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CHAP. V.

tronc de ces trachées alloit aboutir à une des petites cornes placées au bout poftérieur de la coque. Il avoit là plus de diametre que par-tout ailleurs, & il diminuoit infenfiblement à mesure qu'il s'approchoit du bout oppofé.

CES particularités, & fur-tout les mouvemens que j'ai décrits, prouvent affez que cette coque eft vraiment animale & qu'elle ne reffemble point du tout à celles que fe conftruifent tant d'Efpeces de Chenilles, & en particulier les Vers-àfoie, à l'approche de leur métamorphofe. Mais je puis dire plus; j'ai vu cette coque fe donner des mouvemens femblables à ceux que fe donneroit un Ver rond & fans jambes, qui feroit effort pour changer de place. Je l'ai vue fe renverfer fur un de fes côtés, reprendre enfuite fa premiere fituation, & répéter ces balancemens plufieurs fois.

EN obfervant cette coque à la loupe avec la plus grande attention, j'ai apperçu dans fon intérieur, des lignes circulaires, efpacées comme le feroient celles qui marqueroient la jonction des anneaux d'un Infecte. Ces lignes avoient leur concavité tournée vers le bout poftérieur de la coque. Et ce qui ne permettoit gueres de douter, qu'elles ne fuffent les incifions annulaires d'un Infecte logé dans la coque; c'est que, lorfque les côtés de celle-ci s'enfonçoient, ils devenoient tranfparens. En fe contractant alors, l'Infecte laiffoit apparemment un paffage plus libre à la lumiere, à travers les parois de l'enveloppe.

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DANS l'intérieur de quelques Mouches à deux ailes, dont le corps eft demi-transparent, on voit un fpectacle qui fixe agréablement l'attention. Ce font des couches de nuages minces, qui marchent parallelement les unes aux autres, & qui vont conftamment du bout antérieur du corps au bout oppofé. M.

de

de REAUMUR (1) a beaucoup approfondi ce petit phénomene, & il a prouvé qu'il tient à une illufion d'optique, occafionée par le jeu de deux grands facs pulmonaires logés dans la partie antérieure du corps de la Mouche. L'intérieur des coques que nos Mouches-araignées pondent à terme, m'a offert le même phénomene, & qui dépendoit probablement de la même caufe. Les couches nébuleufes m'ont toujours paru fe porter d'un mouvement uniforme, du bout poftérieur au bout antérieur. On n'a pas oublié que le bout antérieur est celui auquel répond la tête de l'Infecte.

LES Coques pondues récemment font blanches; bientôt elles prennent une teinte de jaune, à laquelle fuccede une teinte d'un rouge marron; ce rouge fe rembrunit peu-à-peu, & fait place enfin à un affez beau noir. Dès que les coques commencent à perdre leur premiere couleur, elles acquiérent une opacité qui ne permet plus de voir dans leur intérieur. J'ai imaginé de retarder les progrès de l'opacité, ou ce qui revient au même, de l'endurciffement, en plongeant la coque dans l'eau. Tout mouvement a bientôt ceffé, & je n'ai vu paroître aucune bulle d'air. Au bout d'une heure, j'ai retiré de l'eau la coque; le petit appendice n'a pas tardé à reprendre fes mouvemens ordinaires, & les couches nébuleuses ont reparu.

TANDIS que la coque étoit plongée fous l'eau, j'ai remarqué que les côtés demeuroient fort transparens. L'Infecte, qui étoit alors dans un état de contraction, occupoit moins de place dans cette efpece de boîte, & la lumiere en traversoit plus librement les bords.

J'AI replongé la coque fous l'eau, je l'y ai laiffée environ trois heures, & l'en ayant enfuite retirée, j'ai vu reparoître

(1) Mém. fur les Infectes, Tome IV, page 267 & fuiv.

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les couches nébuleufes dont la marche toujours réguliere, s'est faite, comme à l'ordinaire, du bout poftérieur vers l'antérieur mais le petit appendice ne s'eft donné aucun

vement.

CETTE fois j'ai eu le plaifir de m'affurer de l'existence des ftigmates de la coque. Je les ai défignés ci-deffus par le terme de foffettes, & j'ai dit que ces follettes n'étoient vifibles que dans l'inftant où les côtés de la coque s'enfonçoient je les voyois difparoître lorfque la coque reprenoit fa convexité naturelle. Il n'en a pas été de même dans le cas particulier dont je rends compte à préfent. La coque ne fe donnoit pas le plus léger mouvement, & fes côtés étoient par-tout très-arrondis : cependant on diftinguoit très-bien, à la loupe les foffettes. Leur fituation, leur arrangement fymmétrique, leur figure ovale, & leur grand diametre pofé perpendiculairement à l'axe de la coque, ne permettoient pas de les méconnoître pour de vrais ftigmates. Nous avons donc ici une preuve directe, que l'enveloppe dont cette coque finguliere eft formée, a appartenu à un Ver, qu'elle a été pendant un tems la peau même de ce Ver, & cette preuve leve tous les doutes fur la nature de ce corps oviforme.

DANS une coque pondue avant terme, & qui n'avoit pas la moitié de fa groffeur naturelle, j'ai vu diftinctement le jeu des couches nébuleufes; mais ce qui m'a paru extrêmement remarquable, c'eft qu'il fe faifoit ici en fens contraire, je veux dire du bout antérieur au poltérieur. J'ai obfervé la même chofe, après avoir tenu la coque fous l'eau pendant trois heures. En racontant ce fait fur mon témoignage, M. de REAUMUR ajoute ce qui fuit (1).,, Nous avons rapporté comme un fait fingulier, que la circulation des liqueurs nous avoit

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(1) Tome VI, page 594.

paru fe faire dans le Papillon, en un fens contraire à celui où elle fe faifoit dans fon corps, lorfqu'il étoit Chenille. La circulation des lames nébuleuses, qui dans l'œuf à terme, a un cours oppofé à celui qu'elle a dans l'oeuf qui n'y eft ,, pas, paroît donc prouver que l'oeuf à terme renferme un Infecte qui a changé d'état ; & ce changement n'a pu être ,, que celui de Ver en boule-alongée ".

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LORSQUE ce grand Obfervateur, dont la mémoire me fera toujours chere, s'empreffa obligeamment à m'annoncer fa découverte fur la Mouche-araignée, dans une de fes Lettres en date du 30 Avril 1741, il me parla de la coque en queftion, comme d'un véritable ceuf. Il penfoit alors qu'elle en étoit un. Je ne tardai pas moi-même à l'obferver fur fon invitation. Je découvris les couches nébuleufes, & je lui écrivis le 28 Juillet fuivant, le foupçon qu'elles m'avoient fait naître. Le Volume de ces Mémoires que je viens de citer, ne parut que l'année fuivante. Cet œuf, difois-je à mon illuftre Ami, feroit-il moins un œuf, qu'une Efpece auffi finguliere de Ver, ou qu'une Efpece auffi finguliere de Nymphe ? Ces couches nébulenfes indiqueroient-elles une circulation, ou n'eft-ce ici qu'une illufion d'optique, analogue à celle que vous avez obfervée dans quelques Mouches? Je crois avoir vu dans une des articulations des jambes de notre Mouche, une véritable circulation; mais je n'ai garde de prononcer encore fur ce sujet. Je m'expliquois plus précifément dans une autre Lettre en date du 23 Juin 1742, & j'y comparois notre coque à une boule-alongée. M. de REAUMUR adopta lui-même cette idée, & la vérifia par quantité d'observations très-curieufes, dont j'ai donné ci-deffus le précis. J'invite les Naturaliftes à approfondir davantage un fujet qui touche de fi près à la Théorie de la Génération.

CCCXXV. APRÈS qu'un œuf fécond a été pondu, l'Embryon y prend un accroiffement relatif à celui que le Foetus ac

CHAP. V.

Oeufs qui croiffent après avoir

CHAP. V. été pondus.

Plantes: maniere

dont elles

tes.

quiert dans la matrice: mais la capacité de l'oeuf n'augmente Galles des pas comme celle de la matrice. Nous ne fommes pas encore familiarifés avec l'idée d'un oeuf qui croît: il en eft pourtant qui font appellés à croître, & à croitre beaucoup. On penfe font produi- bien que leur enveloppe n'eft pas cruftacée, comme l'eft celle des œufs des Oifeaux, des Papillons & de plufieurs autres Mouches à Infectes. Les oeufs, dont je veux parler, font purement memfcie. braneux; on ne fe preffera pas d'en inférer que tous les œufs membraneux croiffent; ceux de beaucoup d'autres Efpeces font tels, & ne croiffent point: c'eft donc ici une exception remarquable à une regle qu'on juge générale.

Oeufs des

TOUT le monde connoît les Galles qui s'élevent fur différentes parties des Plantes. Leur forme, leur ftructure, leur confistance, leur texture, leurs proportions, leur couleur varient prefqu'à l'infini, & offrent aux yeux de l'Obfervateur mille particularités intéreffantes. Quand MALPIGHI n'auroit fait que fon Traité des Galles, il n'en feroit pas moins l'immortel MALPIGHI. M. de REAUMUR, fon égal, qui a fait tant de découvertes, & qui en a perfectionné tant d'autres, a confidérablement ajouté à celles du Naturalifte de Bologne fur ces excroiffances des Végétaux. On peut confulter là-deffus le beau Mémoire qui termine le troifieme Volume de fon Hiftoire des Infectes.

LES Galles dont il s'agit, doivent toutes leur origine à la piquure d'un Infecte, qui appartient pour l'ordinaire à la claffe des Mouches. A l'aide d'une efpece de tarriere, il fait une incifion dans quelque partie de la Plante; il y dépofe un œuf, qui fe trouve bientôt renfermé dans une Galle naiffante.

Au fortir du ventre de la Mouche, cet oeuf eft d'une petiteffe extrême. Au bout d'un certain tems, il acquiert une

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