Mourant avec le nom que j'ai reçu de vous. Non, non, je previendrai ta funefte disgrace, Aux plus hardis projets fa tendreffe l'emporte; Que ne pourrai-je point en agiffant pour toi ? Nous attendons beaucoup de fecours de leurs ar més, Mais n'efpere pas moins de celui de mes larmes, me. Adieu, je cours Madame ? ... VIRGINIE. Helas! vous me quittez fi-tôt, PLAUTIE. J'en fremis, mais, ma fille, il le faut. Eft-ce trop peu des maux dont je fuis dechirée ? Aprés tant de foupirs, à peine je vous voi... PLAUTIE. Crois-tu qu'à te quitter je fouffre moins que toi? Quand à partir d'ici je me crois toute prête, Malgré tous mes efforts ma tendreffe m'arrête. Cet amour toutefois ardent à ton fecours, Demande des effets, & non pas des difcours ; Je te quitte ou plûtôt je vais tarir tes larmes, Te rendre à ta famille, & finir nos allarmes Le foin de te fauver m'arrache de ce lieu, On m'attend, & j'y vole, adieu, ma fille, adieu. SCENE V. VIRGINIE, CAMILLE. VIRGINIE. Amille, connois-tu l'excés de ma mifere? CA CAMILLE. Je crains bien moins que je n'efpere. Les premiers des Romains fe declarent pour vous, Contre votre ennemi le Peuple eft en courroux; Votre Pere eft aimé dans Rome & dans l'Armée; Le jeune Icile enfin, dont vous êtes charmée, Et qui doit par l'hymen s'unir à votre fort, Ne fera pas pour vous un inutile effort, Sans doute en ce moment... VIRGINIE. Excufe ma foibleffe, Crois-tu qu'en ma faveur Icile s'intereffe? Dieux, contre ma douleur où trouver du fe cours, Camille, s'il falloit le perdre pour toujours ? N'importe, en ce moment, quoi que le Ciel or donne, A fes ordres facrez mon ame s'abandonne; Ein du premier Alte.. SEVERE. Ui, vous pouvez, Seigneur, auffi-bien que Entrer dans ce Palais, parler à Virginie: Dans cet appartement, où l'on va la conduire, ge Puiffe avilir fes vœux jufques dans l'efclavage ; Qu'Icile jufque-là pût jamais s'abaiffer. ICILE. Severe, que dis-tu? Ciel! qu'ofes-tu penser > Mais quand les Dieux auroient fait naître Virginie Qu'ai-je fait jufqu'ici pour lui prouver ma foi ? moi ? Tout ne flatoit-il pas mes vœux & ma tendreffe ? Gloire, biens, dignitez, pouvoir, credit, nobleffe, Sa main me donnoit tout. Qui n'eût pû prefumer te; Et mon ambition n'ayant rien qui Ja flate, Dieux! qu'est-ce que j'entens votre difcours m'étonne. A quel fatal projet l'amour vous abandonne ? Une fille fans nom, & qu'on va condamner........ ICILE. Parce qu'on la trahit, dois-je l'abandonner? Et ne lui faifant voir qu'une amitié commune, Regler ma paffion au gré de la fortune? S'il eft des coeurs mal faits, & d'indignes Amans, Qui fuivent dans leurs vœux ces lâches fentimens, Pour moi, n'en doute point, quand j'aime Virginie, C'est à d'autres objets que mon cœur facrifie. |