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fe plaignoient de ceux qui en admettoient trois, An. 36. difant que ces mots ne fe trouvoient point dans l'écriture. Le concile les pria de ne rien demander outre la foi de Nicée: & toutefois il examina les fentimens de ceux qui parloient de troishypoftales. On leur demanda, s'ils les employoient dans le fens des Ariens, comme divifées, étrangeres, de diverse substance, & chacune fubfiftant par elle-même: tels que les enfans des hommes & les productions des autres créatures. S'ils vouloient dire trois fubftances. differentes, comme font l'or, l'argent & le cuivre: ou comme d'autres beretiques, trois principes, ou trois dieux. Ils affurerent qu'ils ne difoient rien de tout cela, & qu'ils n'en avoient jamais eu la penfée. Le concile leur dit: Comment donc l'entendez-vous, & pourquoy enfin vous fervez vous de ces paroles? Ils repondi rent: Parce que nous croyons que la fainte Trinité n'eft pas feulement trinité de nom, mais qu'elle eft & fubfifte veritablement : Nous favons que le Pere eft & fubfifte veritablement : que le Fils eft & fubfifte veritablement dans la fubftance du Pere; & que le S. Efprit fubfifte & exifte. Nous n'avons point dit trois dieux ou trois principes; & nous ne fouffririons pas qu'on le dît ou qu'on le penfât. Nous connoiffons la fainte Trinité, mais une feule divinité; un principe; le Fils confubftantiel au Pere, comme nos peres ont dit le S. Efprit ni creature ni étranger, mais propre & infeparable de la fubftance du Fils & du Pere.

Le concile ayant aprouvé cette explication des trois hypoftafes, examina ceux que l'on accufoit de n'en admettre qu'une: pour voir s'ils n'étoient point dans les fentimens de Sabellius, anéantiffant le Fils & le S. Efprit ; & pretendant que le Fils étoit fans fubftance, au le S, Efprit

C7

fans

AN.362. fans fubftance. Ils affurerent qu'ils ne le difoient point, & ne l'avoient jamais penfé. Mais, ajoûterent ils, nous prenons le mot d'hypoftafe, dans le même fens que celui de substance; & nous croyons qu'il n'y en a qu'une, parce que le Fils eft de la fubftance du Pere, & à caufe de l'identité de nature. Car nous croyons qu'il n'y a qu'une divinité & une nature divine: & non pas une nature du Pere, à laquelle celle du Fils & du S. Efprit foit étrangere. Ceux qui admet toient trois hypoftafes s'accorderent avec ceuxci; & ceux qui n'en admettoient qu'une, convinrent de l'explication des premiers: tous les deux partis anathematiserent Arius, Sabellius,. Paul de Samofate, Valentin, Bafilide & Manés. Tous convinrent que la confeffion de foi de Nicée étoit la meilleure & la plus exacte: qu'il faloit à l'avenir s'en contenter, & fe fervir de fes paroles. Au refte le mot hypoftafis étoit inconnu aux anciens philofophes, & aux autres bons auteurs de la langue greque, du moins en ce fens :: les nouveaux philofophes l'avoient introduit, & Sup. liv. x, s'en fervoient frequemment au lieu d'oufia, qui fignific effence ou fubftance. Ofius avoit traité: cette queftion dans le concile qu'il tint à Alexandrie, du temps du grand Conftantin: mais le concile de Nicée, qui vint incontinent aprés, n'en fit aucune mention.

Socr. III. 6. 7.

23.43.

Ad An

tiach. p. $78. B.

On traita auffi du myflere de l'Incarnation dans le concile d'Alexandrie: on interrogea ceux qui difputoient fur ce fujet, & on les fit convenir de part & d'autre, qu'il ne faut pas mettreJ. C. feulement au rang des prophetes; & ne le regarder que comme un faint homme, venu à la fin des liecles. Car il eft dit fimplement des. prophetes, que la parole de Dieu leur a été adreffée: mais il eft dit de J. C. que la parole ou le verbe lui-même a été fait chair; & qu'étape" dans

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dans la forme de Dieu, il a pris la forme d'ef- AN. 361. clave: qu'il s'eft fait homme, & eft né de Maric, felon la chair à caufe de nous; & qu'ainfi le genre humain, entierement & parfaitement délivré du peché par lui, & affranchi de la mort, est introduit dans le royaume des cieux. Ils confef ferent auffi que le Sauveur n'avoit pas un corps fans ame, fans fentiment ou fans penfée; & que cela n'eft pas poffible, puis qu'il ne nous a pas feulement procuré le falut du corps, mais auffi de l'ame. Etant vrayement Fils de Dieu, il eft devenu auffi fils de l'homme; & étant le Fils unique de Dieu, lui-même eft devenu le premier né entre plufieurs freres. C'eft pourquoi le Fils Fo. VIIN de Dieu qui étoit devant Abraham, n'eft autre que celui qui eft venu aprés Abraham; celui qui a reffufcité Lazaré, n'étoit pas un autre que celui qui demandoit où on l'avoit mis: C'étoit le même, qui demandoit comme un homme où il étoit, & qui le reffufcitoit comme Dieu.. C'étoit le même qui crachoit par le corps comme homme, & qui par l'efprit, comme Fils de Dieu, gueriffoit l'aveugle né: qui fouffroit en fa chair, comme dit S. Pierre; & qui comme Dieu ouvroit les fepulcres & reffufcitoit les morts. Ceux qui difputoient au fujet de l'Incarnation, convinrent d'expliquen ainfi tout ce quien eft dir dans l'évangile.

pas un

&

Jo. *1.34***

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IX..6..

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Socr. 11

6.7+

Sup. IV.

Cette doctrine n'étoit pas nouvelle, mais conforme à la tradition ecclefiaftique & aux écrits des anciens. S. Irenée, S. Clement d'Alexandrie, Apollinaire d'Hierapolis qui vivoit feus Marc 7.4. Aurelle, & Serapion d'Antioche avoient écrit la Enf.vi. même chofe, que le Verbe incarné avoit une ame. hift. 33. Origene l'avoit enfeigné, & le concile tenu de Supliv.vt,. fon temps au fujet de Berylle évêque de Boftre Ser. 111.. en Arabic en avoit écrit de même. S. Athanafe & 8. leut dans le concile d'Alexandrie l'apologie qu'il Sup.liv. avoit 111,247

7. 12.

to. 1. p. 5. p.810.

to.2 con.

A.362. avoit écrite long-temps auparavant, pour juftifier fa fuite contre les calomnies de Leonce d'AnAp. Athan. tioche & des autres Ariens. Enfin le concile écrivit à Lucifer, à Cymacius de Palte en Syrie, & à Anatolius d'Eubée, qui etoient à Antioche, pour leur rendre compte de ce qui s'étoit paffe; & cette lettre qui eft connue fous le nom de lettre de S. Athanafe à l'églife d'Antioche, fut envoyée par S. Afterius de Petra, & S. Eufebe de Verceil.

XXVIII,

que.

Les peres du concile d'Alexandrie y parlent Lettre à ainfi: Recevez tous ceux qui voudront avoir la P'Eglife d'Anthio- paix avec vous, principalement ceux qui s'affemblent dans la Palée; c'étoit le parti de S. Meche. Sap. liv. lece: attirez auffi ceux qui quittent les Ariens, **1.7. 33. & les recevez avec une affection paternelle, les uniffant à nos chers freres qui fuivent Paulin: fans leur demander autre chofe, que d'anathematifer l'herefie Ariene, & de confeffer la foi de Nicée. Qu'ils condamnent auffi ceux qui difent que le S. Efprit eft créature; & les erreurs de Sabellius, de Paul de Samofate, de Valentin, de Bafilide & de Manés. Et enfuite: Empêchez abfolument qu'on life, ou qu'on montre l'écrit quelques-uns font valoir,comme étant une expofition de foi du concile de Sardique: car ce concile n'a rien fait de femblable. Il eft vrai que quelX11,35 ques-uns demanderent, que l'on écrivit touchant. la foi, & entreprirent temerairement de le faire: mais le faint concile en fut indigné, & ordonna de fe contenter de la définition de Nicée. Les peres d'Alexandrie raportent enfuite ce qu'ils ont fait touchant les queftions de l'hypoftafe & de l'incarnation, & comment en faisant expliquer ceux. qui parloient differemment, ils les ont trouvez dans les mêmes fentimens. Ils exhortent ceux à qui ils écrivent d'en ufer de même: de récevoir à la paix tous ceux qui donneront les mêmes.

Sup. liv.

explications à ces paroles, de rejetter les autres AN. 362. comme fufpects; & en general, d'exhorter tous les catholiques à fuir les jugemens temeraires & les difputes de mots, & à conferver l'union par tous les moyens poffibles. Ils ajoûtent à la fin: Lifez ceci publiquement dans le lieu où vous avez accoûtumé de vous affembler; car il eft jufte que l'on y faffe la réunion de ceux qui voudront accepter la paix enfuite on tiendra les affemblées dans le lieu dont tout le peuple conviendra en vôtre prefence. Cette lettre fut foufcrite par S. Athanafe, par les autres Evêques prefens, par les deux diacres de Lucifer, & les deux de Paulin. S. Eufebe de Verceil y foufcrivit en latin, comprenant dans la fouscription la fubftance de la lettre. Outre les trois abfens, Lucifer, Cymatius & Anatolius, la lettre étoit auffi adreffee à Eufebe & à Aftere, quoique prefens, parce qu'elle leur fervoit d'inftruction & de commiffion.

To.7.concila

S. Athanafe écrivit auffi en fon particulier à plufieurs Evêques, ce qui s'étoit paffé en ce concile: principalement ce qui regardoit la reconciliation de ceux qui avoient foufcrit au concile de Rimini. Nous avons la lettre qu'il en écrivit 7.2.p.4. à Rufinien: où il marque que les autres évêques p. 76. C. avoient ordonné la même chofe dans toutes les provinces: nommément en Grece, c'est à dire en Achaie, en Espagne, en Gaule & à Rome, & que l'Eglife Romaine avoit approuvé cette conduite. S. Athanafe demande en cette lettre, que ceux qui reviennent anathematifent nommément Euzoïus & Eudoxe, qui faifoient le Fils Bafil.ep-75 de Dieu creature. Il écrivit auffi à S. Bafile, P. 382. D.. fe contenter de la proteffion de foi de Nicée, pour recevoir ceux qui revenoient de l'Arianif me: lui marquant que tous les Evêques de Macedoine & d'Achaïe en ufoient ainsi. On void

de

cam

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