particuliere, Meffe privée, c'est à dire, privée & dépouillée de Miniftres, de Cérémonies & de. folennité. La Melle baffle n'étant donc, comme l'on voit, dans fon origine & dans fon inftitution, qu'un, fupplément, &, pour ainfi dire, un remplacement de la Meffe haute, on y a néceffairement agi par adhérence à cette Meffe & en conformité de ce qui s'y dit & de ce qui s'y fait ; & on n'a pu, faire autrement que d'y introduire non feulement les mêmes paroles & les mêmes formules mais auffi les mêmes prattiques & les mêmes actions, j'entens celles qui regardent précifément l'effentiel du Sacrifice & le corps de la Meffe. Formula pro folenni Missa inftituta, dit le Cardinal Bona, in privata non mutantur, I REMAR QUE S A Meffe eft haute quand on y dit à voixbaute certaines paroles, & baffe quand tout, dit à voix baffe. ] C'eft ainfi qu'en une infinité. de Miffels & d'Ordinaires, la Meffe eft appellée. haute ou baffe, felon qu'elle eft dite à voix haute. ou à voix baffe. Alte vel bafsè, dit un Rituel de Perigueux. Eftienne Poncher, Evêque de Paris, fixe la retribution d'une Messe balle (pro Miffa baffa), à deux fols Parifis; & celle d'une Meffe haute fimple (pro alta Miffa), toutefois avec chappe, Diacre & Soudiacre, à trois fols Parifis. Il fe doit célébrer tous les jours dans l'Eglife du Mans, une Meffe baffe pour le Roy, una Miffa pro Rege, fundata omni die, fubmifsâ voce. Et dans l'Ordinaire MS.de l'Eglife Collégiale de la même Ville, il est marqué qu'un des Chappelains eft tenu de dire aux jours des Rogations, une Melle au Grand- Autel, fubmifsa voce. Le Pontifical de Ba yeux de 1419. preferit à ceux qui par dévotion veulent dire la Meffe fubmifsâ voce, le Samedyfaint, de commencer par Kyrie-eléifon. Le Milfel de Poitiers de 1580. défend de donner la bénédiction à la premiere & à la feconde Meffe du jour de Noel, lorfque ces Melles fe difent priva tè & fubmifsâ voce Et la raison de cette défenfe eft, felon ce Miffel, que le peuple fe croyant congé dié par cette bénédiction, pourroit fe difpenfer d'affifter à la Meffe qui fuit. Le Miffel de Milan de 1560. parlant des mêmes Meffes de Noel, appelle auffi les dire fubmifsâ voce, les dire baffes, & exclud le Confiteor de la feconde & de la troifieme, & l'In principio de la premiere & de la fe conde. 2. En langage de Rubriques, dire à voix haute c'eft chanter; comme au contraire, dire à voix basse. c'eft ne pas chanter, mais proprement prononcer, lire &reciter] De-là toutes ces expreffions fynony-. mes (répandues en differens Miffels, Rituels, Pontificaux & Ordinaires ou Cérémoniaux ), pour fignifier, dire à voix haute & chanter : alta voce ; elevatâ voce ; elatâ voce, excelsâ voce *; VOCE. fublimiori; cum notâ ; cum cantus; cantando ; in fono; cantando in fonovace fublimiore ; in modum præfationis ; exaltare vocem cantando in mo d Miff. Trec. 15... ་ ( dum præfationis ; in altum; elevatâ in altum voce ;; altiori voce; excelsâ voce modo prafationis; cantare: in tono prafationis 8.Et celles-cy au contraire, pour fignifier, dire à voix baffe & ne pas chanter, proprement prononcer, lire & réciter voce fubmif sa; bafsè feu fubmissâ voce; submissâ voce & fine: antiphonah ; quafi submissâ voce ; voce submissâ more legentis; fubmifsâ voce, id eft, fine tono k.; voce pallidâ & fubmifsâ feu mediocriter elevatâ 1; submissa voce fine nota m; fubmifsâ voce abfque cantandon; fubmifsâ voce, id eft, fine cantu ; voce fubmissa fine nota, audientibus quibufdam de cir*Pontif.Car- cunftantibus; mediocri voce quafi legendo ; fubmissâ voce, ideft, legendo ; submissâ voce quafi legendo; voce legentis f; quafi lectionem legens; in modum legentis; in modum ou ad modum lectionis ; fecretò fubmifsâ voce; voce humili, fcilicet in modum orationis ; voce fubmifsâ, fcilicet fine nota; voce communi & planâ ; tacitâ voce Y ; fine notâ & voce bassâ2; cafsâ voce; voce fimplici, ita tamen quòd audiatur à chero aa; demifsâ voce, clero tamen audiente bb; planè; tacitè c; fine nota dd; fe not. X P f Pontif. Baioc. 1497.. b Ordinar.S. Anian. Aurel. Lingon. 15... k Ordin. S. Mart. Tur. & r Miff. Catal. 1543. aa Ord. Ambian.que poffit bb Miff. Baioc. 1545 dd Milf. Sarisber que ii Cretò ee; fecreto fine notâ ; fecreto fubmissâ voce; seeretè ff; fine cantu 88; fine nota, fed in audientia hh, fine fono; interveniente nullo fono ; cum filentio kk; fub filentio quafi legendo; in filentio & fine cantul; indirectum mm; decantando nn; voce media ou suppressa 0o. Toutes ces expreffions ne difent la même chofe, & portent, comme l'on voit, leur explication avec elles. Enforte qu'il femble déja démontré que dire à voix haute, n'eft autre chose que chanter & dire à notes ou en maniere de Préface; & qu'au contraire, dire à voix baffe, c'eft ne pas chanter & dire d'une voixfimple, unie, tout droit & fans inflexion, fans notes & comme en lifant ou priant, en prononçant ou récitant. Mais il eft néceffaire de donner un peu plus de jour à tout cecy, & de rapporter avec plus d'étenduë quelques-unes de ces Rubriques; par exemple, celle-cy de l'Ordre-Romain: Pontifex dicit Pax vobis; Schola respondet non in illa voce fed alta, Et cum fpiritu tuo. Ce qui veur dire , que le Pontife prononce Pax vobis à voix ee Amalar. ff Miff. Amb. 1506. kk Pfeudo Alcuin. It. Ord. Lugd. Il Miff. Carn. 1669. nn C'est à dire, non cantando ; la prépofition de étant icy négative, & emportant le contraire de ce que fignifieroit cantando. C'eft en ce fens que S. Benoift marque dans fa Regle (e. 9.) que le Venite fera dit cum Antiphona, aut certè decantando. C'eft-à dire, que s'il n'eft chanté, il foit du moins récité. L'Ordre Romain prefcrivant la récitation de l'Exultet, à peu près comme celle du Canon, dit decantando quafi Cañonem. Ce que le Miffel Romain appelle profequi in tone lectionis, dans la Bénédiction des Fonts, favoir ces paroles Hac nobis pracepta fervantibus, d'anciens Sacramentaires l'appellent decantare. baffe & fans chant ; & que le Choeur lay répond au contraire à voix haute & avec chant, Et cum, Spiritu tuo. Le M:ffel de Bayeux de 1545. dit auffi que le Chantre commencera le Kyrie-eléifon, le Samedy-faint, altâ voce, c'est-à-dire, qu'il élevera le Kyrie de quelques notes; en un mot, qu'il le chantera. L'Ufuel ou Ordinaire MS. de l'Abbaye de S. Acheul près d'Amiens, de l'Ordre des Chanoines-Réguliers (a), veut que la Préface de la Bénédiction des Fonts, foit dite cantando, c'est-à-dire, à voix haute. Dicat.... cantando in fono ('à la même Bénédiction), Defcendat in hanc plenitudinem fontis, porte le Miffel de Troies du x v. fiecle. Mais l'expreffion la plus commune, pour marquer la récitation à voix haute & en chant, c'eft-celle-cy, exaltet vocem in modum Præfationis, ou canter in tono Prafatio nis, ainsi que nous avons déja vu. Et la raifon de cette expreffion, eft que, comme le chant de la Préface confifte originairement, radicalement & effentiellement, dans l'élévation qui fe fait de la voix auffi-bien que des mains, pour exprimer le Surfum, fuivant ce que nous avons déja obfervé; c'eft par conféquent chanter en maniere de Préface, que de hauffer fa voix & porter du re (fur lequel fe recite la priere dont Savoir par la Préface eft toujours précédéé *), au mi & au exemple, la Secrette à la la (a) Où cet Ordinaire eft confervé dans la Bibliotheque de ce Monaftere, dreffée par les foins de Melfire Pierre de l'Etoile, qui, depuis plufieurs années qu'ik gouverne cette maifon, en qualité d'Abbé Régulier, n'a d'attention qu'à en relever les ruines & à l'embellir; furtout, à décorer l'Eglife,& à fournir & enrichir la Bibliotheque de Livres, dont le choix marque le difcernemeng & le bon goût de cet Abbé, en tour genre d'érudition & de litterature. |