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AN. 367. hautes, & fe retirerent fans rien faire, fort é tonnez de ne le point trouver. De quelque maniere qu'il eût été averti, foit par un ange,com. me crurent quelques-uns, foit par une voye naturelle, il eft certain qu'il fe retira fort à propos; & ce fut en cette occafion qu'il fe cacha dans le fepulcre de fon pere. Il pouvoit y demeurer fans incommodité; car chez les anciens, particulierement en Egypte, les fepulcres étoient des bâtimens en pleine campagne, fi confiderables, qu'il y avoit des logemens. C'eft ainfi que S. Athanafe fe retira pour la quatrième fois, depeur d'eftre l'occafion des maux qui fuivent ordinai rement les émotions populaires. Il ne demeura - que quatre mois dans ce fepulcre; car l'Empereur Valens donna bien-tôt ordre de le rappeller. On croit qu'il le donna malgré lui; craignant que Valentinien fon frere, qui foûtenoit la foi de Nicée, ne trouvât mauvais qu'il maltraitât un si grand homme: ou que fes admirateurs, qui é toient en grand nombre, ne fiffent quelque mouvement prejudiciable à l'eftat. Peut-eftre que les chefs des Ariens craignirent que S. Athanafe n'allât trouver les Empereurs, qu'il ne fit changer de fentiment à Valens, ou n'animât Valentinien contre lui. Car ils avoient veu les effets de fon puiffant genie fur Conftantius: qui fut trop heureux de lui accorder fon rappel, & dele pref fer. même de retourner en Egypte. Ce font les conjectures de l'hiftorien Sozomene. Il eft certain que S. Athanafe fut épargné dans la perfecution de Valens > qu'il demeura paifible dans fon églife, & que l'Egypte fut tranquille, penEpiph. hardant ce qui lui refta de vie.. Ce n'eft pas que: 68.7.10. Lucius ne preffât fouvent Valens de l'envoyer

à Alexandrie, dont les Ariens l'avoient ordonné Evêque : mais la crainte du peuple le retenoit.

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& rava- Theod. iv..

an. 368.

Valens avoit refolu de marcher contre les AN. 367%. Goths, qui avoient paffé le Danube geoient la Thrace. Mais avant que de s'expofer: 12. Hier. Chi aux perils de cette guerre, il voulut recevoir le baptême, & le receut en effet de la main d'Eudoxe, le fameux Arien qui tenoit alors le fiege de C. P. Dans le ceremonie même, Eudoxe lui fit jurer de demeurer toûjours dans fa créance, & de pourfuivre par tout ceux du fentiment contraire. C'est ainsi que Valens acheva de fe livrer aux Ariens, avec lefquels fa femme Albia Dominica avoit commencé de l'engager. L'heretique Eunomius avoit été condamné par fentence d'Auxone, prefet du pretoire, à aller en exil en Mauritanie, comme complice de la conjuration de Procope. Il marchoit pendant l'hyver pour fe rendre au lieu de fon exil. Mais étant arrivé à Murse en Panonie, il y fut receu à bras ou verts par l'Evêque Valens, Arien comme lui. L'empereur y vint auffi avec Domnin Evêque de Marcianopole auffi Arien. Ces deux Evêques feûtinrent qu'Eunomius avoit été calomnié, & reprefenterent à l'Empereur fa difgrace d'une maniere fi pathetique, qu'il revoqua la condamnation d'exil. Il voulut même voir Eunomius: mais Eudoxe de C. P. l'en empêcha par artifice, craignant fans doute la diminution de fon credit. L'empereur Valens perfecuta plus ouver tement les Catholiques trois ans aprés, lorsqu'il Le trouva en liberté, ayant terminé la guerre contre les Goths.

Philoft.IX.

Cependant l'Empereur Valentinien fut atta- Amm. qué dans les Gaules d'une dangereufe maladie,xx117.6. qui fit craindre quelque mouvement pour la fuc- Zuf.lib.4. ceffion de l'Empire. Pour le prévenir, fi-tôt 742 qu'il fut gueri, il declara Augufte fon fils Gratien c. 11. agé feulement de huit ans. Ce fut à Amiens Idac. fast.. le neuviéme des calendes de Septembre, c'eft. à Cang famil

G 1

Socr. IV.

dire By

Zof. IV. 1.767. SOCT. V.

AN. 367. dire le vingt-quatrième d'Aouft de cette année 367. Valentinien avoit eu ce fils de Severa, qu'il repudia enfuite, & époufa Juftine, veuve du tyran Magnence, à caufe de fa beauté: il en eut un fils nommé Valentinien comme lui, & trois filles.

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XI

C'eft à peu prés le temps cù S. Hliarion mouVoyage de rut dans l'ifle de Chipre, aprés avoir inutile S.Hilarion ment cherché à fe cacher en divers païs. Il a &fa mort. voit demeuré un an dans le defert d'Oafis,quand

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un de fes difciples nommé Adrien lui apporta la nouvelle que Julien étoit mort, & qu'un empereur Chrétien regnoit à fa place: l'invitant à retourner à fon monaftere de Paleftine. Le S. rejetta bien loin cette propofition, & ayant loüé un chameau, il vint à Paretoine, où il s'embarqua pour paffer en Sicile avec un de fes difciples nommé Zanan. Au milieu de la mer le fils du patron fut faifi du demon, & commença à crier: Hilarion ferviteur de Dieu, pourquoi ne nous. laifles-tu pas en repos du moins fur mer? Donnemoi le temps d'arriver à terre. Il répondit: Si mon Dieu te le permet, demeure. S'il te chaf fe, pourquoi t'en prens-tu à un pêcheur & un mendiant? Il parloit ainfi, de peur que les masiniers & les marchands ne le découvriffent quand ils feroient arrivez. L'enfant fut délivré peu de temps aprés: mais le faint fit promettre au père & à tous les autres, qu'ils ne diroient fon nom à perfonne. Etant abordez à Pachin en Sicile, il offrit au patron, pour païer fon paffage & celui de fon difciple, un livre des évangiles, qu'étant jeune il avoit écrit de fa main. Le patron le refufa, d'autant plus qu'il voyoit qu'ils n'avoient pour tout bien que ce livre & les habits qu'ils portoient.

S. Hilarion craignant d'eftre découvert par les marchands d'Orient, s'avança dans les terres à vingt milles de la mer, & s'arresta dans un lieu

de

defert, où ramaffant du bois, il faifoit tous les An. 367. jours un fagot, qu'il mettoit fur le dos de fon difciple, afin de le vendre au prochain village,& d'acheter un peu de pain pour eux, & pour ceux qui venoient par hazard les trouver. Cependant un poffedé s'écria à Rome dans l'églife de S. Pierre: Il y a quelques jours qu'Hilarion fer- cgrs. viteur de J. C. eft entré en Sicile; il croit eftre bien caché: mais je m'en vais le découvrir. En effet, il s'embarqua avec fes efclaves, aborda à Pachin, alla fe profterner devant la cabane du S. Vieillard, & fut auifi-tôt délivré. Depuis ce temps-là une multitude innombrable de malades & de perfonnes pieufes vinrent à lui. En-tre-autres un des principaux, qui étant gueri d'hydropifie, lui offrit de grands prefens: mais il lui dit cette parole de l'évangile : Vous l'a- Matth.X.&. vez receu gratuitement, donnez-le gratuite

ment.

D'un autre côté Hefychius fidelle difciple de c. 32. S. Hilarion le cherchoit par tout, perfuadé que quelque part qu'il fût, il ne feroit pas longtemps caché: Enfin à Methone, aujourd'hui Modon, à l'extremité du Peloponéfe, un Juif,. qui vendoit de vieilles hardes, lui dit, qu'il avoit paru en Sicile un prophete des Chrétiens, & qu'il faifoit tant de miracles, qu'on le prenoit pour un des faints de l'antiquité. Hefychius s'embarqua donc, arriva heureusement à Pachin; & étant informé du faint au premier village, il trouva que tout le monde le connoifloit: mais ce qu'on admiroit de plus, c'eft qu'aprés tant de miracles, il n'avoit rien pris de perfonne, pas même un morceau de pain. Hefychius aprite. 330bien-tôt de Zanan, que le S. Vieillard étoit refolu d'aller en quelque païs barbare, où l'on n'entendît pas même fa langue: il le mena donc à Epidaure en Dalmatie, où il fut bien-tôt décou

veit

Anm.

XXVI.in

fine.

an. 365. Idac.faft

AN. 367. vert par fes miracles. Il délivra le païs d'un ferpent de grandeur énorme, qui dévoroit les troupeaux & les hommes mêmes; & dans le tremblement de terre qui arriva le douziéme des Hier.Chr. calendes d'Aouft, fous le premier confulat de Valentinien & de Valens, c'eft à dire le vingtuniéme Juillet l'an 365. la mer ayant paffé fes bornes, & menaçant la ville d'Epidaure d'eftre renverfée, les habitans en foule l'amenerent fur le rivage. Il fit trois croix fur le fable, & étendit les mains contre qui s'arrêta auffitôt, s'élevant comme une haute montagne, & retourna fur elle-même.

an. 365 Chr.pafch. an.cod.

P. 301.

C. 34.

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la mer

S. Hilarion fachant le bruit qu'avoit fait ce miracle, s'enfuit de nuit dans une petite barque, d'où il paffa dans un vaiffeau pour aller dans l'ifle de Chipre.Ils rencontrerent deux bâtimens de pirates: tous ceux qui étoient dans le vaisleau venoient l'un aprés l'autre tout éperdus lui en dire la nou velle. Il fourit en les regardant de loin puis fe tournant vers les difciples, il leur dit. Gens de peu de foi, que craignez-vous ?. Sont-ils en plus grand nombre que l'armée de Pharaon? Quand les pirates furent à un jet de pierre, il s'avança fur la proüe, étendit la main contre-eux, & dit: Contentez-vous d'eftre venus jufques icy. Auffi-tôt les vaiffeaux des pirates reculerent malgré les efforts de leurs rames, & retournerent vers le rivage beaucoup plus vite qu'ils n'étoient venus.

Etant arrivé en Chipre, il fe retira à deux milles de Paphos, où il fut quelques jours en repos. Mais il n'y avoit pas été trois femaines, que par toute l'ifle, ceux qui étoient poffedez des demons, commencerent à crier qu'Hilarion ferviteur de J. Crétoit venu, & qu'ils devoient l'aller trouver: la plupart difoient qu'ils le connoiffoient bien, mais qu'ils ne favoient où il étoit. Dans un mois il s'en affembla autour de lui environ

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