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-m'en a assuré une personne fort intelligente (1).

Quoi qu'il en soit, cette espèce de noix plate cest d'une grande utilité pour peindre les toiles, et -je rapporterai d'autant plus volontiers l'usage qu'en font les peintres indiens, que j'en ai parlé strop ebrièvement, faute des connoissances qu'on m'en ea données depuis: voici le détail de la préparation de la couleur jaune qu'on fait avec le cadoucaïpou. Prenez-en, par exemple, quatre onces, et, sans les écraser ni les broyer, laissez-les tremper pendant vingt-quatre heures, dans environ quarante onces d'eau âpre. On met ensuite le tout sur le feu, après y avoir jeté une once de chayaver réduit en poudre ; on fait bouillir cette eau trois bouillons, retiraqt le feu lorsqu'elle bout, et l'y remettant ensuite pour la faire bouillir à trois reprises, de sorte que l'eau se ‹trouve réduite enfin à la moitié. Versez cette eau dans un autre vase, de sorte que le cadoucaïpou reste au fond du premier, et lorsque cette eau sera devenue tiède, vous y mettrez d'abord une once d'alun, réduit en poudre et dissous dans un peu 'd'eau chaude si avec cette eau ainsi préparée vous peignez sur le bleu, vous aurez du verd; elle donnera du jaune, si vous peignez sur la toile blanche préparée avec le cadoucaïe et le lait, ainsi qu'il a été dit ailleurs. Si l'on veut avoit un verd plus foncé, il faut commencer par rendre plus foncé le bleu sur lequel cette eau jaune doit passer. Pour

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(1) M. Mabile, docteur en médecine,

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avoir un jaune clair, on retire de cette eau la quan tité dont on a besoin, lorsqu'elle n'a bouilli qu'une fois le jaune sera plus foncé, si on retire l'eau après qu'elle aura bouilli deux fois; il le sera bien davantage si on laisse diminuer l'eau jusqu'aux trois quarts. On peut aussi, pour avoir un jaune plus foncé, peindre deux fois, et à différentes reprises, le même endroit avec la même eau. J'ai déjà averti qu'il n'en étoit pas de ces couleurs comme du rouge qui devient plus beau au blanchissage; au lieu que celles-ci s'effacent à force de faire blanchir la toile sur laquelle elles sont peintes.

Le cadoucaïpou ne sert pas seulement pour peindre en jaune; les teinturiers l'emploient aussi pour teindre en cette couleur, mais la préparation de cette teinture est beaucoup plus simple; la voici: pour teindre, par exemple, six coudées de toile, prenez quatre palans de cadoucaïpou, brisez-les en -petits morceaux, et faites-les tremper ou infuser, environ une demi-heure, dans seize ou dix-sept livres d'eau âpre, ou même d'autre eau, pourvu qu'elle ne soit ni salée ni saumache; vous la ferez bouillir ensuite jusqu'à diminution d'un quart: quand elle est un peu refroidie, on y trempe la toile, en sorte qu'elle soit bien imbibée de la liqueur; on la tord ensuite légérement, et on la fait bien sécher au soleil.

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Faites de plus dissoudre dans seize livres d'eau, deux palans d'alun réduit en poudre; vous la ferez chauffer jusqu'à ce qu'elle soit plus tiède, et vous y plongerez alors la même toile, qu'on tord légére

ment, et qu'on fait ensuite sécher, une seconde fois, au soleil. Une toile bleue, teinte dans la même préparation et de la même façon, se trouve teinte en verd. L'on teint encore en jaune avec moins de préparation et de frais: on prend pour la même quantité de toile un palan de cadoucaïpou, qu'on brise avec un cylindre sur une pierre, en y jetant un peu d'eau, en sorte que cet ingrédient forme une espèce de pâte; on la fait tremper dans deux ou trois pintes d'eau, qu'on passe ensuite par un linge; on y ajoute trois fois autant de la plante appelée terramerita

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qu'on prépare de la même façon que le cadoucaïpou : on préfère celle qui vient de Bengale, à celle qui croft ici; on fait chauffer cette eau, et on y plonge la toile qui se trouve teinte en jaune, après qu'on l'a fait sécher, non pas au soleil, mais à l'ombre; sans quoi cette couleur qui n'est ni belle ni tenace, rougiroit ou bruniroit promptement.

1.

DIVERSES MANIÈRES DE TEINDRE EN

ROUGE.

Mémoire sur les différentes façons de teindre en rouge les toiles, par M. Paradis, en 1748.

Première façon.

POUR peindre un coupon de toile de coton (1) de cinq coudées de longueur, on fait ce qui suit. On prend d'abord la tige d'une plante nommée nay ourivi, avec les branches et les feuilles que l'on fait bien sécher, puis brûler pour en avoir la cendre: on met cette cendre dans un vase de terre contenant environ neuf pintes d'eau de puits, et après l'avoir déJayée on la laisse infuser pendant trois heures. Nos Indiens ont attention de choisir, par préférence, les eaux les plus âpres, comme ils s'expliquent; mais il n'est pas aisé de définir quelle est cette âpreté (2).

(1) Les teinturiers veulent que la toile soit crue; blanchie, elle ne prendroit pas si bien la teinture.

(2) Ces puits dont l'eau est âpre, ne sont pas fort communs dans les Indes ; quelquefois il ne s'en trouve qu'un seul dans toute une ville. J'ai goûté de cette eau, je n'y ai pas trouvé le goût qu'on lui attribue; mais elle m'a paru moins bonne que l'eau ordinaire. On se sert de cette eau préférablement à toute autre, afin que le rouge soit beau, di

Au reste, l'on sait qu'en Europe, aussi bien qu'ici, les teinturiers préfèrent certaines eaux dans lesquelles se trouvent quelques qualités propres à leurs teintures; par exemple, l'eau du ruisseau des Gobelins à Paris, passe pour la meilleure en ce genre.

Après trois heures, on passe dans un linge l'eau dont j'ai parlé, et l'on en prend une quantité suffi sante pour que les cinq coudées de toile en soient bien mouillées et imprégnées : on y délaie des crottes de cabris, de la grosseur d'un œuf, auxquelles on joint la valeur d'un verre ordinaire d'un levain, dont j'expliquerai ci-après la composition.

Enfin on verse sur le tout une sère ( 1 ) d'huile de gergelin (2). Lorsque toutes ces drogues ont été bien délayées, si l'infusion de cendres est bonne, l'huile rendra l'eau blanchâtre et ne surnagera pas. Le contraire arriveroit si les cendres étoient mêlées

avec celles de quelque autre bois que le nayourivi. Cette préparation faite, comme on vient de le dire, on y trempe la toile, qu'on pétrit bien dans le fond

sent les uns; et suivant ce que disent les autres plus communément, c'est une nécessité de s'en servir, parce qu'autrement le rouge ne tiendroit pas.

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(1) La sère dont on parle ici est une mesure cylindrique, de trois pouces de diamètre, avec autant de profondeur. La sère est aussi un poids indien, qui est de neuf

onces.

(2) L'huile de gergelin, comme on l'appelle aux Indes, en terme portugais, n'est autre chose que l'huile de sesame. A son défaut on peut se servir de sain-doux liquéfié.

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