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des Enfans à fix doigts, quoiqu'elle époufe un Mari qui CHAP. VIII. n'en ait que cinq. Si cela arrive, voilà des exemples contraires, & alors il fera vrai de dire que le principe de la génération réfide dans l'un & l'autre fexe. Nous avons déja pour premiere preuve, Marie, Fille de Gratio, qui a eu un Garçon avec fix doigts au pied gauche, mais la Fille de ce Salvator pourra nous fournir quelque chofe de plus instructif ".

CE Gratio, qui avoit fix doigts aux mains & aux pieds, mais dont les pieds étoient difformes, a donc eu trois Fils & une Fille, Salvator, George, André, Marie.

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SALVATOR eft né, comme fon Pere avec fix doigts aux mains & aux pieds; ceux-ci font bien formés, le fixieme doigt eft feulement un peu plus court que les autres; mais les mains ne font pas auffi bien faites que celles de fon Pere.

Il a eu deux Fils & une Fille à vingt-quatre doigts, & un autre Fils qui n'en a que vingt.

GEORGE, né avec cinq doigts aux mains & aux pieds, a néanmoins une difformité dans les mains; fes deux pouces font plus gros & plus longs qu'ils ne devroient l'être, & lorfqu'on les manie l'on fent dans le milieu une féparation qui indique qu'ils font doubles. Il a encore une espece de difformité au pied gauche, les deux premiers doigts font collés l'un à l'autre.

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IL a eu un Fils & trois Filles. Le Fils a les mains & les pieds conformés à l'ordinaire. Les deux Filles aînées ont fix doigts aux mains & aux pieds; mais la Cadette, qui a fix doigts à chaque main & au pied droit, n'en a que cinq au pied gauche.

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CHAP. VIII

Effai d'explication des Monf. tres qui fe

propagent.

Nouveaux

REMARQUEZ que les Enfans de George qui ont fix doigts, font, en quelque forte, eftropiés, & qu'ils ne peuvent fe fervir de leurs mains pour travailler.

ANDRÉ, troifieme Fils de Gratio, eft venu au monde avec cinq doigts bien formés aux mains & aux pieds, & il a fait plufieurs Enfans qui n'offrent aucune monftruofité.

MARIE, Fille de Gratio, est née avec cinq doigts aux mains & aux pieds; mais elle a dans les deux pouces la même difformité que George fon Frere.

ELLE a mis au monde deux Fils & deux Filles; un des Fils a fix doigts à un pied. Les trois autres Enfans ne renferment rien monstrueux.

CCCLVI. J'AI récapitulé les principales circonstances du fait, afin que mon Lecteur les faifit mieux. Voilà donc une Famille de Monftres, qui fe propagent, mais avec des variétés plus ou moins remarquables, & que l'ignorance des caufes porteroit à regarder comme des bifarreries. La fréquence & principes de la propagation du phénomene ne permettent pas, ce me fem'Auteur fur ble, de recourir ici à l'hypothese des Germes originairement monftrueux.

éclairciffemens des

la Généra

tion.

GRATIO, Monftre à vingt-quatre doigts tranfmet donc fes monftruofités, en tout ou en partie, à la plupart de fes Enfans.

COMME il est démontré que le Germe appartient à la Femelle, & qu'il préexifte à la fécondation (1), on ne fauroit refuser d'admettre, que les Enfans de Gratio ne fuffent origi

(1) Art. CXLII, CLIV, CLVL

nairement bien conformés. Les Germes qui les repréfentoient CHAP. VIII. très-en petit, n'avoient que cinq doigts aux mains & aux pieds.

ILS ne font devenus des Monftres que par l'acte de la génération.

CET acte n'envoie au Germe qu'une liqueur. Cette liqueur a donc renfermé quelque chofe qui a fait naître la monftruofité.

POUR que la liqueur fécondante ait renfermé cette chofe, fource de la monftruofité, il a fallu que les organes de Gratio qui l'ont préparée, renfermaffent une autre chofe, qui correspondît à la conformation monftrueuse de ses mains & de fes pieds.

UN accident, à nous inconnu, avoit donc modifié les organes de la génération de Gratio, dans un rapport plus ou moins déterminé à la difformité dont il s'agit.

CETTE difformité eft par excès, & cet excès fuppofe que les molécules du fperme appropriées à l'évolution des mains & des pieds, étoient plus actives ou plus abondantes dans Gratio, qu'elles n'ont coutume d'être dans l'Homme.

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PUISQUE la monftruofité s'eft propagée le cas revient à celui du Mulet. Le fperme de l'Ane agit par excès fur le Germe du Cheval: il y modifie finguliérement l'organe de la voix. Il y a donc dans les organes de la génération de l'Ane, quelque chofe d'excédent, qui ne fe trouve pas dans ceux du Cheval.

Il y avoit donc dans les organes

de la génération de V v v 2

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CHAP VIII. Gratio quelque chofe d'excédent, qui ne fe rencontre pas communément dans l'Efpece humaine.

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CES organes renfermoient donc chez Gratio plus de vaiffeaux fécrétoires d'un certain genre, ou des vaiffeaux autrement conftitués que chez le commun des Hommes.

AINSI la liqueur féminale de Gratio a pu agir fur les Germes de fes Enfans, dans un certain rapport aux difformités de leur Pere.

ELLE n'y aura pas engendré de nouvelles parties, dont les ébauches n'exiftoient point auparavant : il est assez établi que rien n'eft engendré. Mais elle y aura déterminé avec plus de 'force, & fuivant des directions contraires à l'ordre naturel, l'évolution de différentes parties, foit membraneuses, soit cartilagineufes ou offeufes, du métacarpe & du métatarse. Elle y aura occafioné des divifions & un excès d'accroiffement, qui auront donné naiffance à ces monftruofités dont nous tâchons de découvrir les caufes.

LES folides font originairement formés de diverses lames que l'Art fait démontrer en les féparant. Ces lames font les rudimens des parties que le Germe offrira dans la fuite plus en grand. Ce que l'Art exécute fur de pareilles lames, des caufes naturelles ne pourroient-elles l'opérer auffi ? Une trop forte impulfion d'une liqueur très-active, ou une certaine maniere d'agir de cette liqueur, ne pourroient-elles féparer quelques-unes de ces lames, qui deviendroient ainfi le principe de parties furnuméraires ?

Il faut bien que la liqueur féminale produife cet effet, on
un effet analogue, puifque la monftruofité fe propage,
& qu'il
eft prouvé que cette liqueur n'engendre rien. Il exiftoit donc

1

avant fon action, des parties qu'elle a multipliées, & qu'elle CHAP. VII. n'a pu multiplier, qu'en les divifant & en les faifant croître avec excès.

L'ON juge facilement que cette évolution contre nature doit être toujours plus ou moins irréguliere. Les parties excédentes ne fauroient être conformées extérieurement & intérieurement d'une maniere précisément femblable à celle dont font con formées les parties qui fe développent dans l'ordre naturel Celles-là doivent différer de celles-ci par des caracteres plus ou moins marqués & plus ou moins nombreux. La diffection nous donneroit ces caracteres, comme elle nous donne ceux du Mulet. Mais nous n'avons point la diffection des mains & des pieds de Gratio, ni celle des mains & des pieds de fes Enfans. La difformité qu'on remarquoit dans la conformation des pieds. du premier, & dans celle des mains de fes deux Fils aînés & de fa Fille, prouve fuffifamment que l'évolution avoit été irréguliere.

MAIS fi l'action d'un certain fperme modifie extraordinairement différentes parties d'un Germe, cette action peut être modifiée, à fon tour, par la conftitution particuliere & par la résistance de ces parties dans d'autres Germes de la même efpece car on m'accordera fans peine que les Germes Spécifiquement femblables, peuvent ne l'être pas individuellement.

IL arrivera de là, que la même liqueur féminale ne produira pas les mêmes effets effentiels fur tous les Germes qu'elle fécondera. Elle est très-hétérogene, & les folides des Germes ne le font pas moins. Et combien de circonftances concomitantes & fubféquentes, qui peuvent faire naître de nouvelles irrégularités ?

Si la conftitution oiginelle des folides eft telle qu'ils retiennent leur conformation primitive, & qu'ils ne fe laiffent

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