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ment dans de l'eau claire; ensuite on la fait sécher au soleil.

y a encore une autre façon qu'on donne aux salempouris, et à d'autres toiles semblables: on les plie en dix ou douze doubles, et après les avoir mis sur une planche bien polie, on les bat à grands coups de masse, pour les unir davantage et leur donner le dernier lustre. Je suis, etc.

Description de l'arbre qui porte la ouate, du poivrier, et de la laque; tirée de quelques autres lettres.

L'ARBRE qui porte la ouate, ou cette espèce de coton fin dont on se sert pour remplir des coussins, pour fourrer des robes de chambre, des vestes, des courte - pointes, etc., croît de lui-même en pleine campagne, et sans culture. Les Siamois, chez qui on en trouve beaucoup, le nomment ton-nghiou. Cet arbre, que j'appellerai dorénavant ouatier, est de deux espèces fort différentes; il y en a de grands et de petits : j'en ai vu des uns et des autres.

Les grands, qui sont de deux sortes, ressemblent assez aux noyers pour la forme et la disposition de leurs branches : le tronc est d'ordinaire plus haut et plus droit, à peu près comme est le tronc des chênes : l'écorce est hérissée, en certains endroits, de grosses épines courtes, larges par la base, rangées en file et fort serrées : les feuilles tiennent également des feuilles de noyer et de celles du châtaignier ; elles

croissent toujours cinq à cinq: leurs pédicules, qui sont fort courts, s'unissent à un sixième qui est commun, lequel a souvent plus d'un pied de longueur: la fleur est de la forme et de la grandeur d'une tulipe médiocre, mais ses feuilles sont plus épaisses, et elles sont couvertes d'un duvet assez rude au toucher le calice qui les renferme par le bas, est épais et d'un verd clair, ponctué de noir, et de la forme de celui des noisettes, à la réserve qu'il n'est pas haché et effilé de même par le haut, mais seulement un peu échancré en trois endroits.

Tout ceci est commun aux deux espèces de grands ouatiers voici maintenant en quoi ils différent. Les uns portent la fleur avant la feuille ; j'en ai vu plusieurs qui étoient tout couverts de fleurs, et n'avoient pas encore une feuille. Les autres portent les feuilles avant les fleurs, du moins ceux que j'ai vu de cette espèce, avoient les feuilles toutes venues, et les fleurs étoient encore en bouton. Les premiers sont plus épineux et moins fournis de branches que les derniers ; ils ont la fleur de couleur de citron, et assez douce au toucher; et les seconds l'ont rude, et d'un rouge foncé par dedans, mais pâle et jaune en dehors. Dans les uns et dans les autres, il part du fond de la fleur un grand nombre de filets ou baguettes surmontées de petits sommets, lesquelles sont en plus grand, ou plus petit nombre, mais partagées en quatre petits bouquets de dix baguettes chacun, placés au fond de la fleur à l'entredeux des feuilles; et entre ceux-ci il s'en élève un cinquième composé de seize de ces baguettes, au

milieu desquelles il s'élève une espèce de pistil un peu ouvert par le haut. Dans ceux-là au contraire les baguettes sont en bien plus grand nombre, mais sans ordre et sans distinction. Pour ce qui est du fruit, ou pour mieux dire de l'étui qui renferme la ouate, je n'en puis dire autre chose, sinon qu'il est d'une figure oblongue, et semblable aux figues bananes anguleuses, que les Portugais appellent figos

caroças.

L'ouatier de la seconde, ou pour mieux dire, de la troisième espèce, est beaucoup plus petit que les deux autres son tronc et son branchage sont assez semblables à ceux de l'acacia: ses feuilles sont d'une grandeur médiocre, de figure ovale, et terminées en pointe; elles sont couvertes par-dessus et par-dessous, d'un petit duvet fort doux au toucher': les maîtresses fibres, qui partent de la côte de la feuille, sont fort distinctes et très-bien rangées : les étuis qui renferment la ouate sont composés de deux tubes terminés en pointes aux deux extrémités, et unis ensemble; ils sont ordinairement de la longueur de neuf ou dix pouces, et de la grosseur du petit doigt j'en ai vu qui avoient plus d'un pied de longueur. Quand on les rompt dans leur verdeur, il en sort un lait gluant fort blanc, et l'on trouve au dedans la ouate bien pressée, avec plusieurs pepins jaunes, de figure oblongue : ces étuis pendent à des pédicules ligneux, lesquels ne sont que la branche de l'arbre continuée, qui forme cinq petits feuillages de son écorce même, à l'endroit où elle y est unie.

Je viens maintenant au poivrier; c'est un arbris

:

seau rampant qui, pour s'élever, a besoin d'appui on le plante au pied de quelqu'arbre, afin qu'il s'y puisse attacher. On se sert pour cela, à Siam, d'un petit arbre épineux, ou bien on lui met des perches en forme d'échalas, comme on fait aux haricots, en Europe. La tige a ses noeuds semblables à ceux de la vigne ; le bois même, quand il est sec, ressemble parfaitement à du sarment, au goût près qui est fort âcre cette tige pousse quantité de branches de tous côtés, qui s'attachent au hasard. La feuille, quand l'arbre est jeune, est d'un verd uni et blanchâtre, qui devient plus foncé à mesure que l'arbre croît; elle garde toujours sa blancheur par-dessus. Sa figure est ovale, mais vers l'extrémité elle diminue et se termine en pointe; elle a six nervures, dont cinq qui, partant de la principale vers le bas, pour s'y venir rejoindre en haut, forment trois autres ovales semblables à la première: on ne distingue bien que cinq nervures dans les petites feuilles; ces nervures se communiquent les unes aux autres par un tissu de fibres assez grossières. Les plus grandes feuilles que j'ai vues, avoient six pouces de longueur; elles ont un goût piquant; la grappe est petite; les plus grandes étoient longues de quatre pouces. Les grains qui étoient verds, lorsque je les vis, et qui ne devoient être mûrs que dans trois mois, étoient attachés sans pédicule ; ils étoient de la forme et de la grosseur du gros plomb à tirer. Le poivre, quoique verd, avoit déjà beaucoup de force; cet arbre charge peu : je ne crois pas que ceux que je vis, portassent chacun six onces de poivre.

C'est principalement à Lahos et à Camboye qu'on ramasse la laque autour de deux diverses sortes d'arbres ce sont des insectes rouges, assez semblables aux fourmis, qui la travaillent à qui la travaillent à peu près de même que les abeilles travaillent la cire, pratiquant au dedans, de petites cellules de la même manière. On m'a assuré que la laque se forme de l'excrément de ces insectes, du moins c'est le sentiment de quelques Lahos que j'ai questionnés. Néanmoins, uu Français qui a demeuré deux ans au Pegu, où il a vu beaucoup de laque, m'a assuré qu'elle se trouvoit là autour de certains arbrisseaux qui ont trois ou quatre pieds de hauteur, et dont le tronc n'a guères qu'un pouce ou un pouce et demi de diamètre ; qu'elle se formoit d'une espèce de rosée qui tomboit, tous les ans, dans cette contrée, aux mois de juin et de juillet, et que certaines fourmis rouges, friandes de cette rosée, couvroient en peu de temps tous ces arbres. Ces deux relations, si différentes en apparence, peuvent, ce semble, se concilier, si l'on dit que ces insectes ou fourmis rouges font de cette rosée, non pas la laque, qui est une espèce de marc, comme l'est la cire par rapport au miel, mais ce suc qu'on en tire, et qui sert à ces belles teintures rouges qui sont si estimées ; et que pour la laque, ils la font, ou de leur propre excrément qu'ils mêlent avec la rosée, ou bien de la poussière de certaines fleurs, ou d'autres matières terrestres qu'ils ramassent, peut-être, comme font les abeilles, la nature affectant toujours une grande uniformité dans la plupart de ses productions.

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