Ne pleurez pas pour moi, pleurez d'autres mal heurs Plus cruels que mon fort, plus dignes de vos pleurs; Pleurez la liberté, furtout pleurez le crime Malgré mes déplaifirs je l'avouerai, Seigneur, D'un Heros dont la gloire est égale à la leur, Dwa wa WA WAT SCENE IIL PHOCION, ALCINOUS, CHRISIS, CLEON, DIONE. ALCINOUS, , ma raifon cede au coup qu'on vous Seigneur, ma raifon cede prépare Je fremis au feul bruit d'un projet fi barbare: Jufte Ciel ! CHRISIS, ALCINOUS. Prévenez leur criminel effort; A leurs perfides coups dérobez votre tête; Fuyez, Seigneur, fuyez, évitez la tempête: Vous me voyez ici prêt à guider vos pas, Je viens pour vous offrir le fecours de mon bras: Au nom de tous les Dieux, Seigneur, je vous convie Devous rendre à mes vœux, d'affurer votre vie ; Maisne differez point. Secondez mes tranfports, Seigneur: fi vous joignez vos foins à mes efforts, J'ole attefter des Dieux la majefté fuprême, Qu'Athenes, que la Grece, & Caffander lui-mê me, n; Contre vos jours facrez confpireroient en vain Je jure.... O PHOCION. Je conçois quel eft votre deffein; Ah! que me dites-vous ? quelle funeste envie Suivez-moi..... PHOCION. Moderez cette boüillante ardeur, Et du moins un moment écoutez-moi, Seigneur. Ne vous oppofez point au peuple qui m'opprime, Laiffez-le fans obftacle immoler fa victime; Abandonnez ma vie, il veut me la ravir, Et confervez la vôtre encor pour le fervir! Vous êtes dans un âge, où par d'heureufes peines Vous pouvez rétablir la puiffance d'Athenes; C'eft là l'unique gloire où vous devez penser, C'eft là que vos vertus fe doivent exercer. Pour moi qui gemiffant fous le poids des années, Ne dois plus efperer de belles deftinées; Qui cedant aux efforts que je voudrois tenter, Ne me fens plus de bras pour les executer; Loin d'aller à genoux mandier des azyles, Je méprife mes jours, puifqu'ils font inutiles, ALCINOUS. O Ciel! PHOCION. Je voi Clitus, & je n'ignore pas Quel funefte deffein conduit ici fes pas. ola ora ora ora SCENE IV. PHOCION, ALCINOUS, CHRISIS, CLITUS, DIONE, Gardes. T PHOCION. L'immoler, ce feroit me trahir Aux decrets de l'Etat j'ai juré d'obéïr, Puifqu'il la tient du Peuple, elle eft jufte & fu prême, Je la refpecte en lui comme dans Sólon même ; Ah, Ciel ! PHOCION. Ne craignez rien, je vous fuivrai fans peine, Clitus, j'affouvirai la fureur inhumaine De ces Peuples ingrats qui demandent ma mort. Seigneur, ne tentez plus de criminel effort Pour prolonger des jours dont le cours m'impor tune; D'Athenes, s'il fe peut, relevez la fortune Vous, ma fille, armez-vous d'un genereux courage, Laffez par vos vertus le fort qui nous outrage. Dieux, Cachez-vous aux regards d'un Peuple furieux, Surtout, fi vous m'aimez, gardez-vous de me fuivre. Adien. Porta jamais fi loin fon intrepidité ? Je l'envie & le plains, je le pleure & l'admire. CHRISIS. Et moi,Seigneur, & moi je ne puis vous rien dire; Vous fçavez mes malheurs, vous les connoiffez tous, Et je dois feulement embraffer vos genoux. Ah, Madame ! ALCINOUS. CHRISIS. Seigneur, foulagez ma mifere, Je meurs, j'ai tout perdu quand j'ai perdu mon Pere; Rendez-le-moi, vous feul pouvez nous fecourir. ALCINOUS. Pour vous le rendre, helas! ne faut-il que mourir? J'y volerai, Madame, & vous ferez fervie. Mourant je ne fois point l'objet de votre haine. Que me demandez-vous ? Allez, Seigneur, allez, Mes yeux par mes malheurs ne font point aveu glez, Ils ne confondent point l'innocence & le crime, L'un a toute ma haine, & l'autre mon eftime. ALCINOUS. Après un tel aveu, trop content de mon fort, Je cours pour Phocion faire un dernier effort; Je vai trouver mon Pere, & pour toucher fon ame, Lui peindre avec transport tout l'excès de ma flâme ; Madame, j'aime trop pour ne pas triompher |