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AN. 362. les conferva pour lors dans fa maison: mais étant devenu évêque de Majume fous l'Empereur

6. 15.

Theodofe, il les enterra auprés du confeffeur Sex. v. c. 9. Neftor, fous l'autel d'une églife qu'il bâtit. PluSex.. hift. fieurs autres Chrétiens s'enfuirent par les villes & les bourgades à l'occafion de cette perfécution s & de ce nombre furent les anceftres de l'hiftorien Greg. Naz. Sozoméne dans le même païs de Gaze. Les haSr. 3. p.91.bitans de Gaze craignoient d'eftre punis de cette fédition; & l'on difoit déja que l'Empereur irrité vouloit les faire decimer. Mais c'étoit un faux

D.

XIX.

2. 17.

bruit. Julien ne leur fit pas même une reprimande par lettres, comme il fità d'autres en des occafions femblables. Au contraire il priva de fa charge le gouverneur & l'exila, prétendant lui faire grace en lui donnant la vie; & cela, parce qu'il avoit mis en prifon les auteurs du maffacre pour en faire juftice, quoiqu'il eût auffi emprifonné un grand nombre de Chrétiens. Car, difoit Julien, eft-ce une fi grande affaire, qu'une troupe de Grecs ait tué dix Galiléens?

Les payens de Gaze confervant le reffentiment S. Hilarion de l'affront que S. Hilarion avoit fait à leur dieu perfecuté. Marnas, & des converfions que fes miracles aSup.liv.11. voient operées; prefenterent requeste à l'emHier. vita pereur Julien, & obtinrent qu'il fût condamné Hilar.c.28. mort avec Hefychius fon cher difciple, fans Soz. V.C.IO. doute à titre de magiciens; & l'on envoya par Sup. liv. tout des ordres pour les chercher. S. Hilarion éxit.c.37. toit demeuré en Egypte. Car aprés avoir vilité le dernier monaftere de S. Antoine, il revint à Vita c.27. Aphrodite; & demeura avec deux freres feule

ment dans le defert voifin: pratiquant l'abstinence & le filence avec une telle ferveur, qu'il ne faifoit, difoit-il, que commencer à fervir J. C. Le païs n'avoit point eu de pluie depuis trois ans, c'eft à dire depuis la mort de faint Antoine: ce qui faifoit dire au peuple que les élemens mê

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me en faifoient le deüil. La renommée de S. Hi- AN. 362, larion les attira; & ils vinrent en foule, hommes & femmes avec des vifages attenuez de famine, lui demander de la pluie comme au fucceffeur de S. Antoine. Il fut fenfiblement affligé de leur mifere; & levant les yeux & les mains au ciel, il obtint auffi-tôt ce qu'il demandoit. Mais cette terre alterée étant arrofée de la pluïe, produifit une telle multitude de ferpens & d'animaux venimeux, qu'une infinité de perfonnes en furent piquées, & feroient mortes à l'inftant, fi elles n'avoient eu recours à S. Hilarion. Ilbeniffoit de l'huile, dont ces laboureurs & ces pâtres touchant leurs playes gueriffoient infaillible

ment.

Le Saint voyant les honeurs extrêmes qu'il c. 28 recevoit en ce lieu-là, prit le chemin d'Alexandrie pour paffer dans le defert d'Oasis. Et parce que depuis qu'il avoit embraffé la vie mona ftique, il n'avoit jamais demeuré dans les villes: il s'arrêta chez les moines de fa connoiffance, en un lieu nommé Bruchion. Ils le receurent avec une joye extrême: mais le foir ils furent bien furpris d'apprendre que fes difciples preparoient fon âne, & qu'il fe difpofoit à partir. Ils

jettoient à fes pieds, & couchez devant la porte, ils proteftoient de mourir plûtôt que d'être privez d'un tel hôte. Je me preffe, dit-il, de partir, pour ne vous attirer rien de fâcheux: la luite vous fera voir que je ne le fais pas fans fujet. En effet, le lendemain les habitans de Gaze avec les licteurs du prefer arriverent à ce monaftere, où ils avoient apris la veille que S. Hilarion étoit venu; & ne le trouvant point ils fe difoient l'un à l'autre : Ne nous a-t-on pas dit vrai? c'est un magicien, & il connoît l'avenir. S. Hilarion étant forti de Bruchion entra dans l'Oafis par un defert inacceffible: & y demeura

AN. 362, environ un an. Mais voyant que fa reputation l'y avoit fuivi: il refolut de paffer dans les ifles defertes, puis qu'il ne pouvoit plus fe cacher dans l'Orient.

6. 7.

Ruf. 11. bift. c. 28.

XX. A Sebafte en Palestine, les payens ouvrirent Suite de la le fepulcre de S. Jean-Baptifte, brûlerent ses os, perfecu- & jetterent les cendres au vent. Toutefois on tion generale. fauva quelque partie de fes reliques. Des moiTheod. 11. nes de Jerufalem étant venus à Sebafte faire leurs prieres, fe mêlerent parmi les impies qui ramaffoient ces os pour les brûler, & en ayant pris quelques-uns à la dérobée, ils les porterent à leur abbé nommé Philippe. Celui-cy le croyant indigne de garder un tel trefor, l'envoya à S. Athanafe par Julien fon diacre, qui fut depuis Evêque en Palestine. S. Athanafe enferma ces reliques, en prefence de peu de temoins, dans le creux d'une muraille au fanctuaire d'une églife: difant par efprit de prophetie, que la generation fuivante en profiteroit: ce qui arriva fous l'évêque Theophile & l'Empereur Theodofe. Le Hier. ep. 17. fepulcre de S. Jean-Baptifte ne laiffa pas d'eftre 6.8. ep. 27. toûjours honoré à Scbafte, comme contenant encore fes cendres.

c. 6.

c. 18.

6. 3.

Sozom. ▼.

21.

A Peneade autrement Cefarée de Philippe étoit la ftatuë de J. C. que la femme guerie de fa Euf. vii. perte de fang lui avoit fait ériger. On voyoit d'un côté la figure d'une femme à genoux, les Philoft.v11. mains étendues comme fuppliante, vis-à-vis un homme debout enveloppé de bonne grace d'un grand manteau, tendant la main vers la temme. Les deux ftatues étoient de bronze, pofées devant la porte de la maison de la femme, dans la ville, auprés d'une fontaine, avec d'autres statuës qui faifoient un agreable spectacle. De la base de cette image de J. C. fortoit une certaine herbe inconnue aux medecins, qui étant montée jusques à la frange de fon manteau guérilfoit toutes fortes

de

de maladies. On n'en favoit point la raison, niAN. 3624 pour quel fujet avoit été dreffée la ftatuë, ni qui elle representoit, parce que le temps y avoit amaffe beaucoup de terre: mais enfin on découvrit la base, & on y trouva une infcription par où l'on aprit toute l'hiftoire. Julien fit abatre cette ftatue & mettre la fienne à la place. Mais la foudre tomba deffus avec tant de violence, qu'elle la coupa par le milieu du corps, lui abbattit la tefte & l'enfonça le vifage en deffous. Elle demeura ainfi noircie de la foudre, & s'y voyoit encore du temps de Sozomene foixante ans aprés. Quant à la ftatue de J. C. les payens la traînerent dans la ville par les pieds & la briferent: mais les Chrétiens la recueillirent & la mirent dans l'églife, où on la gardoit encore du même temps de Sozomene. Il est vrai qu'elle n'étoit que dans la diaconie ou facriftie, & que l'on ne l'adoroit pas parce, dit Philoftorge, qu'il n'eft pas permis d'adorer de la bronze ou d'autre matiere: mais on la confervoit avec la bienséance convenable, pour la montrer à ceux qui venoient la voir par devotion. Quelques particuliers conferverent foigneufement la tefte; qui s'étoit feparée du corps de la ftatuë comme on la traînoit.

A Emefe en Syrie les payens profanerent l'é-Theod.111 gife nouvellement bâtie: la dediant à Bacchus. 7•, qu'ils nommoient Gynide ou Androgyne, parce qu'ils lui donnoient les deux fexes; & y placerent fon idole. Tite étoit évêque de Boftre à l'entrée de l'Arabie Petrée prés de la Paleftine. Comme l'empereur l'avoit menacé de s'en Sox. v.6.157 prendre à lui & à fes clercs fi le peuple faifoit quelque fédition: Tite lui envoya une requeste, par laquelle il lui reprefentoit qu'il travailloit au contraire à contenir le peuple dans fon devoir: ufant de ces paroles entre autres: Quoique les

Tome IV.

Chré

AN. 362. Chrétiens foient en auffi grand nombre que les payens, & qu'ils foient retenus par nos exhortations, afin qu'il n'arrive aucun defordre. Julien fe fervit de ces paroles pour rendre Tite odieux au peuple de Boftre, comme s'il les accufoit d'eftre portez d'eux-mêmes à la fédition, & leur ordonna de le chaffer de leur ville par un Edit qui commence ainfi:

XXI.

Lettre de Julien

aux Bo

triens. Epift. 52.

Julien aux Boftriens: Je croyois que les chefs des Galiléens reconnoîtroient qu'ils m'ont plus d'obligation qu'à mon predeceffeur: puis que fous lui la plupart d'entre-eux ont été chaffez, emprifonez, perfecutez, & que l'on a même égorgé une grande multitude de ceux que l'on nomme heretiques: comme à Samofate, à Cyzique en Paphlagonie, en Bithynie, en Galatie; & en plufieurs autres païs où l'on a pillé & ruiné des bourgades. Sous mon regne au contraire, les bannis ont été rappellez, les biens confisquez ont été rendus. Cependant ils font venus à tel point de fureur que parce qu'il ne leur eft plus permis de tyrannifer les autres, ils font tous leurs efforts troubler pour les peuples: impies contre les dieux, & rebelles à nos commandemens si doux. Et enfuite:

11 eft donc clair que les peuples excitez par ceux que l'on nomme clercs, au lieu de s'eftimer heureux de n'eftre pas punis de leurs fautes paffées, regretient leur première domination : & parce qu'il ne leur eft plus permis de juger, de faire des teftamens, de s'aproprier les heritages d'autrui, de tirer tout à eux, ils excitent par tout des féditions. C'eft pourquoi je declare à tous les peuples par cet édit: qu'ils ne doivent point fe laiffer perfuader par les clercs, de prendre des pierres & de defobéir aux magiftrats: Qu'ils s'aflemblent tant qu'il leur plaira, & qu'ils faffent pour eux-mêmes les prieres qu'ils voudront. Mais que s'ils veulent les exciter à fedition pour leur interest, ils ne les fuivent plus, s'ils ne veulent eftre punis

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