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1. 33

Maris répondit: je rends graces à mon Dieu de AN. 36%. ce que je fuis aveugle, pour ne pas voir un apoftat comme toi. Julien paffa outre fans rien dire, pour montrer fa moderation. Il ordonna que la coudée dont on fe fervoit pour mefurer l'accroiffement du Nil fi important à l'Egypte Sp fût reportée dans le temple de Serapis, d'où Conftantin l'avoit fait ôter pour la mettre dans l'églife. Julien honoroit particulierement Serapis, Ifis & Anubis, comme l'on voit par fes médailles. Il eft fouvent reprefenté en Serapis avec le boiffeau fur la tefte, & à côté fa femme He léne en Ifis. Il écrivit plufieurs fois aux communautez des villes pour les exciter à l'idolatrie, favorifant celles qu'il y voyoit portées, & leur of frant tout ce qu'elles demanderoient. Au contraire, il témoignoit toute forte d'averfion contre les villes Chrétienes: il n'y entroit point dans fes voyages, & ne recevoit ni leurs députations ni leurs plaintes.

Il avoit en tefte deux grandes entreprises, d'a- IV. bare les Chrétiens au dedans de l'Empire & les Rapel des

exilez.c

D.Id.P.8.0.

D.

4.p.133

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Perfes au dehors. Les Chrétiens lui tenoient Greg. Naz plus au coeur mais il n'ofoit les attaquer ouver- or.3.p.79. tement, fachant leur prodigieufe multitude. Elle étoit telle qu'on ne pouvoit les attaquer même en fecret, fans expofer l'Empire au hazard d'un renversement univerfel: c'eft ainfi qu'en parle S. Gregoire de Nazianze. D'ailleurs Julien craignoit de paffer pour tyran & de fe rendre odieux: au contraire il affectoit de paroître doux & humain, comme un philofophe qui ne fe gouvernoit que par raifon. Il cherchoit donc tous les moyens d'attirer l'affection des peuples, en Greg. Naz. revoquant ce que Conftantius avoit fait de dur & P.72. d'injufte, rappellant les bannis, rendant les biens onfifqués, donnant à tous la liberté de leur religion. Enfin il favoit que les Chrétiens ne craiA 6

gnoient

AN. 362. gnoient ni la mort ni les tourmens ; & il ne vou loit pas leur procurer l'honeur du martyre: connoiffant pas l'experience des perfecutions paffées, que plus elles étoient cruellest, plus elles fortifioient le Chriftianifme. Ce ne font pas feule10.p.290. ment les auteurs Chrétiens: c'eft Libanius payen & grand admirateur de Julien qui explique ainsi Les motifs.

Liban. or.

Chr.Paf.

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Il voulut donc attaquer plus finement les Chrétiens. Il rappella tous les Evêques & tous les autres qui avoient été exilés fous Conftantius à caufe de la religion, fans diftinction d'heretiques & de Catholiques. Il en fit même venir quelquesuns dans fon palais, & les exhorta à fuivre hardiment chacun fa religion avec une entiere liberté. Ce procedé avoit un bel exterieur de clemence: mais Julien en ufoit ainfi, dit Ammian Marcellin, afin qu'ayant augmenté la divifion par la licence, il fût délivré de la crainte qu'il avoit euë d'un peuple réüni.

Les Evêques Catholiques profitant de cette liberté, S. Melece revint à Antioche; Lucifer & Theod. 111. S. Eufebe de Verceil partirent de la Thebaïde pour revenir à leurs églifes: mais S. Athanafe n'ofa fortir encore de fa retraite, parce que Georges étoit toûjours le maître à Alexandrie. Les Ariens eurent la même liberté de venir, &

Soz. 111
C. 3.
Sup.liv.

Facund.

Aëtius en particulier fut rappellé avec honeur, 111.15. parce que c'étoit l'amitié de Cefar Gallus frere Philoft.ix.de Julien qui lui avoit attiré la haine de ConftanC.4. tius. Julien lui écrivit une lettre fort obligeanIl. ep.31 te, le priant de le venir trouver, & lui donna même une terre auprés de Mitylene en l'Ile de 2.163. 164. Lesbos. Il écrivit auffi à l'herefiarque Photin une lettre où il le loüoit de ce qu'il nioit la divinité Sozom.111 de J. C. & s'emportoit furieufement contre Diadore preftre d'Antioche, & depuis Evêque de Tarfe. Il ordonna fous groffe peine à Eleufius

lib. 4.

6.6.

de

de Cyzique de faire rebâtir dans deux mois l'é- AN. 36z. glife des Novatiens, qu'il avoit abatue fous Contantius. Il favorita les Donatiftes en Afrique,

& prit le parti de tous les heretiques, non feule-Inf.n. 31. ment contre les Catholiques, mais contre les autres heretiques.

V.

Perfecu

tion cou

Ep. 43

Ecebol.

Toutefois, ceux qui profiterent le plus de cette liberté, furent les Catholiques; & les Ariens qui dominoient auparavant furent abaiffez.verte Julien ayant apris que les Ariens avoient maltraité les Valentiniens à Edeffe, écrivit en ces termes: J'ay refolu d'ufer avec tous les Galiléens d'une telle humanité, qu'aucun d'eux en quelque lieu que ce foit ne foufre violence; qu'il ne foit ni traîné au temple ni maltraité en aucune autre maniere contre fa religion. Mais les Ariens infolens de leurs richeffes ont attaqué les Valentiniens, & ont commis à Edeffe des excés qui n'arriveront jamais dans une ville bien policée. Donc pour leur aider à pratiquer leur admirable loy, & leur faciliter l'entrée du royaume des cieux, nous avons ordonné que tous les biens de l'églife d'Edeffe lui foient ôtez, l'argent pour être diftribué aux foldats, les fonds de terre pour eftre réunis à notre domaine: afin que devenant pauvres ils foient plus fages, & ne foient pas privez du royaume celefte qu'ils efperent. Tel fut le caractere de la perfecution de Julien: la douceur apparente & la dérifion de l'évangile. Il dit dans une autre lettre: Par les dieux, je ne Epift. 7. veux point que l'on faffe mourir les Galiléens, qu'on les frappe injuftement, ni qu'on leur faffe foufrir aucun mal: mais je fuis d'avis qu'on leur prefere les ferviteurs des dieux. La folie des Galiléens a penfé tout perdre, fi la bonté des dieux ne nous avoit confervez. Et dans une autre lettre: Nous ne permettons point de les traîner aux Boftr. autels au contraire nous leur declarons net- Søz. v. & §.

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Artabios

Epift. 52.

AN. 362. tement, que fi quelqu'un d'entre-eux veut de fon bon gré participer à nos libations, il doit auparavant offrir des facrifices d'expiation & ferendre les dieux propices. Tant nous fommes éloignez de vouloir ou de penfer qu'aucun impie prenne part à nos faints facrifices, avant qu'il ait purifié fon ame par les prieres addreffées aux dieux, & fon corps par les purifications legiti-" mes. Un homme qui parloit ainsi, pouvoit bien avoir cherché les moyens d'effacer ion baptême. Mais en épargnant le fang des Chrétiens, il ne laiffa pas de les attaquer directement. Premierement il s'efforça de leur donner un nom mé prifable en les appellant Galiléens, & il l'ordonGreg. Naz, na même par une loy. Enfuite il revoqua tous or 3. p. 81. les privileges que les Empereurs Chrétiens aB. Jul. voient accordés en faveur de la religion: comepift. II. Byfant. me l'exemption des charges publiques, dont les 1. o. cod. clercs joüiffoient, quoique decurions. Il ôta les penfions que Conftantin leur avoit données; auffi decur... bien que celles des vierges & des veuves que coll. Luftr. l'égliffe nourriffoit: car Conftantin en reglant Soz.v.c.5. les affaires des églifes, leur avoit affigné un en

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ibid. de

D.

tretien fuffifant fur le revenu de chaque ville. Julien ôta ces penfions, ordonnant même la reftitution du paffé, dont l'exaction fe fit avec une Greg. Naz. extreme rigueur: mais tout fut rétabli aprés fa or.3.p.86. mort. Il fit auffi enlever l'or, l'argent, les vafes precieux & les autres richeffes des églifes: fous prétexte de faire pratiquer aux Chrétiens Ibid. p.94 la pauvreté évangelique; & parce que l'évangile Soz.v.c.18. ordonne de foufrir les injures & de fair les ho neurs, il défendit aux Chrétiens de pla plaider, de VI. fe défendre en juftice & d'exercer des charges. publiques. d'enfei- Il paffa plus loin, & défendit aux Chrétiens. d'étudier. d'enfeigner les lettres humaines: nous en avons Amm.xxv. encore l'ordonnance, où il en rend cette raison's

C.

Defense

gner &

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Que

Que ceux qui enfeignent doivent eftre de bon- AN. 362. nes mœurs, & conformer leurs fentimens aux Epift. 42. maximes publiquement receuës, & à ce qu'ils enfeignent eux-mêmes. Qu'il eft de mauvaise foi d'expliquer aux jeunes gens les anciens auteurs, les leur propofant comme de grands perfonages, & condamner en même temps leur religion. Homere, dit-il, Hefiode, Demofthéne, Herodote, Thucydide, Ifocrate & Lyfias ont reconnu les dieux pour auteurs de leur doctrine: les uns ont crû eftre confacrés à Mercure, les autres aux Muses. Puis qu'ils vivent des écrits de ces auteurs, ils fe declarent bien intereffés, de trahir leur confcience pour un peu d'argent. Jufques icy il y a eu plufieurs raifons de ne pas frequenter les temples; & la terreur répandue par tout, étoit une excufe de ne pas découvrir les fentimens les plus veritables touchant les dieux: mais puis qu'ils nous ont eux-mêmes donné la liberté, il me paroît abfurde d'enfeigner ce que l'on ne croit pas. Si ceux-cy eftiment fage la doctrine des auteurs dont ils font les interpretes, qu'ils commencent par imiter leur pieté envers les dieux. S'ils croient qu'ils fe font trompés fur ce qu'il y a de plus important, qu'ils aillent expliquer Matthieu & Luc dans les églifes des Galiléens. Il ajoûte que cette loi n'est que pour ceux qui enfeignent; & que les jeunes gens ont la liberté d'aprendre ce qu'ils voudront. Il feroit jufte, dit il, de les guerir malgré eux comme des frénetiques: mais je leur fais grace, & je croy qu'il faut inftruire les ignorans & non pas les punir. Cecy nous explique une loi de Julien, L. 5. Como qui porte que les profeffeurs doivent exceller, Med premierement par les moeurs; & qui ordonne qu'en chaque ville, celui qui veut enfeigner foit examiné par le confeil; & que s'il eft aprouvé, le decret foit envoyé à l'Empereur pour le con

firmer:

Theod. do

Profe

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