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AN. 362.honorer, du moins en public. Vous êtes bienheureux d'avoir commis cette faute fous mon regne: car j'ay pour vous une affection fraternelle, par le refpect du dieu & la confideration de mon oncle. Sous un gouvernement severe on aporteroit à un tel mal des remedes amers: je me contente du plus doux, qui eft la parole; perfuadé que vous en ferez touchez, fi vous eftez veritablement Grecs d'origine, & fi vous confervez le caractere de cette ancienne nobleffe.

Epift. 9.
V. Liban.

paneg.

12. 34. B.

Epift. 36.

XXV. Retour de S. Athanafe.

Comme on avoit pillé les biens de George aprés fa mort: Julien écrivit à Ecdicius prefet d'Egypte de conferver les livres. C'eft, dit-il, ma curiofité dés l'enfance, & je fai que George en avoit beaucoup, de philofophie, de retorique & de la doctrine impiedes Galiléens. Je voudrois pouvoir abolir entierement ces derniers: mais pour ne pas en perdre avec ceux-là d'autres plus utiles, qu'on recherche tout trés-exactement, & que l'on fe ferve pour cet effet du fecretaire de George. S'il s'en acquite fidellement, qu'il ait la liberté pour recompenfe:finon qu'on le mette à la torture. Je connois les livres de George, parce que quand j'étois en Cappadoce, il m'en a prefté plufieurs pour faire tranferire,que je lui ai rendus. Julien en écrivit aufh à Porphyre treforier general d'Egypte, le chargeant de raflembler cette bibliotheque par toutes fortes de moyens, & de la lui envoyer à Antioche.

Aprés la mort de George,S. Athanafe ne voyant plus d'obftacle à fon retour, rentra dans Aléxandrie: il avoit été caché prés de fept ans, deSup. liv. puis le neuviéme de Février 356. jusques à cette XII.2.28.année 362. environ le mois d'Aouft. Son entrée Greg. Naz.fut un triomphe, mais convenable à un difciple or. 21. p. de J. C. Il étoit monté fur un âne, au milieu d'une foule innombrable de peuple, qui venoit au devant de lui, remontant depuis Alexandrie jusques à Cherée,à une journée & plus. Toute l'Egyp

391, C.

Ibid. p.390.

A.

te

te fembloit y eftre acourue: on montoit fur tou- AN. 362. tes les éminences pour le voir, pour oüir le fon de sa voix; on croyoit se fanctifier par fon ombre. Le peuple d'Alexandrie étoit feparé en plufieurs troupes, diftinguées par le fexe, l'âge & P. 391. L les profeffions, comme on avoit acoûtumé dans les entrées folemnelles. Les differentes nations qui fe trouvoient en cette grande ville, formoient un concert de louanges & de cris de joie en diverfes langues: on répandit des parfums, on alluma des flambeaux par toute la ville, on fit des feftins en public, & dans les maisons ticulieres on paffa les nuits entieres en réjoüisfance.

par

07. 21. P

392. C

Alors les catholiques rentrerent dans toutes Socr. 111 les églises, & en chafferent les Ariens, qui fu- 4 rent reduits à s'affembler dans les maifons particulieres. Leur chef étoit un preftre nommé Lucius; & on dit que déslors ils l'ordonnerent évêque à la place de George. S. Athanafe traita fi Greg. Nax doucement ceux qui l'avoient perfecuté, qu'ils n'eurent aucun fujet de fe plaindre de fon retour. Il foulagea les opprimez, fans diftinguer ceux de fon parti, de ceux du parti contraire: il releva la predication de la faine doctrine fur la Trinité: il purgea le fanctuaire, en éloignant ceux qui trafiquoient des chofes faintes: il attiroit tous les efprits, & les conduifoit par la feule volonté.

Comme S. Eufebe de Verceil & Lucifer de XXVI. Caillari revenoient de la Thebaïde où ils avoient Concile d'Alexan été releguez, S. Eufebe propofa à Lucifer d'al- drie. ler enfemble trouver S. Athanafe, pour délibe- s. n. 40 rer avec lui fur les affaires de la religion, parti- Ruf.1.c.27 culierement fur la reunion de l'églife d'Antioche. Soc. 11. Lucifer aima mieux aller lui-même à Antioche; 5.6. & fe contenta d'envoyer à Alexandrie deux de Thead. 184 fes diacres, avec ordre de confentir à tout cec. 4. Sr.

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Antioch. `574. á

$80.

AN. 362.qui fe feroit dans le concile qu'on y devoit te Ruf.1.c.28.nir S. Eufebe vint à Alexandrie, où S. AthanaSocr. 111. fe, de concert avec lui, affembla en effet un concile, qui ne fut pas nombreux, mais tout comAthen. pofé de confefleurs. Les premiers étoient S. Aepift.ad thanafe & S. Eufebe de Verceil: Enfuite S. Afterius de Petra en Arabie & plufieurs évêques d'Egypte, favoir Caïus, Ammonius, Draconce, Adelphius, Paphnuce: qui tous avoient été chaffez ou bannis, & plufieurs autres: vingt en tout, fans ceux qui ne font pas nommez. Outre les évêques pretens, il y avoit des députez de quelques abfens: les deux diacres de Lucifer, He⚫rennius & Agapet: deux autres diacres Maxime & Calimere, envoyez par le preftre Paulin chef. des Euftathiens d'Antioche; & quelques moines de la part de l'évêque Apollinaire. L'on croit que c'étoit l'herefiarque, qui n'etoit pas encore connu pour tel.

Rf8. Le concile s'appliqua premierement à rendre Sug. XIV. à l'églife fa tranquilité, aprés la tempefte que n.24. Hier les Ariens venoient d'exciter fous. Conftantius, in Lucifer. en faifant foufcrire la formule de Rimini. Tout

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le monde s'étoit trouvé Arien fans y penfer.. C'eft à dire que les évêques catholiques étoient furpris du mauvais fens, que les Ariens donnoient aux paroles qu'ils avoient approuvées dans un autre fens, & qui avoient fervi d'appast, J. 1. pour les engager dans leur communion. Ils avoient dit anathême à quiconque foûtiendroit

14.

que
le Fils de Dieu eit créature comme les autres
créatures: entendant par là, qu'il n'eft créature.
en aucune maniere; au lieu que les Ariens en-
tendoient qu'il eft créature, mais differente des
autres. Ils paroiffoient donc heretiques contre
le témoignage de leur confcience, ne voyant
dans leur coeur que la verité catholique, qu'ils
y avoient toûjours confervée. Ils protestoient par

عا

le corps du Seigneur, & par tout ce qu'il y a AN. 7621 de plus faint dans l'églife, qu'ils n'avoient foupçonné aucun mal dans cette profeffion de foi. Nous avons cru, difoient-ils, que le fens s'accordoit aux paroles: & dans l'églife de Dieu, où regne la fimplicité & la fincerité, nous n'avons pas craint que l'on enfermât dans le cœur autre ehofe, que ce que l'on montroit fur les lèvres : la bonne opinion que nous avions des méchans nous a trompez: nous n'avons pas cru que des pontifes de J. C. combatiffent contre lui. Ils; parloient ainfi en pleurant, & proteftant, qu'ils étoient prefts à condamner leur foufcription & tous les blafphêmes des Ariens. Ils difoient encore pour s'excufer, qu'ils avoient cedé pour un temps à la violence, de peur que l'on ne mie à leur place des heretiques, qui corrompiffent les églifes; & qu'ils avoient mieux aimé fe charger de ce fardeau, que de laiffer perir les peuples.

Quelques-uns de ceux qui n'avoient point foufcrit, faifoient fcrupule de les recevoir, ils refufoient de reconnoître pour évêque, aucun de ceux qui s'étoient foüillez par la communion des heretiques, en quelque maniere que ce fût. Et par une feverité excetiive, ils vouloient qu'on les déposár, & que l'on ordonnât de nouveaux évêques. On l'avoit tenté en quelques lieux mais ceux à qui leur confcience ne reprochoit rien, avoient peine à fe laiffer dépofer; & ils é toient tellement aimez de leur peuple, qu'il é toit preft à prendre des pierres, & à lapider ceux qui l'auroient entrepris. Les plus feveres von Joient du moins qu'ils fe contentaffent de la communion de leur églife, comme quelques-uns a voient fait depuis leur chute. mais de les laiffer toujours en cet état, c'étoit divifer l'églife, & expofer ces évêques & maltraitez à devenir effecti & 6

wement

1. Cor. x.

33. Aug.

'AN. 362. vement Ariens. On oppofoit donc à ce zele trop Ruf...28. ardent la maxime de l'apôtre, de chercher, non ce qui nous eft utile, mais ce qui eft falutaire epift. so. ad au plus grand nombre. Car c'est ainfi que l'éBonif.c. 10. glife avoit coûtume de fecourir la multitude prefte à perir par le fchifme & l'herefie. Il vaut mieux, difoit-on, nous abaiffer un peu, pour relever ceux qui font tombez, & entrer dans le royaume des cieux en grande compagnie, que d'en eftre jaloux, comme fi nous devions feuls. y pretendre.

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33.47.

Athan. ad

Raf.to. 2. P. 41. Hier. in

Le concile d'Alexandrie fuivit cet avis le plus doux, & ordonna premierement que l'on pardonneroit aux chefs du parti heretique, s'ils reLacif. c. 7. nonçoient à l'erreur: mais fans leur donner pla

ce dans le clergé, parce qu'ils ne pouvoient s'excufer fur la furprife. Que ceux qui avoient été entraînez par violence, obtiendroient auffi le pardon; & de plus conferveroient leur rang dans le clergé, en renonçant à l'erreur & à la communion des heretiques. Non que l'on crût, dit S. Jerôme, que ceux qui avoient été heretiques, pûffent eftre évêques mais, parce qu'il étoit conftant, que ceux que l'on recevoit n'avoient jamais été heretiques. Ces paroles de S. Jerôme ne fignifient pas que l'hercfie faffe perdre le caratere & la puiffance de l'ordre: mais feulement Doctrine qu'elle empêche d'en exercer legitimement les fur la Tri- fonctions, fans difpenfe de l'églife.

XXVII.

nité &

P'Incarna

tion. So.

Quant à la doctrine, an traita dans le concile d'Alexandrie de la divinité du S. Efprit; & on condamna ceux qui le difoient créature, preten 3.6.7. Athan, ad dant toutefois profeffer la foi de Nicée, & reAntioch. noncer à l'Arianifme. On declara donc qu'il ne P. 575. D.falloit point feparer le S. Efprit de la fubftance Rufc29 de J. C. ni divifer la Trinité, en y mettant rien de créé, d'inferieur, ou de pofterieur. On traita 7. $76. D. auffi du mot d'hypoftafe, parce que quelques-uns

Ath. ad

Antioch.

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