Gloria in ex celfis. Credo. Judica. qui faifoient la fin de la Litanie (17), Kyrie. eléifon, Chrifte-cléifon, Kyrie-eléifon, devinrent auffi tout naturellement le commencement de la Melle. Je dis dans les premiers temps, où il n'y avoit point encore d'Introït. Enfin, pour les raifons qu'on pourra rapporter en expliquant les parties de la Meffe en détail, on ajoûta au Kyrie & aux autres choses Introit. qu'on vient de marquer, l'Introït (18), le Gloria in excelfis (19), le Credo (20), & en dernier lieu, comme pour fervir de plus prochaine préparation au Sacrifice, le Judica (21) & le Confi teor (22); fans quoy (je veux dire fans le Judica & le Confiteor), cette premiere partie de la Meffe n'auroit encore aujourd'huy qu'un rapport éloigné avec la feconde qui regarde le Sacrifice ; n'étant pas poffible, comme on l'a déja fait obferver fur la Remarque 13. du Chapitre précédent, de rien trouver depuis l'Introït jusqu'à l'Offertoire, dans toutes les Meffes anciennes, qui revienne ou qui tende tant foit peu au Sacrifice ou au Sacrement; dont, pour le répéter encore une fois, on n'auroit eû garde de parler en présence des Catécumenes & des Infideles, à qui on prenoit tant de foin de cacher les Mysteres. Mais une autre preuve que tout ce commencement de la Meffe n'a aucune liaison néceffaire avec le refte, & ne luy peut appartenir d'une maniere effentielle ; c'eft qu'encore aujourd'huy en quelques Eglifes, après avoir tout dit jufqu'à l'Offertoire, on en demeure-là fans paffer au Sacrifice (23). A feconde partie de la Meffe comprend la célébration de l'Eucaristie & par conféquent, la Confécration ou bénédiction, par laquelle le pain & le vin font changez au Corps & au Sang de Notre-Seigneur ; & la Manducation ou Communion, par où on participe à ce Corps & à ce Sang. Deux actions tres-diftinctes & néanmoins ayant ce regard effentiel entr-elles, que la Manducation fuppofe néceffairement la Confécration, comme la Confécration tend & fe termine toujours à la Manducation; toutes deux commandées par Notre-Seigneur, & dez-là capitales. Mangez & beuvez; voilà le précepte de manger & de boire. Faites cecy en memoire de moy; voilà encore le commandement de manger & de boire, & en même-temps celuy de confacrer: ces paroles, Faites cecy en mémoire de moy, ayant également rapport aux deux actions que Jefus-Chrift venoit de faire ; favoir, de confacrer fon Corps & fon Sang fous les Symboles du pain & du vin, & de diftribuer ces mêmes Symboles à fes Apôtres. Ce précepte, Faites cecy en mémoire de moy, tombe donc néceffairement fur la Confécration comme fur la Manducation des Efpeces; & on ne doit pas moins fe fouvenir de la mort de Jefus-Christ, annoncer cette mort & la réprésente, en un mot, en célébrer le myftere, dans Math, 26. 1. Cor. 11 24. & 25. 26. & 27. Confécra tion. Oblation. la Confecration que dans la Manducation, de l'Eucaristie: puifqu'au moment de la Confécration, comme dans la Manducation & la confomption même, l'Eucaristie porte en elle-même une image & une empreinte de cette mort. D'ailleurs, on fait que c'eft par ces paroles làmêmes, Faites cecy en mémoire de moy, que JefusChrift donna à fes Apoftres & à leurs fucceffeurs dans le Sacerdoce, le pouvoir d'offrir comme luy le Sacrifice de fon Corps, & qu'il les établit Prêtres & Sacrificateurs de la Loy nouvelle. Car, c'est comme s'il leur avoit dit, Faites ce que je fais, Confacrez l'Eucaristie. Mais quand il n'y auroit pas de commandement formel & pofitif de confacrer, il fuffit qu'il y ait ordre de manger le Corps du Seigneur fous le Symbole du pain, & de boire fon Sang fous le Symbole du vin; puifque ce dernier précepte fuppofe & enferme néceffairement le premier : n'étant pas poffible de manger ce Corps ni de boire ce Sang fous les Symboles, que ces Symboles ne foient en effet changez au Corps & au Sang du Fils de Dieu, ce qui ne peut arriver que par la Bénédiction ou Confécration. I I. La Confécration, dont nous venons de parler, opérant donc la préfence réelle & fubftantielle du Corps & du Sang de Jefus Chrift dans le Sacrement (24), felon que nous l'apprennent les paroles de l'inftitution de ce Myftere, entendues avec toute la Tradition, à la lettre & dans toute leur fignification propre & naturelle, elle emporte néceffairement l'Oblation de ce même Corps & de ce même Sang; puifque, pofer devant Dieu fur l'Autel le Corps & le Sang de fon Fils, dans quoy le pain & le vin font changez, c'eft en effet les luy offrir.. III. La Confécration eft encore tout-enfemble Immolation & Sacrifice. Immolation, en ce que, Immolation féparer mystiquement & facramentalement le Corps & le Sang, & les mettre fur la fainte Table fous des efpeces diftinctes, par la force de ces paroles proférées féparément, Cecy eft mon Corps, cecy eft mon Sang ( ce qui, comme l'on voit, enferme une trés-vive & trés-efficace répréfentation du Myftere de la mort de JefusChrift, où fon Corps & fon Sang furent actuellement & réellement féparez), c'eft véritablement immoler. Sacrifice, en ce que la Victime Sacrifice. étant réellement & fubftantiellement préfente fur l'Autel & actuellement revêtue des fignes & des marques de fa mort ( fignes inftituez Jefus-Chrift pour célébrer la Commémoration de fon Sacrifice) elle y rend à Dieu comme fur la Croix, un honneur convenable à fa fouveraine Majefté, elle y attefte fa grandeur fuprême, elle intercede pour les hommes & fatisfait à fa juftice pour leurs pechez, elle obtient les graces dont ils ont befoin, & elle le remercie de fes. bienfaits: en forte la Confécration, rem que, par pliffant parfaitement toutes les fins pour lef quelles les Sacrifices étoient offerts, elle les fupplée tous, & rien ne luy manque pour étre un très-réel & très-véritable Sacrifice. En un mot 2, le Sacrifice n'eft autre chofe que Jefus Chrift préfent, fous les efpeces & les apparences du pain & du vin, dans le Sacrement de l'Eucaristie, en tant qu'il eft offert & qu'il le répréfente luymême à fon Pere en cet état, comme la Victime. par laquelle il a été appaifé. Voyez là-deffus feu M. l'Evêque de Meaux, en fon Expofition de la Doctrine Catholique ; en fon Hiftoire des Variations; & encore en fon Explication de la Messe. IV. Cette Confécration, que nous venons de re garder comme étant tout à la fois Oblation, Im molation & Sacrifice, fe fait par des paroles, en rapportant & racontant l'Hiftoire de l'inftitution Qui pridic. de l'Eucaristie ( Qui pridie quàm pateretur, accepit panem, &): non que, ni dans l'Evangile ni dans les Epitres des Apôtres, nulles paroles foient expreffément préfcrites pour la bénédiction du Sacrement; mais c'est que Notre-Seigneur, en difant, Faites cecy, nous a fuffifamment infinué qu'il falloit non feulement faire comme luy, en prenant du pain & du vin, & priant deffus; ce que les Evangeliftes appellent benir ou faire des actions de graces; mais auffi répéter & prononcer fes propres paroles, favoir celles-cy: Prenez & mangez, cecy eft mon Corps. Beuvez-en tous; car cecy eft mon Sang, le Sang du Nouveau-Teftament, qui fera répandu pour plufieurs pour la remiffion des pechez, faites cecy en mémoire de moy. L'Eglife l'a toujours compris & pratiqué de la forte, joi, gnant encore à ces paroles, devant & après d'autres prieres (25), marquées dans toute la Tradi tion, & toujours regardées comme ayant beaucoup de force, de vertu & d'efficace pour le Sacrement; en un mot, comme tres-puiffantes, au témoignage de S. Bafile ( L. de S. Spiritu, C. 27.), pour l'accompliffement du Myftere. D'où vient que dans la Liturgie, ces prieres font corps avec les paroles de Notre-Seigneur, & que toutes enfemble elles compofent ce qui s'appelle le Canon: |