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CHAP. IV.

que peuvent différer des animaux de genres ou même de Tabé fingu- claffes éloignées.

lier.

Les Gal

linfecies.

Je ne parle pas des Papillons, dont les Femelles font dépourvues d'ailes, tandis que les Mâles en ont de très-amples (1) c'eft déja néanmoins une différence qu'on jugeroit bien effentielle, que celle d'être ailé ou non-aîlé (2).

MAIS auroit-on foupçonné qu'un Ver condamné à ramper toute fa vie, dût être fécondé par un Animal ailé du genre des Scarabés ? On comprend qu'il s'agit ici du Verlufant l'efpece de phofphore qui brille à fon derriere, attire le Mâle; il accourt en volant, & s'unit à cette étrange Femelle par une vraie copulation (3).

Je viens de nommer les Scarabés mot tous les Infectes qui ont

(1) Ibid. Tome I, Mem. VII.

(2) ++ Non-feulement la claffe fi nombreufe des Papillons nous offre des Femelles entiérement dépourvues d'ailes; mais il paroît encore par une observation de M. de GEER, qu'il eft une efpece de Papillon nocturne, dont le Måle comme la Femelle, eft entiérement dépourvu d'ailes. Ce Papillon fingulier provient d'une espece de Teigne qui habite fur les murs, & qui vit de très-petits Lichens qui y croiffent. Elle fe fait un fourreau de foie qu'elle recouvre fouvent de grains de pierre. Mémoires fur les Infectes, par M. GEER, Tome II, Part. I, page 384, in 4o. Les Pucerons m'ont auffi offert des Mâles ailés & des Mâles non ailés; & ils m'ont of fert de plus dans la même Efpece, des

on défigne par ce quatre ailes, dont deux fer. Femelles ailées & des Femelles non aîlées. Traité d'Infectologie, Obf. VIE, XV.

(3) tt M. de GEER nous a appris, que le Ver-luifant luit dans fon enfance; & comme il ne fauroit alors recevoir les approches du Mâle, on peut en inférer, comme notre Obfervateur, que le phofphore qui brille au derriere de la Femelle, n'a pas pour fin d'attirer le Mâle. La Nymphe luit auffi, & n'eft pas plus en état de s'accoupler. Nous rifquons trop de nous tromper lorfque nous nous preffons de juger des fins particulieres de la Nature. Au refte, ce petit phosphore animal mériteroit bien d'exercer la fagacité des Phyficiens: les recher ches qu'ils auroient pour objet, intéref feroient fort la Physique générale.

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vent d'étui aux autres; cet étui eft toujours écailleux. Il CHAP. IV. en est une Efpece dont la Femelle toute charnue, n'a pas le moindre veftige d'ailes, & cette Femelle a pour Mâle un vrai Scarabé qui eft fi petit par rapport à elle, que leur accouplement doit paroître auffi fingulier, que le paroîtroit celui d'un Belier ou d'un Liévre avec la plus grande Vache (1).

Voici pourtant un affortiment plus un affortiment plus bifarre encore. On voit au Printems fur les branches de quantité d'arbres & d'arbustes, & principalement fur celles du Pêcher, des especes de Galles, qui reffemblent à celles qui croiffent communément fur les Plantes. Leur extérieur eft liffe, & imite parfaitement celui de la plupart des Galles. Quelquefois même, il est légérement poudré d'une fleur femblable à celle des Prunes, & qui donne à la Galle l'air d'un Fruit. Les unes font fphériques, les autres hémifphériques, d'autres ellyptiques, &c. Il y en a dont la groffeur égale celle d'une petite Cerife, d'autres n'ont que la groffeur d'un pois, ou même d'un grain de Poivre. Plufieurs paroiffent tenir à la branche par un court pédicule, comme y tiennent tant d'autres Galles. Mon Lecteur foupçonne-t-il que je viens d'ébaucher la defcription d'un véritable Animal? C'en eft un pourtant, mais fi bien déguifé, qu'il a été méconnu par d'habiles Naturaliftes. M. de REAUMUR qui a fu l'obferver dans tous fes états, lui a donnné le nom de Gallinfecte, & ce nom est très-propre à défigner fa forme & fa nature (2).

CROIROIT-ON à préfent, que cet Animal, qui fe confond avec les Galles par fa forme & par fon immobilité, eft fécondé par un très-petit. & très-joli Moucheron à deux ailes

(1) Ibid. Tome IV., page 30.

(2) Mém. pour fervir à l'Hiftoire des Infectes, Tome IV. Mém. I.

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IV. blanches, bordées d'un beau rouge de carmin & qui fe promene fur fa Femelle comme fur un terrein fpacieux ? Sa vivacité & fon agilité extrêmes contraftent fi prodigieufement avec l'immobilité & l'infenfibilité apparente de la Femelle, qu'on feroit tenté de le prendre pour un Ichneumon qui cherche à dépofer fes oeufs dans la Galle. Un petit aiguillon qu'il porte au derriere, & qu'il incline continuellement vers la Galle, fortifie encore le foupçon. Mais ce prétendu aiguillon eft la partie qui caractérise le Mâle; il ne veut que l'introduire dans une petite fente placée au bout poftérieur de la Femelle, & après de longues promenades fur le dos de celle-ci, il parvient à l'y introduire & à s'unir à cette lourde maffe, de l'union la plus intime (1).

La ponte fuit de près l'accouplement, car la Gallinfecte eft ovipare, & tandis qu'elle reffemble le moins à un Animal, c'eft alors précisément qu'elle s'acquitte des fonctions les plus effentielles à l'Animal, qu'elle s'accouple & qu'elle donne naiffance à une nombreuse poftérité.

:

ON ne peut pas dire que les oeufs de la Gallinfecte viennent au jour à peine ont-ils commmencé à fortir par cette fente dont j'ai parlé, qu'ils paffent fous le ventre où ils fe fuccedent à la file. A mefure que la Gallinfecte fe vuide, la peau de fon ventre s'approche de celle du dos, & quand la ponte eft finie, les deux peaux réunies ne compofent plus qu'une efpece de coque, qui renferme deux à trois mille œufs (2). Déja la Gallinfecte ne vit plus, & quoique morte, on la prendroit pour une Gallinfecte vivante, tant il y a peu d'ap parence de vie dans cet étrange Animal.

LES Petits ne tardent pas à éclorre & à fortir par la (1) Ibid. Page 37 & fuiv.

(2) Ibid. Page 14 & 15.

même fente qui avoit donné paffage aux oeufs. Ce ne font CHAP. IV. pas de petites Galles que l'on apperçoit alors; ce font de petites membranes ovales, légérement cannelées, garnies de deux antennes portées fur fix jambes, & qui courent avec une grandé viteffe (1).

ILS fe répandent d'abord fur les feuilles, plus fucculentes que l'écorce des branches; mais fur la fin de l'Automne ils fe retirent fur celle-ci (2). Ils s'y fixent & perdent la faculté de marcher. Ils s'arrondiffent peu à peu, & revêtent enfin la forme d'une Galle (3).

Le court pédicule par lequel cette Galle paroît tenir à l'écorce, eft la trompe qui met l'Infecte en état de pomper le fuc de l'arbre.

PARMI les petites membranes ovales, il en eft qui ne parviennent point à acquérir la groffeur des autres & à s'arrondir. Elles n'y étoient point appellées ce font elles qui doivent donner les Máles. Ils s'y transforment en Nymphes, & en fortent au Printems fous la forme de Mouche (4). Cette Mouche n'a ni bouche, ni dents, ni trompe; deux yeux semblent occuper la place de la bouche. Elle ne prend donc aucune nourriture (5), & toute fa vie eft confacrée à l'a

mour.

(1) Ibid. Page 16 & 17.

(2) Ibid. Page 19, 20, 24.

tard. Le 25 de Mars 1777, j'ai trouvé en-
core fur les Pêchers, des Gallinfectes qui
fe promenoient fur les branches avec affez
d'agilité. Le tems étoit fort beau, &

(3) tt M. de REAUMUR n'avoit pu s'affurer du tems où les jeunes Gallinfectes fe fixent & commencent à s'arron-le Thermometre placé près de l'Arbre, fe

dir. Il croyoit que c'étoit en Janvier. Je me fuis convaincu par mes propres obfervations, que c'eft beaucoup plus

tenoit aux environs du quinzieme degré.
(4) Ibid. Page 33.
(5) Ibid. Page 40.

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AINSI le Måle des Gallinfectes ne differe pas feulement par fa forme & par fon agilité, de la Femelle; il en differe encore par fes métamorphofes, mais c'eft peut-être une auffi grande métamorphofe, que celle qui change un Infecte plat & agile en une maffe ronde fans mouvement & prefque

fans vie.

POUR achever de faire connoître les Gallinfectes à mes Lecteurs, j'ajouterai que cet Infecte fi redoutable à l'Oranger, & que l'on nomme improprement Punaife, eft une vraie Gal linfecte. Le Kermés, que la Médecine & les Arts favent employer utilement, eft encore une Gallinfecte, qui naît fur un petit Chêne verd commun en Provence (1).

maux,

CCC. PASSERAI-JE fous filence les amours du Crapaud, cet Animal hideux, & qui peut néanmoins nous intéresser par sa conftance, par fa patience, & par fa dextérité à fervir d'Accoucheur à fa Femelle ? Elle eft ovipare: fes œufs formés d'une coque membraneufe très-ferme, font liés les uns aux autres par un fort cordon, comme les grains d'un chapelet. Le réfervoir qui les contient, s'ouvre dans le rectum ou le gros boyau ; ils fortent donc par Panus, au lieu que dans les Femelles de prefque tous les Arriil y a une ouverture appropriée à la fortie des œufs ou des petits. C'est un grand travail pour la Femelle du Crapaud, que de mettre dehors le premier oeuf; mais cela une fois exécuté, c'eft au Mâle à faire le refte, & il commence auffi-tót fes fonctions d'Accoucheur. Monté fur le dos de fa Femelle il l'embraffe avec les pattes de devant, qu'il tient appliquées fur fa poitrine fi fortement, qu'il s'y forme quelquefois une inflammation. Avec une de fes pattes de derriere il faifit le premier oeuf & le bout du cordon, il les fait paffer entre fes doigts; car il a, comme nous, des doigts articulés.

(1) Ibid. Page 46 & fuiv.

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