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d'une multitude de petits grains. Ce boyau porte à une de fes extrêmités une tête & des bras ; l'extrêmité oppofée qui fe termine en pointe, eft exactement fermée, & l'Infecte ne s'en fert que pour fe cramponner à quelqu'appui. Si donc les Polypes font de vrais Androgynes; & comment en douter? ce font des Androgynes bien différens de ceux que les Pucerons nous ont fait voir; car j'ai prouvé que les Pucerons font diftingués de fexes, qu'ils s'accouplent, & que néanmoins ils peuvent fe fuffire à eux-mêmes (1).

CCCVIII. Il y a une claffe très-nombreuse d'Animaux qui font

(1) Il n'eft aucune claffe d'Ani. maux dont les Efpeces aient été plus multipliées ou plus généralement répan dues, que celles des Polypes. Outre le grand nombre d'Efpeces de ces Infectes qui habitent les eaux douces, & qui multiplient prodigieufement, on en découvre encore de nouvelles Efpeces juf ques dans les infufions de différentes matieres, foit végétales foit animales. Voyez les Ecrits de MM. WRISBERG & SPALLANZANI, fur les Animalcules des infufions. Il y a bien plus encore : le fond des mers eft tapiffé de Polypes; ils y forment même, par fucceffion de tems, des couches d'une grande épaiffeur car on fait aujourd'hui, que les Coraux, les Corallines, les Pores, les Madrepores, les Litophytes & quantité d'autres corps marins, ne font que des amas de Polypes. (Voy. l'Ouvrage de M. ELLIS, fur les Corallines, &c. Confultez encore l'Article CLXXXVIII, & la note). C'est même probablement des débris ou de la décompofition de ces corps marins, que font formés ces lits Tome 111.

immenfes de Gyps, dépofés par la mer dans l'intérieur des montagnes, & que nos Agricoles modernes favent faire fervir à la fertilifation des terres. Tous ces Polypes, foit ceux d'eau douce, foit ceux de mer, & dont la multiplication eft fi exceffive, paroiffent fe propager fans aucune forte de copulation au moins n'y a-t-on jamais rien apperçu, qui pût faire douter de leur hermaphrodifme. Il en eft de même des Animalcules des infufions, dont les Efpeces font très-diverfifiées; on n'en connoit encore aucune qui ait offert une vraie copulation. On doit en dire autant des Vers fpermatiques, dont les Efpeces font auffi très variées. Confultez la grande note qui eft à la fin du Chap. VIII de la Ire. Part.

Ainfi, le nombre des Animaux qui multiplient fans le concours des fexes, eft probablement plus grand que celui des Animaux dont la propagation s'opére par ce concours : & cette remarque eft féconde en conféquences relatives à l'hiftoire de la Génération.

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CHAP. IV.

Infectes

CHAP IV. privés de fexes pendant une

grande par

tie de leur vie.

Réfutation du fenti

de BUFFON

fur les métamorpho

fectes.

abfolument dépourvus de fexes pendant la plus grande partie de leur vie tels font tous les Infectes qui fubiffent des métamorphofes. Tandis que l'Infecte eft fous la forme de Ver ou fous celle de Chenille, il n'eft à proprement parler, ni Mâle, ni Femelle; mais il fera Mále ou Femelle lorfqu'il aura pris sa derniere forme, celle de Mouche ou de Papillon. C'eft fous cette derniere forme que l'Infecte eft appellé à perpétuer l'ELpece. J'ai prouvé dans le Chap. X de la Ire. Partie, que les parties propres au Papillon, fout renfermées originairement dans celles qui conflituent l'état de Chenille. J'ajouterai ici que le Papillon prend tout fon accroiffement fous la forme de Chenille. Il est même des Efpeces qui ne prennent, & ne peuvent prendre de la nourriture, que fous leur premiere forme: dès que l'Infecte est devenu Mouche ou Papillon, il n'a plus besoin de se nourrir; il a fait, pour ainfi dire, fa provision d'alimens, pendant qu'il étoit Ver ou Chenille; & cela eft fi vrai, qu'il eft même deftitué, fous fa derniere forme, de tous les organes extérieurs relatifs à la nutrition.

CCCIX. DANS le fecond Volume de l'Hiftoire Naturelle ment de M. M. de BUFFON a inféré un Chapitre qui a beaucoup de rap port avec celui-ci, & qu'il a intitulé, Variétés dans la Génération des Animaux. Il y fait mention des Infectes.qui n'ont Jes des In- point de fexe pendant une partie de leur vie, & fa maniere de raifonner fur ce fujet, eft fi éloignée des idées reçues, que mon Lecteur me pardonnera, fi je tranfcris ici le paffage en entier., Je veux parler, dit-il (1), des Infectes & de leurs métamorphofes. Il me paroît que ce changement, cette espece de transformation qui leur arrive, n'eft qu'une production nouvelle, qui leur donne la puiffance d'engendrer; c'est au moyen de cette production, que les organes de la génération fe développent, & fe mettent en état de pouvoir agir; car l'ac

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(1) Page 315, 316.

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croiffement de l'Animal est pris en entier avant qu'il fe tranf- CHAP. IV. forme; il ceffe alors de prendre de la nourriture, & le corps fous cette premiere forme, n'a aucun organe pour la génération, aucun moyen de transformer cette nourriture, dont ces Animaux ont une quantité ont une quantité fort furabondante en oeufs & en liqueur féminale; & dès lors cette quantité furabondante de nourriture, qui eft plus grande dans les Infectes que dans aucune autre Efpece d'Animal, fe moule & fe réunit toute entiere, d'abord fous une forme qui dépend beaucoup de celle de l'Animal même, & qui y reffemble en partie la Chenille devient Papillon, parce que n'ayant aucun organe, aucun viscere capable de contenir le fuperflu de la nourriture, & ne pouvant par conféquent produire de petits Êtres organifés, femblables au grand, cette nourriture organique toujours active, prend une autre forme en fe joignant en total felon les combinaifons qui réfultent de la figure de la Chenille, & elle forme un Papillon, dont la figure répond en partie, & même pour la conftitution effentielle, à celle de la Chenille, mais dans lequel les organes de la génération font développés, & peuvent recevoir & tranfmettre les parties organiques de la nourri,,ture qui forment les oeufs & les Individus de l'Efpece qui doivent en un mot opérer la génération; & les Individus qui proviennent du Papillon, ne doivent pas être des Papillons, mais des Chenilles, parce qu'en effet, c'est la Chenille qui a pris la nourriture, & que les parties organiques de cette nourriture fe font affimilées à la forme de la Chenille, & non pas à celle du Papillon, qui n'est qu'une production accidentelle de cette même nourriture furabondante, qui précede la production réelle des Animaux de cette Efpece, & qui n'eft qu'un moyen que la Nature emploie pour y arriver ".

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C'EST à regret que je releve encore cet Auteur, dont j'ad

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CHAP.

IV. mire le génie & les talens ; mais je dois prémunir mes Lec teurs contre l'impreilion, trop ordinaire., d'une grande célébrité. Il avoue lui-même quelque part (1), que fa théorie a précédé fes expériences, & l'on fait combien la maniere de voir, dépend de la maniere de penfer. On retrouve dans le paffage que je viens de citer, le principe favori de l'Auteur; qu'il me foit permis d'en faire une courte réfutation, en oppofant fimplement la Nature à fon Hiftorien, & cet Hiftorien à lui-même.

Il me paroit, dit-il, que cette transformation qui arrive aux Infectes, n'est qu'une production nouvelle qui leur donne la puiflance d'engendrer. Les obfervations de SWAMMERDAM fur la préexiftence du Papillon dans la Chenille (2), & celles de M. de HALLER fur la formation du Poulet dans l'œuf (3), montrent affez qu'il ne fe fait point de production nouvelle ; mais ce qui nous paroît produit, l'étoit déja, & n'a fait que fe développer. Tout ce Livre eft plein de faits qui concourent à établir cette vérité.

La Chenille devient Papillon, parce que n'ayant aucun organe, aucun vifcere capable de contenir le fuperflu de la nourriture, & ne pouvant par conféquent, produire de petits Etres organifes Semblables au grand, cette nourriture organique toujours active prend une autre forme en fe joignant en total felon les combinaifons qui résultent de la figure de la Chenille, & elle forme un Papillon dont la figure répond en partie, & même pour la confiitution effentielle, à celle de la Chenille. Notre Auteur admet donc expreflément, que les molécules organiques de la Chenille, en fe combinant fous certains rapports, forment le Papillon. Mais felon les principes de cet Auteur, les mo

(1) Hift. Natur. Tome II, page 168.
(2) Voy. le Chap. X de la prem. Part.

(3) Voy. le Chap. IX de la premiere Partie.

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lécules organiques ne forment un Tout organifé, que lorfqu'el- CHAP. les ont été moulées dans le corps où ce Tout doit fe former & croître. Je ne cherche point ici à combattre l'exiftence, plus que douteufe, des moules intérieurs; je fuppofe qu'ils exiftent. Le corps de la Chenille eft donc le moule où fe façonnent les différentes parties propres au Papillon. Maintenant je demande, quelles font les parties de la Chenille qui peuvent mouler les quatre aîles du Papillon, fes milliers de yeux, fa trompe & fur-tout les organes de la génération? Il eft bien reconnu que la Chenille eft abfolument privée de la plupart de ces organes, & que fes fix yeux ne reffemblent point du tout à ceux du Papillon. M. de BUFFON femble vouloir aller au devant de cette objection, lorfqu'il ajoute, que la fin gure du Papillon répond en partie, & même pour la conftitution effentielle, à celle de la Chenille; c'eft ramener de force les faits à un systême chéri. Si l'on compare la ftructure de la Chenille à celle du Papillon, j'ofe affurer qu'on y trouvera plus de diffemblances que de reffemblances. Mais quand il n'y auroit dans le Papillon qu'un feul organe qui n'exiftât pas dans la Chenille, c'en feroit affez pour détruire le fyftême mal lié de l'Auteur. On feroit toujours en droit de demander, où ré fideroit le moule de cet organe ?

Les Individus qui proviennent du Papillon ne doivent pas être des Papillons, mais des Chenilles, parce qu'en effet c'est la Chenille qui a pris la nourriture, & que les parties organiques de cette nourriture fe font affimilées à la forme de la Chenille, & non pas à celle du Papillon. Il n'y a qu'un moment que l'Au teur avoit befoin d'admettre, que la forme de la Chenille ne differe prefque pas de celle du Papillon; à préfent, qu'il s'a git d'expliquer pourquoi le Papillon ne fait pas des Papillons, il en donne pour raifon, que c'eft la Chenille qui a pris la nourriture, & que les parties organiques de cette nourriture fe font affimilées à la forme de la Chenille, & non pas à celle du

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