DE LA RECHERCHE DE LA VERITE ού L'ON TRAITTE DE LA NATURE SIXIEME EDITION. Revûë & augmentée de plufieurs Eclairciffemens. Par N, MALEBRANCHE, Prétre de l'Oratoire de JESUS. L PREFACE. 'ESPRIT de l'homme fe trouve par fa nature comme fi- * Nihil eft potentius quæ tur ratio que Dieu, ni rien au deffous que des corps. Mais comme la grande éleva- illâ creatution où il est au deffus de toutes les chofes matérielles, n'empê- râ, che pas qu'il ne leur foit uni, & qu'il ne dépende même en quel- mens dicique façon d'une portion de la matiére, auffi la distance infinie, nalis, nihil qui fe trouve entre l'Etre fouverain & l'efprit de l'homme, n'em- eft fublipêche pas qu'il ne lui foit uni immédiatement, & d'une maniére Quidquid tres-intime. Cette derniere union l'éleve au deffus de toutes cho- fupra illam fes. C'est elle qu'il reçoit fa vie, fa lumiére & toute fa félicité; & S. Augustin nous parle en mille endroits defes Ouvrages, de cette union, comme de celle qui eft la plus naturelle, & la plus effentielle à l'efprit. Au contraire l'union de l'efprit avec le abaiffe l'homme infiniment ; & c'eft aujourd'hui la principale caufe de toutes les erreurs & de toutes fes miferes. par corps, les eft, jam creator eft. Tr. 23. fur Quod ra S.Jean. eft, omnis tionali ani mâ melius bus confentientibus Deus eft. Je ne m'étonne pas que le commun des hommes, ou que Philofophes Payens ne confidérent dans l'ame, que fon rapport Aug. & fon union avec le corps, fans y reconnoître le rapport & l'union qu'elle a avec Dieu; mais je fuis furpris que des Philofophes Chrétiens,qui doivent préférer l'efprit de Dieu à l'efprit humain, Moyfe à Ariftote, S. Auguftin à quelque miférable Commentateur d'un Philofophe Payen, regardent plûtoft l'ame comme la forme du corps, que comme faite à l'image & pour l'image de Dieu;c'eft à dire, felon S. Auguftin,*pour la Verité à laquelle feule elle eft immédiatement unie. Ileft vrai qu'elle eft unie au corps, tudinem & qu'elle en eft naturellement la forme; mais il eft vrai auffi qu'elle non omnia eft unie à Dieu d'une maniére bien plus étroite,& bien plus effen- facta funt, tielle. Ce rapport qu'elle a à fon corps pourroit n'être pas; mais ftantia rale rapport qu'elle a à Dieu, eft fi effentiel, qu'il eft impoffible de tionalis; concevoir que Dieu puisse créer un efprit fans ce rapport, * Adipfam fimili quare omnia per ipfam, fed ad ipfam, non nifi anima rationalis. Itaque fubftantia rationalis & per ipfam facta eft, & ad ipfam ; non enim eft ulla natura interpofita. Lib. Imp. de Gen. ad litt. Rectiflimè dicitur factus ad imaginem & fimilitudinem Dei, non enim aliter incommutabilem veritatem poffet mente confpicere. De vera Rel. |