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coup parlé ci-devant (1), renfermoit en effet deux perfonnalités. CHAP. III. Deux tétes s'étoient développées fur le même tronc, & chaque tête ayant fon Ame propre, il n'eft pas étonnant que ce Ver ait paru avoir deux volontés.

S'IL en faut croire M. ROEZEL, cette multiplicité de volontés eft bien plus frappante dans les Hydres. Je n'ai pas lu cet Auteur; mais voici ce que m'en écrivoit M. de HALLER. Il a vu des tétes de Polypes fendues, & devenus Hydres, fe faire la guerre, & une tête du même Animal dévorer une autre tête qui avoit fait partie d'elle-même quelques jours auparavant. Ce phénomene fait de la peine: fendre des volontés! en faire deux d'une feule avec des ciseaux ! La maniere fimple dont j'explique ce phénomene, leve la difficulté qui faifoit de la peine à M. de HALLER. On ne fend pas des volontés; mais d'une feule tête l'on en fait deux, & dans le Germe de chaque tête réfidoit originairement une Ame.

CCLXXXVIII. QUAND on greffe la tête d'un Polype fur le tronçon d'un autre Polype, il eft bien clair que la perfonnalité ne change pas, puifque cette opération n'intéreffe point le

cerveau.

QUAND on met bout à bout plufieurs portions de Polypes, elles fe greffent les unes aux autres, & ne forment enfuite qu'un feul Animal. La tête qui fe développe dans la premiere portion, devient le fiege d'une nouvelle perfonnalité.

JE ne fais pas ce qui arrive au cerveau de deux Polypes que l'on infere l'un dans l'autre, & dont les têtes fe greffent. Mais je conçois qu'il peut y furvenir l'une ou l'autre de ces trois chofes :

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CHAP. III.

Du Moi

dans les rejettons.

1o. Ou les deux cerveaux fubfiftent fans altération, & alors il y a deux personnalités distinctes:

2o. Ou l'un des cerveaux s'oblittere par la preffion de l'au tre, & alors il n'y a qu'une feule perfonnalité :

3°. Ou les deux cerveaux font détruits, & alors il fe forme une nouvelle perfonnalité par le développement d'un autre

cerveau.

Il pourroit y avoir un quatrieme cas plus rare & plus embarraffant; ce feroit celui où les deux cerveaux fe confondroient l'un dans l'autre fans périr. Alors il y auroit deux Moi dans le même cerveau. Mais il n'y a pas d'apparence que les deux Moi puffent avoir la même fenfation au même inftant indivisible; parce qu'il n'y a pas d'apparence que la confufion pût étre affez parfaite, pour que toutes les fibres des deux cerveaux allaffent fe réunir dans un point commun, & ne formaffent ainfi qu'un feul fenforium.

CCLXXXIX. Si la production d'une nouvelle tête fuppofe la préexistence d'un Germe, la production d'un rejetton la fuppofe aufli. J'ai établi les fondemens de l'une & de l'autre fuppofition. Dans le Germe du rejetton eft donc logée une Ame qui commence à fentir dès que le Germe a pris un certain accroiffement.

UNE Mere Polype, chargée de fa nombreuse postérité, compofe bien avec elle un feul Tout physique, mais non une feule perfonne. Chaque rejetton a fon Moi, puisqu'il a fon cerveau propre, & l'on obferve qu'il pourvoit par lui-même à fa fubfiftance, en faififfant de petites proies, & en les avalant, comme le feroit tout autre Polype.

L'UNION étroite de la Mere & de fes Petits, & des Petits CHAP. If entr'eux, établit dans ce Tout fingulier, une forte de communauté de fentimens & de befoins. L'état de la Mere influe fur celui des Petits, & l'état des Petits fur celui de la Mere, &c.

CCXC. L'INSECTE qui eft d'abord Chenille, puis Chrysalide, & enfin Papillon, ne revêt pas autant de perfonnalités différentes qu'il revêt de formes; ou pour m'exprimer plus correctement, il n'y a pas trois Moi dans la Chenille. On a vu dans le Chap. X de la Ire. Partie, à quoi fe réduifent ces métamorphofes. Les lumieres que nous avons acquifes fur le physique du phénomene, nous éclairent fur le pfychologique. La Chenille n'eft que le mafque du Papillon: c'eft donc toujours la même individualité, le même Moi, mais qui eft appellé à fentir & à agir par différens organes en différens périodes de fa vie. Je renvoie là-deffus à mon Effai analytique fur les facultés de l'ame (1).

Du Moi dans les In

fectes qui fe métamor

phofent,

CHAPITRE IV.

De la fécondation & de la génération des Animaux.

Variétés qu'on y obferve.

Obfervations fur quelques endroits de l'Hiftoire Naturelle de M.

de BUFFON.

CCXCI. JE ne veux que parcourir rapidement les particularités

Deffein de

les plus remarquables que renferme ce fujet. J'indiquerai les ana- ce Chapitre, logies & les exceptions: j'infifterai un peu plus fur celles-ci; elles font de bons préfervatifs contre les conféquences trop gé

(1) Chap. XXIX, paragr. 714 & fuivans.

IV. nérales. Si je voulois décrire tout, je ferois une Hiftoire Natu relle, & j'oublierois que je compofe un Écrit fur la Génération.

Bornes étroites de nos connoiffances fur le

néral.

CCXCII. Nous ignorons pourquoi l'AUTEUR de la Nature à établi la plupart des Animaux fe perpétueroient par le conque cours de deux Individus. J'ai hafardé là-deffus quelques réflexions,' Système gé à la fin du Chap. V de la Ire Partie. J'étois jeune encore quand Conféquen- je faifois ces réflexions: aujourd'hui que ma raifon a meuri, je ce pratique. n'en hafarderai aucune. Pour avoir fur ce point comme fur une infinité d'autres, plus que des conjectures & des foupçons, il faudroit que nous puffions embraffer d'une feule vue la totalité des Êtres. C'eft de leur enchaînement que réfulte le Systême général, & dans le fyftème général eft la raifon des fyftêmes particuliers. Nous n'entrevoyons encore que quelques-uns de ces fyftêmes, & leur liaison avec le grand Tout nous échappe. Nous appercevons bien affez de rapports & de fins, pour juger que la CAUSE PREMIERE eft intelligente, mais nous n'en découvrons point affez pour juger de fon Plan. Pourquoi tel ou tel Animal ne peut-il perpétuer fon Efpece, qu'en fe joignant à fon femblable? Pourquoi un autre Animal eft-il hermaphrodite fans pouvoir néanmoins fe féconder lui-même? Pourquoi en eft-il une autre Efpece chez qui on obferve une diftinction, de fexes & un accouplement, & qui multiplie pourtant fans le concours des fexes? Ce font-là autant d'énigmes dont nous n'aurons le mot, que lorfque nous aurons acquis d'autres yeux, & une Intelligence fupérieure à celle de notre état préfent. En attendant, obfervons avec foin tout ce qui eft à notre portée. Plus les obfervations fe multiplieront, & plus nos connoiffançes s'étendront & fe perfectionneront. S'il ne nous eft pas permis encore de lire d'un bout à l'autre le livre de fa Nature, tâchons au moins à tirer le meilleur parti poffible du petit nombre de pages qu'elle offre à notre examen. Le feul moyen d'y parvenir eft de fe fouvenir que nous n'avons point l'Index de ce livre, & que nous fommes réduits pour ne pas nous égarer, à

Confidérer chaque objet en lui-même, & dans fes rapports aux objets les plus voifins. La lumiere qui fe réfléchit de proche en proche, augmente la clarté de la lumiere directe.

CHAP. IV.

Maniere

dont s'opére

CCXCIII. DANS l'Homme, dans les Quadrupedes, dans les grands Poiffons, connus fous le nom général de Cétacées, dans la fécondadifférentes Efpeces d'Oifeaux, de Teftacées, de Reptiles, d'Infection dans la tes, &c. le Mále eft pourvu d'une partie, qu'il introduit dans plupart des celle de la Femelle, deftinée à la recevoir, & qui opére la fécondation.

DANS beaucoup d'Efpeces d'Oifeaux, par exemple, dans la Poule, le Moineau, le Pigeon, l'intromiffion eft équivoque. Le Coq, pourvu d'un double membre, femble ne faire que comprimer fortement la Femelle (1), & cet accouplement, toujours instantané, fuffit pour mettre la Poule en état de pondre des œufs féconds, au moins pendant plufieurs femaines (2)..

CCXCIV. LES Poiffons paroiffent encore plus chaftes dans leurs amours. Il n'eft gueres douteux qu'ils ne s'accouplent point, puifque le Mále eft dépourvu de la partie néceffaire à la copulation, Quelquefois il fe retourne fur le dos afin de rencontrer le ventre de la Femelle, & ce n'est pourtant que pour répandre fes laites fur les oeufs qu'elle va pondre. Eux feuls. l'excitent; & il les arrofe, lors même qu'ils flottent au gré des. eaux, & qu'il ne peut découvrir la Femelle qui les a pondus (3).

Animaux.

Fécondation Poiffons d écailles.

dans les

Exception: remarquable:

CCXCV. CHEZ les Efpeces où l'on obferve une véritable intromiffion, c'est le Mále qui introduit. L'Efpece de Mouches à la regle de

(1) Hift. Nat. Gén &c., Tome II, | Seconde Edit. 1751. Paris, Tome II, page 311, in-4to. page 328.

(3) Hift. Nat. Gén. &c. Tome II,

(2) Art de faire éclorre les Poulets, &c. page 311, &c.

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