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CHAP

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IV. rience directe fur ce fujet : c'eft uniquement par la voie du
raifonnement qu'il infere que les Huîtres fe fuffifent à elles-
mêmes. I importe que je cite fes propres termes. Quelques
Auteurs modernes, dit-il, ont affuré que l'on avoit diftingué
les Huitres Mâles d'avec les Femelles cependant il eft cer-
tain que la
la plupart de ces Animaux qui vivent éloignés les
,, uns des autres, & dans l'inipuiffance de fe joindre par la
copulation, engendrent leurs femblables; d'où l'on peut
conclure qu'ils n'ont befoin d'aucun fexe pour fe reproduire,
» ou que chaque Individu les réunit tous deux (1)”.

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La troifieme claffe comprend les Coquillages qui ont les deux fexes à la fois, mais qui ne peuvent fe féconder euxmêmes. Le Limaçon commun en eft un exemple (2).

LA quatrieme claffe nous offre un trait nouveau & bien frappant, de la diverfité des moyens que la SAGESSE DIVINE a choifis pour la propagation des Efpeces. Les Coquillages qui appartiennent à cette claffe, poffedent bien les deux fexes à la fois; mais deux Individus ne peuvent fe féconder réciproquement & en même tems, comme les Limaçons. La fituation défavorable des parties fexuelles s'y oppofe. Chaque partie a fon ouverture propre; l'une eft placée à l'origine des cornes, F'autre l'eft beaucoup au-deffous (3). Mais ce fait eft fi nouveau & fi particulier, que dans la crainte de ne le rendre pas avec affez d'exactitude, je tranfcrirai ici le paffage en entier le voici (4).,, La quatrieme claffe eft de ceux qui poffédant les deux fexes à la fois, ont befoin de monter les uns fur les autres pendant l'accouplement, à cause de la fituation défavantageufe de leurs organes. Tel eft l'her

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(1) Ibid. Page 199, de la Deferip.

tion des Coquillages.

(2) Page 57, de la Def. des Part.

(3) Ibid. Page 58, de la Déf. des

Part.

(4) Ibid. Page 57

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པཔ

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maphrodisme du Bulin & du Coret: fi un Individu fait à CHAP. IV. l'égard de l'autre, la fonction de Mâle, ce Mâle ne peut être fécondé en même tems par fa Femelle, quoiqu'hermaphrodite; il ne le peut être que par un troifieme Individu qui fe met fur lui vers le côté, en qualité de Mâle. C'est » pour cette raifon que l'on voit fouvent un grand nombre ,, de ces Animaux accouplés en chapelet les uns à la queue des autres. Le feul avantage que cette efpece d'hermaphrodite ait fur les Limaçons, dont le fexe eft partagé, c'est de pouvoir féconder comme Mâle un fecond Individu, & d'être fécondé en même tems comme Femelle par un troifieme Individu ".

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AINSI, comme le remarque (1) fort bien notre favant Naturaliste il ne manqueroit plus aux Coquillages, pour réunir toutes les efpeces d'hermaphrodifme, que de pouvoir ,, s'accoupler à eux-mêmes, & être en même tems le Pere & la Mere du même Animal. La chofe, ajoute-t-il, n'eft pas impoffible, puifque plufieurs font pourvus des deux organes néceffaires : & peut-être quelque Obfervateur y découvrirat-il un jour cette forte de génération ".

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CCCII. LA découverte de divers Animaux, pourvus à la fois des deux fexes, & qui néanmoins ne peuvent fe féconder eux-mêmes, étoit bien propre à perfuader de plus en plus la néceffité du concours de deux Individus pour opérer la géné ration. L'univerfalité de cette loi a dû paroître démontrée, dès qu'on a pu s'affurer que de vrais Hermaphrodites lui étoient foumis. En un mot, dit M. de REAUMUR (2), il n'a pas été accordé à ces fortes d'Hermaphrodites de fe féconder eux-mêmes: des faits fans nombre ont donc confirmé une regle qui jufqu'à nos

(1) Ibid. Page 57 & 58.

(2) Mém. pour fervir à l'Hiftoire des Infectes, Tome VI, page 525.

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Nouvelle

raifon d'en

douter.

Problême

phyfique.

IV. jours n'avoit paru démentie par aucun fait affez pofitif. Il étoit
donc naturel que les Phyficiens fe rendiffent très-difficiles fur
les preuves par lefquelles on tenteroit d'établir, qu'il eft des
Animaux qui fe fuffifent à eux-mêmes. Des Obfervateurs céle-
bres avoient admis l'exiftence de femblables Animaux, fur des
préfomptions affez plaufibles, mais parmi les Efpeces qu'ils
avoient mifes au rang de ces Hermaphrodites finguliers, il
s'en étoit trouvé dans lefquelles un
un Obfervateur plus exact
avoit découvert depuis, des Mâles & des Femelles, qu'il avoit
vu s'accoupler. Les Gallinfectes, dont j'ai beaucoup parlé dans
ce Chapitre, en étoient un exemple remarquable. Des Infectes
qui ne peuvent changer de place, & qui femblent faire corps
avec la Plante où ils font fixés, étoient dans un cas qui les
rapprochoit bien des Huîtres, qu'on juge fe multiplier fans
accouplement. C'étoit donc encore une nouvelle raison pour
douter de l'existence des Animaux qui fe fuffifent à eux-mêmes,
& c'étoit un nouveau motif pour ne fe rendre que fur les
expériences les plus directes & les plus démonftratives. Ce furent
de femblables confidérations qui porterent en 1733, un habile
Naturaliste, M. BREYNIUS, à propofer aux Phyficiens le Pro-
blême fuivant (1).

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An indubitate demonftrari poffit, in rerum Natura, genus aliquod Animalium vere Androgynum, id eft, quod fine adminiculo Maris fui generis, ova in & a fe ipfo foecundata parere, adeoque folum ex & a fe ipfo genus fuum » propagare poffit ?"

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Genus Animalium ejufmodi Androgynum, ajoute M. BREYNIUS, licet a multis iifque primi ordinis Natura Con

(1) Actes des Curieux de la Nature, pour l'an 1733, page 18 de l'Appendice.

Jultis ftatuatur, a nemine tamen, quod equidem fciam, ita de- CHAP. IV. monftratum fuit, ut non multa, eaque haud levia, ei poffint objici dubia.

Découver tes de l'Au

Pucerons. Solution du problème phyfique.

Suite de générations elévées en leurs reful folitude, &

CCCIII. TEL étoit l'état de l'Hiftoire Naturelle relativement à la queftion fi fouvent agitée des Androgynes; & telle étoit teur fur les en général la difpofition des Efprits, lorfque j'entrepris, il y a vingt-un ans, en Mai 1740, ma premiere expérience fur les Pucerons. Ces Infectes fi féconds, & dont les Efpeces font fi nombreufes, étoient depuis long-tems au rang de ces Animaux, qu'on s'étoit háté de mettre dans la claffe des vrais Androgynes dont parle M. BREYNIUS; & cette conclufion précipitée ne prouvoit autre chofe, finon que de bons Obfervateurs peuvent quelquefois manquer de Logique : parce qu'ils n'étoient jamais parvenus à furprendre des Pucerons accouplés, ils s'étoient preffés d'en conclure, que les Pucerons multiplioient fans accouplement, Ce n'étoit pourtant là qu'un doute, ou au plus qu'un fimple foupçon; mais ce foupçon, M. de REAUMUR l'avoit accrédité en l'adoptant, & en l'étayant de quelques obfervations qui lui étoient propres, & qui laif foient toujours la queftion indécise (1).

MA premiere expérience la décida, & elle m'apprit que les: Pucerons étoient de vrais Androgynes. On a vu dans le TomeVI des Mémoires de M. de REAUMUR (2), & dans la premiere partie de mon Traité d'Infectologie (3), quels furent les foins & les précautions avec lefquels je tentai cette expérience importante. Un Puceron pris au moment de fa naiffance, & renfermé à l'inftant dans la plus parfaite folitude, y mit au jour fous mes yeux, quatre-vingt-quinze petits.

(1 Mém. pour fervir à l'Hiftoire des Infedes, Ton e III, Mém. III, Tome VI, Page 523 & fuiv.

(2) Page 530 & fuiv.

(3) Obf. I.

tats,

CHAP. IV.

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Je me hâtai de faire part des détails de cette expérience à feu mon illuftre ami, M. de REAUMUR, qui la jugea digne d'être communiquée à la favante Compagnie dont il étoit un des principaux ornemens.,, Sûr, dit-il (1), du plaifir que les obfervations de M. BONNET feroient à l'Académie, je tardai peu à lui lire fa lettre du 13 Juillet, dans laquelle elles étoient détaillées. Il parut à l'Académie entiere, que M. BONNET avoit porté les précautions & les foins, même au-delà de ce qu'on eut ofé le fouhaiter: quelque convaincue qu'elle fût qu'il n'avoit rien négligé pour éclairer toutes les démarches de fon Puceron, qu'il avoit été pour lui un Argus plus difficile à tromper que celui de la fable, elle ju,,gea néanmoins qu'une feule expérience, quoique très-bien faite, ne fuffifoit pas pous óter tout doute par rapport à ,, un fait contraire à une loi dont la généralité avoit femblé établie par le concours unanime de tout les faits vus jufqu'alors. On n'a que trop d'exemples de circonftances qui ont échappé à des yeux clairvoyans & attentifs. L'Académie ne put donc s'empêcher de defirer que la même expérience fût répétée par M. BONNET, autant de fois, & fur le plus de Pucerons de différentes Efpeces qu'il lui feroit poffible je fus chargé de l'en prier de fa part, & je le fis ".

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Je ne pouvois manquer de répondre au defir de l'Académie; je répétai donc ma premiere expérience fur la même Efpece de Pucerons, & je l'étendis en même tems, à plufeurs autres Efpeces (2). Ce fut toujours le même fuccès; tous les Pucerons élevés en folitude depuis l'inftant de leur naiffance, devinrent Meres, & mirent au jour fous mes yeux, une nombreuse poftérité. Je portai même l'exactitude au point de dreffer des Tables des jours & heures des accouche

(1) Ibid. Tome VI, page 537.

(2) Traité d'Infectologie, &c. prem. Part. Obf. II, III.

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