CHAP. VII.

Occafion &

deffein de ce Chapitre.

Précis des Obferva

tions de M. de BUFFON.

1 Expérien. ce fur le fperme humain.

CHAPITRE VII.

Obfervations microfcopiques fur les liqueurs féminales, & fur les infufions de différentes efpeces.

Nouveau Systéme fur la génération.

XCV. E compofois le Chapitre précédent, lorfque le fecond volume de l'Hiftoire Naturelle, générale & particuliere, m'est tombé entre les mains. La conformité des matieres contenues dans ce volume avec celles que je viens de traiter, la réputation de l'Auteur, la fingularité du fyftême, la nouveauté des découvertes, l'air de preuve qu'elles affectent, & furtout la défiance où je dois être à l'égard de mes idées, m'avoient d'abord fait penfer à renoncer à tout ce que j'avois écrit fur la génération.

AVANT enfuite confidéré de plus près, quoique d'une vue générale, le nouveau fyftême & les expériences fur lesquelles on táche de l'établir, j'ai cru que je pouvois en donner ici un extrait, & hafarder en même tems de laiffer fubfifter mes conjectures. J'ai pensé que mes lecteurs aimeroient à choifir, à comparer & à combiner.

XCVI. Je vais donc donner un précis des nouvelles déCouvertes microfcopiques fur les liqueurs féminales, & fur les infufions de différentes efpeces. Je pafferai enfuite aux idées fingulieres que ces découvertes ont fait naître.

PREMIERE EXPÉRIENCE. Une goutte de fperme d'un homme mort récemment, & mêlé avec un peu d'eau claire, ayant été placée au foyer d'un excellent microfcope, on y apperçut d'abord

des

des filamens affez gros qui s'étendoient en rameaux & en branches, ou fe pelotonnoient & s'entreméloient. Ils étoient agités d'un mouvement d'ondulation. Plufieurs fe gonflerent, & de ces gonflemens fortirent des globules ou parties ovales, qui d'abord refterent attachées aux filamens par un petit filet, qui s'alongeoit peu-à-peu, & fe détacha du gros filament avec fon globule.

CETTE liqueur prenant, peu-à-peu, de la fluidité, les filamens difparurent, & les petits corps refterent fufpendus à leurs filets. Ils avoient la plupart un mouvement d'ofcillation, & de plus, un balancement vertical qui fembloit indiquer, que ces petits corps étoient ronds.

DEUX heures après, la liqueur étant devenue encore plus fluide, les petits globules fe mûrent plus librement, leurs filets fe raccourcirent; le mouvement d'ofcillation diminua, & le progreffif augmenta.

Au bout de cinq ou fix heures, les globules fe dégagerent entiérement de leurs filets; ils fe mûrent en avant avec une grande vîteffe; la plupart étoient ovales, quelques-uns avoient les deux extrémités gonflées.

Douze heures s'étant écoulées, la liqueur dépofa une espece de matiere gélatineufe blanchâtre, celle qui furnageoit, étoit claire comme de l'eau, mais vifqueufe, & l'activité des petits corps augmentoit en tout fens.

VINGT-QUATRE heures après, la matiere épaiffe étoit fort augmentée. Les corps en mouvement, dans ce qui reftoit de liqueur claire, étoient en petit nombre, & infenfiblement ils perdoient tout leur mouvement.

CHAP. VII.

h

CHAP. VII.

2 Exp. : fur le spermie humain.

3. Exp: fur

Chien.

TELLE eft la fuite des expériences faites fur cette premiere goutte de sperme. Elles femblent prouver que ces filets n'appartiennent point aux corps en mouvement; qu'ils n'en font ni queues, ni membres, & que plus ce filet eft long, plus ce globule eft embarraffé dans fon mouvement.

XCVII. SECONDE EXPÉRIENCE. Une autre goutte de femen, qui n'avoit point été mêlé avec l'eau, ayant été obfervée au microscope, il a paru que la liqueur étant devenue très-limpide au bout de dix à onze heures, les globules dépouillés de filets, fortoient d'une efpece de mucilage ou touffe de filamens; ils paffoient rapidement d'un côté du champ du microscope au côté oppofé, en forme de courant. Diminuant d'autant la fource d'où ils partoient, la liqueur fe deffécha, & devint comme un point noir dans fon milieu. Les globules mouvans qui fe réunirent par le defféchement, & qui perdirent de leur grandeur, formoient autour un réfeau ou toile d'Araignée; & en même tems qu'ils diminuoient de volume ils augmentoient en péfanteur fpécifique, ce qui les faifoit tomber au fond de la liqueur, fans conferver aucun

mouvement.

XCVIII. TROISIEME EXPÉRIENCE. Dans le femen d'un Chien, le fperme du on apperçut des corps mouvans femblables à ceux de l'Homme, avec des filets de même groffeur; feulement on n'y vit point de filamens. Le mouvement des globules vertical, étoit plus fort, mais pas fi rapide.

+ Exp: fur

queue, qui étoit

Le quatrieme jour, il n'y avoit qu'un très-petit nombre de ces globules, tandis qu'il en reftoit davantage qui n'avoient point de queue. La liqueur dépofa un fédiment compofé de globules fans mouvement, & de queues détachées.

XCIX. QUATRIEME EXPÉRIENCE Le femen d'un Chien depuis

peu ouvert, offrit une grande quantité de très-petits globules Cap. Vit.

fans mouvement.

LES tefticules de ce même Chien ayant été mis en infufion, on y apperçut trois jours après une grande quantité de corps mouvans, de figure ovale, fans filets, du refte femblables aux premiers, fe mouvant en tout fens ; quelques-uns changeant de figure, ou s'alongeant, ou fe raccourciffant, ou fe gonflant aux extrémités. On en vit jufques au vingtieme jour, qui fe mouvoient avec plus de rapidité que jamais, mais d'une petiteffe extrême. Alors il fe forma une espece de pellicule fur la furface de l'eau. Cette pellicule paroiffoit compofée des enveloppes de ces petits corps. L'eau n'avoit eu aucune communication avec l'air extérieur.

C. CINQUIEME EXPÉRIENCE. Après avoir fait ouvrir cinq Lapins, fans y avoir trouvé de liqueur féminale, le fixieme en donna en abondance. Elle fe réfolut lentement & par degrés, en filamens & en gros globules attachés les uns aux autres; mais fans mouvement diftinct. S'étant liquéfiée elle fe deffécha. Mélée avec de l'eau, elle ne put fe délayer.

AYANT fait une infufion de la liqueur du Lapin, on y obferva les mêmes gros globules, mais en petit nombre, & féparés les uns des autres, & dont les mouvemens étoient fi lents, qu'ils étoient à peine fenfibles. Ces globules diminuerent de volume quelques heures après, & leur mouvement fur leur centre augmenta.

Au bout de vingt-quatre heures, les globules parurent en beaucoup plus grand nombre. Ils avoient diminué de groffeur à proportion. Cette diminution de volume augmenta de jour en jour, en forte qu'au huitieme ils étoient prefque infenfibles.

le fperme du Chien.

5 Exp: fur le sperme du Lapin.

CHAP VII. Enfin, ils difparurent entiérement. Ils avoient ceffé de fe mouvoir un peu auparavant,

6 Exp. : fur le fperme du Lapin.

7 Exp : fur

CI. SIXIEME EXPÉRIENCE. La liqueur féminale du Lapin, au moment qu'il la fournit à fa femelle, parut plus fluide & donna des phénomenes différens. On y vit des globules en mouvement, & des filamens fans mouvement; des globules à filets, femblables à ceux de l'Homme, mais plus courts, & qui traverfoient le champ du microfcope en forme de courant. Il refte cependant quelque doute fur l'existence de ces queues ou filets qui pouvoient bien n'être que des traits formés dans la liqueur par la rapidité du mouvement de ces globules.

CII. SEPTIEME EXPÉRIENCE. La liqueur féminale du Bélier le iperme du produifit un nombre infini de corps, qui fe mouvoient en tout fens, & qui étoient de figure oblongue.

Bélier.

8 Exp. : fur le fperme des femel

les.

LA liqueur ayant été délayée avec de l'eau chaude, pour empêcher qu'elle ne fe coagulât, les petits corps y conferverent leurs mouvemens; leur nombre étoit prodigieux. Ils étoient fans queue.

CIII. HUITIEME EXPÉRIENCE. Les mêmes expériences furent faites fur la liqueur féminale des femelles.

On trouva cette liqueur dans des corps glanduleux femblables à des petits mammelons, qui étoient dans un des tefticules, placés à l'extrémité des cornes de la matrice d'une Chienne. On diftingua bientôt les petits corps mouvans, pourvus de queues ou de filets, & qui reflembloient entiérement à ceux du Chien

On y vit auffi plufieurs globules qui tâchoient de fe dé