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;; Vous reconnoîtrez aux numéros des Chapitres, des paragraphes & des pages, que ce Manufcrit fait partie d'un ,, ouvrage dont voici en deux mots l'histoire. L'étude des ,, Infectes m'ayant extrêmement fatigué la vue, je fus forcé de me févrer d'un plaifir fi vif pour moi; mais mon efprit ,, naturellement très-actif, ne put fe livrer à un repos abfolu; , je me mis donc à méditer fur toutes les parties de la Na,,ture. J'arrangeai mes méditations dans un certain ordre; ,, j'en formai une espece de fyftême harmonique que j'intitulai ,,CONTEMPLATION DE LA NATURE. Infenfiblement mon ou,, vrage groffit, & dans peu d'années, je me trouvai un ,, Volume de méditations de plus de neuf cents pages. C'étoit une fuite de Tableaux auffi variés que la Nature. Mes yeux », ne me permettant pas toujours d'écrire moi-même, je con,, damnai mon cerveau à retenir ce qu'il avoit compofé, juf

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qu'à ce que quelqu'ami vînt me prêter fa main, & écrire ,, fous ma dictée. De-là cette diverfité de caracteres que vous , trouverez dans le Manufcrit que je vous envoie.

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CEPENDANT je n'étois pas au bout du plan que je m'étois tracé. La multitude des objets que j'avois encore à confi, dérer, m'effrayoit: mes Recherches fur l'ufage des Feuilles étant survenues, je fufpendis mon grand ouvrage; & lorf» que je l'eus fufpendu pendant un tems, je n'eus plus la , force de m'y remettre. Je le laiffai donc dormir dans mon cabinet, après l'avoir lu en entier à une Société de gens de Lettres, qui en fut plus contente que je n'avois ofé

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l'efpérer. Pendant que cet ouvrage dormoit, il me venoit de ,, tems en tems en penfée, d'en détacher quelques parties ,, pour les donner au Public. Mais les imperfections que je découvrois dans ces productions, la jufte défiance où je fuis de mes talens & de mes lumieres, détournoient toujours cette idée de mon efprit.

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5, ENFIN, Vos admirables Obfervations fur le Poulet ont paru je les ai lues avec avidité; & j'ai été agréablement : , furpris de la conformité de quelques-unes de vos idées avec les miennes ; j'ai commencé à me fentir un peu réchauffé ,, pour cet ouvrage infortuné que j'avois abandonné à la , pouffiere de mon cabinet. J'ai donc pris le parti de vous écrire fur ce qui m'avoit roulé fi long-tems dans l'efprit; mais je l'ai fait en fort peu de mots vos réponses ont achevé de me convaincre que nous avions les mêmes idées fur la génération. Aujourd'hui vous avez la bonté de vouloir ", vous occuper de la fuite de mes méditations; ce defir eft très-flatteur pour moi: je foumets donc mon Manufcrit à votre jugement. S'il avoit le bonheur de vous plaire, je ferois très-récompenfé de mon travail. S'il vous plaisoit assez » pour qu'il vous parût mériter d'être publié, une des principales raifons qui m'engageroient à y confentir, feroit l'extrême impatience que j'ai .de me parer auprès du Public de l'amitié dont vous m'honorez, Monfieur, & de lui apprendre à quel point je vous eftime & je vous refpecte.

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,, EN lifant ce Manufcrit, veuillez vous fouvenir qu'il a

,, été compofé, comme le refte de l'ouvrage, tantôt dans un

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jardin, tantôt dans la campagne, tantôt dans un bois, à pied, à cheval, en carroffe. La partie qui fuit immédiatement celle-ci, eft un parallele des Plantes & des Animaux, dans lequel j'ai raffemblé en petit tout ce que ces deux claffes d'Ètres organifés offrent de plus intéreffant. Quand j'ai lu ,, ce que l'on a écrit avant vous, Monfieur; fur la formation des Corps organifés, j'en ai été peu fatisfait, & j'étois prefque tenté de préférer mes idées à celles des Auteurs qui ,, m'avoient précédé. Au moins il me fembloit que j'approfondiffois un peu plus la matiere qu'ils ne l'avoient fait ".

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EN me renvoyant mon Manufcrit, M. de HALLER m'honora d'une réponse, qu'il me permit de rendre publique, & que je produis ici, parce qu'il me femble que la véritable modeftie ne confifte pas à taire l'approbation d'un grand homme; mais qu'elle confifte à ne la regarder que comme que comme un encouragement. Il faut bien d'ailleurs que le Public fache les motifs qui m'ont engagé à ne pas fupprimer les prémices d'un travail, que j'ai tâché dans la fuite de perfectionner.

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Je vous fuis très-obligé, Monfieur, de la lecture agréable , & inftructive que vous m'avez procurée. Elle eft venue bien à point dans un accès de goutte qui m'a tenu depuis quinze

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,, jours, & dont quelques momens ont été des plus douloureux. Je vous le renvoie, votre Manufcrit, en vous priant avec le zele d'un Cofmopolite, de le publier. Je ferois charmé fi je pouvois contribuer à tirer du cabinet un ou,, vrage auffi bien penfé que le vôtre. Il y a deux claffes de Savans il y en a qui obfervent, fouvent fans écrire; il y en a auffi, qui écrivent fans obferver. On ne fauroit trop ,, augmenter la premiere de ces claffes, ni peut-être trop diminuer la feconde. Une troifieme claffe eft plus mauvaise », encore, c'est celle qui obferve mal ".

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Je cédai à une invitation fi preffante & fi propre à me raffurer fur le jugement du Public, & immédiatement après avoir achevé mon Effai Analytique fur l'Ame, je repris mes recherches fur les Corps organisés. Je ne fongeois d'abord qu'à compofer un nouveau Chapitre, qui contiendroit un précis des découvertes de M. de HALLER: mais, dès que j'eus commencé à exécuter ce projet, je prévis que je ferois appellé à creuser divers fujets, que je n'avois qu'effleurés dans mon premier écrit. Je ne voyois point encore jufqu'où ces nouvelles méditations me conduiroient: je ne fentois que la néceffité de perfectionner mes recherches, & je la fentois fortement,

VOILA Comment j'ai été acheminé à remanier mon fujet, à développer & à rectifier mes premieres idées, & à présenter au Public une nouvelle fuite de faits, de conféquences & d'analyfes.

Je n'ai pas parcouru tous les Auteurs qui ont écrit fur les Corps organifés; le nombre en étoit trop grand. Je me fuis borné à confulter ceux qui m'ont paru les plus originaux, & j'ai rendu leurs Obfervations avec toute l'exactitude & la précifion dont j'étois capable.

J'AI eu un grand avantage; j'ai moi-même obfervé. Cela m'a donné plus de facilité à faifir & à extraire les Natura. liftes que je confultois. J'ai cru qu'on me permettroit de faire usage de mes propres Obfervations, & je l'ai fait lorsque j'y; ai été appellé.

Je n'ai tiré des faits que les conféquences qui me sembloient en découler le plus naturellement. J'ai fouhaité que mon Livrefût une espece de Logique. Je n'ai donc pas mis les conjec.. tures à la place des faits; mais j'ai fait en forte qu'elles réfultaffent des faits comme de leurs principes. Ceux de mes Lec-. teurs qui ne voudront que juger de ma marche & de ma théorie, liront feulement le Chapitre XII de la Ire. Partie, & les Chapitres I, II, VII, VIII, de la IIde. Partie.

PARMI les faits variés & multipliés qui s'offroient à mon examen, j'ai choifi ceux que j'ai jugé les plus certains & les; plus intéreffans. Peut-être même qu'il n'a point encore paru d'ouvrage fur la Génération, qui en contînt davantage que celui-ci, & fur la vérité defquels on pût élever moins de. doutes.

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