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Les Églifes Cathedrales, de quoy tirent-elles encore leur nom, que de la chaire de pierre ou de bois,où s'affeioit autrefois l'Evêque pendant l'Office (a)? Les Chapitres, quelque célébres qu'ils

(a) C'est pareillement de-là qu'on a appellé ces fortes d'Eglifes, le Siége de l'Evêque ; ce qui fe doit en tendre au propre, d'un véritable fiége, d'une chaire réelle, materielle & effectives & non d'un fiége ou d'une chaire métaphorique, au fens, par exemple, qu'on dit la Chaire de S. Pierre, pour dire le Pontificat de Saint Pierre ; Cathedra feu Pontificatus fancti Petri, comme s'exprime le nouveau Breviaire de Clugny. Il fe voit encore de ces Chaires Epifcopales, à Lyon, à Vienne en Daufiné, à Reims, à Mets, à Arras, à Verdun, à Chartres, à Autun, à Toul, &c. avec cette différence, qu'elles fervent encore à Lyon & à Vienne ; & que dans les autres Eglifes elles y font parfaitement oifives: fi ce n'eft qu'en quelques-unes, l'Evêque obferve toujours de s'y mettre pour la forme, le jour qu'il prend poffeffion de fon Eglife. La plupart de ces Chaires font même aujourd'huy déplacées. Celle de Reims eft encore en fon lieu, à la vérité: mais quand l'Archevêque de Reims voudroit s'y mettre & reprendre fur cela l'ancien usage; le Tombeau du Cardinal de Lorraine, joint à l'Autel de la Croix, qu'un mauvais goût a laiffé conftruire tout attenant cette Chaire, rendroit le deffein abfolument impraticable, à moins que de tranfporter le Tombeau & l'Autel ailleurs à quoy il n'y auroit affurément pas grand inconvenient. Quel dommage qu'un des plus vaftes & des plus fpatieux Presbyteres qui foit peur être dans toute l'Eglife, demeure ainfi inutile & qu'il feroit beau de voir l'Archevêque de cette célebre Métropole, reprendre & oc cuper fon ancien Thrône au fond de l'Apfide. Ce Pref bytere a 90. pieds de longueur, à prendre depuis le GrandAutel jufqu'au Siége Archiepifcopal.

;

D'autres croyent toutefois que le nom de Cathedrale ne prend pas feulement fon origine de la Chaire de l'Evêque, mais auffi des fieges ou bancs des Prêtres qui étoient affis en cercle à fes côtez dans l'enceinte de l'Autel. Mais il paroît que le mot Cathedra ne s'est dit que duThrone Epifcopal ; & même toutes ces expreffions incathedrare, cathedram collocare, cathedraticum,

guere

foient; comine Notre-Dame de Paris, S. Jean de Lyon, Strafbourg, Cologne, S. Jean de Latran, en un mot, tout ce qu'il y a de Chapitres au monde, Séculiers & Reguliers : d'où font-ils ainfi appellez, que d'un court Chapitre de la Regle des Chanoines ou des Moines, qu'on alloit tous les jours lire aprés Prime, en un lieu, lieu où on qui, ayant de là pris le nom de Chapitre *, l'a enva lire fuite tout naturellement donné à l'affemblée mê

* Comme le

Reims le

enfuite le

Pretto fa

re

nom de Pre

tiofa.

Martirologe me des Chanoines ou des Moines qui s'y te& chanter noit. Enfin, car il faut icy fe borner, ces magnifiques Jubez de Marbre, de Jafpe & de Scultient de-là le pture, que l'on voit en quelque-unes de nos Eglifes d'où prennent-ils leur nom, que d'un petit mot, un mot de deux fyllabes, prononcé par le Lecteur, avant que de commencer la lecture, Jube, Domine, benedicere? Des Villes entieres, S. Pierre-le-Moutier, Monestier-en-Vellay, Moniftrol, Montreuil-fur-Mer, Montreau, Munster, &c. d'où ces Villes font-elles dénommées, que de quelque Chapelle ou tres-petite Églife, appellée d'abord Monafterium ou Mo◄ nafteriolum (a)? Le Jardin du plus puiffant &

honor cathedra, & autres femblables mots ou phrafes, dérivées de Cathedra, femblent ne jamais s'employer que par rapport à ce qui concerne la Dignité Epifcopale. Seulement on lit ces mots dans le Pfeaume 106. in Cathedra feniorum laudent eum ; ce qui ne fe peut entendre que des fiéges des Prêtres ou Anciens qui étoient aux côtez du Préfident en forme de cercle, dans le Sanedrin, ou Confiftoire des Juifs mais cathedra fe prend là pour tout le lieu ou cercle où étoient affis les Anciens ; en un mot, pour la féance & l'affemblée des Juges,proprement tous les fiéges enfemble, appellez en Grec Synthronos,& en Latin Confeffus.

(a) On fait que Monafterium veut fouvent dire uné Eglife, d'où, en Allemagne, les Eglifes Cathedrales font

du

da plus magnifique Prince de l'Europe, ne l'ap pelle-t'on pas toujours du nom d'un lieu où ou faifoit auparavant de la Tuille.Et la raifon de tout cecy eft, que c'eft le peuple qui donne les noms aux chofes, & qui les impofe par ce qui le frape davantage (a), & luy entre le premier dans les fens & dans l'efprit (6). Une circonftance qui luy fera fenfible, un dehors qui luy faute aux yeux & luy fait impreffion, cela fuffit pour le déterminer, fans qu'il fe mette en peine de rien pénétrer ni rien approfondir d'avantage (c), Or pour revenir à l'origine du mot de Meffe, il faut demeurer d'accord que la longue cérémonie de la meffe, je veux dire du renvoy des Catécu menes, telle l'avons décrite, frapoit que nous étrangement le peuple ; & que, lorfque pendant cette meffe ou cérémonie du renvoy, il entenprefque toutes appellées Munster. De-là vient encore, cette ancienne façon de parler triviale, Mener la Mariée au Mourier, pour dire, à l'Eglife; & auffi ce Proverbe :11 faut laiffer le Moutier où il eft, c'est-à-dire, ne rien changer dans les anciennes pratiques de l'Eglife.

(a) Quem pones arbitrium eft & jus & norma løquendi,

dit Horace dans fon Art Poetique, en parlant de l'ufage, qui en effet n'étoit autre chofe autrefois, fur tout à Rome, que la façon ordinaire de parler de tout le peuple.

(b) Il conviendroit peut étre icy, fi la matiere étoit moins férieuse, de faire obferver avec feu M. de Montmor & avec l'Auteur des Mélanges d'Histoire de Litterature, que les Parifiens difent toujours le Chevalde-Bronze, en parlant de la Statue Equeftre de Henry IV. élevée fur le Pont-neuf à Paris, & jamais Henry IV.

(c) J'ay lu en quelqu'endroit, qu'un nommé Babinot, qui enfeignoit à Poitiers les Inftitutes de Juftinien, en une Salle de l'Univerfité, appellée Miniftrerie, fut de-là appellé Miniftre; titre qui a paffé dans les Eglifes Proteftantes, à ceux qui ont l'autorité de prêcher & d'admi niftrer les Sacremens, nommez auffi Pasteurs.

Tome 1.

E

Ad. 1. 4.

doit fonner la cloche qui avertiffoit pour 1office des Fideles, naturellement il luy venoit à la bouche de dire, Voilà la Meffe, c'est-à-dire le renvoy des Catécumenes, l'Office ou la Messe des Catécumenes s'acheve, la Meffe des Fideles va commencer; voila la messe des Fideles, allons à la Meffe des Fideles. Et ainfi le mot de Meffe à Tertull.adv. tellement frappé les oreilles du peuple, dit BeatusRhenanus, que le peuple n'a plus donné d'autre nom à la Liturgie, que celuy de Melle, à cause du renAb ea folenni voy & de la dimiffion folennelle qui s'y fait ; & que ce nom, que la force de l'usage a pour lors fait recevoir pour fignifier le Sacrifice, les Savans eux mêmes &toute la Pofterité, ont été contraints de l'admettre & de s'en fervir.

Marc.

dimiffione.

I

CHAPITRE II.

Des parties de la Messe.

L réfulte de ce que nous venons de dire, que la Meffe, au lens que ce mot fe prend aujourd'huy & depuis long temps, eft compofée de deux parties; favoir, de la Meffe des Catécumenes & de la Meffe des Fideles.

L

SECTION I.

De la premiere partie de la Meffe.

à

A premiere partie de la Meffe regarde l'inftruction, commune aux Catécumenes & aux Fideles, fans autre rapport, ce femble, l'action du Sacrifice, confidéré comme facrifice que celuy d'y préparer en quelque forte & d'y

étre liée par l'usage (1.) ; à peu près comme l'on voit que cette premiere partie eft aussi liée à l'Office de Tierces, de Sextes ou de Nones, dont elle fe trouve régulierement précédée (2) ( je. parle icy de la Meffe folennelle), qu'elle tient à ces Offices & y eft immédiatement jointe, fans toutefois luy appartenir par nul endroit. Or voi cy ce que c'eft & de quelle maniere on conçoit que s'eft formée cette premiere partie de la Melle.

Evangile.

Alleluia.

Comme on s'affembloit pour la célébration de l'Eucaristie (3), il étoit tout naturel d'en prendre occafion de faire en même-temps les lectures ordinaires des SS. Ecritures (4)( & de là la lecture des Prophetes (5), de l'Epître Prophetie. (6) & de l'Evangile (7), à cette partie de la Epitre. Meffe); d'entre-mêler ces lectures du chant ou de la récitation des Pfeaumes( delà le Graduel Graduel on (8) ou Répons (9), l'Alleluia (10):& le Trait Répons. (11) ) ; & enfin d'expliquer au peuple l'Evangile Trait. qui venoit d'étre lu, ou quelqu'autre endroit de l'Ecriture; delà l'Homelie ou le Sermon (12). En cela donc confiftoit originairement la premiere partie de la Meffe. Bien entendu bord & avant la lecture, chacun faifoit fa priere en filence, que l'Evêque ou le Prêtre qui préfidoit, aprés avoir salué le peuple ( 13 ), en difant: Pax vobis on Pax vobis ou Dominus vobifcum (14), concluoit Dominus en prononçant tout haut l'Oraifon, auffi appel- Oraifon on lée Collecte (15), de ce qu'elle fe difoit lorfque le Collecte. peuple étoit affemblé, fuper collect a plebe.

que

d'a

Depuis, parceque la longue Litanie, dont on vint à s'ocuper, en allant proceffionnellement à l'Eglife Stationale (16) célébrer l'Eucaristie, s'achevoit en entrant dans l'Eglife: ces mots,

Sermon o Homelie.

vobifcum.

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