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Malebranche

Philes. Anthrop. Scr. part. 1362.

DE

LA RECHERCHE

DE

LA VERITE

ού

L'ON TRAITTE DE LA NATURE
de l'Esprit de l'homme, & de l'usage qu'il en doit
faire pour éviter l'erreur dans les Sciences.

SIXIEME EDITION.

Revûë & augmentée de plufieurs Eclairciffemens.

Par N, MALEBRANCHE, Prétre de l'Oratoire de JESUS.

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L

PREFACE.

'ESPRIT de l'homme fe trouve par fa nature comme fi-
tué entre fon Créateur, & les créatures corporelles ; car
felon S. Augustin,* il n'y a rien au dessus de lui

* Nihil eft potentius

quæ

tur ratio

que Dieu, ni rien au deffous que des corps. Mais comme la grande éleva- illâ creatution où il est au deffus de toutes les chofes matérielles, n'empê- râ, che pas qu'il ne leur foit uni, & qu'il ne dépende même en quel- mens dicique façon d'une portion de la matiére, auffi la distance infinie, nalis, nihil qui fe trouve entre l'Etre fouverain & l'efprit de l'homme, n'em- eft fublipêche pas qu'il ne lui foit uni immédiatement, & d'une maniére Quidquid tres-intime. Cette derniere union l'éleve au deffus de toutes cho- fupra illam fes. C'est elle qu'il reçoit fa vie, fa lumiére & toute fa félicité; & S. Augustin nous parle en mille endroits defes Ouvrages, de cette union, comme de celle qui eft la plus naturelle, & la plus effentielle à l'efprit. Au contraire l'union de l'efprit avec le abaiffe l'homme infiniment ; & c'eft aujourd'hui la principale caufe de toutes les erreurs & de toutes fes miferes.

par

corps,

les

eft, jam

creator eft. Tr. 23. fur Quod ra

S.Jean.

eft, omnis

tionali ani

mâ melius

bus confentientibus Deus eft.

Je ne m'étonne pas que le commun des hommes, ou que Philofophes Payens ne confidérent dans l'ame, que fon rapport Aug. & fon union avec le corps, fans y reconnoître le rapport & l'union qu'elle a avec Dieu; mais je fuis furpris que des Philofophes Chrétiens,qui doivent préférer l'efprit de Dieu à l'efprit humain, Moyfe à Ariftote, S. Auguftin à quelque miférable Commentateur d'un Philofophe Payen, regardent plûtoft l'ame comme la forme du corps, que comme faite à l'image & pour l'image de Dieu;c'eft à dire, felon S. Auguftin,*pour la Verité à laquelle feule elle eft immédiatement unie. Ileft vrai qu'elle eft unie au corps, tudinem & qu'elle en eft naturellement la forme; mais il eft vrai auffi qu'elle non omnia eft unie à Dieu d'une maniére bien plus étroite,& bien plus effen- facta funt, tielle. Ce rapport qu'elle a à fon corps pourroit n'être pas; mais ftantia rale rapport qu'elle a à Dieu, eft fi effentiel, qu'il eft impoffible de tionalis; concevoir que Dieu puisse créer un efprit fans ce rapport,

* Adipfam fimili

quare omnia per ipfam, fed ad

ipfam, non nifi anima rationalis. Itaque fubftantia rationalis & per ipfam facta eft, & ad ipfam ; non enim eft ulla natura interpofita. Lib. Imp. de Gen. ad litt.

Rectiflimè dicitur factus ad imaginem & fimilitudinem Dei, non enim aliter incommutabilem veritatem poffet mente confpicere. De vera Rel.

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