LXXXVI. nouveau paре. Paul Jovin vit. Adriaň. VI. addit. ad Ciacon. fort les cardinaux Pompée, Colonne & Alexandre Cefarini, pour l'aller trouver en qualité de légats du facré college, & en même temps le conclave fut ouvert. Ce nouveau pape étoit Hollandois, né à Utrecht Hiftoire de ce le deuxième de Mars 1459. fils d'un braffeur de bierre, felon d'autres d'un tapiffier. Ses parens n'aïant pas les facultez neceffaires pour le faire étudier, & Voïant d'ailleurs qu'il étoit capable de faire quelques progrès dans les fciences, le menerent à Louvain, & lui procurerent une bourfe dans le college des Porciens, où l'on nourriffoit de pauvres écoliers gratui tement. Il s'y diftingua en philofophie & en théologie; deforte que quand il prit le bonnet de docteur le vingt-uniéme de Juin de l'année 1491. Marguerite d'Angleterre fœur d'Edouard IV. roi d'Angleterre, alors veuve de Charles le Hardi duc de Bourgogne, & gouvernante des Païs-Bas, voulut ellemême faire la dépenfe de cette cérémonie. Quelque temps après, par le crédit de cette princeffe, il fut chanoine de l'église de faint Pierre à Louvain, puis profeffeur en théologie, doïen de la même église, & enfin vicechancelier de l'université. Maximilien I. le choifit pour être précepteur de fon petit-fils l'archiduc Charles, qui n'étoit alors âgé que de fept ans, & qui fut depuis roi d'Espagne & empereur fous le nom de Charles V. Adrien fut envoïé depuis en Espagne en qualité d'ambassadeur auprès du roi Ferdinand, qui le fit évêque de Tortofe, ville de Catologne ; & après la mort de Ferdi, nand il partagea la régence d'Espagné avec le cardinal Ximenes, & demeura enfin feul viceroi de ce roïaume roïaume pour Charle V. Le pape Leon X. l'avoit créé cardinal le premier de Juillet 1517. Il reçut la nouvelle de fon élection à Victoria ville de la Bifcaye, & auffi-tôt il prit les habits pontificaux, & fe fit nommer Adrien VI. ce qui parut d'autant plus nouveau que fes prédeceffeurs avoient toujours changé leurs noms depuis plus de cinq cens ans. Cette élection ne fut point agréable aux Romains, qui vouloient un pape Italien: le peuple en particulier fut fi fâché de ce choix, qu'il pourfuivit les cardinaux quand ils fortirent du conclave, & leur dit beaucoup d'injures; ce qui l'irritoit encore plus,c'est qu'on avoit fait courir le bruit qu'Adrien demeureroit en Espagne, ou qu'il iroit en Hollande du moins pour y faire un long voïage. Paul Jove rapporte que dans une de ces émotions le cardinal Gonzague qui paffoit fur le pont faint Ange avec beaucoup de cardinaux, fe tourna d'un air riant vers les plus mutins & les remercia: » Parce, dit-il, qu'il trouvoit qu'ils en étoient quittes à bon marché, puifqu'on fe con- « tentoit de leur dire des injures, & qu'on ne les la- « pidoit pas comme ils le méritoient. « En attendant qu'Adrien vînt à Rome, le facré college nomma trois cardinaux de chaque ordre pour faire les fonctions pontificales, & demeurer dans le palais. Cependant le dixiéme de Février les cardinaux Cibo & Grimani s'excuferent de prendre le gouvernement de l'églife: Fiefque eût voulu faire de même; mais n'aïant pas d'excufe légitime, il fut obligé d'agréer sa nomination. On lui accorda seulement qu'il ne demeureroit pas dans le palais dų Vatican. AN. 1522. LXXXVII. Adrien VI. des papes p. 383. 1522. n. 3. LXXXVIII. point agréable au peuple Romain. Paul. Jov. in vis. Ce pape n'eft Adrian.VI.p.2504 AN. 1522. LXXXIX. à Wittemberg.. Sleidan. in com ment. l. 3. p. 80. Florim. de Raym. c. S. ment. an. 1522. an. 1522. p. 48. Luther ennuïé de sa retraite, revint à Wittemberg au commencement de cette année; mais parce qu'il Luther fort de fa craignoit que l'électeur de Saxe qui ne l'avoit point retraite, & vient rappellé, ne prit mal ce retour, il lui écrivit dans le mois de Mars, & lui manda qu'il respecteroit toujours fes ordres, & qu'il n'avoit aucun mauvais defde orig. haref. 1.1. fein en quittant fa retraite ; qu'il n'ignoroit pas que plufieurs le blâmeroient de s'expofer ainfi au danger, Cochlaus, in act, après avoir été profcrit par le pape & par l'empereur, feript. Luther. dont il ne falloit point méprifer la puiffance; qu'il avoit fait toutes ces reflexions affez long-temps; mais qu'il avoit crû fon retour neceffaire pour trois raifons. La premiere, parce qu'il en avoit été preffé par des lettres réïterées de l'église de Wittemberg, dont il ne pouvoit negliger la confervation; le foin de cette église & des peuples lui aiant été confié d'une maniere particuliere, & leur falut lui étant beaucoupà cœur. La feconde, que le démon pendant fon abfence avoit troublé toute fon églife, & qu'il ne pou voit y rétablir la paix que par fa prefence; que cette raifon lui avoit paru fi importante, qu'auffi tôt qu'elle lui eut été connue, il s'étoit mis en chemin fans aucune déliberation, parce que rien ne lui étoit plus cher que le falut de fon troupeau ; qu'il auroit bien pû écrire, mais que c'étoit un remede trop foible dans la conjoncture prefente. Enfin la troifiéme, qu'il prévoit une violente tempête qui menace l'Allemagne, parce qu'elle méprise les bienfaits de Dieu qui lui font offerts ; qu'il eft vrai que plufieurs ont embraffé la vraie doctrine avec zele (c'eft ainfi qu'il appelloit fa prétenduë réforme ) mais qu'ils la deshonoroient par la corruption de leurs mœurs,en fai fant mauvais ufage de cette liberté d'efprit qu'il leur a enfeigné ; que d'autres s'appliquent entierement à opprimer cette même doctrine, ce qui peut conduire à une fédition; qu'il avoit déja assez affoibli la tyrannie du pape ; mais que les magiftrats ne voulant pas reconnoître une fi grande faveur, il étoit à craindre que Dieu ne vengeât le mépris qu'ils faifoient de fa parole, & que les malheurs tombant fur cux les uns après les autres, ils ne fuffent ruinez fans reffource. Il rapporte encore dans cette lettre plufieurs autres raifons de fon retour, fur lesquelles il n'infifte pas, parce qu'il dit que les premieres font suffifantes. Il ajoûte qu'il prie l'électeur de ne le point blâmer s'il est venu à Wittemberg fans fa permission, que comme prince fouverain il n'a de pouvoir & d'autorité que fur les corps & les biens de ses sujets; mais que Jefus Chrift eft maître absolu des ames, dont le foin lui aiant été confié, il ne pouvoit fe difpenfer de les aller fecourir. AN. 1522. XC. Carloftad excite Sleidan, lib. 3. Zuingl. ep. ad Alb.rt. id.de vira falfa religione. part. fol. 132. Les troubles dont Luther parle dans sa lettre, avoient été excitez par Carloftad à Wittemberg, du trouble à Witlorfqu'il tenta d'y renverser toute la difcipline de temberg. l'églife, en profitant de l'abfence de Luther. Ce Car- p. 82. loftad dont on a déja parlé ailleurs, étoit un homme Matth. brutal, ignorant, artificieux pourtant & brouillon, & fans piete, fans humanité, plûtôt Juif que Chrétien. Une des plus fortes preuves de fon ignorance eft l'explication qu'il donna aux paroles de Jefus-Chrift dans l'inftitution de l'euchariftie, foutenant que le Sauveur en difant: Ceci eft mon corps, n'avoit aucun égard à ce qu'il donnoit, & vouloit feulement Hofpinian, fecun da des va int. 1.2.§.8. p. 57. fe montrer lui-même affis à table comme il étoit avec AN. 1522. fes difciples. » Imagination fi ridicule, dit M. l'évêque de Meaux, qu'on a peine à croire qu'elle ait » pû entrer dans l'efprit d'un homme. XCI. Commencement Avant qu'il eût enfanté cette interpretation monftrueufe devant la retraite de Luther, il avoit renverfé les images à Wittemberg, ôté l'élevation du faint facrement, & même les meffes baffes, rétabli la communion fous les deux expeces. Luther n'improuvoit pas tant ces changemens qu'il les trouvoit faits à contre-temps, & d'ailleurs peu neceffaires. دو Ce n'eft pas, difoit-il, que ce ne foit un bien d'abolir » la messe, mais il ne faut pas le faire témerairement » & avec fcandale; &fi la meffe n'étoit une mauvaise chofe d'elle-même, je voudrois la rétablir: je fou haiterois que toutes les images du monde fuffent » détruites; mais il falloit commencer par ôter de l'efprit des peuples les images qui y font formées, » & les bien inftruire; après cela les images materielles feroient tombées toutes feules. « Mais ce qui piqua Luther au vif, fut que Carloftad avoit méprides démélez entre fé fon autorité, & avoit voulu s'ériger en nouveau docteur. Les fermons qu'il fit à cette occafion font remarquables; car fans nommer Carlostad, il reprochoit aux auteurs de ces entreprifes, qu'ils avoient agi fans miffion, comme fila fienne eût été mieux établie. » Je les défendrois, disoit-il, aifément de-. vant le pape; mais je ne fçai comment les juftifier » devant le diable, lorsque ce mauvais esprit à l'heure de la mort leur oppofera ces paroles de l'écriture; Toute plante que mon Pere n'aura point plantée fera déracinée. Et encore : Ils couroient & ce tad. Ep. Luth. ad Gal par. Gustol. 1522. Biano prestandum Serm. quid chri $.7.fol. 273. |