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voix baffe, à la fin de tous les Offices (a): an lieu qu'à la Meffe, comme les Catécumenes s'étoient retirez aprés l'Evangile ou le Sermon, la précaution devenoit inutile ; & cette Priere étoit en effet récitée, comme elle l'a toujours été, à haute & intelligible voix (b). Mais, preuve que les Canons que nous venons d'alléguer, doivent étre expliquez de l'Office en général, & non fpécifiquement de la Meffe; c'eft qu'autrement tous ces Conciles n'auroient rien ftatué fur le reste des Divins-Offices, ce qui n'eft nullement à croire. Par exemple, s'ils ne parloient que de la Meffe, dans les Canons déja citez; ils laifferoient done la liberté de célébrer les autres Offices dans les Oratoires de la campagne, même les jours folennels, que ces Conciles. néanmoins ordonnent de paffer dans la Ville, Tout de même, ces Conciles n'auroient encore pris nulles mesures, pour empêcher les Sécu

(a) Il étoit inutile que S. Benoist, qui preferit à Laudes & à Vêpres, la récitation de l'Oraison Dominicale à voix haute, fe mit fur cela en garde contre les Catécumenes. On fait que les Fideles, dans ces premiers. temps, fréquentoient peu oa point du tout, les Oratoires des Moines, qui étoient dans l'intérieur du Monaftere. A quoy on peut adjouter,qu'au fentiment de certains Auteurs, les Catécumenes, chez les Grecs (d'où cet ufage a pu paffer en quelques Eglifes d'Occident, fur tout dans les Monafteres), ne pouvoient affifter ni à Laudes ni à Vêpres, non plus qu'à la Meffe des Fideles; ainfi le Pater, quoique récité à voix intelligible, étoit également à couvert & en fureté dans tous ces Offices.

(6) Et voilà en paffant la raifon de dire tout-bas le Pater à l'Office, & tout-haut à la Meffe; c'eft que les Catécumenes, à qui on tenoit cette Priere cachée, jufqu'à leur Baptême, pouvoient étre préfens à l'Office, mais jamais au Sacrifice.

liers de fortir, les Dimanches & les Fêtes, de l'Office du matin ou du foir, avant la fin de ces Offices ; & fans attendre ni la récitation de l'Oraifon Dominicale, ni la Bénédiction de l'Evêque ou du Prêtre. Voilà l'inconvénient d'expliquer en tous ces endroits le Miffas tenere, non de L'Office en général, mais en particulier de la Meffe: au lieu qu'à traduire dans le premier fens, on ne rifque rien, & c'eft conftamment le party le plus fûr & le plus avifé; auffi eft-ce celuy que fuit perpétuellement M. Dupin, en interprétant ces mêmes Canons, dans fa Bibliotheque des Auteurs Eccléfiaftiques.

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ei poft Abbatem ftare,be

Pour le Miffas tenere de la Regle de S. Benoist, on ne conçoit pas comment de célébres Auteurs de ce temps-cy,s'aheurtent à l'entendre de l'affiftance à la Meffe: car évidemment tout ce que S. Benoist ordonne dans le Chapitre déja cité de fa Regle, touchant les Prêtres qui font dans le Monaftere, à qui il permet de tenir la pre- « miere place après l'Abbé, de donner les béné- « dictions, & de faire encore d'autres fonctions, exprimées par ces mots Miffas tenere ; « tout cela Concedatur ne peut étre que par le motif d'une confidération particuliere pour eux & à caufe de leur caractere nedicere,aut & de leur dignité. Ce font des prééminences & re, fi tamen des prérogatives d'honneur & d'employ, qu'on jufferit leur accorde fur les autres. Or, de bonne foy, est-ce une distinction pour des Prêtres, que d'affifter à la Meffe; & ont-ils befoin d'une conceffion finguliere pour l'entendre & pour y étre préfens? Au lieu que, pour donner les bénédictions, préfider à l'Office & ce qu'on appelle tenir le Cheur: comme en l'absence & au défaut

Miffas tene

Abbas.

par

de l'Abbé, ces fonctions regardoient naturelle ment le Prieur ou les Doyens ; en un mot, les plus Anciens, à l'exclufion même de Prêtres, qui n'avoient d'autre rang, que celuy de leur entrée dans le Monaftere ; il falloit à ceux-cy un ordre exprès de l'Abbé, pour faire ces fonctions ; & c'est ce que S. Benoift veut dire icy par ces paroles concedatur ei.... benedicere, aut Miffas tenere, fi tamen jufferit ei Abbas. Mais feulement conçoiton ce que veut dire, affifter à la Meffe après l'Abbé; qui eft le fens qu'un très-habile homme de nos jours, donne à cet endroit de la Regle de S. Benoift? Eft-ce,n'affifter qu'à la feconde Meffe,& laiffer l'Abbé honneur entendre la premiere;' ou bien, le mettre derriere l'Abbé, lorfqu'il entend la Meffe? Mais ce n'eft pas icy le lieu de s'é tendre d'avantage là-deffus. Il doit donc demeurer pour décidé, à mon avis,que S. Benoit à prétendu dire icy autre chofe que d'Affifter à la Mesfe; & que par ces termes Miffas tenere, il entend certainement des fonctions fupérieures; comme de Tenir le Chœur, faire l'Office, & y préfider, le commencer & le finir, dire les Oraifons, & auffi par conféquent célébrer la Meffe, les Dimanches & les Fêtes, en un mot, quand il en eft befoin. Onvoit donc encore icy l'importance de rendre ces mots Miffas tenere, par rapport à l'Office en général, & non à la Meffe en particulier. Bien plus, dans l'Abbayie de Notre-Dame de Soiffons, de l'Ordre de S. Benoift; cette expreffion, qui étoit fans doute venue aux Dames de ce Monaftere, de la tradition de la Regle, fe trouvoit encore ufitée au xy. fiecle, en un fens exclufif même du Sacrifice de la Meffe: car dans l'Or

ainaire manufcrit de S. Pierre de la même Ville (a), contenant quelques Coutumes, communes aux Chanoines de cette Eglife, & aux Religieufes de Notre-Dame, dont ces Chanoines font Chapelains, il eft fait mention d'une ceinture, due à la Dame qui tient la Meffe; ce qui manifeftement ne fe peur entendre de célébrer la Meffe, puifqu'une Religieufe eft de foy inhabile à exercer le Sacerdoce & le Miniftere; mais feulement de tenir le Chœur & faire l'Office de Chantre ou de Semainiere (b). A Moncaffin, au rapport de PaulAuguftin de Ferrariis, Moine de ce Monaftere qui a écrit de nos jours fur la Regle de S. Benoift; ces termes, tenere hebdomadam Miffa, font encore demeurez dans l'ufage, pour dire, faire l'Office pendant la femaine; ce qui s'entend également de Tous les Offices, & de Matines & de Laudes comme de la Meffe. « Quand les Canons ont c dit tenere Miffas, dit M. de l'Aubépine, Evêque « d'Orleans, ils ont entendu dire, gouverner les « Affemblées des Fideles & y préfider: cette façon de parler ne peut s'appliquer au Sacrifice, il faut néceffairement l'entendre de l'Affemblée des «< Fideles.

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Enfin, de ce que les Fideles s'affembloient pour célébrer les Divins-Offices, les Dimanches & les Fêtes, on a dit Missa Sancti-Martini, Sancti

(a) Cet Ordinaire eft écrit en 1449. & fe nomme Daghardt, c'est-à-dire, Journal; parcequ'il renferme ce qui fe doit faire chaque jour dans l'Eglife. Dag ou Dagh, mot Flamand, formé de Dies.

(b) C'est ainsi que le Cérémonial de Reims de 1637. dit que le Chantre tient la Meffe, pour dire, qu'il fait la fonction de Chantre à la Meffe; ce que l'Ordinaire manufcrit de l'Abbaye de Savigny, exprime aussi en Latin par Officium Miffa tenere.

Joannis, pour défigner la Fête de S. Martin, de S. Jean (4). Les Moines de Corbie appelloient la Fête de Sainte-Batilde, la Meffe de Dame. Batilde, Miffa Domna Batilda. Bien davantage, parcequ'on s'affemble aux Foires, & que d'ailleurs ces Foires se tiennent d'ordinaire aux lieux où l'on célébre la Fête ou la Dédicace de l'Eglife; on trouve quelque part la Meffe de S. Jean, pour dire non.feulement la Fête, mais auffi la Foire de S. Jean car les Fêtes ont donné lieu aux Foires, ainfi dites du mot Feria, Fêtes. D'un côté, les Marchands prenoient occafion de ces affemblées & du concours des Fideles, qui venoient en pélérinage aux Tombeaux des Saints, pour étaler & debiter plus facilement leurs denrées & leurs marchandifes ; & d'autre part, les particuliers s'accommodoient tout-à-fait de trouver dans ces lieux de dévotion, toutes les chofes néceffaires à la vie ; furtout, ceux qui venoient de loin, ne pouvoient-ils guere s'empêcher d'acheter des vivres. On fait que les Hôtelleries étoient peu communes en ces temps-là. Nundi. nas & publicum Emporium, ex Martyrum tempore &loco, facientes, dit S. Bafile, en fes Afcetiques, Chapitre 40. On fait des Foires & des Marchez fur les Tombeaux des Martyrs, aux jours >> mêmes de leurs Fêtes.

10. Parce que la fin de la meffe des Catécumenes faifoit en même temps le commencement de l'autre partie de la Liturgie, où les Fideles feuls avoient droit d'affifter, le nom de Melse a aussi insensiblement & comme naturellement paffè à cette feconde on derniere

(a) A Gand, on dit le Terme de la-Bé mis, (Bavonis, Miffa, la Fête de S. Bavon), comme on dit en ces payscy, le Terme de la-S, Remy,

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