & quand nous recourons à nos meilleures lunettes, nous n'appercevons que les Montagnes fubalternes, que quelques-uns s'avifent de prendre pour des côteaux; que dis-je! pour des taupinieres.

(1) Il faut fe fouvenir que le petit Arbre généalogique fe décompofe peu-àpeu les branches ou les rejettons fe féparent de la tige principale, pour aller vivre à part, & devenir à leur tour de nouveaux Arbres généalogiques : ( Voyez P'Art. CLXXXV ) mais il est une autre efpece de Polype d'eau douce, que M. TREMBLEY a décrit dans fes Mémoires, qui multiplie aufli par rejettons, & dont

les rejettons ne fe féparent pas du tronc Les ramifications de cette efpece de Polype font autant de tuyaux, dans lefquels les petits Polypes fe retirent preftement lorfqu'on les touche. La tête de cette forte de Polype eft ornée d'un joli panache, qui lui a fait donner le nom de Polype à panache. Je reviens ailleurs à cette efpece de Polype.

CCLXXV. Si de fimples boutures de Polype, je veux dire, des portions qui n'ont encore ni tête ni bras, pouffent des rejettons, c'eft qu'elles ont, comme les boutures des Plantes, tout ce qui leur eft néceffaire pour végéter à part, & faire de nouvelles productions. Je l'ai expliqué dans le Chapitre IV, Article XLVII, de la premiere Partie, & dans le Chapitre XII, Article CCXL.

& pour

Si un Polype qui demeure retourné, ou qui fe déretourne en partie, pouffe de même des Petits, c'eft que l'opération finguliere qu'on lui a fait fubir, ne dérange point l'économie vitale, & qu'il eft toujours en pleine végétation.

ENFIN, fi la fortie des rejettons a paru quelquefois retarder celle des bras de la bouture (1), c'eft que les rejettons attirent à eux une partie des fucs, &c. Tout cela eft à préfent fi fimple & fi clair, qu'il ne vaut plus la peine que je m'y

arrête.

CCLXXVI. LES Germes qui donnent naissance aux rejettons, font-ils les mêmes qui opérent la reproduction de bouture? J'ai difcuté cette queftion dans le Chapitre précédent, j'y renvoie je renvoie en particulier à l'Article CCLVI, où j'ai montré que la décifion de ce point obfcur, eft indifférente au principe de l'évolution. Le Polype me fournit là-deffus de nouvelles remarques que j'indiquerai.

LORSQUE l'on compare ce qui fe paffe dans la multiplication de bouture, avec ce qui fe paffe dans la multiplication par rejettons, on feroit tenté de foupçonner que ces deux manieres de multiplier ne dépendent pas de Germes femblables. Pour en faire juger, je n'ai qu'à rapporter les propres termes de M.

(1) Mém. fur les Polypes, Tome II, page 167, in-8vo.

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CHAP II.

TREMBLEY Voici comment il décrit la reproduction de bou ture (1).

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La feconde partie, après s'être un peu étendue, eft pour l'ordinaire ouverte à fon bout antérieur, les bords de l'ouverture font un peu renverfés en dehors. Ils fe replient enfuite en dedans; & le repli qu'ils forment, fert à boucher l'ouverture dont je viens de parler. Le bout antérieur paroit alors fimplement renflé; & il l'eft ordinairement plus ou moins, jufqu'à ce que la reproduction qui doit s'y faire, foit achevée...... Les bras qui pouffent à l'extrémité antérieure de la feconde partie croiffent précisément comme ceux des jeunes Polypes. On voit d'abord les pointes de trois ou quatre qui fortent des bords de cette extrémité; & pendant que ces premiers croiffent, il en paroît d'autres dans les intervalles qu'ils laiffent entr'eux ".

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VOICI maintenant comment l'Auteur s'exprime fur la mul tiplication par rejettons (2).

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LORSQU'UN jeune Polype commence à pouffer, on ne voit d'abord qu'une petite excrefcence, qui ordinairement fe termine en pointe. Elle a à-peu-près la figure d'un cône, mais d'un cône dont la bafe eft grande à proportion de fa hauteur. La couleur de cette excrefcence, de ce petit bouton, eft d'ordinaire plus foncée que celle du corps de la Mere. Peu-à-peu ce bouton s'éleve davantage, & à mesure qu'il s'alonge, il forme un cône dont la bafe devient plus petite, à mesure qu'il augmente en hauteur. Ce cóne eft fouvent mal formé, fa pointe eft arrondie, ou bien il paroît tronqué. Quelques degrés d'accroiffement de plus, font enfin

(1) Ibid. Page 164, 165.

(2) Ibid. Page 9 & 10,

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perdre au jeune Polype la forme conique: il devient à-peuprès cylindrique ; & c'eft alors, ou environ ce tems-là, que les bras commencent à pouffer à fon extrêmité antérieure. Ce jeune Polype ne conferve pas long-tems la figure d'un cylindre; fon bout poftérieur, par lequel il tient à fa Mere, s'étrécit peu-à-peu; il s'étrangle, & enfin il ne paroit ,, la toucher que par un point. Le jeune Polype qui dans fes commencemens étoit beaucoup plus large à fon bout poftérieur, n'eft nulle part fi mince après qu'il eft formé "”.

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LES chairs du bout antérieur d'une feconde partie fe replient donc en dehors, puis en dedans, & ferment l'ouverture. Ce bout fe renfle; nous l'avons vu fe renfler dans mes Vers. Une nouvelle bouche fe forme; des bras pouffent autour, & voilà le Polype en état de manger. Il femble donc qu'il en foit de ces bras comme des pattes de l'Écreviffe; qu'il y ait aufli des Germes appropriés à leur production. Au moins voit-on quel quefois un bras pouffer feul hors de fa place naturelle, & ce bras eft un corps très-organifé.

AINSI la nouvelle tête de la bouture ne fe montre pas fous la forme d'un mamelon; car le renflement n'en eft point un. Le rejetton, au contraire, paroît d'abord fous cette forme; l'on voit un petit bouton conique s'élever fur la Mere; ce bouton s'alonge; fa bafe diminue; il devient cylindrique; fon extrêmité groffit un peu, de petits bras en fortent, & voilà les progrès d'un jeune Polype.

LA différence de ces deux productions eft fenfible. D'un autre côté, on obferve des Hydres dont les têtes & les queues fe détachent d'elles-mêmes de leur tronc, & deviennent des Polypes parfaits (1). On a vu deux têtes fe former à la fois,

(1) Ibid. Page 197.

CHAP. II.

CHAP. II.

Monftruofités. Quelle

idée on peut

fe faire de la multiplication natu relle de bouture.

fur un jeune Polype, s'alonger infenfiblement, & fe trouver enfuite au bout d'une branche. Chaque branche fe réunifoit au refte du corps qui étoit commun (1). Je cite les termes mêmes de M. TREMBLEY. Il ajoute que fi ces tétes étoient deux jeunes Polypes qui commençoient à pouffer, ils auroient dû fe féparer enfin l'un de l'autre, & que c'est ce qui n'est point arrivé à l'égard de plufieurs (2). On voit encore la tête d'un jeune Polype prendre la place de celle qui auroit dû venir à la bouture (3). Enfin, j'ai parlé, Article CCV, d'un rejetton de Polype déretourné en partie, qui fe greffa avec celui-ci, & ne compofa plus qu'un même Tout.

CES faits ne paroiffent-ils pas indiquer que les têtes ont la même origine que les rejettons, puifqu'en certains cas, elles affectent toutes les apparences de rejettons, & que ceux-ci femblent quelquefois prendre la place de celles-là (4)? Je laiffe donc cette queftion indécife, & je fufpendrai fans peine mon jugement, jufqu'à ce que la Nature elle-même veuille bien prononcer par la bouche d'un autre TREMBLEY; mais elle ne prodigue pas de tels Hommes.

CCLXXVII. J'OMETS quelques monftruofités du Polype: les monftruofités ne combattent point les Germes; elles font des écarts de la Nature, qui ont eux-mêmes leurs loix à nous inconnues.

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