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S. Ambroife. Toutefois il revoqua cette loi L. 2. cođo environ vingt mois après, étant revenu à C. P. par une autre loi du dix-feptiéme d'Avril 392. adreffée au même Tatien: par laquelle il attribue la défense precedente à la vexation des juges, & permet aux moines d'entrer librement dans les villes. L'empereur Theodofe ayant paffé près de trois ans en Italie, y laiffa le jeune Valentinien, & retourna avec fon fils Honorius à C. P. Socr.v.c.18. où il rentra le dixiéme de Novembre fous le Marcell. Chr.un 391. confulat de Tatien & de Symmaque, c'est-à-dire

Pan 391

Maffaliens.

Entre les moines vagabons qui troubloient xxv alors l'Orient › on peut compter les heretiques Herefie des Maffaliens, qui faifoient profeffion de renoncer au monde, quoiqu'en effet ils ne fuffent pas tous moines. On les nommoit en fyriaque Maffalins ou Meffalins, en grec Euchites, c'eft-à- Epiph. her. dire prians, parce qu'ils faifoient confifter dans 80. n. 1. la priere feule l'effence de la religion. On les Her. proëm nommoit auffi en fyriaque Abin & Paanin, c'eft- in dial. adv. à-dire pervers. Il y en eut de deux fortes Pela, les : plus anciens étoient payens, & n'avoient rien de commun avec les Chrétiens ni avec les Juifs. Quoiqu'ils reconnuffent plufieurs dieux, ils n'en adoroient qu'un, qu'ils nommoient Tout-puif- Sup. 1, xt●_ fant on croit avec vrai-femblance, que ce font "• 39. les mêmes que d'autres appellent Hypfiftaires ou adorateurs du Très-haut. Leurs oratoires étoient des bâtimens vaftes, & découverts en forme de places publiques. Ils s'y affembloient le foir & le matin; & à la lumiere de plufieurs lampes chantoient certains cantiques à la louange de Dieu : d'où on les appella auffi en grec Euphemites. Quelques magiftrats en firent mourir plusieurs, parce qu'ils corrompoient la verité, & imitoient les ufages de l'églife fans eftre Chrétiens. Les Euphemites prirent les corps de ceux d'entreTome IV. C c

eux

Epiph.n.2.

8.3.

eux que l'on avoit fait mourir, & les enterre rent en des lieux où ils s'affemblerent pour prier: d'où ils prirent le nom de Martyriens. Quelquesuns confiderant la grandeur & la puiffance du demon pour faire du mal aux hommes, s'adref foient à lui, l'adoroient & le prioient pour l'appaifer d'où leur vint le nom de Sataniens. Tels étoient les Maffaliens payens.

Ceux qui portoient le nom de Chrétiens, commencerent vers le regne de Conftantius, mais leur origine étoit incertaine. Ils venoient de Mefopotamie; & il y en avoit à Antioche, lors que S. Epiphane écrivoit fon traité des herefies, c'est-à-dire en 376. Il attribue leur erreur à l'exceffive fimplicité de quelques-uns, qui avoient pris trop à la lettre le precepte de J. C. de renoncer à tout pour le fuivre, vendre fon bien & le donner aux pauvres. Ils quittoient tout en effet mais enfuite ils menoient une vie oifive & vagabonde, demandoient l'aumône, & vi voient pêle-mêle hommes & femmes jufques à coucher ainfi dans les rues pendant l'efté. Ils ne pratiquoient point le jeûne, mais ils mangeoient dès les huit ou neuf heures du matin, & même devant le jour, felon que l'appetit les Theod. 1. prenoit. Ils rejettoient le travail des mains combift. c. 11. me mauvais abufant de cette parole de J. C. 79.v1.27. Travaillez non pour la nourriture qui perit, Her. 80. n. mais pour celle qui demeure dans la vie éternel

45.6.

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le. Saint Epiphane combat principalement cette erreur touchant le travail. Il montre les inconveniens de la mendicité, & les lâches complaifances où elle engage envers les riches même envers ceux dont les biens font mal aquis. Il raporte les preceptes de l'Apôtre & la pratique des moines, particulierement d'Egypte, qui accordoient fi bien le travail avec la priere: & il ajoûte l'exemple des prêtres & des évêques. Car

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bien qu'ils euffent droit de fe faire nourrir par les peuples qu'ils inftruifoient, & qui de leurs juftes travaux leur devoient les premices & les oblations; toutefois ils en ufoient fobrement. La plufpart dit-il, quoique non pas tous, imitant l'Apôtre S. Paul exercent de leurs mains quelque métier qu'ils trouvent convenable à leur dignité, & à leur application continuelle au gouvernement de l'églife, afin qu'après la parole de l'inftruction, ils ayent encore la joye en leur confcience, de fatisfaire à leurs befoins, par le travail de leurs mains; & de donner aux pauvres ce qui leur refte, tant des oblations, que de leur travail: ce qu'ils font par un excès de zele envers Dieu, & de charité pour le prochain. Ceft le témoi gnage que rend S. Epiphane à la plus grande partie des évêques & des prêtres de fon tems. Les Maffaliens difoient, que chaque homme Theod. avoit un demon qui le fuivoit depuis fa naiflan- faba¥.6.12. & qui le pouffoit aux mauvaises actions: que le feul moyen de le chaffer de l'ame, étoit la priere; & qu'elle arrachoit avec lui la racine du peché. Pour les Sacremens ils les regar doient comme des chofes indifferentes: l'eucha riftie, felon eux, , ne faifoit ni bien ni mal; le baptême retranchoit les pechez, comme un rafoir, fans en ôter la racine. Ils difoient que l'on rejettoit ce demon familier, en fe mouchant & en crachant; & que quand l'homme étoit ainfi Aug. hær. purifié, on voyoit fortir de fa bouche une truye avec fes petits cochons, & on y voyoit entrer un feu qui ne brûloit point au moins quelquesuns leur attribuoient cette fable. Is prenoient la lettre le precepte de prier continuellement, & en pouffoient la pratique jufques à un excès incroyable. Ils dormoient la plus grande partie du jour enfuite ils difoient qu'ils avoient eu des revelations; & faifoient des predictions, dont CC 2 l'éve

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57.

l'évenement montroit la fauffeté. Ils fe vantoient de voir des yeux du corps la fainte Trinité, & de recevoir le Saint-Esprit d'une maniere vifible & fenfible. Auffi avoient-ils des tranfports dans la priere qui leur faifoient faire des actions extravagantes. Ils s'élançoient tout-d'uncoup, difant qu'ils fautoient par deffus les demons: & difoient qu'ils tiroient contre-eux, en faifant avec les doigts le gefte d'un homme qui tire de l'arc ils faifoient plufieurs autres Epiph. n.3. folies femblables qui leur attirerent le nom d'antoufiaftes. Quand on demandoit à quelqu'un d'eux, s'il étoit patriarche ou prophete, ou ange, ou J. C. même, il difoit hardiment qu'oüi. Hier. proem. En un mot, ils croyoient que la fcience & la in dialog. vertu des hommes pouvoit arriver, non feulement à la ressemblance, mais à l'égalité de Dieu; enforte que ceux qui étoient parvenus au comble de la perfection, ne pouvoient plus pecher, pas même de penfée ou par ignorance. Ils ne fe feparoient point de la communion des fidelles; mais cachoient foigneufement leur herefie, jufques à la nier impudemment & l'anathematiPhat. God. fer quand ils étoient convaincus. Les chefs de cette fecte étoient Adelphius, qui n'étoit ni moine ni clerc, mais pur laïque Sabbas, qui portoit l'habit de moine, & s'étoit fait eunuque;

adv. Pelag.

52.

Maffaliens.

& le nom lui en étoit demeuré : un autre Sabbas Euftathe le venerable, Dadoés, Hermas, Simeon, & quelques autres.

XXVI. Flavien évêque d'Antioche ayant appris qu'ils Condam- demeuroient à Edeffe, & qu'ils répandoient leur nation des venin dans le voifinage, y envoya une trouTheod. iv. pe de moines qui les amenerent à Antioche; hift. c. 11. & comme ils nioient leur herefie, il les conHar fab. vainquit ainfi. Il dit que ceux qui les accufoient, étoient des calomniateurs & les témoins des menteurs ; & appellant doucement Adelphius qui

IV. C. II.

:

étoit très-vieux, il le fit affeoir auprès de lui, & lui dit Nous qui avons long-tems vêcu, nous connoiffons mieux la nature de l'homme, & les artifices des demons : & nous fçavons pas experience la conduite de la grace. Ces jeunes gens qui n'ont point examiné tout cela, ne peuvent fupporter les difcours fpirituels. Dites-moi donc comment vous expliquez que l'efprit malin se retire, & que le Saint-Efprit fe communique.. Adelphius flaté par ce difcours, dit que le bap tême n'étoit d'aucune utilité qu'il n'y avoit que la priere, qui chafsât le demon familier, que chacun recevoit en naiffant avec la nature du premier pere. Que quand ce demon étoit chaffé par la priere, le Saint-Efprit venoit, & montroit fa prefence fenfiblement & vifiblement : en délivrant le corps du mouvement des paffions, & l'ame de l'inclination au mal: enforte qu'il n'étoit plus befoin ni de jeûne pour abattre le corps, ni d'inftruction pour regler l'efprit. Que celui qui étoit en cet état, voyoit clairement. l'avenir, & contemploit la fainte Trinité avec les yeux. Alors Flavien dit à Adelphius ces paroles de l'écriture: Malheureux vieillard, tu es Dan. XIIT.. convaincu par ta propre bouche.

52.61.

Enfuite il tint concile avec trois évêques Phot, Cod. qui apparemment fe rencontrerent à Antioche, 520 & jufques à trente preftres & diacres. Les trois évêques furent Byze de Séleucie, Maruthas de Sopharene vers la Mefopotamie, & Samus, dont on ne fait pas le fiege. Bien qu'Adelphius té moignât fe repentir & renoncer à fon herefie, le concile ne laiffa pas de le condamner avec fes complices; & on les convainquit enfuite du peu de fincerité de leur abjuration. Car on découvrit qu'ils communiquoient par écrit avec ceux qu'ils avoient condamnez comme Maffaliens & reconnoiffoient eftre dans les mêmes fenti

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