Se termine cette manie; Et que las de perpétuer Une fi longue mal-veuillance Nous employons noftre vaillance Ailleurs qu'à nous entretuer.
La Difcorde aux crins de couleuvres, Pefte fatale aux Potentats,
Ne finit fes tragiques œuvres Qu'en la fin mefme des Eftats. D'elle nâquit la frenéfie
De la Grèce contre l'Afie: Et d'elle prirent le flambeau, Dont ils defolèrent leur terre, Les deux frères de qui la guerre. Ne ceffa point dans le tombeau.
C'eft en la paix que toutes chofes Succèdent felon nos defirs:
Comme aux Printems naiffent les roses, En la paix naiffent les plaifirs.
Elle met les pompes aux villes ; Donne aux chams les moiffons fertiles; Et de la majesté des loix
Appuyant les pouvoirs fuprêmes,
Fait demeurer les Diadêmes Fermes fur la tefte des Rois.
Ce fera deffous cet Agide, Qu'invincible de tous coftez, Tu verras ces peuples fans bride Obéir à tes volontez;
Et furmontant leur espérance, Remettrás en telle affurance Leur falut qui fut déploré, Que vivre au fiécle de MARIE, Sans menfonge & fans flaterie Sera vivre au fiècle doré.
Les Mufes, les neuf belles Fées Dont les bois fuivent les chansons, Rempliront de nouveaux Orfées La troupe de leurs nourriffons. Tous leurs vœux feront de te plaire: Et fi ta faveur tutelaire
Fait figne de les avouer
Jamais ne partit de leurs veilles Rien qui fe compare aux merveilles Qu'elles feront pour te louer.
En cette hautaine entreprife, Commune à tous les Beaux-efprits, Plus ardent qu'une Athléte à Pise, Je me ferai quitter le prix. Et quand j'auray peint ton image, Quiconque verra mon ouvrage, Avoura que Fontaine-bleau, Le Louvre, ni les Tuileries, En leurs fuperbes galeries N'ont point un fi riche tableau.
Apollon, à portes ouvertes Laiffe indifféramment cueillir Les belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir :
Mais l'art d'en faire des couronnes, N'eft pas fu de toutes personnes; Et trois ou quatre feulement, Au nombre defquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement.
POUR LA REYNE MERE DU ROY, pendant fa Régence.
Venez donc, non pas habillées Comme on vous trouve quelquefois, En juppe deffous les feuillées, Danfant au filence des bois. Venez en robes, où l'on voye Deffus les ouvrages de foye
Et chargez de perles vos teftes,
Comme quand vous allez aux festes Où les Dieux vous font appeler.
Quand le fang bouillant en mes veines Me donnoit de jeunes defirs, Tantoft vous foufpiriez mes peines, Tantoft vous chantiez mes plaifirs: Mais aujourd'hui que mes années Vers leur fin s'en vont terminées, Siéroit-il bien à mes écris D'ennuyer les races futures Des ridicules avantures
D'un amoureux en cheveux gris.
Non, Vierges, non, je me retire De tous ces frivoles difcours : Ma Reyne eft un but à ma lyre, Plus jufte que nulles amours; Et quand j'auray, comme j'efpère, Fait ouir du Gange à l'Ibère Sa louange à tout l'Univers, Permeffe me foit un Cocyte, Si jamais je vous follicite De m'aider à faire des vers.
Auffi bien chanter d'autre chofe, Ayant chanté de fa grandeur, Seroit-ce pas après la rofe Aux pavots chercher de l'odeur ? Et des louanges de la Lune Defcendre à la clarté commune.
D'un de ces feux du Firmament Qui fans profiter & fans nuire N'ont reçu l'ufage de luire Que par le nombre feulemeut
Entre les Rois à qui cet âge Doit fon principal ornement, Ceux de la Tamife & du Tage Font louer leur gouvernement: Mais en de fi calmes Provinces, Où le Peuple adore les Princes, Et met au degré le plus haut L'honneur du Sceptre légitime, Sauroit-on excufer le crime De ne régner pas comme il faut
Ce n'eft point aux rives d'un fleuve, Où dorment les vens & les eaux, Que fait fa veritable preuve
L'art de conduire les vaiffeaux. Il faut en la plaine falée Avoir lutte contre Malée, Et près du naufrage dernier, S'eftre vu deffous les Pléiades, Eloigné de ports & de rades, Pour eftre cru bon marinier.
Ainfi quand la Grèce partie D'où le mol Anaure couloit, Traverfa les mers de Scythie En la navire qui parloit; Pour avoir fu des Cyanées, Tromper les vagues forcenées,
« AnteriorContinuar » |