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PREFACE.

APRès avoir tenté d'analyfer les facultés de notre Ame (1); j'ai effayé d'analyfer l'origine, le développement & la génération des Corps organifés. On ne préfumera pas que j'aie prétendu découvrir le myftere de la génération : il eft encore voilé aux yeux des plus grands Phyficiens; j'ai feulement cherché à ramener cette belle partie de l'Hiftoire Naturelle à des principes plus philofophiques que ceux qu'on a tâché de leur substituer

dans ces derniers tems.

LES huit premiers Chapitres de ces Confidérations font la production de ma jeuneffe. Je les ai détachés d'un plus grand ouvrage, que j'avois intitulé Contemplation de la Nature, & qui n'étoit qu'une fuite de méditations philofophiques fur la Nature. Il étoit déja fort avancé, lorfque je l'interrompis pour travailler à mes Recherches fur lufage des feuilles dans les Plantes, que je publiai en 1754 (2). Engagé depuis dans. des méditations d'un tout autre genre, j'oubliai ma Contemplation de la Nature. De tems en tems néanmoins, je fongeois à en détacher l'écrit fur la Génération, & à le foumettre au jugement du Public; mais j'étois toujours retenu par le fentiment de fon imperfection. Je pris donc le parti de différer

(1) Fai Analytique fur les facultés de l'Ame. A Copenhague, chez les freres Philibert, 1760, in-4to.

(2) A Leide, chez Elie Luzac, in-4to, avec Figures.

la publication de cet écrit, & d'attendre de nouvelles lumieres des expériences dont la Phyfique s'enrichit chaque jour.

J'AVOIS admis l'évolution, comme le principe le plus conforme aux faits & à la faine Philofophie. Je fuppofois que & que celletout Corps organifé préexiftoit à la fécondation, ci ne faifoit que procurer le développement du Tout organique deffiné auparavant en miniature dans la graine ou dans l'oeuf. J'effayois d'expliquer comment la fécondation opéroit cet effet, & à mefure que j'analyfois, je me perfuadois de plus en plus qu'on démontreroit un jour la préexistence du Germe dans la femelle, & que l'efprit féminal n'engendroit rien.

MAIS je ne faifois qu'entrevoir, & je voulois voir pour raifonner plus folidement. Quelques faits me paroiffoient équivoques; d'autres faits m'étoient contraires en apparence, & quoique je fentiffe bien qu'il y auroit des moyens de les concilier avec mes idées, je n'étois pas content de mes tentatives en ce genre. Je ne ceffois pas un inftant de penfer qu'il n'y avoit point de génération proprement dite, & que tout fe réduifoit à un fimple développement. J'avois en main divers faits qui fembloient concourir à le prouver. Je tachois d'approfondir ces faits; je les comparois entr'eux, je les décompofo's; j'oppofois mon hypothefe à celle qu'un célebre Académicien venoit de publier, & ce parallele, qui ne m'étoit pas défavorable, achevoit de me confirmer dans mes premiers principes. Cependant il reftoit toujours à démontrer que le Germe appar

tenoit

tenoit à la femelle, qu'il préexistoit ainfi à la fécondation, & que l'évolution étoit la loi universelle des Êtres organisés.

ENFIN cette découverte importante que j'attendois & que j'avois ofé prédire, me fut annoncée en 1757, par M. le Baron de HALLER, qui la tenoit de la Nature elle-même. J'avois dit dans mon écrit (1), en répondant à une objection qu'on pouvoit tirer des obfervations de MALPIGHI fur le Poulet, qu'on vouloit juger du tems où les parties d'un Corps organifé ont commencé d'exifter, par celui où elles ont commencé de devenir fenfibles. On ne confidere point, ajoutois-je, que le repos, & la petiteffe la transparence de quelques-unes de ces parties, peuvent nous les rendre invifibles, quoiqu'elles exiftent réellement. La découverte de M. de HALLER démontroit rigoureufement cette grande vérité. Elle prouvoit encore d'une maniere incontestable, que le Poulet appartenoit originairement à la Poule, & qu'il préexiftoit à la conception. Ses beaux Mémoires fur la formation du Poulet, que cet illuftre Phyficien m'envoya bientôt après, me donnerent tous les détails que je demandois. Je me hâtai de lui en témoigner ma juste gratitude & ma fatisfaction, dans la Lettre fuivante, datée de Geneve le 30 d'Octobre 1758.

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Vos Poulets m'enchantent: je n'avois pas efpéré que le

, fecret de la génération commenceroit fi-tôt à fe dévoiler.

C'est bien vous, Monfieur, qui avez fu prendre la Nature

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,, fur le fait. J'avois tenté, il y a une dixaine d'années, de la

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deviner, & j'ai été bien agréablement furpris, lorsque j'ai vu vos Obfervations s'accorder fi parfaitement avec mes conjec,,tures, & votre hypothefe avec la mienne. Si vous avez gardé mes Lettres, & fi vous prenez la peine de parcourir celles que j'ai eu l'honneur de vous écrire depuis quatre ,, ans, vous y trouverez les premiers rudimens de cette hypothefe. Elle fait le fujet d'un écrit que je compofai en 1747; & que j'avois quelque deffein de rendre public. D'autres ,, occupations m'étant furvenues, je n'ai pu le retravailler : mais j'ai bien envie de le foumettre, tel qu'il eft, à votre jugement, &c. ".

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M. de HALLER voulut bien me témoigner de l'empreffement à voir mes méditations. Je les lui envoyai donc, en les faifant précéder d'une Lettre qui en contenoit l'histoire, & dont je place ici la copie.

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A Geneve, le 4 de Décembre 1758.

, Vous voulez donc Monfieur, que je vous ennuie en

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vous donnant à lire mes méditations fur la formation des

Corps organifés. J'obéis: les voilà donc en original, telles ,, que je les ai écrites ou dictées, il y a dix à onze ans. Je » n'y ai pas changé un feul mot, afin que vous puissiez mieux ,, juger quelles ont été mes premieres idées fur ce fujet in

téreffant, & quelle a été la marche de mon efprit dans ces routes ténébreuses.

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