Je ferai le dernier de ee Peuple fidelle reurs ? Contre le Nom Chrétien leur rage en vain confpire; Ce Nom faint durera plus que leur vafte Empire. Allons. SCENE V.. DIOCLETIEN, VALERIE, JULIE, MARCELLIN. VALERIE. JE le fuivrai. Vos barbares Soldats Commenceront par moi.... DIOCLETIEN. Non, retenez fes pas. VALERIE, Avec lui par pitié commandez que je meure, Seigneur, au nom du Ciel.... DIOCLETIEN. Ah! fubira-t'il feul une funefte loi ? Et n'eft-il pas cent fois moins coupable que moi? DIOCLETIEN. N'importe, je te vois avec même tendreffe, Et je veux pardonner ton crime à ta foibleffe. Cruelle, par mes pleurs ne puis-je t'attendrir! Et te faire quitter ce deffein de mourir ? VALERIE, De toutes ces bontéz je ne puis profiter. Non, ton peu d'amitié ne fçauroit m'irriter Il voit couler fon fang par le fer homicide. Helas! DIOCLETIEN, Sergefte vient. SCENE DERNIERE. DIOCLETIEN, VALERIE, JULIE, MARCELLIN, SERGESTE, Gardes. DIOCLETIEN, Est-il mort? SERGESTE. Oui, Seigneur, Regardant le trépas comme un parfait bonheur, VALERIE. Cruauté fans exemple ! injuftice inoüie! SERGEST E.. Frappé de tous côtez, il a perdu la vie. Et merité le prix qu'ils attendent de vous. Ils vont le recevoir. Déformais je respire. Pour moi quelles douleurs ! SERGESTE. Il me reste à vous dire Quels effets, quels transports fon fupplice a pro duits; Si vous aimez la mort, vous pleurerez fes fruits; A peine de fon fang la terre étoit couverte, Que les mêmes foldats miniftres de fa perte, Deteftant votre Arrêt, & quittant leur fureur, De leur victime même ont embraffé l'erreur. Ils ont tous fouhaité la mort pour recompenfe. DIOCLETIEN. Ah! fe peut-il.... VALERIE. Grand Dieu, j'admire ta puiffance. Oui, vos Soldats, Seigneur, dans un inftant changez, Du crime d'Adrien font maintenant chargez. Vous le voyez, Seigneur; vos ordres rigoureux Rendent ce Peuple encor plus faint & plus nom breux; Il s'arme chaque jour d'une vertu nouvelle. DIOCLETIEN. Digne fujet pour moi de ma rage mortelle ! Verrai-je malgré moi triompher les Chrétiens Leur Dieu feul fera-t'il plus puiffant que les miens? Ç'en eft fait, je renonce à la grandeur fuprême. Je laiffe à Maximin le foin de te punir; Plus fortuné que moi, plus jeune & plus fevere, Ses mains foûtiendront mieux l'Empire & ma colere. Va fervir dans fa cour; va porter fur ton front Puiffe cet Empereur, commençer à regner, Et du moins pour un Dieu dont la gloire me gêne, Que j'ai peu de regret à ce rang que je perds; Faffe un jour l'Eternel que vos yeux foient ou verts! Puiffe-t'il accorder cette grace à mes larmes ! Mais allons des Chrétiens fufpendre les allarmes, Et joignant mes devoirs avec leurs foins pieux, Honorer d'un Epoux les reftes précieux. FIN. |