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AN. 386. au temple de Dieu, ni livrer ce que je n'ai ren.6. ceu que pour le garder. Si on en veut à mon

corps & à ma vie, vous devez eftre feulement n.7. les fpectateurs du combat fi Dieu m'y a destiné, n. 8. toutes vos précautions font inutiles: Celui qui #. 10. m'aime, ne le peut mieux témoigner qu'en me laiffant devenir la victime de J. C. Et enfuite: Vous eftes troublez d'avoir trouvé ouverte une porte, par où on dit qu'un aveugle s'eft fait un paffage, pour retourner chez lui. Reconnoif fez donc que la garde des hommes ne fert de rien. Ne vous fouvenez-vous pas encore, que l'on trouva il y a deux jours du côté gauche de la bafilique une entrée libre, que vous croyiez bien fermée: & qui eft demeurée ouverte pendant plufieurs nuits, nonobftant la vigilance des foldats. N'ayez donc plus d'inquietude : il arrivera ce que J. C. veut, & ce qui eft expedient. 13. C'eft ici qu'il apporte l'exemple de S. Pierre, à Sup. 1.11.n. qui, J. C. apparut à la porte de Rome, difant qu'il alloit eftre encore crucifié; & c'est le plus ancien témoignage qui nous refte de cette hiftoi

25.

4.15. re.

Pan!. n.12.

S. Ambroife ajoûte : J'attendois quelque chofe de grand: le glaive ou le feu pour le nom de J. C. Ils m'offrent des delices pour fouffrance. Que perfonne donc ne vous trouble, en difant, que l'on a preparé un chariot, ou qu'Auxence a dit des paroles dures.

Ce que S. Ambroife dit de ce chariot, eft expliqué par Paulin dans fa vie. Un nommé Euthymius s'étoit pourveu d'une maison près de l'églife, & y avoit mis un chariot, pour enlever plus facilement S. Ambroife, & l'emmener en exil. Mais une année après, le même jour qu'il avoit cru l'enlever, lui-même fut mis dans le même chariot, & tiré de la même maison pour aller en exil; & S. Ambroife lui donna de l'argent, & les autres chofes neceffaires pour fon voyage.

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voyage. Paulin rapporte encore qu'un arufpi- AN. 386. ce nommé Innocent, monta fur le haut du toit n.20. de l'églife, & y facrifia au milieu de la nuit, pour exciter la haine du peuple contre S. Ambroife: mais plus il faifoit de malefices, plus le peuple s'affectionnoit à la foi catholique & au faint évê que. Il envoya même des demons pour le tuer: mais ils lui rapporterent qu'ils n'avoient pu ap-. procher non feulement de fa perfonne, mais de la porte même de fon logis: parce que toute la maifon étoit environnée d'un feu infurmontable, qui les brûloit même de loin. Ainfi l'arufpice fut contraint de ceffer fes malefices. Lui-même raconta tout cela depuis après la mort de l'imperatrice Juftine. Car étant mis à la queftion pour d'autres crimes, il crioit que e l'ange qui gardoit Ambroife lui faifoit fouffrir de plus grands tourmens ; & declara tout ce qui vient d'eftre dit. Un autre vint avec une épée jufques à la chambre de S. Ambroife pour le tuer. Mais ayant levé la main avec l'épée nuë fon bras demeura étendu en l'air. Alors il confella que Juftine l'avoit envoyé, & auffi-tôt fon bras fut gueri.

Le difcours de S. Ambroife convient à ce re- Serm. de cit: car il continuë de parler ainfi à fon peuple: Bafil. La plupart difoient que l'on avoit envoyé des n. 16, meurtriers, que j'étois condamné à mort. Je ne la crains point, & je ne quitte point ce lieuci. Car où irai-je, où tout ne foit plein de gemiffemens & de larmes? puis que l'on ordonne par toutes les églifes de chaffer les évêques catholiques, de punir de mort ceux qui refiftent, de profcrire tous les officiers des villes, s'ils n'executent cet ordre. Et c'eft un évêque qui l'écrit de fa main, & qui le dicte de fa bouche. Il releve enfuite très-fortement la cruauté d'Au- n. 23. 24. xence, qu'il fuppofe toûjours eftre l'auteur de Y 2

cet

No 18.

AN. 386. cette loi pour le concile de Rimini, qui portoît 3.Reg.xxi. peine de mort. Il allegue l'exemple de Naboth, dont on avoit lû l'hiftoire, & dit: J'ay répondu à ceux qui me preffoient de la part de l'Empereur Dieu me garde de livrer l'heritage de Sup. liv. J. C. l'heritage de mes peres: l'heritage de Dex111.2.18. nis qui eft mort en exil pour la foi, l'heritage du confeffeur Euftorgius, l'heritage de Myrocles & de tous les évêques fidelles més predeceffeurs. On conte Euftorgius pour le dixiéme Muf. Ital. to.1.p. 110. évêque de Milan, & Myrocles pour le feptiéme. De Bafil. n. S. Ambroife infifte fur l'indignité du tribunal 26.27.28. qu'Auxence avoit choifi pour juger la caufe de la

n.19.

8.༣༠.

.33

foi; l'Empereur qui n'étoit qu'un jeune catecu-. mene & quatre ou cinq payens: puis il ajoûte : L'année derniere quand je fus appellé au palais : en prefence des grands & du confiftoire, lors que l'Empereur vouloit nous ôter une Bafilique : fûs-je ébranlé à la veue de la cour? ne confervay-je pas la fermeté facerdotale? Ne fe fouvient-il pas, que quand le peuple fçut que j'étois allé au palais, il accourut avec un tel effort, qu'ils ne le pouvoient foûtenir; & qu'un comte militaire étant forti avec des gens armez pour chaffer cette multitude, tous s'offrirent à la mort pour la foi de J. C.? Ne me pria-t-on pas de parler au peuple pour l'appaifer; & de donner parole que l'on ne prendroit point la bafilique ? On me demanda cet office comme une grace, & quoique j'euffe ramené le peuple, on me voulut charger de la haine de ce concours vers le palais. On veut m'attirer encore cette haine je crois la devoir moderer, mais fans la craindre. Et enfuite: Qu'avons-nous donc répondu à l'Empereur, qui ne foit conforme à l'humilité? S'il demande un tribut, nous ne lui refufons pas les terres de l'église payent tribut. Si l'Empereur defire nos terres, il peut

les

la con

les prendre, aucun de nous ne s'y oppofe: je ne AN. 386 les donne pas, mais je ne les refuse pas : tribution du peuple eft plus que fuffifante pour les pauvres. On nous reproche l'or que nous leur diftribuons loin de le nier, j'en fais gloire les prieres des pauvres font ma défense: ces aveugles, ces boiteux, ces vieillards font plus forts que les guerriers les plus robuftes. Nous n. 35. rendons à Cefar ce qui eft à Cefar, & à Dieu ce qui eft à Dieu le tribut eft à Cefar, l'églife eft à Dieu. Perfonne ne peut dire que ce n. 36+ foit manquer de refpect à l'Empereur: qu'y a-til de plus à fon honneur que le nommer fils de l'églife? L'Empereur eft dans l'églife, non au

deffus.

n. 34.

S. Ambroife remarque auffi qu'on lui repro- XLVI choit de tromper le peuple par le chant de fes Chant des hymnes; & il convient qu'il leur a apris à té- hymnes. moigner par ces chants leur foi en la Trinité. En effet, un des moyens qu'il employa pour Pau!, vitø confoler fon peuple dans cette perfecution, fut n. 13. le chant des hymnes qu'il avoit compofées, & des antiphones, comme les nomme Paulin, c'eftà-dire les pfeaumes chantez alternativement à deux choeurs. Il eft certain que ce fut alors que Ifidor. 1. l'on commença à Milan, pendant les veilles de offic. .7 la nuit & aux autres heures des prieres publiques, à chanter les hymnes & les pfeaumes , Aug. IX.. fuivant Fufage des églifes Orientales; & cette Conf. 6. 7. coûtume s'étendit de l'églife de Milan dans toutes celles d'Occident. Mais comme on a toûjours chanté des pfeaumes par toute l'églife: on ne void pas bien ce que S. Ambroise introduifit, fi ce n'eft les hymnes & les chants à deux choeurs. Au refte, nous chantons encore plufieurs hymnes qu'il a compofées; & elles furent Reg. S.) Befi celebres, que pour dire une hymne dans les nedi. c. 9. fiecles fuivans, on difoit Ambrofianum.

Y 3

Dieu.

12.16.17.

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AN: 386. Dieu même donna une confolation fenfible à XLVII. l'églife de Milan en découvrant à S. Ambroise Reliques de S. Ger- par revelation les reliques de S. Gervais & de vais & de S. Protais, freres & martyrs, dont on avoit ouS. Protais. blié depuis long-tems les noms & le lieu de Paul. vita n. leur fepulture. Pendant le fort de la perfecu14. tion de Juftine, S. Ambroise ayant dédié la Bafilique que l'on nomme encore de fon nom Ambr. ep. l'Ambrofiene; le peuple lui demanda tout d'une 22.7.1.2. voix de la dédier comme la Bafilique Romaine.

C'étoit une autre églife de Milan, qu'il avoit confacrée auprès de la porte Romaine en l'honneur des Apôtres. S. Ambroife répondit: Je le feray, fi je trouve des reliques de Martyrs ; & auffi-tôt il fentit une ardeur > comme d'un heureux prefage. En effet, Dieu lui revela en Conf. c. 7. fonge, que les corps de S. Gervais & de S. ProXXII.civit. tais étoient dans la bafilique de S. Felix & de S.

Aug. IX.

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•Ambr. ep. 22.7.12.

Nabor. Malgré la crainte de fon clergé, il fit ouvrir la terre devant la baluftrade qui environnoit les fepulcres des martyrs. Il trouva des fignes convenables peut-eftre quelques palmes gravées, ou quelque inftrument de leur fupplice. Il fit venir des poffedez, pour leur impofer les mains mais avant qu'il eût commencé de parler; une poffedée fut faifie du demon, & étendue contre terre à l'endroit où repofoient les martyrs que l'on cherchoit. Ayant découvert leurs fepulcres, on trouva deux hommes qui parurent plus grands que l'ordinaire : tous les os entiers, beaucoup de fang, la tefte feparée du corps. On les arrangea, remettant chaque os à fa place on les couvrit de quelques vêtemens, & on les mit fur des brancards. Ils furent ainfi tranfportez vers le foir à la Bafilique de Faufta: où l'on celebra les veilles toute la nuit ; & plufieurs poffedez reçurent l'impofition des mains. Ce jour & le fuivant, il y eut un trèsgrand

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