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CHAP.

IV. monftrueux ? Mais la fréquence du phénomene s'accorderoit mal avec cette explication.

Différence entre la multiplica

tion de bou

rure des Vers

& celle des plantes. Multiplication du Po

lype par re

jerrons

Explication.

SOUPÇONNERA-T-ON que cette queue furnuméraire est une tête mal conformée, que divers accidens ont rendue telle ? Mais l'obfervation dément ce foupçon; elle nous affure que cette queue eft auffi bien conformée que celle qui a pouffé au bout postérieur.

CONJECTURERA-T-ON qu'il faut plus de force dans cette efpece de Ver, pour le développement de la tête, que pour celui de la queue ; & fe fondera-t-on fur ce que dans ceux de la partie antérieure, defquels on n'a retranché qu'une portion, la reproduction de la tête a lieu? Mais cette conjecture ne fait que renvoyer plus loin la difficulté: pourquoi en effet la tête exigeroit-elle plus de force & de vigueur de la part du Ver, pour parvenir à s'y développer, que n'en exige la queue?

SEROIT-CE parce qu'elle eft plus compofée, & que fes vaiffeaux font plus repliés? Il n'y a dans cette réponse, qu'une lueur de vraisemblance, dont on a peine à fe contenter (1).

LV. ON obferve cette différence entre la production de bouture des animaux, & celle des plantes; que la premiere fe fait précisément felon la longueur du corps: au lieu que celleci fe fait plus ou moins obliquement à cette longueur.

LVI. LA multiplication des Polypes & des autres Vers par rejettons, fe fait, comme celle de bouture, par des germes répandus dans l'intérieur de l'animal, & qui s'y développent à l'aide de certaines circonstances.

(1) Voyez la feconde Partie de mon Traité dInfectologic. Obf. XXIII & fuiv.

Oetrores Tom. I.

On peut faire là-deffus une queftion: les germes employés CHAP. IV. à compléter chaque portion dans l'animal, font-ils précisément les mêmes qui opérent la multiplication par rejettons ?

On peut le penfer: mais fi l'on vouloit y trouver une différence, elle ne fauroit gueres avoir lieu que dans la position. Les germes destinés à la multiplication de bouture, feront placés dans le milieu du corps, comme nous l'avons fuppofé; & ceux qui produifent la multiplication par rejettons, feront fitués fur les côtés du corps, dans l'épaiffeur de la peau.

LVII. On fait contre les germes une objection à laquelle je ne dois pas négliger de répondre. Elle est tirée de leur infinie petiteffe, & de la prodigieufe rapidité qu'elle fuppofe dans leurs premiers accroiffemens.

En effet, le Foetus eft vifible peu de jours après la conception. Il a donc acquis alors un volume plufieurs millions de fois plus grand que n'étoit fon volume originel.

COMMENT Concevoir un développement fi fubit, fi éloigné des progreffions ordinaires? Je réponds, qu'il n'eft point abfurde de fuppofer, que les loix qui déterminent les premiers développemens du germe, différent de celles qui en reglent les développemens poftérieurs ; ou que les effets d'une même loi varient dans différens tems.

Nous ne connoiffons pas affez la nature de cet atome organifé, & la maniere dont la liqueur féminale agit fur lui, pour décider fur l'impoffibilité de la chofe. Nous voulons juger de ce qui fe paffe dans le germe, lorfqu'il commence à fe développer, par ce que nous voyons s'y paffer, lorfqu'il eft devenu habitant du monde vifible. Cependant il eft naturel de penfer que ces deux états doivent être différens. Dans le pre

Objection

contre le fyftême des

germes.

CHAP

V mier, les fibres ont toute la foupleffe poffible, & les fucs deftinés à les nourrir & à les étendre, font les plus élaborés, les plus fins & les plus pénétrans qu'il y ait dans la Nature. Dans le fecond état, au contraire, les fibres font endurcies jufqu'à un certain point, & cet endurciffement augmente chaque jour. L'accroiffement ne fauroit ainfi fe faire que lentement & par degrés tout-à-fait infenfibles. De plus, les fucs qui l'opérent, font plus mêlangés, plus groffiers, & moins actifs.

ENFIN, la diverfité des lieux affignés à ces deux âges, peut être ici d'une grande influence le plus ou le moins de chaleur, le contact plus ou moins immédiat de l'air, les mouvemens plus ou moins grands, font des caufes particulieres dont on conçoit l'efficace.

Si l'on fuppofoit que la nature du germe approche de celle des fluides; fi l'on fe le repréfentoit fous l'image d'un globule d'eau, on concevroit que la partie la plus fpiritueufe de la femence, pourroit occafioner dans ce globule une expansion, ou une espece de raréfaction analogue à celle qui fuit de l'action de deux fluides l'un fur l'autre.

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MAIS à cette efpece de raréfaction fuccede bientôt ici un accroiffement réel, qui eft produit par l'incorporation des particules plus folides de la liqueur féminale. Cette liqueur devient ainfi à l'égard du germe, ce qu'eft à l'égard de la Plantule, l'efpece de farine que renferme la graine.

L'IDÉE que je viens de propofer fur la nature du germe s'accorde fort bien avec l'extrême délicateffe ou plutôt la molleffe qu'on remarque dans toutes les parties des Embryons. Il femble, que fi l'on pouvoit remonter plus haut, on les trouveroit prefque fluides.

CHAP. V. De la con fervation

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LVIII. D'un autre côté, cette conjecture pourra paroître ne pas quadrer avec la confervation des germes que nous avons fuppofés répandus dans toutes les parties de la Nature. des germes. Mais il ne doit pas y avoir plus de difficulté à concevoir la confervation d'un germe de l'efpece dont il s'agit, qu'à concevoir celle d'un globule de quelque fluide que ce foit. L'eau, par exemple, fe convertit en glace, s'éleve en vapeurs, entre dans la compofition d'un grand nombre de corps, fans que les particules conftituantes changent de nature (1).

CHAPITRE V.

Nouvelles réflexions fur les Germes, & fur l'économie organique.

But de:

L'HYPOTHESE des Germes nous offre encore plufieurs LIX. questions à difcuter. Nous toucherons aux principales. Je ne l'Auteur.. fais point un traité de la génération. Je parcours rapidement ce que ce fujet renferme de plus intéressant, ou de plus difficile.

LX. PREMIERE QUESTION. Pourquoi les germes qui fe font introduits dans le corps des femelles foumifes à la loi de l'accouplement, ne peuvent-ils s'y développer, fans le fecours de la liqueur que le mâle fournit ?

RÉPONSE. Tel eft ici l'ordre de la Nature, que l'intérieur

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I Queftion: pourquoi

certains

ger

mes ont-ils befoin de la

CHAP. V. liqueur du måle pour

des femelles de cette efpece ne contient aucune liqueur ! affez fubtile ou affez active pour ouvrir par elle-même, les fe dévelop mailles du germe, & y commencer le développement.

per?

2 Question:

,

LXI. SECONDE QUESTION. Mais comment ce développement continue-t-il, lorfque la liqueur qui l'a fait naître eft totanue-t-il à lement épuisée?

germe con

croitre après la fécondation.

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RÉPONSE. Les machines animales ont été conftruites avec un art fi merveilleux, qu'elles convertiffent en leur propre substance les matieres alimentaires. Les préparations, les combinaisons, les féparations que ces matieres y fubiffent, les changent infenfi blement en chyle, en fang, en lymphe, en chair, en os, &c. &c. Ainfi dès que la circulation a commencé dans le germe, dès qu'il eft devenu animal vivant, les mêmes métamorphofes s'opérent dans fon intérieur. La diverfité prefque infinie de particules qui entrent dans la compofition des alimens; le nombre, la structure, la fineffe, le jeu des différens organes dont elles éprouvent l'action nous perfuaderoient facilement la poffibilité de ces métamorphofes, quand nous ne les fuivrions pas à l'oeil jufqu'à un certain point.

LXII. TROISIEME QUESTION. Les germes ne s'introduifent-ils que dans le corps des femelles, ou s'ils s'introduisent auffi dans le corps des mâles, pourquoi ne fe développent-ils que dans celui des femelles ?

RÉPONSE. La petiteffe des germes, leur difperfion dans l'air, dans l'eau & dans tous les mixtes qui fourniffent à la nourriture des Corps organifés, ne laiffent aucun lieu de douter qu'ils ne s'introduifent dans le corps des mâles en auffi grand nombre que dans celui des femelles. Mais celles-ci étant feules pourvues d'organes propres à les retenir, à les fomenter & à les faire croître, ce n'eft que chez elles que la génération peut s'opérer.

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