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PRENNE (1). Cette pomme roula

comme

à dessein, à l'endroit où Vénus, Junon et Minerve étoient couchées (2). Mercure l'ayant ramassée, lut l'inscription: nous autres Néréïdes, nous gardâmes le silence; que pouvionsnous faire de mieux, ces Déesses étant présentes? Cependant chacune d'elles revendiquoit la pomme, et prétendoit qu'elle lui étoit due; je crois même qu'elles en seroient venues aux mains, si Jupiter ne les (3) eût séparées. Ces Déesses voulurent le prendre pour arbitre : « non, leur dit Jupiter, je ne déciderai point » entre vous; allez sur le mont Ida, trouver » le fils de Priam, il se connoît en beauté. » il l'aime, et il ne vous jugera pas moins bien » que moi».

GALÈNE.

A quoi les Déesses se sont-elles résolues, Panope?

PANOPE.

Elles se rendent aujourd'hui, je crois, sur le mont Ida.

GALEN E.

Viendra-t-on bientôt nous annoncer qu'elle est celle qui a remporté la victoire ?

(1) On traduit ordinairement à la plus belle, mais il me semble que ceci dit plus.

(2) On sait que les anciens étoient couchés à table. (3) Je lis duras, et j'avois fait cette conjecture avant de connoître l'édition d'Hemstérhuis qui la confirme.

1

PANO P E.

Je te l'annonce d'avance, puisque Vénus combat, aucune autre ne remportera la victoire, ou le juge seroit tout-à-fait aveugle.

DIALOGUE VI.

TRITON, AMYMONE ET NEPTUNE.

TRITON.

UNE jeune fille d'une beauté ravissante, vient chaque jour sur les bords du lac de Lerne pour y puiser de l'eau; je ne pense pas avoir jamais rien vu de si beau.

NEPTUN E.

Est-ce une personne libre, ou quelqu'esclave employée à ce vil ministère (1)?

TRITO N.

Point du tout, c'est une des cinquante filles de Danais; elle s'appelle Amymone, je me suis informé de sa naissance et de son nom. Danaüs traite ses filles avec beaucoup de dureté ; il les oblige à des travaux pénibles, les envoie puiser elles-mêmes de l'eau, et leur donne l'éducation la plus active (2).

(1) Une esclave hydrophore, chargée de porter de l'eau. (2) Le grec: et les instruit à n'être point paresseuses.

le

NEPTUN E.

Quoi! fait-elle, sans être accompagnée, long chemin qu'il y a d'Argos à Lerne.

TRITO N.

Elle y va seule. Argos est, comme tu le sais, un pays aride, où il faut porter de l'eau

sans cesse.

NEPTUN E.

Ce que tu me dis-là, Triton, porte le trouble dans mes sens. Allons au-devant de cette jeune fille.

TRITON.

Allons, aussi bien voici l'instant oùr elle viendra puiser de l'eau ; et peut-être est-elle déja à la moitié du chemin qui conduit à Lerne. NEPTUN E.

Attelle donc à l'instant mon char; ou plutôt, comme il seroit trop long de le préparer et de mettre mes chevaux sous le joug, fais-moi venir le plus léger de mes Dauphins, il me servira de coursier, et j'arriverai plus promp

tement.

TRITO N.

Tien, voici le plus vîte de tous.

NEPTUN E.

Fort bien, partons. Toi, Triton, nage à mes côtés. Quand nous serons arrivés à Lerne, je me placerai quelque part en embuscade, et tu guetteras le moment où tu la verras paroître.

TRITO N.

La voici près de toi.

NEPTUN E.

Oh! la belle et charmante fille ! il nous la

faut enlever.

A MY MON E.

Où m'entraînes - tu, téméraire, infâme ra visseur, envoyé sans doute par mon oncle Égyptus? Je vais appeller mon père.

TRITO N.

Taisez-vous, Amymone; c'est Neptune.
AMY MON E.

Que parles-tu de Neptune? Pourquoi me faire violence, et m'entraîner dans la mer? Malheureuse! je vais périr dans les flots.

NEPTUN E.

Ne craignez point, il ne vous arrivera rien de fâcheux. Je vais frapper de mon trident ce rocher qui borde le rivage, et il en jaillira une source qui portera votre nom. Vous serez à jamais heureuse, et seule entre vos sœurs, vous ne serez point condamnée à verser de l'eau après votre mort.

1

DIALOGUE VII.

NOTUS ET ZÉP HYRE.

NOTUS.

CETTE Génisse, Zéphyre, que Mercure conduit en Égypte à travers les flots, a donc perdu sa virginité (1) entre les bras de Jupiter

amoureux ?

ZÉP HYRE.

Oui, Notus; mais elle n'étoit pas Génisse alors; c'étoit la fille du fleuve Inachus. Junon l'a ainsi métamorphosée, jalouse de voir Jupiter épris pour elle du plus violent amour.

NOTUS.

Et l'aime-t-il encore, à présent qu'elle est Génisse?

ZEPHYR E.

Beaucoup, et voilà pourquoi il l'envoie en Égypte. Il nous a commandé de ne point troubler les flots qu'elle n'ait fait son trajet; car elle doit, en arrivant, accoucher d'un fils dont elle est déja grosse; ce fils et sa mere deviendront ensuite des Dieux.

(1) C'est dans le mot Sienopnoev, que consiste le sel de cette phrase, que les traducteurs précédens ont rendu par être la maîtresse, ou dont Jupiter est amoureux. Aucun n'a senti que Lucien cherchoit à jetter du ridicule sur cette passion de Jupiter.

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