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La Communion, paroît avoir déterminé & amené cette formule, Pax domini fit femper vobiscum.] Après l'Oraifon Dominicale, dit S. Auguftin on dit Pax vobifcum; & alors les Chrétiens s'em-« braffent, en fe donnant le Saint-baifer en figne de paix. Il eft auffi marqué dans les Ordres Ro mains, que la paix fe donnoit à cet endroit.Voicy les termes : « Quand on a dit Pax Domini fit fem per vobifcum,l'Archidiacre donne premierement la paix à l'Evêque & enfuite à tout le refte du peuple,chacun à fon rang.» Voicy encore ce que dit Remy d'Auxerre; « Le Prêtre fait une priere pour obtenir la paix de l'Eglife, en difant Pax « Domini fit femper vobifcum : & après avoir ainfi « prié pour la paix, il commence, & après luy « tout le monde continue à s'entredonner le baifer « de paix. « Amalaire & Jean d'Avranches difent pareillement que la paix fe donnoit &qu'on s'embraffoit après le Pax Domini fit femper vobifcum. Et à Milan, précisément après ces paroles, le Diacre dit, Offerte vobis pacem. Enfin quelques Sacramentaires portent que le Prêtre immédiatement après Pax Domini fit femper vobiscum, prenoit la paix, de l'Autel ou de la patene, en les baifant. Bien plus, en ces paroles confiftoit tellement la formule du baifer de paix, que, felon quelques Pontificaux, l'Evêque en donnant la paix aux Miniftres nouvellement ordonnez, leur difoit, Pax Domini fit femper vobifcum. Et encore aujourdhuy, en quelques Eglifes, en s'embraffant en figne de paix, on dit Pax tibi, frater Mais cePax Domini, étoit tellement lié avec le baiser de paix, qu'en plufieurs Eglifes, fur tout à Rome, comme ce baifer n'étoit point en prattique le Jeudy. faint, auffi Y omettoit-on le Pax Domini ce jour-là.

Et c'eft ce qui eft encore par tout refté le Vendre dy-faint. Il ne dit point, Pax Domini, parceque les affiftans ne doivent point s'entrebaifer,» portent quelques Miffels. Ponis in ore Calicis de ipfa Hoftia, non dicis Pax Domini, nec faciunt pacem. Sacram. Rom. Eccl. l. 1.

CHAPITRE IV.

De la Meffe haute & de la Meffe basse.

on y

A Meffe eft haute ou baffe. Haute, quand dit à voix haute certaines paroles, & que par conféquent on y chante. Baffe, quand tout s'y dit à voix baffe ( 1 ), & que rien par cons féquent ne s'y chante. Car en langage de Rubriques, dire à voix haute, c'est chanter; comme au contraire, dire à voix baffe, c'eft ne pas chan ter, mais proprement prononcer, lire & réciter (2). Enforte que, dire bas, n'est pas icy oppofé, comme l'on voit, à dire d'une voix intelligible (3), mais feulement à dire haut & ce qui s'appelle chanter (4) (a). Auffi ne laiffe-t'on pas d'appeller Meffes baffes, celles où, à la réferve de la Secrette, du Canon & de quelques

(a) Le Pape Leon III. difoit qu'on ne chantoit point le Symbole à Rome,mais qu'on le contentoit de le lire. Où l'on voit que chanter eft opposé à lire.

,,Ne chantez que ce qui eft marqué pour étre chanté, ,, dit S. Auguftin dans la Regle qui porte fön nom, & ,, contentez vous de dire le reste à voix baffe. "Où l'on voit encore que dire à voix baffe, eft oppofé à ce qui s'appelle chanter.

autres prieres, tout fe dit d'une voix tres-intelligible favoir le Judica, le Confiteor, l'Introït, le Kyrie, le Gloria in excelfis, la Collecte, le Gra duel, l'Evangile, le Credo, l'Offertoire, la Préface, le Sanctus, le Pater, l'Agnus Dei, la Communion, la Post-communion, l'Ite, miffa eft, la Bénédiction, & l'Evangile de S. Jean.

II.

Mais voicy ce que c'est & en deux mots toute l'economie de la Meffe, par rapport à la manicre dont on prononçoit autrefois les différentes parties, avec les changemens qui y font arrivez dans la fuite.

SECTION I

De la maniere de prononcer, tant à la Meffe haute qu'à la Meffe base.

De la maniere de prononcer à la Messe haute.

I.

Lviennent les Meffes baffes, ainfi que nous E peuple, aux Melles hautes (d'où pro

dirons bientôt ), chantoit conjointement avec PEcole des Chantres, autrement appellée le Chaur, le Kyrie, le corps du Gloria in excelfis & du Credo, le Sanctus & l'Agnus Dei (a). Il répondoit auffi avec le Chœur, aux falutations du

(a) Les Chartreux obfervent toujours de chanter le Gloria in excelfis & le Credo tous enfemble. Le Credo fe récite auffi à Paris, unanimement par les deux Choeurs.

Dominus vo

ritu tuo.

agamus Do

Dignum &

Ite,miffa eft,

Pax vobis Prêtre, à fes invitations, ainfi qu'à quelques bifcum. Pax unes des monitions du Diacre, à la conclufion, Domini fit c'eft-à-dire au Per omnia de la Collecte, de la femper vobifcum. Refp. Secrette, du Canon, du Pater, du Libera nos quaEt cum fpi- fumus & de la Poft-communion ; & encore aux Surfum Verfets du Graduel & de l'Alleluia, chantez par corda. Refp., les Chantres ou Choristes. L'Ecole des Chan Habemus ad Dominum. tres, foit qu'elle se distribuât en deux, comme on Gratias aga- le prattiquoit originairement (a), ou que tous mino Deo les Chantres vinflent à fe réunir, ainfi qu'on l'a noftro. Ref depuis obfervé, chantoit l'Introït, l'Offertoire juftum eft. & l'Antienne nommée Communion. Un ou deux C comme à Chantres ou Choristes, commençoient auffi au ou Benedica- Jubé, les Verfets du Graduel & de l'Alleluia, Refp.Deo gra- que le peuple avec le Choeur, reprenoit & répétias. toit après eux, & chantoient feuls le Trait. Le libera nos à Soudiacre ou autre lecteur lifoit l'Epitre & les Prophéties, & le Diacre faifoit les annonces ou monitions (b), & lifoit l'Evangile. Le Prêtre de fon côté, entonnoit le Gloria in excelfis & le Credo, qu'il continuoit ordinairement avec le Chœur ; auquel auffi quelquefois il fe mêloit & s'incorporoit pendant le Kyrie, comme lorsqu'il n'étoit pas occupé à autre chofe. Au furplus, il récitoit & prononçoit la Collecte, la Secrette, la Préface, le Sanctus (où le peuple & le Cheur se jolgnoient à luy ), le Canon, le Pater, le Libera nos quafumus Domine, le Pax Domini fit femper vobif

mus Domino

d Amen. Sed

malo.

(a) Et qu'on l'obferve encore en quelques Eglifes, où l'Introit, l'Offertoire & la Communion, font parta gez entre les deux Choeurs.

(b) Savoir de s'agenouiller, Flectamus genua; de fe relever, Levate ; d'humilier ou incliner la tête, Humiliate capita veftra Deo; de s'en aller, Ite, mißa eft; ou de benir & glorifier le Seigneur, Benedicamus Domino.

cum, l'Agnus Dei ( où auffi le Chocur & le peuple s'uniffoient à luy ), ces paroles Hac commixtio &confecratio, &c. & la Poft communion. II récitoit, dis-je, toutes ces chofes, & les récitoit naturellement à voix intelligible (a). Avec cet'te différence toutefois, que comme aux derniers mots de la claufule ou conclufion, je veux dire, au Per omnia de la Collecte, de la Secrette, da Canon, du Libera nos quafumus & de la Poftcommunion, ainfi qu'à la Préface & ay Sanctus, au Pater, & enfin au Pax Domini fit femper vobif cum, il venoit à hauffer fa voix, d'une note on deux, favoir, du re au mi ou au fa (5), pour les raifons que nous dirons au Nombre fuivant, cela s'appelloit régulièrement, dire à voix haute & chanter (6); parce qu'en effet il y avoit élévation de voix, & que le mi & le fa font des notes plus hautes que le re (b). Au lieu que tout le refte de la Meffe, le Prêtre le prononçant toujours d'un même ton, d'un ton toujours égal & uniforme, fi vous voulez fur le re (7), fans variation, ou modulation aucune, en un mot, fans changement ou inflexion de voix, & fans l'éle

(a) Saint Auguftin, en fa réponse à Janvier, Livre 2. ou Lettre 5. ( auparavant la 119.) n. 34. dir que, "lorfque les Freres étoient affemblez dans l'Eglife; ou bien " on chantoit des Pfeaumes, où on lifoit, ou on prê - “ choit, ou l'Evêque prioit à haute voix, ou le Diacre "< prefcrivait la priere commune. Ce qui, comme l'on voit, exclud manifeftement toute priere particuliere & à baffe & inintelligible voix.

(b) Auffi, comme nous verrons ailleurs, la plupart des Pontificaux, Sacramentaires, Miffels & Rituels, voulant marquer que le Prêtre doit chanter & dire à voix haute, par exemple le per omnia fecula feculorum, s'expriment ils d'ordinaire en ces termes, elevatâ voce, elevando vocem, &C.

Tome 1.

V