Imágenes de páginas
PDF
EPUB

CHAP. VIII. gion de l'eftomac, la moitié inférieure & les extrêmités correfpondantes d'un Foetus (1)..

DANS les Monftres par défaut, une ou plufieurs parties, s'effacent, s'oblitterent, périffent. Dans les Monftres par excès, une ou plufieurs parties d'un Germe s'uniffent, s'anaftomofent avec un autre Germe; ou bien deux ou plufieurs parties d'un même Germe fe réuniffent pour n'en former qu'une feule.. L'analogie entre les parties favorife cette union, comme elle: favorife celle de la greffe avec fon fujet (2).

(1) Ibid. M. WINSLOW.

(2) tt On rencontre quelquefois des Poiffons hermaphrodites, ou qui paroif fent avoir les deux fexes. Ce font des Monftres par excès. On en a vu des exemples dans la Carpe, dans le Brochet, dans le Merlan. Hift. de l'Acad. de Paris 1737.

divers Animaux domeftiques, & même: fur les Poiffons.

A cette occafion, je dirai un mot du fexe. Il ne faut pas s'imaginer qu'il fe forme par la fécondation, comme l'ont cru plufieurs Phyficiens. Le fexe eft pré-formé comme toutes les autres parties de l'Animal. I eft dans les ovaires, des. On trouve auffi des Poiffons qu'on Germes måles & des Germes femelles,. pourroit nommer Neutres, parce qu'ils diftribués & arrangés dans chaque Ef font dépourvus de fexe. Ce font des pece fuivant une certaine proportion,. Monftres par défaut. Le Carpeau de & d'une maniere à nous inconnue Lese Lyon en fournit un exemple, Journ. Germes les plus mûrs fe développent de Phyf. Octobre 1775. Il paroit par préférablement aux autres, parce qu'ils les curieufes recherches de M. de LA- font plus irritables par le fperme. Si dans TOURRETTE, habile Naturalifte, que ce les Métifs, comme l'affure M. de BUF-Poiffon eft une vraie Carpe dépourvue de FON, (Supplém. Tome III, page 15,fexe. On ignore encore, fi cette pri- in 4to. ) le nombre des Mâles l'emporte vation de fexe n'eft due qu'à des acci- beaucoup fur celui des Femelles, foit dens postérieurs à la naiffance, ou s'il chez les Quadrupedes, foit chez les nait des Carpes fans fexe. Des Carpes, Oifeaux; ce n'eft point comme le penfe privées de fexe par accident, ne feroient cet Auteur célebre, parce que le Male pas proprement des Monftres: ce fe- influe en général plus que la Femelle roient des Animaux qui auroient fubi fur la production. C'eft probablement par des accidens naturels, une caftration parce qu'en vertu de leur conftitution analogue à celle que l'art opére. furoriginelle, les Germes Mâles arrivent

ON diroit que toutes les combinaisons poffibles aient été CHAP. VIII. faites. Si deux parties fe réuniffent pour n'en former qu'une feule, une partie unique fe divife quelquefois pour en former deux diftinctes & femblables. Une Femme qui avoit eu plufieurs Enfans, & qui étoit morte à l'âge de quarante ans d'une maladie de poitrine, avoit une double matrice, trèsbien organisée & faite en coeur. Le vagin étoit fimple, mais il y avoit au col deux orifices, qui répondoient à deux cavités, ou à deux matrices diftinctes & femblables. La lame interne du péritoine les féparoit & fourniffoit à chacune une enveloppe particuliere. L'inspection prouva que toutes deux avoient été occupées, fans qu'on pût dire quelle étoit celle qui l'avoit été le plus fouvent. Les autres parties du vifcere, favoir les ovaires, les trompes, les ligamens, étoient comme dans l'état naturel (1). Une pareille matrice rendoit les fuperfétations faciles elles font ordinaires chez les Animaux dont les Femelles ont, comme celle du Lievre, plufieurs matrices.

ON voit bien qu'il ne faut pas chercher l'origine de cette double matrice dans l'union de deux Germes. Elle avoit dépendu probablement de caufes qui avoient agi fur le vifcere même, & en particulier fur la lame interne du péritoine, qui l'avoient prolongée avec excès, & qui en avoient dirigé l'é volution de maniere à en faire naître une duplicature monftrueufe.

Mâles, qu'ils peuvent plus facilement
que les Germes Femelles, être ftimulés
par des fpermes d'efpeces différentes.
Confultez la note additionnelle fur l'Art.
CCCXLI.

plutôt à cet état de maturité ou de fo- | précoce que je fuppofe dans les Germes
lidité néceffaire à la fécondation, ou
qu'ils commencent plutôt à devenir irri-
tables. La liqueur fécondante y agit
ainfi avec plus d'efficace fur le cœur
ou le principal mobile; elle y excite
plus puiffamment la force contractile,
&c. Il réfulte donc de cette plus grande
irritabilité, ou de cette irritabilité plus

(1) Hift. de l'Acad. des Sciences, année 1752, page 75 & 76.

[ocr errors]

CHAP. VIII.

des Monf

tres par accident.

Germe & le

la forme &

ment des

lution.

CCCLI. JE ferai fur les Monftres une remarque importante, Remarques & qui me paroît très-favorable au fyftême des caufes accidenimportantes en faveur telles. Tandis que le Poulet eft encore dans l'état de Germe, toutes fes parties ont des formes, des proportions, des fituations qui different extrêmement de celles que l'évolution leur Differences fera revêtir. Cela va au point, que fi nous pouvions voir ce entre le Germe en grand, tel qu'il eft en petit, il nous feroit imFetus, re- poffible de le reconnoître pour un Poulet. On n'a pour s'en lativement à convaincre, qu'à relire l'Art. CXLVI. Le Poulet étendu alors à l'arrange en ligne droite, ne préfente, comme le Ver fpermatique, qu'une groffe tête & une queue effilée, qui renferme les ébauparties. Inégalités ches du tronc & des extrêmités. Cette forme & cette fituation dans l'évo- de la charpente, qu'on n'auroit fûrement pas devinées, peuvent rendre faciles certaines unions entre deux Germes, qui deviendroient difficiles entre deux Embryons un peu développés, & abfolument impoffibles entre deux Foetus prefque à terme. Le Germe n'eft, pour ainfi dire, compofé que d'une fuite de points, qui formeront dans la fuite des lignes. Ces lignes fe prolongeront, fe multiplieront, & produiront des furfaces. L'Homme & les Quadrupedes, dans l'état de Gerine, ont fans doute auffi des formes & des fituations qui ne reffemblent nullement à celles qu'ils acquiérent par le développement. De là des abouchemens, des anastomoses entre deux ou plufieurs Germes, qui donnent naiffance à différentes fortes de Monftres, dont la formation exerce la fagacité du Phyficien. On remarque que les Monftres par excès, font plus communs chez les Animaux qui produisent plufieurs Petits à la fois, que chez ceux qui n'en produifent qu'un ou deux: c'eft qu'il doit arriver bien plus fréquemment dans les premiers, que deux Germes fe rencontrent que dans les derniers. La ftructure particuliere des ovaires, des trompes, des matrices, & diverfes circonftances qui tiennent à tout cela, peuvent encore influer beaucoup dans ces rencontres fortuites (1).

(1) tt J'ai donné dans la note additionnelle fur l'Article CCCXXXV, un précis

ENFIN

toutes les parties du Germe ne fe développent pas CHAP. VIII. à la fois & uniformément; les obfervations fur l'incubation des œufs le démontrent (1) ; & cette inégalité dans l'évolution doit modifier les effets du contact, de la preffion, de l'adhérence, de la pénétration réciproque, de la greffe, &c. C'eft encore ici une remarque importante, & elle n'a pas échappé à M. LEMERY. Voici comment M. de FONTENELLE l'a rendue d'après les réflexions de l'habile Phyficien. Il ne faut pas, dit-il (2), fe repréfenter les deux Embryons qui fe détruisent à demi l'un l'autre, comme deux Animaux qui ne different qu'en grandeur d'avec des Animaux venus au jour. Ils en different plus effentiellement, en ce qu'ils peuvent

دو

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

des expériences de M. JACOBI, fur la fécondation artificielle des œufs des Saunions, & des Truites. Ce favant rapporte à ce fujet, un fait bien important, relativement à la queftion qui nous occupe. Je le tranfcrirai ici dans les propres termes de M. GLEDITSCH, à qui nous en devons la relation. Collection Académique, Tom. IX, Appendice, pag. 45.,, Notre Obfer,,vateur, dit-il, dont rien n'égale l'exac,, titude, a découvert auffi un nombre confidérable de Monftres parmi les Poiffons provenus de la fécondation artificielle, fur-tout parmi ceux qui venoient des ceufs des Truites. Il s'en eft trouvé entr'autres qui avoient deux têtes avec un feul corps, d'ailleurs ,, régulier; d'autres n'avoient qu'un ventre à deux, & parmi ces derniers on en voyoit dont les ventres s'étoient tellement confondus, qu'ils fembloient attachés l'un à l'autre dans toute leur longueur. D'autres tenoient ensemble, comme fi l'on avoit vu deux Truites l'une à côté de l'autre dans l'eau.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

دو

,, Quelques-uns préfentoient deux corps
,, qui alloient fe confondre en une feule
,, queue; mais le plus extraordinaire
de ces Monftres étoit, fans contre-
,, dit, celui qui étoit formé par deux
,, petits Poiffons réunis en croix, &
n'ayant qu'un feul ventre commun".
Ne femble-t-il pas, que ces divers
Monftres fi finguliérement fréquens dans.
les expériences de M. JACOBI, devoient
leur origine aux divers accidens occafion-
nés par le procédé même, qui favorifoit
plus ou moins la rencontre & la coalition
des Embryons ? C'eft grand dommage que
l'ingénieux Obfervateur n'eût pas ap-
profondi le fait dans le rapport à la
queftion fi agitée, de la formation des
Monftres. Quel avantage n'en eut point.
tiré M. LEMERY dans fes longs com.
bats contre M. WINSLOW !

(1) Confultez MALPIGHI de Ovo
incubate, & fur-tout le fecond Mé-
moire de M. de HALLER fur la for
mation du Poulet.

(2) Hift. de l'Acad. 1740.

CHAP VIII.

Autre remarque en faveur des Monftres par acci dent.

me & le

Foetus, re

[ocr errors]

دو

وو

دو

وو

وو

دو

n'avoir pas encore toutes leurs parties développées, ou en ce qu'ils les auront plus ou moins développées les unes ,, que les autres; car comme on l'a vu dans l'Hiftoire de 1739, d'après M. LEMERY même, & dans celle de 1701, le développement du Foetus eft non-feulement fucceffif, ainfi qu'il doit l'être naturellement, mais inégalement diftribué entre fes différentes parties; cela dépend de fon âge. Par-là on », conçoit aifément que telle partie qui aura été détruite par la preffion naturelle de deux Foetus, ne l'aura pas été par une preffion parfaitement égale de deux autres, parce qu'elle n'exiftoit pas encore dans ces deux derniers, qu'on suppofera plus jeunes. Il fe peut auffi que deux Embryons de différent âge, fe choquent ou fe preffent, de façon que ce qui aura été détruit dans l'un, ne le foit pas dans l'autre. Il fuffiroit même de la feule différence de force avec un âge égal. Il doit naître encore de ces principes généraux beaucoup de variétés ".

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

33

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

CCCLII. LE Germe de l'Homme, celui d'un Quadrupede ou d'un Oiseau, ont après la fécondation une confiftance, qui probablement ne differe pas beaucoup de celle d'un Polype. Or, rien ne favorife plus l'union entre des Touts orDifférence ganiques, que la ductilité des parties, & la quantité ainfi que entre le Ger- la qualité des fucs dont elles font continuellement abreuvées. Des gouttes de la même gelée ou d'une gelée analogue n'ont pas de peine à s'unir. Beaucoup moins d'analogie encore & plus de confiftance n'empêcheroient pas même que deux Touts organiques ne puffent fe greffer. Combien l'ergot du Coq differe-t-il de fa crête (1) ? L'art & affez souvent le hafard, réuniffent des portions de Polype ou différens Polypes, d'où naiffent cent fortes de Monftres. J'ai raconté bien des merveilles en ce genre (2). Si M. LEMERY les avoit con(1) Art. CCLXXI.

lativement à la confiftan.

[ocr errors]

(2) Chap. XI de la premiere Partie.

« AnteriorContinuar »