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CHAP. IV. Pintromif fion.

Mouches

la plus commune dans nos appartemens, forme une exception très - remarquable à cette regle eftimée générale. Ici c'eft la femelle qui introduit & le Mâle qui reçoit. Pour cet effet, le des apparte Mâle eft pourvu d'une partie analogue à celle des Femelles, & la Femelle d'une partie analogue à celle des Máles (1); tant il a plû à l'AUTEUR de la Nature de varier les moyens qui conduifoient à la même fin.

mens.

Autre exception remarquable

dans la fitua

tion des or

ganes de la génération. Amours des Demoifulles & ceux des Araignées.

CCXCVI. C'EST encore une regle qu'on juge générale, que dans les Efpeces dont les Individus font diftingués de fexes, la partie qui caractérise le fexe, foit placée à l'extrêmité du corps. Les Mouches nommées Demoifelles, nous offrent une exception à cette regle. La partie propre à la Femelle, y est bien placée comme à l'ordinaire; mais celle qui eft propre au Mále, eft placée affez près de fon corfelet, & à une grande distance de l'extrémité du corps. Cette fituation femble peu favorable à la copulation; auffi le Mâle a-t-il été inftruit à forcer la Femelle à venir loger le bout de fon derriere où il doit l'être pour qu'elle foit fécondée. Avec deux crochets dont l'extrémité de fon corps eft armé, il faifit le col de la Femelle, & l'emporte dans les airs. Gagnée par fes careffes, vaincue par fa longue conftance, animée enfin du même defir, elle ceffe de réfifter & devient féconde (2).

L'ARAIGNÉE nous offre une exception plus finguliere encore, & qu'un bon Obfervateur (1) affure avoir vue plus d'une fois. On connoît en général les antennes des Infectes: on fait que ce font ces deux petites cornes mobiles qu'ils portent fur le devant de la tête, & dont on ignore l'ufage. Souvent elles font formées d'une fuite de vertebres ou de noeuds : telles

(1) Mém. pour fervir à l'Hift. des Infedes, Tome IV, page 384, 385, in-4to.

(2) Ibid. Tome VI, page 426, &c.

(3) M. LYONET, Theol. des Infedes, de LESSER, Tome I, page 184. Tome II, page 48, à la Haye, 1742, in-8vo.

I

CHAP. IV.

font en particulier celles de l'Araignée. Mais ce qui eft fort CHAP.
étrange, c'est que les parties de la génération du Mâle font
dans fes antennes; tandis que celles de la Femelle font pla-
cées fous le ventre, affez près du corfelet. Le Mâle & la Fe-
melle femblent craindre de s'approcher les Araignées fe dévo-
rent les unes les autres, & leur naturel féroce & cruel n'eft
adouci que par l'amour. Après s'être données réciproquement
bien des marques de défiance, les deux Araignées s'approchent
peu-à-peu jufqu'à fe toucher, & comme fi une frayeur fubite
les faififfoit, elles fe laiffent tomber, & demeurent quelque tems
fufpendues à leurs fils; elles remontent enfuite fur la toile, fe
tâtent encore, fe rapprochent de nouveau, & fe joignent en
fin. Un des nœuds des antennes du Male s'ouvre tout d'un coup,
& comme par reffort; il laiffe paroître un corps blanc, l'antenne
Se plie par un mouvement tortueux, ce corps fe joint au ventre
de la Femelle, & c'eft ainfi que s'opére l'accouplement (1).

Fécondation

& ponte de la Reine

CCXCVII. IL femble qu'il ait été généralement établi, que le Mâle feroit les avances dans la République des Abeilles, cette République fi célebre, c'eft la Femelle qui oblige le Mâle abeille à condefcendre à fes defirs. On fait que pendant prefque toute

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CHAP. IV. l'année, il n'y a dans chaque Ruche qu'une feule Femelle : c'est cette Mouche fi chere aux autres Abeilles, que l'on nomme la Reine, & que les anciens peu inftruits, avoient nommée le Roi. J'ai été témoin mille fois de l'attachement fingulier des Abeilles pour leur Reine, & je puis affurer que tout ce que M. de REAUMUR en à raconté, n'eft point exagéré (1). Mais cette Reine, l'objet continuel des attentions, des prévenances & des careffes des autres Abeilles, prodigue les fiennes au Mále qu'elle veut exciter, & qui y demeure long-tems infenfible. Placée vis-à-vis de lui, elle le leche avec fa trompe, elle lui préfente du miel, elle le flatte avec fes pattes, elle tourne autour de lui, & toujours en redoublant fes agaceries; enfin, réduite à prendre la pofture qu'il devroit prendre, elle monte fur fon dos, & tâche à appliquer le bout de fon derriere contre celui du Mâle, & elle l'y applique. Cet accouplement, fi c'en est un, ne dure comme celui du Coq, qu'un inftant, & se réitére plufieurs fois. On a vu des Mâles qui l'avoient fouffert périr immédiatement après, & la Reine redoubler fes careffes pour les rappeller à la vie; elle paroiffoit même indifférente pour les måles vivans qu'on lui fubftituoit (2). M. de REAUMUR n'a pu s'affurer s'il y a ici une véritable copulation. L'appareil prodigieux des parties propres au Mâle, leur retournement furprenant, leur apparition au dehors fous la forme de deux cornes affez longues & charnues, au milieu defquelles fe trouve placé un petit corps recourbé en enhaut, une liqueur blanche & un peu vifqueuse un peu vifqueufe qui fe rend à ces parties (3); tout, en un mot femble indiquer que l'accouplement des Abeilles ne fe réduit point à ce que je viens d'en rapporter d'après notre illuftre Auteur. D'ailleurs les Bourdons s'accouplent réellement, & les Bourdons appartiennent au genre des Abeilles avec lefquelles ils ont de grands rapports (4). Quoi

(1) Mém. pour fervir à l'Hiftoire des Infectes, Mém. V du Tome V.

(2) Ibid. Page 503 & fuiv.

(3) Ibid. Page 486 & fuiv.

(4) Ibid. Tome VI, page 20, 21.

qu'il

qu'il en foit, & c'eft une autre fingularité que nous offre la CHAP. Reine-abeille, dès qu'une fois elle a été fécondée, je fuppofe que ce foit au Printems, elle ne ceffe point de pondre des œufs féconds, au moins jufqu'au Printems fuivant. Une expérience décifive prouve qu'il eft des Ruches où il n'y a pas un feul Mâle pendant tout ce long intervalle de tems (1), & la Reine ne fort point de la Ruche. Sa fécondité furpasse encore fon incontinence; au bout d'un an la République peut compter vingt, trente ou quarante mille citoyens qui lui doivent la naissance. Elle est à la lettre, la Mere, la feule Mere de tout ce grand Peuple (2).

(1) Ibid. Mém. X du Tome V. (2) tt M. de REAUMUR s'étoit, fans doute, trop preffè de croire que la Reineabeille s'uniffoit aux Faux-bourdons par une vraie copulation, & que cette union étoit néceffaire pour opérer la fécondation des œufs. Un Obfervateur Anglois, qui paroit avoir plus approfondi cette partię fi intéreffante de l'hiftoire des Abeilles, affure que les œufs de la Reine font fécondés à la maniere de ceux des Poiffons à écailles. Il a fait là-deffus des expériences qui paroiffent décifives, & qui ont été publiées en 1777, dans le Volume LXVII. des Tranfactions philoSophiques. Je n'ai pu encore me procurer ce Volume des Tranfactions, & je ne parle ici de ces curieufes expériences, que d'après une feuille hebdomadaire. L'Obfervateur a remarqué, qu'il eft dans la race des Faux-bourdons, de petits Individus, dont la taille ne furpaffe pas celle des Abeilles communes. Ce font ces petits Bourdons qu'il a vu plufieurs fois introduire leur der. riere dans les cellules où la Mere venoit Tome III.

de pondre un oeuf: ils y répandoient
une petite quantité de liqueur blanchâ-
tre, moins liquide que le miel, & qui
n'en avoit pas la douceur. Tous les œufs
qui avoient été ainfi arrofés de la li-
queur des Mâles, étoient féconds; &
ceux qui en avoient été privés, demeu-
roient ftériles. Dans la fuppofition d'une
vraie copulation, on ne voyoit pas trop
à quoi pouvoit fervir ce grand nombre
de Mâles qu'on découvre chaque année
dans les Ruches: il devoit paroître bien
étrange, & il l'avoit paru en effet,
qu'il y eût tant de Måles pour une feule
Femelle. Mais, dès que les Mâles font
deftinés à répandre leurs laites fur les
œufs, on n'est plus furpris de leur nom-
bre, & on le trouve affez proportionné
à celui des œufs que la Femelle peut
pondre. Il refte néanmoins à découvrir,
quel eft l'ufage des grands Faux-bour-
dons; car leur derriere eft trop gros
pour pouvoir être introduit dans les
cellules communes. Mais combien d'au-
tres découvertes ne reste-t-il pas à faire
fur nos induftrieufes Républicaines ! Les
Оо

IV,

Continua

tion du me me fujet. Individus privés de fexe. Principe de la Police

CHAP IV. CCXCVIII. La République, ou fi l'on aime mieux, la Monarchie des Abeilles me donne lieu de parler d'une exception très-remarquable. Dans prefque toutes les efpeces d'Animaux, les individus font tous Mâles ou Femelles, ou bien ils poffedent les deux fexes à la fois. Chez les Abeilles, les Guêpes, &c. le plus grand nombre des Individus eft abfolument dédes Abeilles, pourvu de fexe. Ils n'ont aucune des parties relatives à la génération; mais ils font pourvus d'organes & d'inftrumens relatinct. tifs à la conftruction des gâteaux, & à plufieurs autres foncObfervation tions auxquelles la Nature les a destinés. On les a nommés Mument de M. lets, & improprement; car le Mulet a un fexe : ils ont été de BUFFON, mieux défignés par l'épithéte de Neutres.

Idées fur

leur Inf

fur le fenti

touchant la conftruction des alvéo. les.

LES ovaires de la Mere-abeille contiennent donc trois fortes d'œufs; d'où éclorront trois fortes d'Individus; des Reines, des Mâles ou des Faux-bourdons, & des Neutres (1). Les Måles font ordinairement au nombre de cinq à fix cent, affez fouvent de mille. La Reine a donc un ferrail de Mâles: leur grand nombre nous apprend pourquoi la Nature les a faits fi froids; s'ils euffent été auffi ardens que ceux de la plupart des Animaux, la Reine n'eut pas eu le tems de pondre.

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