C'est à ceux qui n'ont rien du leur Eftimable aux races futures;
Non pas à toy, qui reveftu De tous les dons que la Vertu Peut recevoir de la Fortune, Connois que c'est que du vray Et ne veux pas, comme la Lune, Luire d'autre feu que du tien.
Quand le monftre infame d'Envie, A qui rien de l'autruy ne plaift, Tout lafche & perfide qu'il eft, Jette les yeux deffus ta vie, Et te voit emporter le prix
Des grands cœurs, & des Beaux efprits, Dont aujourd'huy la France eft pleine; Eft-il pas contraint d'avouer,
Qu'il a luy-mefme de la peiue A s'empefcher de te louer?
Soit que l'honneur de la carrière T'appelle à monter à cheval, Soit qu'il fe préfante un rival Pour la lice, ou pour la barrière, Soit que tu donnes ton loifir A prendre quelque autre plaifir, Eloignez des molles délices; Qui ne fait que toute la Court, A regarder tes exercices, Comme à des théatres accourt ?
Ce joyau d'honneur & de foy Dont l'Arne à la Seine s'allie Thétis ne fuivit-elle pas
Ta bonne grace, & tes appas, Comme un objet émerveillablc, Et jura qu'avecque Jason, Jamais Argonaute femblable N'alla conquerir la Toison?
Tu menois le blond Hyménée, Qui devoit folennellement De ce fatal accouplement Célébrer l'hureuse journée, Jamais il ne fut fi paré; Jamais en fon habit doré Tant de richeffes n'éclatèrent; Toutefois les Nymphes du lieu, Non fans apparance, doutèrent Qui de vous deux eftoit le Dieu.
De combien de pareilles marques, Dont on ne me peut démentir, Ay-je de quoy te garentir Contre les menaces des Parques ? Si ce n'eft qu'un fi long difcours A de trop pénibles détours; Et qu'à bien difpenfer les chofes, Il faut mefler, pour un Guerrier A peu de myrrhe & peu de rofes Force palme & force laurier?
Achille eftoit haut de corfage; L'or éclatoit en fes cheveux;
Et les. Dames avecque vœux Soupiroient après fon vifage: Sa gloire à danfer & chanter, Tirer de l'arc, fauter, lutter, A nulle autre n'eftoit fegonde: Mais s'il n'uft rien u de plus beau, Son nom qui vole par le Monde, Seroit-il pas dans le tombeau ?
S'il n'uft par un bras homicide, Dont rien ne repouffoit l'effort, Sur Ilion vengé le tort
Qu'avoit reçu le jeune Atride; De quelque adreffe qu'au giron Ou de Phénix, ou de Chiron, Il ust fait son apprentiffage, Noftre âge auroit-il aujourd'huy Le mémorable témoignage Que la Grèce a donné de luy?
C'eft aux magnanimes exemples, Qui fous la bannière de Mars Sont faits au milieu des hazars, Qu'il appartient d'avoir des Temples; Et c'eft avecque ces couleurs, Que l'hiftoire de nos malheurs Marquera fi bien ta mémoire, Que tous les fiècles avenir N'auront point de nuit affez noire, Pour en cacher le fouvenir.
En ce long-tems, où les manies D'un nombre infini de mutins,
Pouffez de nos mauvais deftins, Ont affouvi leurs félonnies, Par quels faits d'armes valureux, Plus que nul autre avantureux, N'as-tu mis ta gloire en eftime? Et déclaré ta paffion,
Contre l'efpoir illégitime De la rebelle ambition ?
Tel que d'un effort difficile Un fleuve au travers de la mèr,, Sans que fon gouft devienne amèr, Paffe d'Elide en la Sicile; Ses flots par moyens inconnus En leur douceur entretenus, Aucun mélange ne reçoivent; Et dans Syracufe arrivant, Sont trouvez de ceux qui les boivent Auffi peu falez que devant.
Tel, entre ces efprits tragiques Ou plutoft démons infenfez, Qui de nos dommages paffez Tramoient les funeftes pratiques, Tu ne t'ès jamais diverti De fuivre le jufte parti; Mais blafiant l'impure licence De leurs déloyales humeurs, As toujours aimé l'innocence, Et pris plaifir aux bonnes mœurs,
Depuis que pour fauver la terre, Mon Roy, le plus grand des humains,
Ut laiffé partir de fes mains Le premier trait de fon tonnerre, Jufqu'à la fin de fes explois, Que tout u reconnu fes lois, A-t-il jamais défait armée, Pris ville, ni forcé rempart Où ta valeur accoutumée N'ait u la principale part?
Soit que près de Seine & de Loire Il pavaft les plaines de morts; Soit que le Rofne outre ses bors Lui vift faire éclater fa gloire? Ne l'as-tu pas toujours fuivi? Ne l'as-tu pas toujours fervi? Et toujours par dignes ouvrages Témoigné le mépris du fort, Que fait imprimer aux courages Le foin de vivre après la mort ?
Mais quoy! ma barque vagabonde Eft dans les Syrtes bien avant, Et le plaifir la décevant
Toujours l'emporte au gré de l'onde. BELLEGARDE, les matelots Jamais ne méprifent les flots, Quelque Phare qui leur éclaire, Je feray mieux de relâcher, Et borner le foin de te plaire, Par la crainte de te fâcher.
L'unique but ou mon attante Croit avoir raison d'afpirer',
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