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AN.3 62. celle-cy. Ces paroles montrent que la lettre eft écrite aprés le fixiéme de Novembre de l'année 362. car Julien étant né le fixiéme de Novembre 331 1. ne fut qu'alors dans fa trente-deuxième anSup. liv. née; & nous aprenons icy qu'il avoit renoncé au X11.7. I. Chriftianifme dés l'âge de vingt ans. Il continuë ainfi fa lettre aux Alexandrins:

Epift. 6.

Si vous voulez demeurer dans la doctrine de ces impofteurs: accordez-vous ensemble, & ne defirez point Athanafe. Il y a plufieurs de fes difciples capables de contenter par leurs difcours impies la demangeaifon de vos oreilles. Que fi vôtre affection pour lui a pour fondement fon habileté dans les autres chofes; car j'aprens que c'est un grand fourbe: fachez que c'eft pour cela même que je le chaffe de vôtre ville: un petit homme de rien, com re celui-cy, qui fe mêle de beaucoup d'affaires, & fait gloire d'expofer fa vie, n'eft propre qu'à caufer du défordre.

Julien écrivit enfuite à Ecdicius prefet d'E, gypte, pour preffer l'execution de cet ordre. Quand vous n'auriez, dit-il, autre chose à me mander, vous devriez au moins m'écrire touchant Athanafe l'ennemi des dieux. Je jure le grand Serapis, que fi avant les calendes de Decembre, il ne fort d'Alexandrie, on plûtôt de toute l'Egypte, je ferai payer à la compagnie de vos officiers une amande de cent livres d'or. Il ajoû ta de fa main: Je fuis fenfiblement affligé du mépris des dieux; & jamais vous ne me donnerez de plus agreable nouvelle, que d'avoir chaffé d'Egypte ce fcelerat, qui a ofe fous mon regne baptifer des femmes greques & nobles.

Ref.1.c.34. Il faut donc encore faire marcher des troupes contre S. Athanafe, attaquer l'églife & en venir aux violences. La grande églife d'Alexandrie, qui étoit la Cefarée, fut brûlée par les payens & par les Juifs: Julien avoit même donné ordre de

tuer

Socr. III.

C. 14.

tuer S. Athanafe: tous les fidelles allarmez l'envi- AN. 362. ronnoient avec larmes; mais il leur dit : Ce Theod. 11. n'eft qu'un nuage qui fe diffipera bien-tôt. Il prit.9. congé d'eux, recommanda l'églife aux plus capables d'entre fes amis; & fachant que ceux que Soxom.. l'on avoit envoyez contre lui étoient arrivez, ile. 15% entra dans un bateau qu'il trouva fur le bord du Nil, & remonta vers la Thebaïde. Celui qui avoit ordre de le tuer, ayant apris fa fuite, le pourfuivit en diligence: mais il fut prévenu, & un ami avertit S. Athanafe qu'on le suivoit à grande force. Ceux qui l'accompagnoient, lui confeillerent de s'enfuir dans le defert: lui au contraire, fit tourner le bateau & redefcendre promptement vers Alexandrie: pour montrer, difoit-il, que celui qui nous protége eft plus grand que celui qui nous perfecute. Quand ils rencontrerent le meurtrier

il demanda fi A

thanafe étoit bien loin, & où ils l'avoient laiffe? Ceux qui l'accompagnoient, repondirent: Il est proche; & vous le joindrez bien-tôt, fi vous vous preffez. Le meurtrier paffe outre, se preffant en Pain; & S. Athanafe entra dans Alexandrie, où il demeura caché jufques à la mort de Julien.

cement des

Macedo

Eleufius Evêque de Cyzique étoit un des chefs XXXV. des Macedoniens, qui commencerent fous le re- Commen gne de Julien à porter ce nom, & à faire un corps à part. Euftathe de Sebafte en Armenie, niens. & Sophronius de Pompeiopolis en Paphlagonie Sozom. V. étoient avec Eleufius à la teste de ce parti. Sec. It. trouvant en liberté à la mort de Conftantius, ils raffemblerent ceux qui avoient été dans leurs Sup.liv. fentimens à Seleucie, & tinrent quelques conciles: où ils condamnerent le parti d'Acace avec la formule de Rimini, & confirmerent celle d'Antioche, qu'ils avoient déja confirmée à Seleucie. Comme on leur demandoit, ce qui les divifoit alors des Acaciens;avec qui ils avoient été auparavant u

D-3

XIV. n. If

nis.

6.5.6.

AN. 362, nis de communion: ils répondirent ainfi par la bou che de Sophronius: Les Occidentaux tenant le consubstantiel, confondent mal à propos les deux hypoftafes du pere & du fils: en Orient Aëtius, qui tient le diffemblable en substance, fepare trop le Philoft.v11. fils de la nature du pere: pour nous, nous difons que le fils eft femblable au pere en fubftance, prenant un jufte milieu entre ces deux extremitez. Les purs Ariens avoient toûjours pour Evêques à Soz, VII. C. P. Eudoxe, & Euzoius à Antioche; Aëtius & Eunomius les chefs du parti étoient à C. P. & ce fut en ce temps-là qu'ils ordonnerent Evêque Aëtius; Euzoïus de fon côté tint un concile à Antioche, pour caffer ce qui avoit été fait à C. P. fous l'Empereur Conftantius, contre Aëtius & contre les autres. Au refte, les difputes & divifions entre les Evêques n'eurent pas grand cours fouc le regne de Julien: la perfecution generale les tenoit en crainte & en filence.

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La ville de Cyzique députa à l'Empereur Julien pour quelques affaires particulieres, & pour le la rétablissement des temples d'idoles; il loüa leur pieté, accorda leurs demandes, & prit cette occafion pour chaffer de la ville l'Evêque Eleufius, comme ayant profané les temples, établi des retraites pour les veuves & des communautez de vierges, & perfuadé aux payens de méprifer les coûtumes de leurs peres. Il défendit auffi aux Chrétiens étrangers, qui étoient avec Eleufius, d'entrer dans Cyzique: fous prétexte qu'ils fe joignoient aux Chrétiens de la ville, pour exciter des féditions à caufe de la religion. Car quel que defir que Julien eut de rétablir le paganif il voyoit bien qu'il y eût eu de la folie, à vouloir forcer les peuples entiers, & punir ceux qui refuferoient de facrifier. Le nombre en étoit

me,

grand, qu'à peine les Magiftrats de chaque ville cuffent pu les compter. Il n'ofoit pas même leur

défendre 'de s'affembler: mais il s'appliquoit à AN. 361 chaffer des villes les Evêques & les clercs: croyant voir tomber en peu de temps la religion, quand les peuples n'auroient plus perfonne pour les infruire & leur adminiftrer les facremens. Le pretexte étoit, que les Ecclefiaftiques excitoient le peuple à fédition. C'eft ainfi qu'il fit fortir de Cyzique Eleufius & ceux de fa fuite: quoiqu'il n'y eût pas la moindre apparence de trouble. Ceft ainfi qu'il chafla Titus de Boftre, comme Sup.n. 207 j'ai dit.

tions de

Julien étoit toûjours à Antioche, où il paffa XXXVI. Phyver: c'eft à dire le refte de l'an 362. & leSupersticommencement de 363. Il fe preparoit à la guer-Julien. re contre les Perfes qu'il méditoit depuis long-Amm temps: efperant reparer les pertes que les Ro-xx11.6. 12. mains avoient faites de ce côté-là depuis environ Greg. Naz foixante ans; c'est à dire depuis le regne de Dio-4 p.113.C. cletien. Son naturel inquiet ne lui permettoit pas de demeurer en repos; & les victoires qu'il avoit remportées en Gaule, dans fa premiere jeuneffe, lui enfloient le coeur, & lui faifoient defirer d'ajoûter à fes titres celui de vainqueur des Perfes. Les gens fages, particulierement les Chrétiens, voyant les preparatifs qu'il faifoit, difoient qu'il fe preffoit trop, qu'il n'étoit pas temps d'attaquer les Perfes avant que l'empire tût bien paisible au dedans; & que Julien abufant de fa profperité, couroit hazard de tout perdre. Ils parlo ent ainfi devant ceux qui pouvoient le redire à l'Empereur: mais il ne s'en preffoit pas moins, & faifoit gloire de méprifer ces avis, comme venant de perfonnes timides & malignes. Entre les preparatifs de cette entreprife, il faifoit un grand nombre de facrifices: les autels étoient toûjours arrofez de fang: il immoloit quelquefois cent boeufs à la fois; & une infinité de menu bétail : il faifoit chercher par mer panegy D 4

Libani

& P.246. A

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AN. 362. & par terre des oifeaux rares, qu'il déchiroit de fes propres mains: les feftins de fes facrifices donnoient occafion aux foldats de fe remplir de vin & de viandes; enforte que fouvent il faloit les emporter fur les épaules, depuis les temples jufques à leurs logis au travers des ruës: principalement les Gaulois, qui étoient en grand credit. La dépenfe de ces ceremonies étoit exceffive, au jugement des payens mêmes.

Les devins avoient pleine liberté d'exercer leur art, qui fous Conftantius étoit défendu fous peiLiban, de vita fua ne de la vie: Julien faifoit confulter tous les op.11.p. 41. racles: on regardoit les entrailles des bestes, on Mamertin. obfervoit le chant & le vol des oifeaux, on emGrat. 23. ployoit avec affectation tous les moyens de rechercher l'avenir. Il y avoit au bourg de DaSox.v.c. 19. phné, prés d'Antioche, une fontaine Caftalie de Greg. Naz. même nom & de même vértu, à ce que l'on pretendoit, que celles des Delphes. On difoit que l'Empereur Adrien y avoit apris qu'il devoit regner; & que de peur qu'un autre n'en tiraft la même connoiffance, il l'avoit fait boucher de grandes pierres. Jullen voulut la faire ouvrir, & ne manqua pas de confulter le fameux oracle de ce lieu-là.

orat.4.p. 127. C.

Sox. v. c.19.

Le temple de Daphné étoit environné d'un bois Strab. lib. facré de quatre-vingt ftades de tour, qui font 16.p.750. plus de trois lieuës & demie: compofé de cyprez, D. Chryfoft de lauriers & d'autres arbres, dont le feuillage in S. Babyl épais faifoit une ombre impenetrable. Le ter2. to. 5.f. 456.ed. Gr. rain au deffous étoit arrofé d'eaux claires & a

bondantes, & orné de toutes fortes de fleurs, felon les faifons: on y refpiroit un air frais & parfumé. Les Grecs difoient que c'étoit le lieu où la nymphe Daphné fuïant d'Arcadie Apollon qui la pourfuivoit, avoit été changée en laurier; qu'il cherifloit ce lieu & l'honoroit de fa prefences auffi y étoit-il particulierement adoré. Le tem

ple

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