uns à côté des autres avec beaucoup d'art, & au nombre de plus de vingt-mille (1). CCCXVI. Nous avons vu que les Pucerons font à la fois vivipares & ovipares, mais en différens tems de l'année (2). Il y a dans les eaux douces, des Polypes à panache, qui multiplient comme ceux à bras, par rejettons, & dont les rejettons font logés dans des tuyaux analogues à ceux des Polypes de Mer, dont j'ai parlé, article CLXXXVIII (3). Mr. TREMBLEY a décrit ces Polypes à panache & leur maniere de multiplier, dans. le troifieme Mémoire de fon Hiftoire des Polypes. C'est cette Efpece de Polype qui a mis fur les voies de reconnoître, que diverfes productions marines qu'on avoit prifes pour des Plantes, ne font que des Polypiers (4) ou des affemblages de tuyaux, dans chacun defquels un Polype eft logé. MM. de REAUMUR & B. de JUSSIE fe font affurés que les Polypes à pana-. che, lorsqu'ils font déja vieux & peut-être prêts à périr, pon (1) Ibid. Page 415 & fuiv. (2) tt Le Puceron branchu aquatique, efpece de très petit Coquillage bi. valve, femble être à la fois ovipare & vivipare. M. SCHEFFER, qui l'a beaucoup étudié, dit expreffément, que tous les Pucerons de cette Efpece font Femelles, parce qu'en certain tems de l'année, on apperçoit dans tous les Individus, des aufs & des petits. Il croit que ces Pucerons font hermaphrodites à la maniere du Ver de terre; c'eft-àdire, que chaque Individu réunit les deux fexes. I affure, qu'on voit fouvent deux Individus joints ensemble, & qui fe donnent des mouvemens dont on ne peut méconnoitre la fin. Il avance expreffément, que la multiplication or. dinaire de ces petits Infectes eft précédée d'un véritable accouplement; mais il (3) Voy. la note fur l'Art. CCLXXIV. CHAP. V. Nouvelle Obfervation de M. fur une Ef nache, dont les œufs peuvent être conferves au fec pendant plufieurs mois. dent des œufs bruns, un peu applatis. Ils ont vu des petits naître de ces œufs (1): ainfi ces Polypes font réellement vivipares & ovipares à la fois, car les rejettons qu'ils pouffent de différens points de leurs corps, font des petits vivans. Si les graines peuvent être comparées aux oeufs de ces Polypes, fi les branches reffemblent aux rejettons de ces derniers, on pourroit dire qu'ils font vivipares & ovipares à la maniere des Végétaux. دو CCCXVII. M. TREMBLEY, à qui il avoit été réfervé de nous découvrir un nouveau Monde dans les Polypes, m'a communiTREMBLEY qué une obfervation intéreffante fur une Efpece de Polypes à pece de Po. panache, différente de celle qu'il a décrite dans fes Mémoires. Type à pa- Je rapporterai cette observation avec d'autant plus de plaifir, que tout ce qui vient de cet excellent Obfervateur eft précieux, & que d'ailleurs il ne l'a point encore publiée: la voici donc dans fes propres termes.,, L'Efpece de Polypes à Panache, dont les tuyaux fe ramifient le plus, eft celle dont les oeufs ont été le plus obfervés. Ils fe trouvent dans la cavité de ces tuyaux. Ils y paroiffent environ dans le mois d'Août. Ils font d'abord blancs, & deviennent enfuite bruns. Ils font ,, à-peu-près ronds, un peu applatis, & le tour garni d'une ,, efpece de bourlet, fort peu élevé. Au mois de Septembre, », on trouve des amas de Polypiers de Polypes à panache, I qui renferment un prodigieux nombre d'oeufs. Les Polypiers fe décompofent & périffent la plupart peu-à-peu. Les œufs en fortent à mefure & font élevés par leur légéreté fur la furface de l'eau. J'en ai amaffé une très-grande quantité en Angleterre en 1745. Je les ai fait fécher à l'ombre. J'ai emporté ces œufs en Hollande dans un papier, comme », j'aurois fait de la graine de Vers à foie. Je les ai gardés ,, au fec depuis le mois de Septembre jufqu'au mois de Jan 39 (1) Mém. pour fervir à l'Hift. des Infect. Tome VI, Préface, page 16. vier fuivant. Je les ai mis alors fur la furface de l'eau que je tenois dans de grands vafes, qui étoient dans mon cabinet. Au Printems, j'ai vu plufieurs de ces oeufs s'ouvrir; les commencemens d'un Polype à panache paroître fur une matiere blanchâtre ; cette matiere s'étendre peu-à-peu, & fe ramifier. A mefure qu'elle fe ramifioit ou végétoit, il fortoit de ces ramifications, de nouveaux Polypes". CCCXVIII. LES Polypes à bras en forme de cornes, dont j'ai tant parlé, multiplient, comme nous l'avons vu (1), par rejettons ces rejettons font de véritables Polypes naiffans, qui fortent du corps de leur Mere, comme une branche fort du tronc d'un Arbre. Ces Polypes font donc vivipares; mais ce font des vivipares bien différens de tous ceux que nous connoiffions auparavant. Si l'on vouloit les caractériser, il faudroit inventer un nouveau terme, & les nommer ramipares; car il eft bien évident que ces Infectes font vivipares, plutôt à la maniere des Arbres, qu'à celle des Quadrupedes & des autres, Animaux, qui mettent au jour des Petits vivans. Il n'eft pas encore démontré que les Polypes à bras en forme de cornes foient auffi ovipares, & c'eft un point de leur histoire qui refte à éclaircir. M TREMBLEY a vu fur leur corps, de petites excrefcences fphériques, qui y tenoient par un court pédicule. Il a obfervé que ces excrefcences fe détachoient du Polype au bout de quelque tems, & qu'elles tomboient au fond du vase. Toutes fe réduifoient à rien; mais il en a vu une qu'il n'a ofé affurer être devenue un Polype, parce qu'il n'avoit pu la. fuivre fans interruption, & qu'il y avoit de petits Polypes dans le même vase. Lorsqu'il revint examiner cette excrefcence, il trouva à la place où il l'avoit laiffée deux jours auparavant, un Polype informe, qui paroiffoit réellement venir d'un corps Sphérique, qui s'alongeoit du côté par lequel il touchoit le fond (1) Art. CLXXXV. CHAP. V. du verre. Le côté oppofé étoit encore arrondi, & l'on ÿ apper. cevoit les bouts de trois bras qui commençoient à fortir. Peu-àpeu ce Polype s'alongea, & prit la forme ordinaire de ces Animaux (1). Il y a tant de rapport entre les Polypes à bras & les Polypes à panache, qu'on ne peut gueres douter que les excrefcences dont je viens de parler, ne foient des efpeces d'oeufs, & que les premiers comme les derniers, ne foient à la fois vivipares & ovipares. Il eft des tems & des circonf tances où l'Efpece peut fe conferver par le moyen des rejettons, & il en eft d'autres où elle ne fauroit apparemment fe perpétuer que par le moyen des oeufs. Les Pucerons nous en ont déja donné un exemple les Petits qui naîtroient en Automne ne pourroient fubfifter fur les Arbres pendant l'Hi ver; ils font alors cachés dans des oeufs, & n'éclofent qu'au retour du Printems. Nous avons vu, il n'y a qu'un moment, que Mr. TREMBLEY a confervé quatre à cinq mois au fec, les œufs d'une Efpece de Polypes à panache, qu'il les à enfuite femés fur l'eau comme des graines de Plantes aquatiques, & que ces graines Animales ont donné des Polypes de la même Efpece. Ainfi une mare qui auroit été très-peuplée de ces Polypes, & qui demeureroit à fec pendant quelques mois pourroit encore s'en trouver très-peuplée au retour des pluies: les œufs qui fe feroient confervés dans la vafe, donneroient naiffance à de nouvelles Générations de Polypes. C'eft ce que l'expérience a confirmé à M. TREMBLEY, foit à l'égard des Polypes à panache, foit à l'égard des Polypes à bras, en forme de cornes il a vu des Polypes de cette feconde Efpece, reparoître dans des lieux qui avoient été quelque tems à fec. On pourroit conjecturer avec vraisemblance, que les œufs des Poiffons fe confervent de la même maniere au fond des étangs (1) Mém. fur les Polypes, &c. Tome II, page 97 & 98. defféchés defféchés, qu'ils repeuplent quand ces étangs fe rempliffent CHAP. V. de nouveau. C'eft au moins ce qu'on a obfervé avec surprise dans un étang mis à fec, & repeuplé enfuite des mêmes Poiffons dont on ne pouvoit découvrir l'origine. L'on imaginoit que des Cigognes ayant porté dans leur bec, de ces Poiffons, les avoient laiffé tomber par hafard dans l'étang rempli de nouveau, & que c'étoit à ces Poiffons qu'étoit due la nouvelle peuplade. Elle l'étoit peut-être aux œufs demeurés dans la vase, & qui avoient pu s'y conferver fains. Ce feroit une expérience curicufe à tenter, que celle de garder au fec les œufs de diverfes Efpeces de Poiffons (1), & de les répandre enfuite dans des lieux convenables & appropriés. On s'affureroit par ce moyen très-fimple s'ils peuvent fervir ainfi à perpétuer l'Efpece. La Nature n'a pas été affujettie à une précifion extrême; il eft dans fa maniere d'opérer, une certaine latitude que le Phyficien doit étudier, & que l'expérience lui découvre. On n'a pas oublié ce que j'ai rapporté dans le Chapitre X de la [re. Partie, fur la maniere d'abréger & de prolonger à volonté la durée de la vie de divers Animaux. En confervant au fec, pendant quatre à cinq mois, des œufs de Polypes, on prolonge réellement d'autant la durée de la vie des Germes logés dans ces oeufs. Combien de Générations de Polypes fe feroient fuccédées durant cet intervalle de tems, fi les œufs avoient été laiffés dans leur élément naturel (2)? (1) Bien entendu, que ce feroit après qu'elles auroient été fécondées par les laites des Mâles. (2) tt Les fameufes Anguilles du Bled rachitique, nous offrent en ce genre une fingularité qui paroitroit incroyable, fi elle n'étoit atteftée par les obfervaions les plus fures. Ces Anguilles ellesmêmes peuvent fe conferver au fec Tome III. dans le grain, au moins pendant vingt- |