POESIES DE MALHERBE. LIVRE PREMIER. PARAPHRASE DU PSE AUME VIII. Sageffe éternelle, à qui cet Univers Doit le nombre infini des miracles divers Qu'on voit également für laTerre & fur l'Onde; Mon Dieu, mon Créateur, Que ta magnificence étonne tout le monde, Et que le Ciel eft eft bas au prix de ta hauteur! A Quelques blafphémateurs, oppreffeurs d'inno cens, A qui l'excès d'orgueil a fait perdre le fens, De profanes difcours ta puillance rabaissent: Mais la naïveté, Dont même au berceau les enfans te confeffent, Cloft-elle pas la bouche à leur impieté? De moy, toutes les fois que j'arrefte les yeux A voir les ornemens dont tu pare les Cieux, Tu me femble fi grand, & nous fi peu de chofe, Que mon entendement Ne peut s'imaginer quel amour te difpofe Il n'eft foibleffe égale à nos infirmitez: [ lieu. Quelles marques d'honneur fe peuvent ajouter A ce comble de gloire où tu l'as fait monter? Et pour obtenir mieux, quel fouhait peut-il faiLuy, que jufqu'au Ponant, Depuis où le Soleil vient deffus l'hémisphère, Ton abfolu pouvoir a fait fon lieutenant. [re? Si-toft que le befoin excite fon defir, Une fecrete loy de fe faire la guerre Certes je ne puis faire en ce raviffement Que rapeler mon ame; & dire baffement, O fageffe éternelle, en merveilles féconde, Mon Dieu, mon Créateur Que ta magnificence étonne tout le monde, Et que le Ciel eft bas au prix de ta hauteur! PARAPHRASE DU PSEAUME CXXVIII. Es funeftes complots des ames forcenées, Loui penfoient triompher de mes jeunes an nées, Ont, d'un commun affaut, mon repos offensé. rage a mis au jour ce qu'elle avoit de pire; Certes je le puis dire: Leur Mais je puis dire auffi qu'ils n'ont rien avancé, J'eftois dans leurs filets: c'eftoit fait de ma vie, Leur funefte rigueur qui l'avoit poursuivie, Méprifoit le confeil de revenir à foy: Et le coutre aiguilé s'imprime fur la terre Moins avant que leur guerre N'efperoit imprimer fes outrages fur moy. [nelle. Dieu, qui de ceux qu'il aime eft la garde éterMe témoignant contre eux fa bonté paternelle, A felon mes fouhaits terminé mes douleurs. Il a rompu leur piége ; & de quelque artifice Qu'ait ufé leur malice, [leurs Ses mains, qui peuvent tout, m'ont dégagé des A j 十 La gloire des méchans eft pareille à cette herbe, Eft réputé pour elle une longue faison. Bien eft-il mal-aifé que l'injufte licence [ce, Qu'ils prennent chaque jour d'affliger l'innocenEn quelqu'un de leurs voeux ne puiffe profperer: Mais tout incontinent leur bon-heur fe retire : Et leur honte fait rire Ceux que leur infolence avoit fait foupirer. PARAPHRASE DU PSEAUME CXLV. N 'ESPERONS plus, mon ame, aux promeffes Sa lumiere eft un verre, & fa faveur une onde, En vain, pour fatisfaire à nos lafches envies Véritablement hommes; [re Ont-ils rendu l'efprit? ce n'eft plus que poullieQue cette Majefté fi pompeufe & fi fiere, Dont l'éclat orgueilleux étonnoit l'Univers : Et dans ces grands tombeaux, où leurs ames Font encore les vaines. [hautaines Ils font mangez des vers. Là fe perdent ces noms de Maiftres de la Terre, D'Arbitres de la paix, de Foudres de la guerre. Comme ils n'ont plus de fceptre, ils n'ont plus de flateurs: Et tombent avec eux, d'une chute commune, { LES LARMES DE S. PIERRE, imitées du Tanfille. En'eft pas en mes vers qu'une amante abusée Des appas enchanteurs d'un parjure Théfée, Après l'honneur ravi de fa pudicité, Laiffée ingratement en un bord folitaire, Fait de tous les affauts que la rage peut Une fidèle preuve à l'infidélité. faire Les ondes que j'épans d'une éternelle veine, Dans un courage faint ont leur fainte fontaine Où l'amour de la terre & le foin de la chair Aux-fragiles penfers ayant ouvert la porte, Une plus belle amour fe rendit la plus forte, Et le fit repentir auffi-toft que pécher. |