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épargnée. Enfin tous deux furent expofez au AN. 36 feu & aux beftes; & fouffrirent le martyre avec leur mere & l'évêque de la ville.

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d'Ancyre.

&c.

De Peffinonte Julien revint à Ancyre capitale XI. de Galatie. Là étoit un preftre nommé Bafile S. B.file comme l'évêque mais bien different. Car Prêtre fous le regne de Conftantius, ce preftre refista toûjours conftamment aux Ariens: jufques-là Amm. ibid. qu'Eudoxe & ceux de fon parti dans le conci- Sozom. v. c. le de C. P. lui défendirent de tenir les affem-11. A. blées ecclefiaftiques. Depuis le regne de Ju-Jinc.p.650. lien, le preftre Bafile alloit par toute la ville, exhortant publiquement les Chrétiens à demeurer fermes, fans fe foüiller par les facrifices & les libations des payens. Son zele le rendit dieux aux gentils; & un jour enfin les voyant facrifier publiquement, il s'arréta, & jettant un grand foupir, il pria Dieu qu'aucun Chrétien ne tombât dans cet excés. Alors on le prit, & on le prefenta au gouverneur de la province nommé Saturnin, l'accufant de fédition, d'avoir renversé des autels & dit des injures à l'empereur. Le gouverneur l'ayant interrogé, & le trouvant ferme dans la foi, le fit fufpendre & déchirer jufqu'à lafler les bourreaux, puis l'envoya en prifon.

Cependant il en donna avis à l'empereur, qui Thod. 11. n'étoit pas encore à Ancyre. Il envoyale com-c. 12. te Elpidius, qui avoit renoncé au Chriftianifme par complaifance pour lui ; & Pegase auffi apoftat, qui n'ayant pû ébranler la conftance de Bafile, le firent encore interroger & tourmenter par le gouverneur. Julien vint quel que temps aprés à Ancyre: les facrificateurs allerent au devant de lui , portant avec eux l'idole d'Hécate; & quand il fut entré dans le palais, il les affembla & leur diftribua de l'ar gent. Le lendemain pendant les fpectacles, Elpi

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dius.

AN. 362.dius luy fit fon raport touchant Bafile : & au fortir du theâtre, Julien commanda qu'on l'amenât au palais. Bafile luy reprocha fon apoftafie, & lui prédit que J. C. lui ôteroit bientôt l'empire. Alors Julien dit: Je voulois te renvoyer, mais l'impudence avec laquelle tu rejettes mes confeils & me dis des injures, m'oblige à te maltraiter. Il laiffa à un comte nommé Frumentin le foin de le tourmenter, & partit pour Antioche. Le comte ayant encore éprouvé en vain la conftance du martyr, Martyro.7 le fit mourir dans les tourmens le vingt-huitiéme jour de Juin l'an 362. On conte trois autres martyrs qui foufrirent fous Julien à Ancyre, Melafippe, Antoine & Carina.

Νου.

113.

Pell Lanf. Philorome, qui étoit aufli de Galatie, confeffa le nom de j. C. en préfence de Julien, & lui parla fi hardiment qu'il le fit rafer, & l'expofa à des enfans pour lui donner des foufflets. Philorome lui en rendit graces & deflors il renonça au monde & embraffa la vie ascetique, & s'y rendit fi illuftre, qu'il étoit honoré des perfonnes les plus nobles: quoiqu'il fût de condition fervile, & né d'une mere efclave. Il fut ordonné preftre & vécut plus de quatre-vingts Bufiris heretique de la fecte des Encrati tes ou Abstinents fut auffi pris à Ancyre de Galatie, apparemment après le départ de Julien. On l'accufoit d'avoir infulté aux payens; & le gouverneur le fit amener en public, & pendre au chevalet, Bufiris leva les mains fur fa tête

Soxom.v. ans.

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pour dévouvrir fes côtés, & dit au gouverneur: Il ne faloit point donner à tes officiers la peine de me pendre & de me dépendre, je me tiendrai en cette pofture autant qu'il te plaira. Le gouverneur fut étoné de la promeffe, & encore plus de l'execution. Car Bufiris tint fes bras élevez tandis qu'on le déchiroit avec les ongles

de

de fer, & demeura ferme en cette pofture au- AN. 362 tant que le gouverneur voulut. Il fut mis en prifon, & délivré quelque temps aprés fur la nouvelle de la mort de Julien. Il vêcut jusqu'au regne de Theodofe, renonça à l'herefie & revint à l'églife catholique.

doce.

D. or. 19

lat. an. Zo

Tiber.

De Galatie Julien continuant fon voyage,paf- XII. fa en Cappadoce, où il y eut auffi des Martyrs, Martyrs. particulierement à Cefarée qui en étoit la capi- en Cappatale. Julien la haïffoit, parce qu'elle étoit pref- Sozone. v. que toute Chrétiene. Depuis long tems on y c. 4. D. avoit abatu les temples de Jupiter & d'Apollon, Greg.Nax. regardez comme les dieux tutelaires de la ville. or. 3.p. 91. Celui de la Fortune reftoit feul, & les Chrétiens F.303. venoient encore de l'abatre fous fon regne. Il Soz. 16. en punit toute la ville: il l'effaça du catalogue des cités; quoiqu'elle fût metropole de la province, & voulut qu'elle reprît fon ancien nom de Mazaca, lui ôtant celui de Cefarée que l'empereur Tibere lui avoit donné. Il fe plaignit Euf. Chro que les payens ne fe fuflent pas expofez pour fecourir leur fortune, fans confiderer leur petit nombre. Il ôta aux églifes de la ville & de fon territoire tout ce qu'elles poffedoient en meubles & en immeubles, employant les tourmens pour en faire la recherche; & les condamna en trois cens livres d'or, qu'il falut payer comptant en fon trefor. Il fit enrôler tous les clercs entre les bas officiers miniftres de juftice fous le gouverneur de la province: qui étoit la milice la plus méprifable & fouvent onercufe. Quant V. Valef aux laïques, il les fit taxer avec leurs femmes hic in & leurs enfans, pour payer tribut comme dans les villages: les menaçant avec ferment, que s'ils ne rétabliffoient promptement les temples, il ne cefferoit point de maltraiter la ville, & que les teftes des Galileeus ne feroient pas en feureté. Tous ceux qui avoient mis la main à la dé- Sez.CL_{x

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AN, 362. molition du temple de la Fortune furent punis, les uns de mort, les autres d'exil; & entre ceux qui fouffrirent la mort pour cette cause, on conte Eupfychius de noble race & nouvellement Roma.& marié que l'églife honore comme martyr le

Martyr.

ibi Baron.

XIII.

neuviéme d'Avril.

Dianée évêque de la même ville de Cefarée Eufebe mourut vers ce temps-là. Eftant tombé malaévêque de de, il appella fes clercs, entre lefquels étoit S. Cefarée Bafile, & leur dit: Dieu m'est témoin, en Cappaque doce. quand j'ay confenti à la formule de foi dreffée à Baf. ep.86. C. P. je l'ai fait en fimplicité, fans pretendre 919.D. porter préjudice à la foi de Nicée. Je n'ay dans Sup.XIV. le cœur que ce que j'ay receu par la même tra

ม. 24.

Greg. Nax. er. 19.

dition; & je fouhaite de n'eftre jamais feparé des bien-heureux trois cens dix-huit Evêques qui ont publié cette fainte confeffion de foi. Tous les affiftans demeurerent pleinement fatisfaits: ils embrafferent fa communion, & il ne leur resta aucune peine contre lui.

Aprés fa mort la ville fe trouva divifée pour le choix d'un Evêque : la dignité du fiege mép. 308. C. tropolitain & le zele pour la religion échaufoit les efprits: Quelques-uns même fuivoient les mouvemens de l'amitié particuliere. Enfin tout le peuple s'accorda à choisir un des premiers de la ville nommé Eufebe, homme d'une vertu finguliere, mais qui n'étoit pas encore baptifé. Ils l'enleverent malgré lui avec le fecours des foldats qui fe trouverent prefens: le mirent dans le fanctuaire, le prefenterent aux Evêques qui étoient affemblez pour l'élection, & les prierent de le baptifer, & l'ordonner Evêque : mêlant la perfuafion & la violence. Les Evêques cederent å la multitude: ils baptiferent Eufebe, l'ordonnerent Evêque, & l'introniferent. Mais quand ils fe furent retirez & fe virent en liberté, ils refolurent de declarer nul tout ce qu'ils avoient

fait & l'ordination illegitime: comme n'étant AN. qu'une ceremonie exterieure où leur volonte n'avoit eu aucune part. Ils vouloient même s'en prendre à Eufebe, comme auteur de la violence.

Le S. vieillard Gregoire évêque de Nazianze, & l'un d'entre eux, ne fut pas de cet avis. Car, difoit il, puis qu'Eufebe a été forcé auffi bien que vous, il a droit de vous accufer de fon côté, & vous n'eftes pas plus excufables que lui. Il faloit refifter alors jufques à la derniere extremité, & non pas venir enfuite attaquer Eufebe: principalement dans ce temps, où il feroit plus à propos d'appaifer les anciennes inimitiez, que d'en exciter de nouvelles. En effet, l'empereur étoit extremement indigné de cette élection. Il la traitoft de fedition, menaçant Eufebe en particulier; & c'étoit le même temps où la ville étoit en plus grand peril à caufe du temple de la Fortune. Le gouverneur vouloit profiter de l'occasion pour faire fa cour aux dépens d'Eufebe, avec qui ilétoit brouillé d'ailleurs. Il ecrivit donc aux évêques qui l'avoient ordonné, pour les obliger à l'accufer, mêlant des menaces dans fes lettres, & ajoûtant que l'empereur le vouloit. Le vieillard Gregoire ayant receu la lettre qui s'adreffoit à lui, répondit fans hefiter: Trés-puiffant gouver neur, nous ne reconnoiffons pour cenfeur de notre conduite & pour maître, que celui à qui l'on fait maintenant la guerre, c'eft à dire J. C. II examinera cette ordination que nous avons faite felon les regles, & qui lui eft agreable. Pour vous, il vous eft trés-facile de nous faire violence en toute autre chofe: mais perfonne ne nous empêchera de défendre ce que nous avons bien fait: fi ce n'eft que vous falliez auffi quelque loi fur ce fujet, vous à qui il n'eft pas perinis de prendre connoiffance de nos affaires. Le gouB. 6

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