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CHAP. II.

Limites de l'accroifle.

ment.

L'AFFINITÉ de ces particules avec les élémens, les rend pro pres à s'unir à eux.

La conformation & l'arrangement des élémens leur permet de s'étendre en tout fens jufqu'à un certain point, & de céder ainfi à l'impreffion du fluide nourricier.

On peut fe repréfenter une fibre fimple comme une espece d'ouvrage à réseau.

LES atomes nourriciers s'infinuent dans les mailles, & les agrandiffent peu-à-peu, en tout fens.

LES vaiffeaux qui reçoivent l'aliment groffier qui vient du dehors, & ceux qui le préparent, font nourris par d'autres vaiffeaux plus petits, destinés à répandre cet aliment par-tout.

CES vaiffeaux verfent le précieux extrait dans les interstice's que les fibres laiffent entr'elles, d'où il paffe enfuite dans les mailles de ces dernieres par une forte de fuccion, ou d'im

bibition.

Er comme les petits vaiffeaux ont eux-mêmes befoin d'être nourris, on peut fuppofer qu'ils fe nourriffent par eux-mêmes du fuc qu'ils contiennent, ou de celui qu'ils rencontrent entre les divers paquets de fibres qu'ils parcourent.

XV. ENFIN, lorfque les mailles d'une fibre fimple, se font autant agrandies que la nature & l'arrangement de leurs principes ont pu le permettre, cette fibre ceffe de croître, & ne reçoit plus que la nourriture deftinée à remplacer celle que la tranfpitarion & les mouvemens inteftins diffipent (1).

(1) Telles furent mes premieres méditations fur l'accroissement. J'ai tâché

d'approfondir un peu plus ce fujet téné breux dans quelques autres écrits, & en

CHAP. III.

CHAPITRE II I.

De la génération des Corps organifés. Des Monftres & des Mulets en général. Principes & conjectures fur leur formation.

Introduc

XVI.Tous les Corps organifés multiplient : & pendant que
la loi des diffolutions exerce fon empire deftructif fur la maffe tion.
des Etres vivans, la loi des générations préfide à la conferva-
tion des efpeces, & leur affure l'immortalité.

XVII. LA génération eft un de ces fecrets que la Nature femble s'être réfervé. Je crois cependant qu'on le lui arrachera quelque jour. J'en juge principalement par le nombre & la nature des découvertes dont on a déja enrichi cette matiere. Les vérités phyfiques, fruits de l'obfervation & de l'expérience, fe multiplieront & fe perfectionneront fans ceffe. Les vérités métaphyfiques, plus indépendantes des fens & des machines, & liées à un petit nombre d'idées abftraites, ne fe multiplieront pas, fans doute, en même proportion. Une intelligence qui connoîtroit à fond les forces de l'esprit humain, pourroit tirer l'horofcope des fciences, & prédire le degré de perfection où chacune d'elles parviendra. Je ferois fort porté à penser que la deftruction de notre globe n'arrivera que lorfque les hommes auront épuifé la connoiffance des productions qu'il renferme. Mais cet événement tient à d'autres qui ne paroiffent pas plus prochains.

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XVIII. LE germe exiftoit-il déja dans la graine, ou dans Deux hype

particulier dans la Palingénéfie philofo- | firment les principes que je m'étois faits

phique, Part. XI. C'eft-là qu'on verra des obfervations directes & très-curieufes d'un habile Académicien, qui con

dans ma jeuneffe fur la méchanique fe-
crette de l'accroissement.

thefes fur le

ou la

CHAP. 111. l'oeuf avant la fécondation? La pouffiere des étamines liqueur que le mâle fournit, n'eft-elle que le principe de fon développement ?

lieu de l'embrion.

1. Les œufs ou les graines prolifi

ques.

XIX. Ou la matiere féminale eft-elle le véhicule du germe, 2 l'Embrion & la graine ou l'oeuf, le logement deftiné à le recevoir ?

dans la li

queur fémi

nale.

Animaux

fperniati

Ques.

Systêmes auxquels ces Animaux

Ce font là, deux hypothefes qui fe disputent la préférence,' & leur combat n'eft pas près de finir.

XX. UNE découverte imprévue, faite par le microscope dans le dernier fiecle, a paru donner de la fupériorité à la feconde hypothese fur la premiere. Je veux parler de la découverte des Animalcules Spermatiques.

Ces animaux d'une petiteffe extrême, ont paru nager dans prefque toutes les femences qu'on a foumises à cet examen. On a comparé leur forme à celle du Tétard; leur tête est groffe & arrondie, & le refte de leur corps eft très-effilé. La plus petite goutte de femence en renferme un nombre prodigieux. On les voit s'y jouer avec une agilité merveilleufe, comme les Poiffons dans un lac.

LES fujets qui ne font pas encore en état d'engendrer, ceux qui font avancés en âge, ou attaqués de maladies vénériennes, n'offrent point de ces animaux.

XXI. Sur ces faits réels ou apparens, on a imaginé que les animalcules fpermatiques étoient les auteurs immédiats de la ont donné génération. On a fuppofé ingénieufement qu'ils fubiffoient des métamorphofes analogues à celles des Infectês ou du Tétard. Mais on s'eft partagé fur la maniere de la fécondation.

naiffance.

LES uns ne voulant point reconnoître d'ovaires dans les

femelles

femelles des animaux vivipares, ont cru que l'animalcule s'attachoit à quelque endroit particulier de la matrice, d'où il tiroit la nourriture destinée à le faire croître.

LES autres, partifans déclarés des ovaires, veulent que le Ver Spermatique s'introduife dans la véhicule, qui, felon eux, fe détache de l'ovaire, & tombe par la trompe dans la matrice, & que ce foit dans cette véficule qu'il prenne fes premiers accroiffemens.

XXII. CES Phyficiens appliquent aux grains de la pouffiere des étamines, ce qu'ils difent des animaux Spermatiques.

ILS regardent chaque grain renfermé dans un globule des étamines, comme un petit œuf, qui contient le germe de la Plante future. Ils nous font remarquer que la graine, avant la fécondation, n'eft qu'une véhicule, pleine d'une liqueur limpide, dans laquelle les meilleurs microfcopes ne nous découvrent aucune trace d'embrion: mais que fi l'on examine cette même graine après la fécondation, on y appercevra un point verdâtre, fort reffemblant à un grain de la poufliere des étamines.

XXIII. LE fyftême des Vers féminaux eft affurément ingénieux, & il femble au premier coup-d'oeil, n'être pas deftitué de probabilité. Quelques obfervations cependant le rendent au moins douteux, pour ne rien dire de plus.

On n'a pu découvrir de ces Vers dans la femence de quelques animaux.

ON a découvert dans celle du Calmar, de petits Corps à reffort, qui paroiffent être analogues aux Vers fpermatiques, Tome III.

B

CHAP.

Application

d'un de ces.
fyftêmes à la
géneration
des Plantes.

Doutes &

difficultés fur le fyftême des animaux fpermatiques.

CHAP. III- & qui pourroient faire douter que ces Vers foient de vérita bles animaux (1).

Réflexions

fur les nou

EN les fuppofant tels, il y auroit lieu de penfer, qu'il en eft de la liqueur féminale comme de tant d'autres efpeces de liqueurs, que l'AUTEUR de la Nature a jugé à propos de peupler de différentes efpeces d'habitans.

ENFIN, on croit avoir apperçu de femblables Vers dans la femencé de quelques femelles de Quadrupedes.

QUELLE place affignera-t-on à ces Vers; quel rôle leur ferat-on jouer dans le fyftême dont nous parlons?

IMAGINERA-T-ON qu'ils s'accouplent avec ceux qui habitent la femence du mâle, & que de ces accouplemens naiffent les germes, auteurs de la génération? Ce feroit reculer la difficulté d'un degré.

CONJECTURERA-T-ON qu'ils fe greffent, ou s'uniffent les uns aux autres, pour former différens Touts individuels?

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XXIV. OSERGIS-JE joindre ici mes conjectures fur la génération à celles de tant de favans Phyficiens qui ont traité jectures cette matiere? Une réflexion que je crois jufte, m'enhardit à qu'on peut le faire.

velles con

imaginer pour expli quer la gé nération.

ON ne fauroit avoir trop de conjectures fur un fujet obfcur. Ce font autant de fils qui peuvent nous conduire au vrai par différentes routes, ou nous donner lieu de découvrir de nouvelles Terres. Les conjectures font les étincelles, au feu def

(1) Nouvelles Découvertes faites avec le Microfcope, par T. NEEDHAM. Leide, Luzac 1747. Chap. V.

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