A

ACTEURS.

RSACE, Fondateur de l'Empire des Parthes.

TIRIDATE, Fils d'Arface.

ARTABAN, fecond Fils d'Arface.

ERINICE, Fille d'Arface.

TALESTRIS, Reine de Cilicie.

ABRADATE, Prince du fang d'Ar face.

MITRANE, Seigneur Parthe, Ami de Tiridate.

BARSINE, Confidente de Talestris.
ORASIE, Confidente d'Erinice.

TIMAGENE, Officier des Gardes d'Arface.

GARDES, & Suite,

La Scene eft à Dara, Capitale de l'Empire des Parthes, dans le Palais d'Arface,

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TIRIDATE,

TRAGEDI E.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE.

ABRADATE, ARTABAN,

ARTABAN.

AURO Is-je pû prévoir ? Le Ciel

ne me renvoye

En des lieux où j'ai crû partager votre joye,

Que pour vous y trouver plongé dans les chagrins,

Et vous entretenir des malheurs que je crains.

Mais, mon cher Abradate >

plaigne,

avant que je m'en

Et qu'à nous feparer peut-être on nous contrai

Legne, Parlez; qui vous offenfe? & qui dois-je haïr Par quelles mains le fort a-t'il pû vous trahir 2

Contre qui faudra-t'il que ma vengeance éclater ABRADATE..

Ah! Seigneur, oferai-je accufer Tiridate? Pourrai-je fans trembler, expofant mon malheur, Copter fon injuftice, & montrer ma douleur? Peut-être tous mes maux caufez par fa colere, Vous toucheront-ils moins que l'interêt d'un frere,

ARTABAN.

Vous ne le craindrez plus, quand vous aurez ap+ pris

Qu'à mon retour ici fa froideur m'a furpris. Dans fes difcours glacez j'ai méconnu mon frere; Je n'ai plus retrouvé ce coeur libre & fincere, Qui jadis peu jaloux des honneurs de fon rang Faifoit ceder leurs droits aux tendreffes du fang. Artaban, comme vous, a fujet de s'en plaindre, I peut-être fa haine, ou fes foupçons à craindre. ABRADATE.

Non, Seigneur, fes chagrins ne tombent point fur vous,

A

Et c'eft contre moi feul que s'arme fon courroux. Mais de quels traits! Grands Dieux ! qu'il eft ́ impitoyable !

Cependant croiriez-vous qu'au moment qu'il m'accable,

Je ne puis à fon fort refufer quelques pleurs !
Je le voi penetré de fecretes douleurs.
Au milieu de la Cour cherchant la folitude,
Nourriffant fon efprit de fon inquietude,
Infenfible aux objets qui flatoient fes defirs,
Il refpire à regret, il languit fans plaifirs;
Et fon cœur dévoré du mal qui l'empoifonne,
Confond dans fes dégoûts tout ce qui l'environne.
En vain l'Art des humains cherche à guerir ce
mal,

Dont on ne connoît point le principe fatale

En vain fur mille Autels le feu facré s'allume;
Il n'en fouffre pas moins; fa force fe confume:
Il meurt : & toutefois dans fon barbare fort,
II femble s'applaudir de me donner la mort.
ARTABAN.

Lui, qui montrant pour vous l'amitié la plus ten

dre,

Jadis avec ardeur eût voulu vous défendre ?

ABRADATE.
Il venoit triomphant du jeune Seleucus.

Tous fes Soldats brilloient des trefors des vain

cus;

Et des murs de Dara, jufqu'aux bords de l'Euphrate,

On entendoit voler le nom de Tiridate.

Nous arrivens, flatant nos innocents defirs
De faire à nos travaux fucceder nos plaifirs.
Votre charmante foeur, l'adorable Erinice
Avoit de mon amour reçu le facrifice.
Flatté par nos fuccès, je viens offrir ma foi;
Je parle enfin, j'obtiens le fuffrage du Roi ;-
La Princeffe obéit, & confent que j'efpere:
Quant le fort contre moi foûleve votre frere,
Qui de tous mes plaifirs barbare raviffeur,
Refufe de foufcrire à l'hymen de fa foeur.
J'en ignore la cause; injufte, ou legitime:
Dans le fond de mon coeur je vai chercher mon
crime,

Et n'y découvre rien, jufques à cet inftant,
Qu'uit refpect pour ce Prince, & fincere, & con-

ftant.

Toujours aux plus grands biens preferant fa tendreffe,

J'ai borné mon devoir à le fuivre fans ceffe

Dans les jeux de la cour, dans l'horreur des com

bats,

J'ai depuis mon enfance accompagné fes pas