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I.

REMA R Q VE S
fur le Chapitre premier.

A Meffe eft ainfi appellée du mot latin

L Miffa qu'on a dit pour missio; comme on

a dit, remiffa pour remiffio; oblata pour oblatio; afcenfa pour afcenfio; confeffa pour confessio; acceffa pour acceffio; promissa pour promissio ; confulta pour confultatio; proclama pour proclamatio; ulta pour ultio; fecreta pour fecretio; expofita pour expofitio; proftrata pour profiratio; offenfa pour of fenfio, repulfa pour repulfio; deducta pour deductio; dimenfa pour dimenfio; inftituta pour inftitutio; affumpta pour affumptio; & annuntiata pour annuntiatio. Or miffa fait en françois meffe, comme miffio fait miffion. Ainfi remiffa fait remife de dettes, & remiffio remiffion; confeffa confêlle, & confeffio confeffion;collecta collecte, & collectio collection; fecreta fecrete, & fecretio fécrétion ; confulta confulte, & confultatio consultation; annuntiata Annonciade; & annuntiatio Annonciation. Tous noms verbaux changez en fimples noms, suivant la coutume des Anciens.

Cicer. in

Sueton. in

Le mot miffa eft donc un nom verbal, dérivé de mittere. MITTERE OU miffum facere aliquem, pour dire, renvoyer quelqu'un, le congédier, luy permettre de fe retirer, de fortir, le laiffer aller. Legiones miffas facere, licentier les troupes. Uxorem fin. Philip. s. missam facere, renvoyer fa femme, la répudier. Calig.c.25. Non miffum facitis, dit Alcime-Avit, Evêque de Vienne en Daufiné, au commencement du v 1. fiecle,en fa premiere lettre a Gondebaud,Roy des de mia, en Bourguignons, eft la même chose que non di. « ufage, non mittitis (c'eft-à-dire, Vous ne renvoyez pas). Et dans l'Egli

Le terme

feulemert

Palais des

ple, quand

L. 5. c. 9.

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fe, mais au c'eft de la propre fignification de ce terme, qu'e Princes, & "venu en ufage dans l'Eglife, dans les Palais des aux Pretoi-Rois,& dans les lieux où fe rend la juftice,le mifres des Juges pour congé- »fa-fieri, pour dire, Rompre l'assemblée, donner dier le peu- » congé au peuple. D'où vient, au rapport de Panemblée Luitprand, que le fignal de ce congé ou renétoit finie. voy, de cette dimiffion, pour ainfi dire de l'affemde Pai. CP. blée,étoit appellé mis, « du mot miffa. De là vient Dato figno, auffi qu'on dit encore à Rouen, au Quartier du Palais, la miffion, pour marquer le jour que finit le Parlement, & qu'on renvoye les plaideurs jufqu'après la S. Martin; d'où par extenfion on appelle pareillement meffion, tout le temps des vacations. Nous ne faisons rien pendant toute la mession, difent communément les Imprimeurs,les Libraires & les Aubergiftes des environs du Palais (a).

quod eft mis.

C'eft dans ce fens que le Diacre ou le Prêtre ufe encore tous les jours de cette formule, Ite, miffa eft, pour congédier l'affemblée & renvoyer les Fideles, aprés que la Meffe eft achevée (b).

(a) Je dois cette remarque avec quelques autres, à un Clerc ou Acolythe de l'Eglife de Rouen-même, tréshabile dans la science des Rits & des Cérémonies, ainfi qu'en tout autre genre d'érudition & de littérature Ecclefiaftique. Je n'ay garde de mettre icy fon nom, aprés que fa modeftie le luy a fait fupprimer à luy-même, à la tête de la derniere Edition des Ouvrages de S. Paulin & de la Concorde des Livres des Rois & des Paralipomenes dont il eft Auteur, auffi bien que des favantes Notes qui accompagnent l'Edition du Liv. des Divins Offices de Jean d'Avranches; & même en partie, de la compofition & de la correction du nouveau Breviere & du nouveau Miffel d'Orleans.

(b) Auffi, lorsqu'on ne les congédie pas, comme aux jours de jeûne, où le peuple eft retenu pour l'Office de Nones ou de Vêpres, qui font inhérentes ces jours là, à la Meffe: au lieu de ces paroles, Ite, miffa eft; employe

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Allez vous-en, leur dit-il, c'est fait, il y a ren- « voy, il y a congé (miffa eft, pour missio eft,dimiffio eft; comme on dit copia eft, fuppl. eundi ; vous « avez permiffion de vous retirer, vous pouvez «< vous en aller, iln'y a plus rien qui vous retien- « ne, tout est fait, les Myfteres font consommez, revertimini ad propria, chacun peut s'en retour- « ner chez foy. Ainfi, on disoit chez les Romains, par abbrégé, Illicet, pour ire licet (a), on a liberté de fortir, on peut fe retirer ; & chez les Grecs, in lib. 6. ÆLaois aphefis, melle ou miffion, dimiffion, congé Apul. lib.11. au peuple, populis missio, ou missa : en un mot, ce de Afin.aur. qu'ils appelloient noviffima verba. C'eft en ce mê- & Greg. Gi me fens que le Faux-Alcuin (b) dit qu'aftanti & 17. obfervanti populo abfolutio datur, inclamante Diacono: Ite, miffa eft (c).

t'on ces autres, Benedicamus Domino, qui ne portent point de congé avec elles. Cette derniere formule étoit pareillement ufitée en quelques Eglifes, à la Meffe de la nuit de Noel, aprés laquelle, comme cette Meffe étoit immédiatement fuivie de Laudes, on n'avoit garde de renvoyer les Fideles,tenus d'affifter auffi à Laudes. In fine Mißa dicitur Benedicamus Domino, quia nondum datur licentia exeundi de Ecclefia, dit l'Ordinaire ou Cérémonial MS. de l'Eglife de Toul.

(a) De même qu'on dit fcilicet pour fcire licet, ou videlicet pour videre licet.

(b) On appelle le Faux Alcuin, l'Auteur du Livre des Divins-Offices, qui eft fuppofé & faufement attribué à Alcuin. Cet Auteur, au fentiment de quelques Savans, écrivoit dans l'onziéme fiecle ; & Alcuin mourut au commencement du neuviéme.

(c) Il y a quelques années qu'il fut frappé en Hollande, une Medaille, au fujet de la derniere revolution d'Angleterre. C'étoit un Calice renversé, avec ces paroles: Ite, mißa est, employées par allufion, comme l'on voit, à la formule ordinaire, ufitée à la fin de la Meffe; par où l'on prétendoit, fans doute, marquer aux Papiftes. ou Catholiques-Romains d'Angleterre, qu'ils pouvoient

V. Servium

neid. Item.

rald.Syntag.

Apol. 2.

2. Avant l'action du Sacrifice, on renvoyoit de l'Eglife de l'affemblée, les Catécumenes ] D'ou vient que les Eufébiens ayant accufé S. Athanafe d'avoir envoyé brifer le Calice d'un nommé IfchyApud Athan.ras, lorfqu'il offroit le faint Sacrifice; & produifant pour témoins de cette violence, des Catécumenes, le faint Pape Jules rejeta une semblabledépofition, & en releva même l'abfurdité, fur cela feul que, quand l'heure de l'Oblation étoit venuë, on faifoit fortir les Catécumenes. Intus adhuc agentibus Catechumenis, tempus Oblationis nondum. In epift. ad effe potuit, dit ce Pape.Or on appelloit Catécumenes,. ceux ou celles qu'on catéchizoit pour les difpoferEvangel. au Baptême, d'un nom grec, emprunté de l'Egrac. &A: Criture, & déja employé au même fens, par S. 10. v. 18. Luc & par S. Paul *; c'eft-à-dire, pour marquer une inftruction de parole & de vive voix (a).Car,, dans les premiers temps rien ne s'enfeignoit par écrit, à caufe des Infideles, & même des Catécumenes, à qui on étoit foigneux de cacher les. Myfteres & jufqu'au Pater & au Symbole : & c'eft pour ce fujet qu'on les faifoit fortir avant

Orient.

25.

&A&.

*Rom. 2.

Gal 6. 6.

prendre leur party, & que ç'en étoit fait de la Meffe,qu'à ce coup elle étoit à bas & entierement abolie. Mais, n'en déplaife aux Auteurs ou Fabricateurs de cette Medaille,.

prennent icy lourdement le change, puifque le mot miffa ne fignifie point du tout dans cette formule, Ite, miffa eft, ce qu'on appelle communément la Messe, c'eft à dire, le Sacrifice non fanglant du Corps & du Sang du Seigneur; mais fimplement le congé que le Diacre ou le Prêtre donne au peuple, de fe retirer & de fortir de l'Eglife & de l'affemblée, lorfque ce Sacrifice eft achevé; en forte que ce mot, entendu en ce dernier fens, n'exprime icy, ni la penfée de ces Meffieurs, ni le deffein de la Medaille.

(a) Catechumenos, catéchizé & enfeigné de bouche & de vive-voix.

que de commencer le Sacrifice; c'est à dire, immédiatement aprés la lecture de l'Evangile. C'est qu'on étoit bien aise de les mener comme par degrez à la connoiffance des Myfteres.

Il y avoit trois ordres ou degrez de Catécu- v. Tertul.

menes.

de Pœn.c.6. Cypr. Ep. 2

cæfar. c. 5.

1

Le premier, les Oyans ou Auditeurs, admis Concil. Neoavec les Pénitens de la feconde claffe, à écouter les lectures & les inftructions. Le fecond, les Profternez ou Agenouillez, reçus outre cela,auffi bien que les Pénitens de la troifiéme claffe,à prier en cette posture ( jufqu'à ce qu'on commençât le Sacrifice), avec la troifiéme claffe des Catécumenes, & la quatrieme des Pénitens ( c'est-à-dire, ( avec les Compétens & les Confistans), & encore avec les Fideles. Le troifieme, ceux qui parfaitement inftruits en la foy, & ayant été jugez dignes du Baptême, étoient admis à le demander, & faifoient inftance pour le recevoir, de-là appellez Compétens. Toutefois on n'appelloit proprement Catécumenes, que ceux du premier & du Vid. Hiffecond degré; favoir, les Auditeurs & les Profter- div. Off. c. nez;le reste étoit nommé Compétent ou Elu. Quoique quelque Auteurs mettent encore cette différence entre les Compétens & les Elus; que,ceuxcy avoient déja donné leur nom pour le Baptê- Maur.de Inf me, & étoient infcrits fur la lifte de ceux qui c. 26. Card. devoient les recevoir inceffamment ; ce qui dans Bona, Litur. le fentiment de ces Auteurs, forme un quatrieme degré de Catécumenes. D'autres au contraire,les reduisent à deux claffes,les Auditeurs & les Compétens,rangeant les Auditeurs avec les Profternez, ou bien les Profternez avec les Competens (a).

(a) V. Concil. Neocafar. Can. §. Item, Nican. C. 14. V. auffi M. l'Abbé Fleury,en fon Hiftoire-Ecclefiafti.

A j

pal. 1. 1 1.de

21.

Raban.

tit. Cler.l. 1.

1. 1. c. 16.

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