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l'effet d'une maladie, qui occafione de profonds étrangle- CHAP. II. mens (1). Je nomme cette multiplication naturelle pofition à celle que la fection produit. Mais il y a lieu de préfumer, que la premiere eft auffi accidentelle; M. TREMBLEY femble l'infinuer, lorfqu'il remarque (2), que cela est arrivé trop rarement, pour qu'on puiffe dire que cette maniere de fe multiplier foit ordinaire && naturelle aux Polypes. Ce qui paroîtroit confirmer que cette forte de multiplication eft l'effet de quelque maladie ou de quelque dérangement extraordinaire qui furvient dans l'intérieur du Polype, c'eft ce qu'ajoute l'Auteur (3), que la reproduction qui devoit fe faire dans des portions qui s'étoient partagées d'elles-mêmes, n'a eu lieu, même en Eté, qu'au bout de quinze jours ou trois femaines.

CCLXXVIII. VOILA Ce que j'avois à expofer pour effayer de rendre raison des principaux phénomenes des Polypes à bras. Si nous ne voulons pas recourir à des explications purement méchaniques, que l'expérience ne juftifie point, & que la bonne Philofophie réprouve, nous penferons que le Polype eft, pour ainfi dire, formé de la répétition d'une infinité de petits Polypes, qui n'attendent, pour venir au jour, que des circonstances favorables (4).

(1) Voyez l'Article CXCVII.

(2) Mém. fur les Polypes à bras, Tome II, page 147 & 148.

(3) Ibid. Page 95.

(4) tt Je ne voudrois pas qu'on preffât ces expreffions, que le Polype eft formé de la répétition d'une infinité de petits Folypes. Je reviendrai ici à ce que je difois de la fignification du mot de Germe, dans la note fur l'Article CCLXIV. Quand il s'agit du Polype, il faut prendre le mot de Germe dans le fens le plus étendu, je veux dire,

pour toute préordination organique de
la peau du Polype-Mere, dont un petit
Polype peut réfulter comme de fon prin-
cipe immédiat. Les petits du Polype ne
naiffent pas précifément comme les re
jettons d'un Arbre : ils ne font pas ren-
fermés comme ceux-ci, à leur naiffan-
ce, dans un bouton, qui groffit peu-
à-peu, s'épanouit enfuite, & laiffe ap-
percevoir toutes les parties de la nou-
velle production repliées fur elles-mê-
mes. On n'obferve rien de femblable
à la naiffance d'un rejetton de Polype.

3

Conclufion. Raifon de la condité du Polype.

grande fé

CHAP. II.

Comment on peut ren

dre raifon de la multipli cation natu

relle de bou

ture, d'une

Efpece de
Mille.pieds.

CET Infecte eft très-vorace; des parties animales fourniffent plus de fucs nourriciers que toutes autres; elles font plus analogues à l'animal, & s'affimilent mieux. Le Polype fe régénere donc très-promptement, & multiplie prodigieufement. Il multiplie d'autant plus qu'il confume davantage.

MES Vers aquatiques qui fe nourriffent fur-tout de terre, ne font pas fi féconds: je n'ai vu ordinairement qu'un feul rejetton fur leur corps.

,

CCLXXIX. COMME il fe développe une tête au bout anté rieur d'un Ver ou d'un Polype, il s'en développe une près du bout poftérieur du Mille-pied à dard; mais au lieu que dans les premiers, ce développement eft occafioné par la fection ou par quelqu'accident analogue; dans le fecond au contraire, ce développement eft d'inftitution de la Nature, qui s'eft plue à varier les moyens de multiplication, comme les caracteres, les formes & les couleurs. Il fe forme donc une nouvelle tête vers le bout poftérieur de ce Mille-pied on voit un nouveau dard s'élever peu à peu fur le dos de l'Infecte. Des organes qui ne paroiffoient point exifter, commencent à devenir fenfibles. A mefure qu'ils fe développent, les vaiffeaux qui uniffoient le bout postérieur au reste de l'animal, s'effacent ou s'oblitterent: la nouvelle tête les preffe apparemment, & intercepte les fucs nourriciers; c'est au moins ce qu'on peut conjecturer de plus vraifemblable. Dès que toute liaifon eft rompue, le bout poftérieur, pourvu de la nouvelle tête, fe fépare du Mille-pied, & déja il eft lui-même un petit Mille-pied qui n'a plus qu'à croître. Cet Infecte fingulier ne nous eft pas bien connu encore: le peu que j'en

Il paroit n'être qu'une élevure ou une
fimple continuation de la peau de fa
Mere. Mais il eft bien indifférent à la
Philofophie qu'on voudroit établir dans

cet Ouvrage, que le petit Polype naisse d'un Germe proprement dit, ou qu'il provienne d'une préorganisation fecrette de certaines parties du Polype-Mere.

ai

ai rapporté (1), d'après M. TREMBLEY (2), ne fuffit point pour nous fatisfaire fur la maniere dont s'opére cette multiplication naturelle de bouture. M. TREMBLEY fe propofe d'approfondir davantage tout ce qui concerne ce fujet intéreffant, & que ne pouvons-nous pas nous promettre de l'habileté de l'Auteur des Polypes!

CCLXXX. Il y a une forte d'analogie entre la multiplication des Polypes en entonnoir, & celle du Mille-pied à dard. On peut dire que le Polype en entonnoir multiplie naturellement de bouture. Il fe partage de lui-même, & d'un feul Polype il s'en forme deux. Une nouvelle tête, de nouvelles levres fe développent fur le milieu du corps de l'ancien Polype, & ce développement, qui eft très-rapide, prépare la féparation des deux moitiés de l'Infecte; bientôt ce ne font plus deux moitiés, mais deux Touts très-complets & plus petits que le premier. Si l'accroiffement eft prompt dans les Polypes à bras, il doit l'être bien davantage dans les Polypes en entonnoir, plus délicats & plus gélatineux encore. Les progrès du Foetus font tout autrement rapides que ceux de l'Enfant ou de l'Adulte. Ainfi dans ces Atomes organifés, qui ne font prefque qu'une goutte de liqueur épaiffie, l'évolution eft fi rapide, qu'on croiroit voir une création, fi le raisonnement n'éclairoit la marche de la Nature.

CCLXXXI. LES Polypes en cloche fe partagent auffi d'euxmêmes; mais différemment des Polypes en entonnoir, comme je l'ai expliqué dans un autre endroit (3). Les Polypes en cloche, qui doivent leur naiffance à des boutons en forme de Galles (4), multiplient d'une façon encore plus extraordinaire. Ici commence un nouvel ordre de chofes ; L'analogie nous abandonne, &

(1) Article CXCVIII.

(2) Mém. fur les Polypes à bras, Tome II, page 152, 153, in-8vo.

Tome III.

(3) Article CXCIX.
(4) Article CCI.

M m

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CHAP II.

Pourquoi

qui fubiffent

des tranf

ne paroiffent

pas propres

tipliés de bouture. Réflexion.

l'Obfervateur n'a pas même des termes propres pour représen ter ce qu'il apperçoit. Je me tairai donc fur ce Polype; car il eft plus raisonnable de fe taire que de hafarder des conjectures vagues fur des objets qu'on entrevoit à peine, & qui s'éloignent de tous les objets connus. Les partisans les plus zélés de l'épigénefe ne fe prévaudront pas contre moi du filence que je m'impofe; l'ignorance fur un objet, ne peut devenir un titre en faveur de quelque fyftême que ce foit; & fi je voulois effayer de tirer des découvertes en queftion, les conféquences qui en découlent le plus naturellement, je ferois affez fentir qu'elles ne font point contraires à l'évolution (1).

CCLXXXII. Au refte, tous les Infectes connus jufqu'ici, qui les Infectes peuvent être multipliés de bouture, appartiennent à la claffe de ceux qui ne fe métamorphofent point. J'ai donné dans le Chap. X formations, de la Ire. Partie, les principes généraux de ces métamorphofes : on pourroit en inférer que les Infectes appellés à les fubir, ne à être mul font pas propres à être multipliés de bouture. Ils ont plus de "parties diffimilaires, & celles dont ils font pourvus, ont pour derniere fin le développement d'un autre Tout organique logé dans un lieu particulier : c'eft ce Tout qui conftitue proprement l'Espece, & qui eft destiné à la conferver. Mais comme tous les Infectes qui ne fe transforment point, ne multiplient pas de bouture; de même auffi parmi ceux qui fe transforment, il pourroit s'en trouver qui multiplieroient par cette voie. Ne nous preffons pas de faire des regles générales; les Pucerons & les Polypes nous ont appris à nous en défier.

(1) Appliquez cette réflexion à la multiplication par divifion naturelle de differentes Efpeces d'Animalcules des infufions. J'en parlerai ailleurs plus au

long. Voyez les notes fur les Articles CXXXIII, CCI. Cette maniere finguliere de multiplier, s'étend probablement à un très-grand nombre d'Efpeces.

CHAP III.

CHAPITRE II I.

Idées fur le métaphyfique des Infectes qui peuvent être multipliés de bouture, &c.

Que le Polype n'eft

pas plus favorable au Matérialiste

qu'au Carté

But de l'Au.

teur.

CCLXXXIII. DESCARTES auroit triomphé à la vue du Polype: un Animal qu'on multiplie en le coupant par morceaux, fourniffoit un bel argument en faveur du fyftême ingénieux de ce Philofophe. Je ne foutiendrai pourtant pas ici ce fyftême, quoiqu'il nous débarraffe de bien des difficultés : il eft d'un autre fen. côté, trop contraire à l'analogie que nous obfervons entre notre Fauffes idées qu'on organisation & celle des grands Animaux; & s'il eft au moins probable que ces Animaux ont une Ame, il l'eft que tout fur ce fujet. ce qui eft Animal, en a une auffi. Je ne regarde donc l'exiftence de l'ame des bêtes que comme probable, puifqu'elle ne repofe que fur l'analogie; le Peuple conduit par le fentiment, va plus loin: il décide fur la réalité de cette existence, & le Philofophe même a bien de la peine à ne pas le fuivre. Mais en accordant une ame au Polype, mon Lecteur craint apparemment que je ne me prépare des tortures. Prefque tous les hommes ont dans l'efprit certaines idées métaphyfiques fur lesquelles ils raisonnent: prefque tous favent à-peu-près que l'ame est un Être fimple, d'où ils concluent facilement qu'elle ne peut être divifée. Comment donc par un coup de fcalpel, d'un feul Ver ou d'un feul Polype, fait-on plufieurs Animaux? Ce qui m'étonne le plus ici, eft que les Philofophes, comme le Vulgaire, fe foient en quelque forte bornés à fentir la difficulté, & qu'ils n'aient pas fait d'heureux efforts pour la réfoudre. Il me paroît qu'en général on l'a regardée comme irréfoluble. Auffi n'eft-il rien fur quoi on ait plus infifté dès que la découverte du Polype a été répandue. On s'en eft tenu à admirer, & à déclamer fur l'incertitude de nos connoiffances en Métaphyfique. On auroit mieux fait d'em

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